L’intelligence émotionnelle, une compétence à développer

On parle beaucoup d’intelligence émotionnelle depuis quelques années, et cela dans de nombreux domaines. Mais de quoi parle-t-on exactement ? Explications avec la Dr. Carole Nielsen, spécialiste de la Gestion de la Santé en Entreprise au sein du Groupe Mutuel.  

 

Groupe Mutuel: Bonjour Carole Nielsen, merci de votre disponibilité. Dites-nous, l’intelligence émotionnelle, c’est quoi au juste ?

Dr Carole Nielsen: Il existe en réalité plusieurs modèles de ce qu’on appelle l’intelligence émotionnelle. Pour faire court, disons qu’il s’agit de notre capacité à gérer nos émotions, les comprendre et les utiliser.

 

Les interactions entre les personnes semblent plus nombreuses qu’à l’époque. L’intelligence émotionnelle nous aiderait à gérer nos relations avec les autres ?

Dans les modèles d’intelligence émotionnelle, l’une des parties concerne justement l’intelligence relationnelle. Quand vous-même ou votre interlocuteur éprouvez une émotion, comment réagissez-vous ? Votre réaction fera évoluer la situation dans un sens ou dans l’autre. Dans le même temps, on entend souvent des recommandations du genre: « tu dois être fort », ou: « tu ne dois pas montrer tes émotions ». L’intelligence émotionnelle inciterait plutôt à reconnaître ces mêmes émotions, les accepter et les interpréter. Je ne dis pas qu’il faille à chaque fois exprimer n’importe laquelle de ses émotions. Mais au moins déjà les reconnaître, et se demander ce qu’elles peuvent bien vouloir nous dire.

 

 

 

Comment distinguer les émotions qu’il est bénéfique d’exprimer et celles qu’il vaut peut-être mieux de ne pas communiquer ?

Il est important de canaliser ses émotions, mais si par exemple vous éprouvez de la colère, il est aussi bénéfique que vous puissiez l’exprimer. Le fait d’oser extérioriser une colère fera ainsi peut-être évoluer les choses.

 

Tout cela est aussi vrai en entreprise, que l’on soit collaborateur ou manager…

L’intelligence émotionnelle constitue un excellent outil pour les managers, pour les aider à être à l’écoute de leurs collaborateurs et à répondre à leurs besoins. Savoir comment un collaborateur se sent, quelles émotions il éprouve, c’est essentiel aussi pour faire passer des messages. La bonne qualité de la relation va influencer la qualité de l’engagement de la personne.

 

On parle beaucoup aujourd’hui de l’influence des managers sur la santé des collaborateurs…

Dans ce contexte, l’intelligence émotionnelle constitue un point clé. Une bonne relation avec son manager, c’est essentiel. Pour les managers, identifier le besoin du collaborateur, se poser la question de savoir comment il peut l’aider, représente un acquis sur lequel la relation, et donc la performance, pourront grandir. Pour un collaborateur, avoir le sentiment d’être écouté, c’est valorisant. Mais attention, il n’est pas du tout question de rêver d’un monde de bisounours. Le manager doit comprendre et être à l’écoute mais ce n’est pas pour autant qu’il doit dire oui à toutes les demandes.

 

Le lien entre écoute et performances est-il démontré ?

Tout ce que l’entreprise met en place en matière de bien-être et de santé de l’employé va se traduire sur la motivation et la performance de celui-ci. Le collaborateur qui considère que son manager lui fait confiance et est disponible sera rassuré et aura envie de donner beaucoup à son tour.

 

 

La confiance constitue un élément central dans cette constellation…

Une confiance qui va dans les deux sens, du manager au collaborateur et du collaborateur au manager. Je mentionnerais aussi les échanges réguliers, y compris informels, ou encore la valorisation du collaborateur. Dans de nombreuses petites structures, il n’y a souvent ni le temps ni les moyens de mettre en place des initiatives en matière de santé, mais s’il fallait se concentrer sur une seule chose, ce serait vraiment la communication, la valorisation, le fait de montrer que l’on s’intéresse au travail et à la santé de ses collaborateurs. Et c’est un peu mon cheval de bataille. Ce qui est gratuit, c’est vraiment la communication, la valorisation, le fait de montrer que l’on s’intéresse au travail et à la santé de ses collaborateurs.

 

Mais personne ne demande à un collaborateur de devenir meilleur ami avec son manager ?

Ne tombons pas non plus dans les extrêmes. Mais, que l’on soit collaborateur ou manager, pouvoir s’ouvrir un peu, par exemple sur sa vie privée, comme « cette nuit j’ai mal dormi » ou « mon enfant traverse une phase un peu difficile et cela m’inquiète », c’est déjà montrer qu’on est humain et que les événements du quotidien méritent parfois d’être évoquées, sans peur d’être jugé. L’humour, le rire, le droit aussi de dire « Ah il m’énerve celui-ci », de pouvoir juste exprimer ses émotions, tout cela compte.

 

Quelques conseils utiles?

Par exemple se dire qu’une fois dans la journée, je vais m’arrêter quand j’ai une émotion. Et me questionner: mais pourquoi cette émotion ? Qu’est-ce qui l’a déclenchée ? Peut-être alors faire une petite pause de cinq minutes pour prendre l’air ou me changer les idées, dans la mesure du possible évidemment. Comme manager, on peut aussi s’entraîner à écouter son collaborateur, s’intéresser à sa personne, dans ce qu’on appelle l’écoute active. L’écoute est le commencement de tout et c’est en écoutant vraiment les besoins et les ressentis des collaborateurs que les managers pourront proposer des mesures d’amélioration pertinentes.

 

L’experte de ce blog – Dr. Carole Nielsen

 

Dr. Carole Nielsen est spécialiste de la Gestion de la Santé en Entreprise (GSE) au sein du Groupe Mutuel depuis deux ans. Psychologue de formation, elle a effectué une thèse sur le trac chez les musiciens. Après cette expérience dans le domaine de la recherche, elle accompagne aujourd’hui les entreprises dans des démarches visant à améliorer la santé de leurs collaboratrices et collaborateurs.

 

 

Partager

Groupe Mutuel

Le Groupe Mutuel emploie plus de 2700 collaborateurs. Il compte plus de 1,3 million de clients individuels et 25 500 entreprises lui font confiance. En plus de gérer une fondation de prévoyance professionnelle, le Groupe Mutuel propose également aux entreprises des assurances perte de gain maladie selon la LAMal et la LCA ainsi que l’assurance-accidents selon la LAA.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *