3 questions à Mélina Neuhaus

Le podcast est en vogue, bien qu’encore timide en Suisse. Outre le fait que ce canal soit tendance car il s’adapte parfaitement au mode de vie actuel, il est surtout véhicule d’émotions. Une émotion que d’autres canaux peinent à faire passer.

– Mélina Neuhaus, Associée de Elitia Group Sàrl

 


Chaque semaine, Swiss Marketing Léman interroge des experts en marketing et communication afin de prendre le pouls de cette discipline. Les réponses de ces différents spécialistes dressent le panorama concret des pratiques et outils de marketing en Suisse romande.


Selon vous, quel est l’état du marketing digital en Suisse romande? 

À mon sens, les entreprises et autres institutions ont bien compris l’importance du marketing digital et les résultats qu’elle peut apporter.

Cependant, avec notre agence, nous identifions une certaine lacune généralisée dans la compréhension globale de ce que représente une réelle stratégie de marketing digital et ce que cela implique au niveau effectif et opérationnel de mettre en place sa présence digitale. Il faut encore rappeler que d’installer une marque, une entreprise ou une personnalité sur les canaux digitaux prend du temps, c’est un marathon, il faut pouvoir avoir une vision à long terme et rester aux aguets sur les évolutions de ces outils et des tendances.

Une présence digitale doit être réfléchie et être complémentaire à la communication et au marketing offline. D’où la nécessité absolue d’avoir travaillé sur une stratégie de communication globale qui va définir les objectifs, les cibles, les messages clés à véhiculer, offline et online. C’est en effet ce contenu qui devra trouver ses bons canaux, avec le bon ton pour s’adresser à la bonne audience.

Le digital est une jungle qui peut engendrer son lot de craintes.

Nos clients nous le disent souvent : « Nous savons que nous devons développer notre présence online mais nous ne savons pas comment le faire ni comment interagir avec notre communauté et comment, quand surtout, le retour sur investissement sera palpable. »

C’est en effet aussi une question de coûts, la communication et le marketing demandent des investissements parfois importants mais si la stratégie est bonne, les retours n’en sont que bénéfiques.

D’autant plus que le digital permet de calculer son retour car les outils statistiques le permettent, comme par exemple l’analyse de performance d’une campagne sur les réseaux sociaux, Google Ads et emailing, ou encore suivre précisément le parcours de l’utilisateur sur un site web, pour ne citer que ces exemples.

Idem avec les podcasts où l’on peut précisément analyser les audiences, tout comme la vidéo.

 

Pour vous, quel est le levier le plus puissant du marketing digital?

Dans ma vision des choses, ce sont la globalité et la cohérence de sa présence digitale qui vont donner des résultats. Se concentrer sur un unique levier n’est hélas pas suffisant. D’où la nécessité de savoir où l’on va avec des objectifs clairs et des messages bien définis.

 

Pour vous, quelle est la prochaine grande tendance à surveiller ?

Le podcast est en vogue, bien qu’encore timide en Suisse.

Outre le fait que ce canal soit tendance car il s’adapte parfaitement au mode de vie actuel, il est surtout véhicule d’émotions. Une émotion que d’autres canaux peinent à faire passer.

L’écran est accessible 24h sur 24, mais nous avons aussi beaucoup perdu l’aspect humain ces dernières années. Nos clients nous le demandent de plus en plus: « Nous voulons utiliser le digital pour montrer qui nous sommes vraiment, notre direction et surtout nos collaborateurs, car ce sont grâce à eux que nous pouvons ensuite communiquer sur nos activités et vendre nos services ou produits. » 

L’image et le son touchent nos sens, nous y sommes toutes et tous sensibles. Raison pour laquelle la vidéo est également un puissant levier.

 

BONUS/ Quels outils digitaux utilisez-vous tous les jours ?

Personnellement, pour communiquer sur mes activités de communicante, j’utilise le blogging: premièrement sur le blog de notre agence, mais également sur nos propres médias que nous possédons avec Elitia Group Sàrl: Socialize Magazine et Swiss Wine Lovers Magazine. De plus, j’apporte ma plume à d’autres médias tels que Marie Claire Suisse ou encore lifetimedesign.ch, un webzine spécialisé sur le design et l’architecture. C’est une visibilité intéressante et qui me permet de démontrer mon expertise de créatrice de contenu. 

