3 questions à Barbara Schumacher

 


Chaque semaine, Swiss Marketing Léman interroge des experts en marketing et communication afin de prendre le pouls de cette discipline. Les réponses de ces différents spécialistes dressent le panorama concret des pratiques et outils de marketing en Suisse romande.


Selon vous, quel est l’état du marketing digital en Suisse romande? 

Que ce soit en Romandie ou en Suisse globalement, je constate qu’il y a encore un énorme potentiel de développement dans le domaine du digital marketing dans les entreprises.

D’une part c’est un terrain peu connu par de nombreux dirigeants d’entreprises, et d’autre part c’est un élément dont la puissance est trop souvent sous-estimée et donc négligée.

Il faut penser qu’un budget investi dans le marketing digital équivalent au salaire d’un commercial traditionnel peut apporter plus, ou en tous cas autant de leads qualifiés que celui-ci, et en amont bien plus de notoriété auprès du public-cible.

Enfin, tout le monde, y compris les dirigeants d’entreprise, qui n’ont pas de formation marketing et communication, se sentent vite dans leur zone de confort quand on parle marketing. Les gens ont la croyance que c’est une question de ce qui leur plaît ou pas, ou de ce qu’il leur parle ou pas.

Alors que c’est faux : le marketing est le résultat d’analyses quantitatives des besoins de l’entreprise et des attentes du public-cible. C’est un métier.

Pour vous, quel est le levier le plus puissant du marketing digital?

C’est la mise en place et la bonne utilisation d’un écosystème digital complet, évolutif, communiquant, en incluant un CRM à la pointe. Les données générées par ces outils internes et externes (on parle bien des BigData) permettront d’apprendre à connaitre les clients et le public-cible, et ainsi d’assurer l’utilisation de canaux corrects et d’un contenu pertinent.

Par exemple, un site Internet avec trop peu de Calls to actions (CTA), sans stratégie de Search Engine Optimization (SEO) ou Search Engine Advertisement (SEA), et sans interaction avec les réseaux sociaux de l’entreprise, ne pourra jamais répondre aux besoins commerciaux et de notoriété d’une entreprise.

Pour mettre en place un écosystème marketing digital efficace, il faut :

  1. Des collaborateurs et/ou des partenaires spécialisés dans ce domaine.
  2. Un investissement financier basé sur le MROI. A souligner que le budget alloué au marketing digital est un investissement, car c’est une approche 100% quantitative.
  3. Une analyse et une lecture des statistiques qui permettent d’améliorer et d’ajuster en permanence la stratégie de marketing et de communication.

Pour vous, quelle est la prochaine grande tendance à surveiller ?

Selon moi c’est l’arrivée des générations Z et Alpha dans les entreprises qu’il faut suivre. Ceci va en outre accélérer le digital marketing, accessoirement aplanir les organisations hiérarchiques et effacer l’attribution du genre femme/homme. Ils vont naturellement apporter la digitalisation des outils métiers, des bases de données clients et administratives, et bien sûr des outils marketing digitaux, tous interconnectés. C’est à ce moment-là que les postes des Data Scientists deviendront cruciaux pour la prospérité et longévité d’une entreprise. Il y aura une nouvelle collaboration à mettre en place entre les différents métiers. Les générations Z et Alpha cherchent à intégrer des entreprise digitales et modernes ou créeront spontanément leurs propres entreprises.

La réalité virtuelle (VR) contient beaucoup de suspense. Dans de nombreux secteurs, elle est déjà utilisée à bon escient. A moyen terme, je suis persuadée que la VR apportera une puissance non négligeable à l’échelle du marketing digital, grâce à des données jusqu’à présent non tangibles.

L’évolution des réseaux sociaux et les tendances d’utilisation sont également à surveiller. Le choix des réseaux sociaux doit être analysé pour qu’il soit cohérent avec la stratégie de la marque, le marché et ses besoins. Ainsi à l’heure actuelle, si on prend l’exemple de TikTok, il n’est pas adapté pour tous les secteurs d’activités et son utilisation est encore timide en Suisse.

L’audio aussi va gagner encore plus de place dans nos vies. Un accompagnement discret et disponible partout. Le contenu peut être ludique, formateur, informatif ou divertissant. Le point le plus important est qu’il faut apporter une valeur ajoutée au consommateur.

BONUS/ Quels outils digitaux utilisez-vous tous les jours ?

Rire… Sur mon smartphone et mon laptop, j’ai beaucoup trop d’applications comme la plupart des gens. La question devrait plutôt être « combien de temps arrivez-vous à vous passer des outils digitaux ? ».

Plus concrètement, pour en nommer quelques-uns : Google et sa panoplie d’outils, LinkedIn, Facebook et Instagram et leurs plateformes business, YouTube, Microsoft office (Teams, OneNote et l’incontournable outil du genre OneDrive). En privé j’aime Blinkist, Audible et Spotify. L’audio est donc toujours et partout.

Propos recueillis par Swiss Marketing Léman