L’entrée d’un investisseur au capital d’une PME : opportunité ou calamité ?

Pourquoi ouvrir son capital à un investisseur ?

C’est parfois indispensable : la start-up n’a pas de revenus, elle n’a généralement que des coûts. Le capital sert à payer les coûts et investissements prévus. C’est parfois nécessaire : une PME fragilisée par des problèmes opérationnels, financiers doit parfois renforcer ses fonds propres pour se relancer. C’est aussi, parfois, une opportunité de croissance qui est à la base de l’ouverture du capital  : un projet d’innovation, une possibilité d’expansion dans un nouveau marché, la reprise d’un concurrent. Ou encore, une réorganisation du capital en raison des motivations de l’actionnariat : un membre de la famille souhaite se retirer et parmi les actionnaires existants personne n’est intéressé à augmenter ses parts.

Les raisons d’une ouverture du capital sont donc multiples. L’ouverture du capital revêt un caractère stratégique et s’inscrit, en général, dans la durée de la vie d’une entreprise. Vu son caractère unique, son importance, il est recommandé de bien planifier cette opération et de réfléchir aux conséquences non financières également, en particulier pour ce qui a trait à la gouvernance future de l’entreprise.

Quelle planification stratégique ? Comment procéder “au mieux” ?

Si la PME dispose d’un conseil d’administration et d’une bonne gouvernance, un dialogue s’établit entre les actionnaires existants et le conseil d’administration qui pilotera cette action stratégique dans l’intérêt de l’entreprise et de ses actionnaires. Lorsque le personnel de l’entreprise est en partie intéressé au capital, à travers des actions ou des plans d’options/d’actions ou d’autres formes d’intéressement,  il me paraît également important d’avoir une politique d’information transparente, pour préparer le changement, qui induira naturellement diverses questions. Dans certaines industries, il est aussi important de se préoccuper assez tôt des réactions potentielles d’autres parties prenantes, qui peuvent aussi réagir à un changement dans la structure de détention du capital.

L’importance des aspects juridiques, les éléments clefs du processus

J’ai le plaisir d’accueillir Me Alexandre Gachet, avocat, associé de Kellerhals Carrard

 

 

Quels sont d’après-vous les principaux sujets de négociation ?

  • Le montant de l’investissement et son affectation
  • La valorisation de l’entreprise avant modification du capital
  • La stratégie de retour sur investissement (dividende, revente, mise en bourse, etc) et sa faisabilité
  • Les conséquences sur l’entreprise du maintien ou du départ des dirigeants
  • La gouvernance et en particulier l’espace prévu pour le nouvel investisseur

Avez-vous des exemples concrets d’échec d’un financement et quelles en étaient les raisons ?

  • l’échec est peut-être lié à une situation de financement qui se concrétise sur de mauvaises bases
  • la cause peut être la pression du temps pour l’entreprise qui a besoin d’argent
  • du côté de l’investisseur sa motivation peut être parfois complexe, par exemple s’il vise in fine l’acquisition d’une technologie, plutôt que l’investissement dans une entreprise
  • finalement un non-alignement sur les éléments cités en réponse à la question précédente (stratégie, structure de direction, gouvernance, etc)

Alors l’entrée d’un investisseur, est-ce plutôt une bonne ou une mauvaise idée ?

J’ai plutôt tendance moi-même à être entrepreneur, je vois donc plutôt cela comme une opportunité. Il n’en demeure pas moins qu’une bonne planification, une démarche structurée, vont certainement augmenter les chances de succès des entrepreneurs.

 

Note de Claude Romy

Pour les intéressés qui souhaitent en savoir un peu plus , une vidéo de l’interview sera publiée le mercredi 2.2.2022 sur les pages de ROMY MANAGEMENT et LinkedIn. A bientôt !

 

Bien planifier pour valoriser l’immobilier lors d’une vente d’entreprise

Se fixer des buts, développer une stratégie, permet au propriétaire de mieux réaliser la transmission de son entreprise.

D’une part parce que le fait d’agir de manière méthodique offre plus de possibilités, plus de choix : se donner des options. D’autre part, certaines composantes de l’entreprise cédée demandent un traitement particulier, pour en optimiser la mise en valeur.

Bien planifier pour valoriser l’immobilier d’entreprise

C’est le cas des biens immobiliers liés à l’entreprise, lesquels, pour être mis en valeur de manière optimale, demandent une réflexion stratégique spécifique. Dans ce contexte, les aspects fiscaux et juridiques revêtent une importance cruciale.

J’ai le plaisir d’interviewer à ce sujet Me Vincent Jäggi, avocat et associé de Kellerhals Carrard :

 

La transmission de PME en Suisse est souvent marquée par la composante immobilière, pourquoi à votre avis ?

  • Beaucoup de PME  dans l’industrie, la construction, la distribution, détiennent leur outil de travail
  • L’actif immobilier a un impact important sur la valorisation de l’entreprise, il mobilise aussi parfois des moyens de financement
  • Il s’agit parfois de biens immobiliers mixtes, comprenant des parties non nécessaires à l’exploitation à proprement parler
  • Certains investisseurs stratégiques ou fonds d’investissements  susceptibles de reprendre l’entreprise ne sont pas forcément intéressés par la reprise du bien immobilier , ils préfèrent une entreprise “assets light”, flexible et focalisée sur son domaine d’excellence. Pour un repreneur privé ou un cadre désireux de reprendre la PME, la valeur du bien immobilier peut-être un obstacle à la reprise en raison des moyens financiers qu’il faut mobiliser.

Quelles sont les alternatives pour valoriser le bien immobilier ?

Le mot d’ordre : planifier et non pas se laisser guider par les opportunités ou les circonstances. En planifiant, le propriétaire peut analyser les meilleurs options et opérer des choix en amont de la transmission de son entreprise. Il prend le temps d’adapter la structure de détention aux scenarii possibles de transmission future, de manière plus flexible.

L’immobilier d’entreprise est un actif intéressant qu’il est possible de valoriser dans le cadre d’une démarche ciblée:

  • cession à des promoteurs spécialisés dans l’immobilier
  • Sale and lease back du bien immobilier avec des investisseurs notamment institutionnels
  • Location par le propriétaire à l’entreprise acquise par le repreneur, ce qui permet de générer des revenus récurrents à futur
  • Le propriétaire cédant peut lui-même faire une promotion immobilière ou maintenir un bien en l’état dans le patrimoine familial

Y-a-t’il d’autres facteurs à prendre en compte pour se préparer  ?

La mise en valeur d’un bien immobilier implique l’intervention de plusieurs acteurs qui ont tous leur importance pour mener à bien un processus qui peut s’avérer complexe :

  • Le notaire, le registre foncier
  • L’organe de révision
  • Le fisc
  • Les banques
  • Les collectivités publiques (problématiques de droit de préemption, LFAIE, dépollution, etc)

Une transaction immobilière obéit à ses règles propres et à un calendrier spécifique, en fonction des autorisations et autres confirmations, tax rulings, etc à obtenir et du nombre de parties impliquées.

C’est donc un projet d’importance stratégique pour le propriétaire, qui implique une démarche structurée, un travail d’équipe qui demande de la concertation entre les divers acteurs. Une planification ordonnée prend donc tout son sens.