Quant aux réseaux sociaux, j’utilise LinkedIn, Instagram, Facebook, Twitter et Whatsapp pour partager mon quotidien et le travail que nous réalisons avec nos différentes activités. Cette manière de faire s’apparente au Personal Branding, ce qui me permet égalemnt de clarifier auprès du public mes nombreuses activités. 

J’anime également ma propre émission de podcast durant laquelle j’invite chaque mois une femme entrepreneure à partager ses activités, mais aussi et surtout son parcours. L’enregistrement s’effectue dans notre propre studio professionnel situé dans les locaux du groupe à Crissier. L’émission est hébergée sur Ausha, plateforme de partage et de diffusion de podcast et sur Socialize Magazine, dans notre rubrique podcastshttps://socialize-magazine.ch/podcasts/, car nous en produisons plusieurs. 

En quelque sorte, c’est un mariage de textes, de visuels et d’audio qui rejoint ma vision de travailler sa présence digitale de manière globale en utilisant des canaux complémentaires avec chacun un contenu qui lui est propre.


 

Plus d’infos: elitia.ch

Propos recueillis par Raphaëlle Boissicat, présidente de Swiss Marketing Léman et fondatrice de Moderne Attraction, agence digitale à Genève

 

 

3 questions à Laurence Zaied

“La Creator Economy développe une nouvelle vision du travail, plus nomade, plus morcelée mais sans doute plus efficace. Elle contribue au développement toujours plus grand du marché de l’éducation en ligne et elle contribue à l’émergence d’un nouveau marché d’outils destinés à aider les créateurs à se développer.

– Laurence Zaied, Chief Magic Officer, Rapide.ly

 


Chaque semaine, Swiss Marketing Léman interroge des experts en marketing et communication afin de prendre le pouls de cette discipline. Les réponses de ces différents spécialistes dressent le panorama concret des pratiques et outils de marketing en Suisse romande.


Selon vous, quel est l’état du marketing digital en Suisse romande? 

Insuffisant et avec des grandes disparités.

La Suisse, sur ce sujet, semble parfois être le parent pauvre de l’Europe. J’observe quotidiennement les tendances et évolutions du marketing digital aux Etats-Unis et je remarque que s’il faut un temps de latence avant que ces changements n’arrivent en Europe, il en faut encore plus pour qu’ils arrivent jusqu’en Suisse.

C’est dommage car c’est en étant dans les premiers à utiliser ces nouvelles tendances qu’on profite des meilleures opportunités.

Je prends pour exemple TikTok. TikTok est déjà énormément utilisé par les business et notamment les start-ups aux Etats-Unis. Il commence à l’être de plus en plus en France mais peine à démarrer en Suisse.

J’exclus cependant de ce constat les multinationales implantées en Suisse.

 

Pour vous, quel est le levier le plus puissant du marketing digital?

Je ne pense pas qu’il y ait un levier plus puissant qu’un autre. Le marketing fonctionne difficilement avec un seul canal.

C’est plutôt l’écosystème marketing que l’on va créer avec plusieurs canaux et qui va permettre une expérience client fluide et unifiée qui va vraiment faire la différence.

Par exemple, chez rapide.ly:

  1. on crée de la notoriété grâce aux réseaux sociaux, de l’influence marketing et YouTube,
  2. on approfondit ensuite la relation avec de l’email marketing
  3. et on convainc avec de la publicité Facebook ou Google.

C’est ce qui marche pour nous.

Pour d’autres (ou pour nous dans 6 mois), le cheminement et les leviers peuvent être complètement différents.

Et c’est ce qui est fantastique avec le marketing digital, c’est qu’il y a des milliers de chemins possibles pour amener un utilisateur à faire une action. Selon le domaine d’activité, la cible et l’orientation de l’entreprise, les choix seront différents.

Le marketing digital n’est pas une science exacte. C’est en testant, en tâtonnant et en mesurant à chaque étape de l’expérience client qu’on trouve les meilleures solutions.

 

Pour vous, quelle est la prochaine grande tendance à surveiller ?

TikTok qui va finir par arriver pour les professionnels. Et les premiers à s’en saisir seront ceux qui en profiteront le plus. En France, même le président Macron est sur TikTok aujourd’hui.

