En quoi la philanthropie est liée au transfert intergénérationnel du patrimoine familial ?

Au-delà de la préservation du patrimoine familial et de l’esprit d’entreprise, deux préoccupations peuvent hanter aussi bien la génération actuelle d’actionnaires d’entreprises familiales que les membres à la tête de familles fortunées :

  • Que faire pour que nos enfants soient solidaires à l’avenir et entreprennent des projets ensemble, que ce soit sur le plan privé ou professionnel ?
  • Comment avoir la certitude qu’ils apprécient l’argent à sa juste valeur et ne le dépensent pas de manière irresponsable ?

La philanthropie peut faire partie de la réponse. Avant de comprendre pourquoi, il est nécessaire de clarifier la différence entre philanthropie et charité. Bien qu’elle ne soit pas gravée dans le marbre et laisse place à une libre interprétation, il existe une définition qui tend à être acceptée par beaucoup : alors que la charité est associée à un acte spontané, sollicité ou non, la philanthropie se distingue par des actes réfléchis et planifiés. Parlant philanthropie, la distinction suivante peut se faire :

Souvent à tort, quand on pense à la philanthropie, on s’imagine de grosses sommes d’argent. En réalité, chaque famille peut s’y engager selon sa propre capacité financière, et il n’existe pas de petits montants. L’acte en soit est unique à chaque fois et tout ce qu’il implique est noble et profond. Dans le cas de familles entrepreneuriales et familles fortunées, la philanthropie joue sans aucun doute un rôle parmi les plus importants dans le transfert du patrimoine familial. Mais attention, ne nous méprenons pas. Il ne s’agit pas seulement du capital financier, mais surtout, au sense large du terme, du capital social, humain ou encore intellectuel. Nous le savons, le capital financier seul ne survit pas, surtout à travers les générations, s’il n’est pas nourri par un sens de responsabilité de la part de celui et celle qui en jouit. 

Au travers de la philanthropie, le transfert intergénérationnel du patrimoine familial s’en retrouve renforcé par bien des aspects. En voici quelques uns:

Cependant, il existe une tranche d’âge durant laquelle les jeunes adultes ont tendance à s’éloigner de leurs parents suivant leur processus naturel d’indépendance et de construction de leur propre identité. Autrement dit, tout comme le transfert de la conduite de l’entreprise familiale devrait se faire dans un laps de temps favorable aux deux générations, l’implication de la prochaine génération dans les projets familiaux suit la même logique; il n’est pas propice de les y impliquer au moment où ils recherchent à créer leur propre espace… plus loin de la famille.

Donc, la recommandation est d’engager les membres de la prochaine génération dans des projets philanthropiques le plus tôt possible, en adaptant la forme et la manière à l’âge de chacun. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pas de Succession Sans Préparation

Revenant sur mon blog antérieur, il en ressort que la préparation de la prochaine génération, c’est-à-dire des héritiers, constitue un des éléments fondamentaux de la pérennisation de l’entreprise familiale, au même titre d’ailleurs que la préservation du patrimoine familial s’agissant d’actifs liquides ou illiquides.

Plus de la moitié des membres de la prochaine génération d’entreprises familiales qui ont participé à un sondage au niveau international se disent préoccupés de perdre le patrimoine construit par leur famille. Donc, que faire pour que la succession soit une opportunité et non pas un fardeau?

 

 

La préparation est donc clé et partageons-la en 2 volets: l’approche et la structure.

L’approche consiste avant tout à préparer le terrain et comprendre le centre d’intérêts, les intentions et les capacités des membres de la prochaine génération. Voici quelques recommandations parmi d’autres:

  • Entamez des conversations au sujet de l’entreprise et du patrimoine familiaux et le comportement à leur égard aussitôt que possible. Le format et le contenu doivent être adaptés à leur âge. 
  • Motivez les membres de la prochaine génération à poursuivre leurs rêves et carrières professionnelles en dehors de l’entreprise familiale. Un jour, épanouis, et s’ils le voudront, ils vous feront part de leur désir de rejoindre la compagnie familiale.
  • Encouragez-les à développer leur capital humain: éducation, expérience et habiletés, entre autres. 
  • Dans le cadre des affaires familiales, aidez-les à trouver leur rôle. Tout le monde ne veut ou ne peut pas être Directeur Général. 
  • Adaptez vos canaux et votre style de communication à leur personalité. 

Quant à la structure, une des meilleures façons d’apprendre et de devenir responsable est de grandir dans un cadre organisé où les bonnes pratiques servent d’exemple au quotidien. Évidemment, chaque famille est différente et chacune à sa propre dynamique donc, par définition, il n’y a pas de règles standards. Néanmoins, avoir une structure et respecter des normes devraient être chose commune à toute. 

…grandir dans un cadre organisé où

les bonnes pratiques servent d’exemple au quotidien

En anglais, “imprint” est un terme utilisé en psychologie qui pourrait se traduire comme “apprende de façon à imprégner”. Le fait est que dès le plus jeune âge, ce que nous voyons et entendons, donc notre environnement, forme en grande partie notre comportement. Mais, vu que la croissance se compose de différentes étapes, il y a des moments où l’influence de l’environnement peut varier. Bref, plus l’exposition à un environnement propice est précoce et constante dans la durée, plus les effets seront bénéfiques.

Comme toujours, tout est relatif et dépend de bien des choses. Chaque famille est un monde en soi et a son propre méchanisme de fonctionnement: un simple regard, un sourcil que se fronce, un silence révélateur, des bras croisés, bref, mille et un codes peuvent transmettre un message compris de tous, mais parfois aussi malheureusement sans laisser place au dialogue. Tout cela pour vous dire que la relation entre les membres d’une famille est régie par une structure naturelle. Là où ça coince c’est que cette structure naturelle n’est pas ou plus nécessairement adaptée aux besoins de chacun des membres de la famille et moins encore dans leur relation avec l’entreprise familiale. Pour faire court, tôt ou tard, il y aura un déséquilibre au sein de la famille-même et entre la famille et l’entreprise (nous reviendrons aux conflits plus tard).

Donc, qui dit structure, dit structure formelle et non pas naturelle. Le rythme de passage du naturel (pour ne pas dire informel) au formel peut dépendre de plusieurs facteurs comme par exemple l’étape où se trouve la compagnie en terme d’évolution, la dimension de la famille, les tranches générationnelles impliquées, la santé de l’entreprise etc.

Certains d’entre vous devinnent déjà où je veux en venir. De manière formelle, une structure est synonyme aussi de gouvernance, que ce soit familiale et/ou d’entreprise, avec les outils qui l’accompagnent comme par exemple une charte familiale ou un conseil de famillle, choses que nous verrons bientôt. 

Y-a-t-il meilleure préparation pour la prochaine génération que de grandir et de vivre ses premières expériences au sein d’une famille entrepreneuriale dans le cadre d’une structure bien définie où le respect de normes visant à maintenir l’équilibre entre la famille et l’entreprise familiale est quelque chose de naturelle?