Prendre le taureau par les cornes

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« economiesuisse, la faîtière des entreprises suisses, attend du gouvernement et du Parlement fédéral du courage et des compromis pour mener à bien les réformes et assurer des conditions compétitives à nos sociétés. »

 

Davantage de marge de manœuvre

Les crises se succèdent : économique, financière, sanitaire ou dues à des guerres réelles ou commerciales. Cette « nouvelle normalité » met nos entreprises à rude épreuve, quelle que soit leur taille et leur secteur d’activité. Les équipes doivent redoubler d’agilité et d’innovation pour faire face à l’imprévu et au protectionnisme sournois de grands Etats. Se démarquer de la féroce concurrence internationale ne va pas de soi. Dans un environnement aussi instable que complexe et interdépendant à l’échelle mondiale, les entreprises ont plus que jamais besoin que la classe politique leur laisse suffisamment de marge de manœuvre pour s’adapter rapidement et cesse de les noyer sous la bureaucratie. Dans l’idéal, pour toute nouvelle loi une autre devrait être supprimée. Certes, c’est beaucoup demander au législateur, dont la mission est d’accoucher des lois, j’en conviens.

Du courage

Les entreprises attendent aussi des autorités politiques davantage de courage pour assurer l’approvisionnement énergétique et enfin redynamiser les relations avec l’UE.  Il s’agit – entre autres – de présenter à la population les enjeux et les mesures nécessaires, sans subterfuges et langue de bois. C’est elle, en effet, qui aura le dernier mot. Or, elle manque singulièrement d’éléments pour se forger une opinion et mesurer les conséquences des lenteurs décisionnelles.  Peut-on lui reprocher de ne pas savoir, par exemple, que dans quatre ans, 60% des entreprises exportatrices pourraient être confrontées à des difficultés pour exporter leurs produits au sein de l’Union européenne ? En effet, aussi longtemps qu’un accord sur les questions institutionnelles ne sera pas sous toit, notre partenaire refuse de mettre à jour les accords existants, dont celui sur les obstacles techniques au commerce. L’industrie des technologies médicales y est déjà confrontée : coûts supplémentaires pour un étiquetage différencié, homologation plus longue et complexe, obligation de disposer d’une représentation en Europe. L’érosion des marges et la bureaucratie supplémentaire ont des conséquences. Délocaliser une partie des activités n’est plus un tabou, c’est parfois une nécessité – à défaut de prévisibilité. Il est grand temps que le Conseil fédéral adopte un mandat de négociation avec la Commission européenne, avant que l’érosion des bilatérales ne fasse trop de dégâts. Et que les syndicats cessent de prendre en otage le pays – à défaut, ils auront contribué à diminuer les emplois dans notre pays.

Il est aussi grand temps de regarder la réalité en face aussi en matière d’approvisionnement électrique. Pour atteindre l’objectif climatique « zéro émission nette » et sortir des énergies fossiles, nous devons doubler notre production indigène d’ici 30 ans. Les Chambres fédérales ont pris des mesures pour faciliter et accélérer la construction de nouvelles énergies renouvelables, mais cela ne suffit pas et de très loin. Ce n’est pas uniquement en posant des panneaux solaires sur tous les toits et les autoroutes que nous réglerons la question. Seul un mix énergétique très diversifié nous permettra de nous en sortir en hiver et de contenir notre dépendance de l’étranger. Le nucléaire ne doit pas en être écarté d’emblée.

Nous attendons du politique du courage et davantage de force de persuasion en matière de retraites. La population vieillit, il y a de moins en moins d’actifs sur le marché du travail.  De nombreux pays lient l’âge de la retraite à l’espérance de vie, soit directement, soit indirectement. Nous ne pourrons pas éviter éternellement cette discussion. Les leviers à disposition ne sont pas infinis. Soit employeurs et employés versent des montants plus élevés aux caisses de prévoyance (c’est une baisse du pouvoir d’achat et une hausse des coûts de production). Soit les rentes sont réduites. Soit nous travaillons plus longtemps.

Source: Getty images

Des compromis 

Les polémiques et la polarisation politique ne font pas avancer le pays. Au contraire, elles noient les faits sous l’idéologie et mettent en arrière-plan l’absence de solutions sur la durée. Certes, le marketing politique et le désir d’être réélu peuvent se comprendre. Mais le prix à payer est très élevé. La population perd confiance dans la classe politique. Elle se détourne de plus en plus des médias traditionnels pour se « protéger » des mauvaises nouvelles et des diatribes. Moins informée, elle est davantage à la merci des discours et recettes simplistes, donc moins disposée à soutenir des compromis nécessaires dans l’intérêt général. Enfin, sous l’impulsion de la Gauche et de nombre de médias qui épousent ses thèses, la population oublie d’où vient la prospérité et le financement des prestations étatiques : des entreprises et des personnes aisées. Et oui, l’argent ne tombe pas du ciel, même en Suisse…

 

Cristina Gaggini

Directrice romande d’economiesuisse

economiesuisse

Economiesuisse représente plus de 100 000 entreprises dont une majorité de PME et 2 millions d’emplois environ, dans toutes les branches et les régions de Suisse. Notre engagement en faveur de l’économie se fonde sur les principes d’une économie de marché libérale et d’une croissance durable.

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