Le Personal Branding pour les employés. Aujourd’hui, les carrières ne sont plus linéaires et le Personal Branding n’est plus réservé aux consultants et aux startupeurs. Le Personal Branding va de plus en plus compter dans le recrutement et de nombreuses solutions vont apparaître pour aider les employés à créer leur Personal Branding (on planche déjà dessus dans rapide.ly avec une solution pour la fin de l’année).

La Creator Economy: entre l’explosion du marché de la formation en ligne, le marché des newsletters payantes et le COVID, de plus en plus de personnes se lancent dans une activité de “créateur” que ce soit à temps plein ou à temps partiel. Ce sont soit des activités que l’on démarre par une passion que l’on a envie de partager avec le monde, ou encore parce qu’on a envie de développer un projet “à soi”.

Entre les réseaux sociaux, YouTube ou les newsletters payantes ainsi que les plateformes dédiées aux créateurs comme Kajabi, Teachable ou Podia, il n’y a plus de barrière à l’entrée pour se lancer. Il faut juste un bon sujet, une réelle envie de partage et beaucoup de persévérance.

Ces activités développent une nouvelle vision du travail, plus nomade, plus morcelée mais sans doute plus efficace. Elles contribuent au développement toujours plus grand du marché de l’éducation en ligne et elles contribuent à l’émergence d’un marché constitués d’outils qui vont aider les créateurs à se développer.

 

BONUS/ Quels outils digitaux utilisez-vous tous les jours ?

Oh, beaucoup !

  • Tous les réseaux sociaux pour communiquer avec notre audience: Instagram, Linkedin, Facebook, Pinterest, TikTok, YouTube.
  • Un CMS pour une partie de notre site web: Kajabi
  • Des outils publicitaires: Google Ads et Facebook Business Manager
  • Des messageries pour communiquer avec mon associée et avec les freelances qui travaillent pour nous: Messenger, WhatsApp, Slack
  • Des outils de communication avec nos clients et partenaires: Zoom pour les visioconférences, Calendly pour fixer des rendez-vous.
  • Des outils d’analyse et de gestion: Google Analytics, Profitwell et Stripe pour les reporting business, Flick et Later pour Instagram, Tailwind pour Pinterest.
  • Des outils de créations graphiques: Canva pour les images, Adobe Premiere Pro pour le montage vidéo.
  • Des outils d’organisation et de productivité: Evernote et Notion pour l’organisation et la prise de notes; Todoist, Google Calendar et Sunsama pour mon organisation quotidienne; Mindmeister pour les mindmaps.
  • Des outils de formation: Skillshare
  • Des outils de mise en relation: Whyse pour échanger avec des pairs hors de mon réseau habituel

 

Plus d’infos: rapide.ly

Propos recueillis par Raphaëlle Boissicat, présidente de Swiss Marketing Léman et fondatrice de Moderne Attraction, agence digitale à Genève

 

 

3 questions à Emilie Hawlena

“Que vous soyez familier ou pas avec le marketing digital, il est aujourd’hui impossible de lancer un projet entrepreneurial sans être sur les réseaux. 

– Emilie Hawlena, Fondatrice et CEO, Genuine Women

 


Chaque semaine, Swiss Marketing Léman interroge des experts en marketing et communication afin de prendre le pouls de cette discipline. Les réponses de ces différents spécialistes dressent le panorama concret des pratiques et outils de marketing en Suisse romande.


Selon vous, quel est l’état du marketing digital en Suisse romande? 

Je pense qu’il évolue vite et fort actuellement. La crise sanitaire a vraiment accéléré les choses! Aujourd’hui, tout le monde a pris conscience que le marketing digital était crucial pour développer ses activités et qu’on ne pouvait plus se permettre de passer à côté.

Je le constate tous les jours au sein des Genuine Women. Peu importe le secteur d’activité, toutes ont mis en œuvre des actions dans ce sens depuis mars 2020.

D’ailleurs, le lancement du réseau en lui-même n’aurait pas pu se faire, ou alors beaucoup plus lentement, sans le digital, c’est-à-dire à une époque où les réseaux sociaux n’existaient pas.

Je m’en souviens encore, j’ai commencé un compte Instagram et une page Facebook en novembre 2016, trois mois avant la soirée officielle de lancement.

