Mesdames, devenez actrices…. de votre prévoyance

Les femmes reçoivent « statistiquement » une rente 1/3 plus faible que celle des hommes. Un chiffre qui interpelle. Il s’agit désormais de le comprendre afin de remédier à cet écart pour sa propre situation personnelle. Mesdames, dans cette chronique, je ne vous propose pas de devenir une actrice de cinéma mais plutôt de conscientiser votre situation financière actuelle. Pour pouvoir non seulement vous projeter dans l’avenir, mais également en devenir actrice.

Temps partiel et écarts salariaux

Nous sommes le 8 mars, Journée Internationale de la Femme, et cela mérite de se focaliser sur cette thématique des rentes de retraite. Vous travaillez peut-être à temps partiel, car vous souhaitez accomplir une formation, être active dans une association, avoir plus de temps avec vos enfants, vous occuper d’un proche etc… En ce sens, votre salaire de base est réduit en fonction de ce temps de travail. Ce salaire est la base de calcul des cotisations au 1er et 2e pilier (AVS et LPP). Plus votre salaire se réduit, plus la cotisation sera basse. Avec un fort impact sur votre rente à la retraite. Sans oublier les écarts salariaux entre les femmes et les hommes. Ce doux mélange est malheureusement une dure réalité. Il est la raison principale des différences entre les rentes versées aux femmes et aux hommes.

De plus, les divorces ou les séparations dans le cadre d’un concubinage peuvent avoir un impact négatif sur votre situation financière actuelle, et aussi celle à la retraite. Plus de 25% des bénéficiaires de rentes qui ont divorcé doivent recourir aux prestations complémentaires (PC) à l’AVS. Même si le droit du divorce évolue dans le bon sens en termes de partage des avoirs de prévoyance, bon nombre de femmes actuellement divorcées l’ont fait sous l’ancien droit du divorce. Elles sont donc défavorisées.

Il est temps d’agir

Je dépeins possiblement une situation difficile. Mais nous avons malheureusement tendance à ne pas regarder en face ces réalités qui ont un lourd impact. A Retraites Populaires, nous sommes encore souvent confrontés à des situations où fin de carrière rime avec peu d’épargne.

Nous aurions tellement voulu leur donner un conseil : épargner le plus tôt possible ! Commencez petit et faites évoluer si vous le pouvez ! Toutes ces réflexions démontrent l’importance d’épargner dès le plus jeune âge, en particulier pour les femmes et personnes travaillant à temps partiel. L’impact à long terme d’épargner un montant entre CHF 1’200 et CHF 2’000 par année s’avère très important après 40 ans de vie active.

Pour finir, en tant que femme (mais je donnerai le même conseil à un homme), faites-vous conseiller par des personnes qui comprennent réellement votre situation et épargnez seulement dans des solutions que vous comprenez.

 

Judith Granat

Directrice

Responsable de la Division marketing, conseil et communication

La numérisation de la prévoyance : en mutation mais encore freinée

L’impact de la numérisation se fait ressentir dans tous les domaines. Qu’elle soit professionnelle ou privée, la prévoyance ne déroge pas à la règle. Progressivement et sans grande révolution du modèle d’affaires, elle s’est faite via l’optimisation de processus significatifs, en particulier au niveau du back office.

Les progrès de cette numérisation ont permis aux caisses de pensions, banques et assureurs de faire d’importants gains d’efficience, d’augmenter la qualité des prestations et de maîtriser la gestion des risques. Cette efficience engendre également une baisse des coûts de gestion bienvenue dans un marché très compétitif.

Un front office encore en développement

Toutefois, le dernier maillon de cette chaine de valeur, c’est-à-dire l’interaction avec l’assuré ou le client final (front office), reste encore soumis à des freins. Par exemple, les échanges via des formulaires papier ou PDF à signer sont encore nombreux. Mais jusqu’à quand ?

Dans le domaine de la prévoyance professionnelle, des petites innovations s’amorcent. En effet, il est nécessaire désormais de numériser et d’automatiser les demandes des assurés comme, par exemple, les retraits des avoirs de prévoyance. Les technologies telle que la signature électronique permettront de faire des avancées considérables dans les prochaines années et d’accélérer la numérisation dans le secteur de la prévoyance professionnelle.

L’engouement des start-up financières

Dans le cadre de la prévoyance privée, nous avons observé l’émergence de quelques start-up financières proposant des produits d’un pilier 3a totalement digitalisés. Que ce soit de l’inscription à la gestion du compte souvent liée à des fonds ou même à des cryptomonnaies, tout le processus est numérisé. Certaines de ces solutions intègrent des fonctionnalités intéressantes comme des outils communautaires pour la centralisation des frais de gestion.

Les assureurs dont Retraites Populaires lancent des possibilités de souscrire à des polices de 3e pilier en ligne. Ces solutions s’adressent à un public relativement jeune, les fameux digital natives, particulièrement habiles avec les nouvelles technologies et leur téléphone mobile. Sauf qu’il est nécessaire d’aller au-delà de la simple ouverture de comptes 3a sympathiques ou à la gestion de ces fonds grâce à une app.