A l’époque, j’avais aussi un blog “Fashion mais pas fauchée”. J’ai fait une liste de personnes qui me suivaient et qui pouvaient être potentiellement intéressées par un réseau de femmes entrepreneures,  j’en ai trouvé 70. Je leur ai envoyé ma toute première newsletter sur MailChimp avec comme simple objet: ‘Fais partie de mon nouveau projet’. Je disais en substance: “Je suis en train de développer un projet qui a tel objectif, si tu veux en savoir plus, confirme ton adresse email”.

Le 5 janvier 2017, j’ai lancé un event sur Facebook.

C’était vraiment que du teasing car le site web allait être dévoilé lors de la soirée de lancement le 25 janvier, mais j’avais mis les moyens pour cet événement, avec 5000,- de budget. Et ça a pris!

Quand des femmes se sont déplacées de Montreux jusqu’à Genève pour la soirée, j’ai compris que j’avais touché quelque chose et que cela répondait à un besoin encore inassouvi!

J’avais également contacté la presse mais elle ne se mouille pas des masses quand il s’agit de quelque chose de nouveau…

Voilà comment Genuine Women a commencé! Donc que vous soyez familier ou pas avec le marketing digital, il est aujourd’hui impossible dans un cadre de projet entrepreneurial de ne pas être sur les réseaux. Il faut juste bien choisir son canal selon sa cible pour ne pas s’épuiser, car c’est très chronophage.

 

Pour vous, quel est le levier le plus puissant du marketing digital?

Il est multiple… Le marketing digital est indispensable pour toucher un large public, acquérir des prospects, faire savoir son message, la solution qu’on propose.

Il offre une opportunité de visibilité énorme mais ça va clairement plus loin que ça. Il permet aussi de créer une communauté autour de sa marque. De communiquer facilement et fréquemment avec ses clients et prospects.

Pour illustrer la puissance du digital en termes de visibilité et d’impact, je vais vous raconter l’histoire d’une de mes Genuine. Elle souhaitait créer un espace Tea Room dédiées aux mamans,  avec un coin garderie, un lieu familial où tout le monde puisse profiter gaiement. Elle a d’abord essuyé beaucoup de refus pour trouver une arcade… C’était terriblement frustrant pour elle car le lieu était tellement clair dans sa tête, elle le voyait! C’est alors que beaucoup de Genuine ont collaboré et qu’a émergé l’idée de le faire exister d’abord sur les réseaux sociaux, en montrant le décor, la tarte aux fraises, bref, l’univers tout autour du projet. C’est là que ça a pris et qu’elle a pu convaincre et trouver un local.

Le digital lui a permis de faire pré-exister son lieu, avant même de créer quoi que ce soit. En cela, les réseaux sociaux sont un excellent moyen de tester une idée, on peut rapidement voir si elle prend ou pas.

De même, les campagnes de crowdfunding, par exemple sur Ulule, fonctionnent également sur ce même principe.

Cela évite d’avoir un stock qui coûte trop cher, et des invendus sur les bras, 6 mois de R&D pour rien… Tu peux construire ta communauté, ta clientèle avant même de produire. C’est ça, la force de la communication digitale!

Le marketing digital offre à tout le monde la possibilité de lancer son business sans engendrer de grosses charges, voire sans débourser un franc parfois. Quand on y pense, c’est incroyable. Le pire, c’est que j’ai le sentiment qu’on utilise à peine 20 à 30 % de son potentiel de manière générale.

Pour ma part par exemple, je n’ai même encore jamais utilisé Google Ads ou Facebook Ads et je ne vous parle pas de mon SEO ! Malgré cela, avec les moyens mis en œuvre seulement via les newsletters et les réseaux sociaux, c’est déjà extraordinaire.

Pour résumer, l’avantage de la stratégie digitale organique, c’est que l’on fédère une communauté solide, engagée, on crée un lien très fort et profond avec les membres à travers l’émotion des live, des face cam, les visuels qui incarnent ton univers.

On peut diffuser son message à large spectre, et en toute autonomie, on devient son propre média.

L’inconvénient, c’est que c’est un full time job !!  J’ai essayé plusieurs fois de déléguer, mais j’ai toujours un peu peur de perdre mon ADN, cette dimension personnelle, émotionnelle, qui fait la différence.

 

Pour vous, quelle est la prochaine grande tendance à surveiller ?

Cette question me fait sourire car mes amies me qualifient de “has been” car je suis toujours à côté des tendances, surtout en matière de digital ! 🙂

Je pense à la tendance entrepreneuriale, je crois dur comme fer que “demain” 3 personnes sur 4 seront indépendantes… Il y a un vrai changement de paradigme qui se joue dans le monde du travail.

Cette tendance va donc s’accompagner de plein d’autres, dont le besoin d’espaces de travail tels que les coworking qui se développent de plus en plus, le besoin de réseaux pour se connecter, échanger nos compétences et œuvrer en collectif!

 

BONUS/ Quels outils digitaux utilisez-vous tous les jours ?

  • Unum, Later, Instagram, Linkedin, pour les réseaux sociaux
  • Trello pour la gestion de projets
  • Canva pour le design de visuels
  • Mailchimp pour ma newsletter

Et ce n’est pas digital mais c’est en quelque sorte un outil : dans mes interactions, j’aime bien me rappeler des accords toltèques 🙂

 


Après son lancement Zurich le 5 octobre, le réseau arrive à Bâle: la soirée aura lieu le 20 novembre.

Plus d’infos: genuinewomen.co

 

 

Propos recueillis par Raphaëlle Boissicat, présidente de Swiss Marketing Léman et fondatrice de Moderne Attraction, agence digitale à Genève

 

 

3 questions à Anela Lebic

“Souvent, on associe le digital aux outils, aux machines, alors au mieux, on arrive à dégager un budget pour les outils. Et on oublie que ces outils ne peuvent être utilisés qu’à hauteur d’homme, à hauteur de leur conscience et de leur connaissance. Où sont les budgets pour les ressources derrière les machines, pour le capital humain ?

– Anela Lebic, Fondatrice et directrice de IHP (Institute for Human Positioning)

 


Chaque semaine, Swiss Marketing Léman interroge des experts en marketing et communication afin de prendre le pouls de cette discipline. Les réponses de ces différents spécialistes dressent le panorama concret des pratiques et outils de marketing en Suisse romande.


Selon vous, quel est l’état du marketing digital en Suisse romande? 

La réponse simple et politiquement correct est qu’il est là où il peut être.

Après, si l’on distingue ce qui se fait dans le monde et ce qui se fait réellement en Suisse romande, on est « complètement à la ramasse ». De nouveau, on fait comme on peut.

Mais ce qui me frappe, c’est qu’on a oublié l’essentiel : l’humain. Souvent, on associe le digital aux outils, aux machines, alors au mieux, on arrive à dégager un budget pour les outils (et cela a enfin lieu surtout grâce au Covid).

Et on oublie que ces outils ne peuvent être utilisés qu’à hauteur d’homme, à hauteur de leur conscience et de leur connaissance. Où sont les budgets pour les ressources derrière les machines, pour le capital humain ?

J’ai commencé en 2009 en télémarketing (quand j’utilise ce terme, cela semble il y a un siècle en arrière !) A l’époque, on pouvait se permettre d’être en retard. On pouvait plus facilement rattraper le temps perdu. Aujourd’hui, tout va mille fois plus vite : avec cette accélération nous n’avons plus le luxe d’être en retard.

On parle actuellement de green washing, j’aimerais qu’on en soit déjà à dénoncer le human washing : cela signifierait au moins que la prise de conscience du changement a eu lieu et cela dénoncerait les mauvaises pratiques.

Les termes de « capital humain » sont très répandus dans la communication corporate, mais les slogans ne reflètent pas la réalité du terrain : quelles sont les entreprises qui investissent réellement dans les compétences collaborateurs ?

Les statistiques en Suisse n’existent même pas à ce sujet, ça veut tout dire à l’ère du data ! Et celles qui veulent le faire se rendent rapidement compte qu’elles ne savent pas comment s’y prendre. On connaît les outils mais on ne sait pas les implémenter.

C’est pourquoi entre autres j’ai créé l’Institute for Human Positioning, avec 2 programmes, l’un pour les particuliers, l’autre pour les entreprises.

 

Pour vous, quel est le levier le plus puissant du marketing digital?

Pour moi, c’est l’image, quand elle est vraie. Et la vidéo, notamment, permet l’exposition de l’humain « dans sa chair » sans tricher. Le corps ne ment pas, les études ont déjà montré que le langage non-verbal compte pour une part énorme de la communication. Les consommateurs ont l’embarras du choix, ils veulent ce qu’il y a de mieux.

Il est facile de faire de beaux flyers, mais on ne voit pas l’énergie qu’il y a derrière. Comme aujourd’hui, nous sommes tous pressés, la vidéo permet de faire ses choix plus rapidement : elle permet de s’identifier tout de suite ou non.

Cette évolution n’est pas facile pour les entreprises. Depuis 2009(!), on sait que 2/3 du marketing passe par les consommateurs. Les entreprises ont perdu le contrôle. L’étape qui suit est d’accepter cette perte de contrôle et d’explorer des nouvelles pistes dans un énergie plus féminine, un marketing plus conscient.

Arrêtons de nous demander “comment VENDRE plus” et commençons à travailler à “ETRE” mieux. Ce sont les paradigmes même de l’entreprise qui sont ici remis en cause ; il est temps d’ouvrir les yeux, d’accepter que notre économie n’est pas rationnelle.

Bien souvent le marketing peut revêtir une connotation négative car on parle de manipulation. Mais cela relève d’ignorance et de méconnaissance.

Quand on travaille nos outils d’hyper-présence, cela développe justement notre capacité à être là, à être complètement présent, et ainsi beaucoup moins manipulable. Et en tant que marketeur, à offrir de vraies solutions durables, conscientes et efficaces.

 

Pour vous, quelle est la prochaine grande tendance à surveiller ?

Vous l’aurez compris, le marketing aujourd’hui, même digital, doit se baser sur l’humain.

L’évolution a déjà commencé: de product-centered il y a vingt ans à client-centered aujourd’hui. Il est temps d’embrasser le marketing human-centered. Pour se lancer dans la transformation, je suis convaincue que cela passe par l’humain.

Si l’on se concentre sur les outils, on sera constamment en retard en tant que marketeur. Regardez, nous n’avons plus besoin de nouveaux services ou de nouvelles choses, tout est déjà là.

Alors que derrière chaque humain, se trouvent ces émotions universelles, comme la peur du rejet ou le désir d’appartenance : ce sont ces questions qui méritent que l’on tente d’y répondre.

Plusieurs grands auteurs américains abordent cette thématique :

  • Seth Godin, qu’on ne présente plus
  • Simon Sinek, avec son concept du Why
  • Mark Schäffer, avec Marketing Rebellion, que je suis en train de relire pour un cours que j’ai créé pour la Haute Ecole de Gestion de Genève et qui nous rappelle que le marketing se situe à l’intersection des sciences humaines : la psychologie, la sociologie et l’anthropologie
  • Mark Manson qui démontre la puissance de nos parts inconscientes

Tous parlent du « marketing du cœur », et pour une fois, je suis ravie que cela ait été écrit par des hommes légitimes reconnus, car si cela avait été par des femmes, malheureusement le concept aurait été moins pris au sérieux et aurait été perçu comme le « monde des bisounours».

Je crois que ce monde est notre nouveau paradigme; soit on accepte de jouer le jeu, soit on sera mis hors jeu. Et l’arbitre ne sera autre que le consommateur.

 

BONUS/ Quels outils digitaux utilisez-vous tous les jours ?

Je vais vous dire quel outil j’utilise tous les jours : il s’agit de mon corps. Peut-être que cela semble « facile à dire », mais dans la réalité du quotidien, combien dirigent leur entreprise et leurs équipes ainsi ?

Les émotions sont justement de la data, et trop peu encore la prennent en compte. Je vous suggère de commencer à utiliser ces données, non pas pour vendre davantage, mais pour vous servir mieux et ainsi mieux servir vos clients.

La notion d’exemplarité est centrale, et encore plus aujourd’hui avec les nouveaux métiers de formations (notamment en ligne) qui émergent : comment éduquer les gens si soi-même on n’est pas congruent ?

Le travail sur soi, par exemple à travers des retraites, de l’auto-hypnose, des exercices de sophrologie, ou tout simplement une thérapie, impacte ta stratégie, ton interaction avec tes équipes, etc. Et c’est là qu’on voit des résultats durables.

En tant que femme, on peut également travailler sur l’aspect cyclique de notre énergie et synchroniser les tâches qui sont les plus efficaces selon la période avec les moments les plus adéquats.

Mon corps est une véritable boussole qui me guide dans la réussite de mon activité professionnelle.


 

Plus d’infos: https://institutehumanpositioning.com

Propos recueillis par Raphaëlle Boissicat, présidente de Swiss Marketing Léman et fondatrice de Moderne Attraction, agence digitale à Genève