Souvent, les clients se trouvent dans l’embarras face à la multitude de solutions disponibles. C’est pourquoi, il est nécessaire d’aller en profondeur et d’offrir des conseils ou informations personnalisés. En effet, les demandes peuvent concerner l’impact fiscal des montants versés, ou l’implication de membres de la famille dans le cadre d’une succession, etc. En ce sens, offrir un service de conseil en prévoyance privée totalement digitalisé s’avère être un réel défi, mais se transforme en véritable plus-value.

L’information et le conseil au centre

En attendant que ce défi soit relevé, les acteurs de la prévoyance se doivent d’offrir à leurs assurés ou clients les informations sur les prestations de prévoyance que chacun recevra à la retraite, soit une vue consolidée du 1er, 2e et 3e pilier. Une solution numérique permet de présenter les informations de façon simple et compréhensible.

Retraites Populaires a déjà fait le premier pas en consolidant les informations du 2e et 3e pilier de ses propres assurés. Cette plateforme permet d’accéder à ces données en tout temps, de projeter des simulations en vue de la retraite et offre aux assurés davantage d’autonomie. Il ne manque plus qu’à intégrer les données du 1er pilier quand les caisses de compensation seront prêtes à les mettre à disposition de ses clients, mais aussi celles des autres prestataires de prévoyance.

En effet, un assuré ou client est susceptible d’avoir plusieurs comptes, fonds, assurances auprès d’autres prestataires. En résumé, les données sont la clé pour atteindre ce but… Reste toutefois la question de la diffusion de ces données. Quel prestataire serait disposé à mettre les données clients sur une plateforme commune afin d’offrir aux utilisateurs une vue totalement consolidée de leur situation ? Seul le temps nous le dira.

 

Judith Granat

Directrice

Responsable de la Division marketing, conseil et communication

Entreprises ! Protégez vos administrateurs-trices!

Dans mon entourage professionnel je côtoie un certain nombre de membres de conseils d’administration. Ces administrateurs ont des situations professionnelles très différentes les unes des autres. Certains occupent ces fonctions dans le cadre de leur activité principale comme représentant de l’entreprise pour laquelle ils travaillent. D’autres l’exercent en complément de leur activité principale, en tant qu’activité accessoire dans ce cas. Nous trouvons également beaucoup d’indépendants dans les conseils d’administration, tout comme des retraités qui souhaitent mettre leur riche expérience au profit d’une ou de plusieurs entreprises.

Des lacunes de prévoyance

L’activité d’administrateur est de plus en plus importante, en termes de responsabilité et de temps consacré ce qui peut conduire à une diminution de l’activité principale avec une baisse de salaire et donc de la couverture de la prévoyance professionnelle. En effet, cette rémunération en tant qu’activité accessoire n’est pas soumise d’office à la prévoyance professionnelle. Les conséquences peuvent être importantes, avec une retraite réduite d’autant. Il en va de même pour les prestations en cas d’invalidité et de décès. Ainsi, nous nous trouvons souvent dans des situations où des lacunes de prévoyance apparaissent et ne sont pas compensée, au détriment de l’administrateur.
Prenons l’exemple de Julie, 45 ans. Son parcours professionnel et ses compétences en cybersécurité, lui ont permis d’intégrer le conseil d’administration d’une société suisse de 2000 personnes avec des activités en Suisse et à l’étranger qui cherche à croître sur différents marchés. Son employeur actuel a concédé à une baisse du taux d’activité de 20% afin que Julie puisse s’impliquer sur ce projet en toute sérénité. Au fur et à mesure, Julie a reçu d’autres propositions d’intégrer des conseils d’administration de banques et d’entreprises dans le domaine de l’énergie. C’est à ce moment qu’elle a décidé de quitter son travail pour une carrière d’administratrice indépendante.

En tant qu’indépendante Julie doit naturellement s’acquitter des cotisations pour le 1er pilier. N’étant pas assurée au 2ème pilier, le seul moyen d’améliorer sa prévoyance est de conclure un 3ème pilier. Dans ce cas, les montants à verser sont limités à 20% du salaires AVS ou CHF 34’128 (limite pour 2020). Cette solution peut être très intéressante pour elle, mais elle doit la comparer avec ce que peut offrir la prévoyance professionnelle. Le 2e pilier offre de nombreux avantages dont les rachats du passé, déductibles fiscalement, ou le partage des cotisations entre employeur et employé.

Enjeux pour l’entreprise

Les entreprises sont confrontées à plusieurs enjeux dans le cadre de la constitution de leur conseil d’administration. La composition du conseil d’administration d’une entreprise est cruciale pour sa gouvernance. Celui-ci doit également pouvoir bénéficier d’une diversité des modes de pensée et d’expériences, de même que des profils des personnes (genre, âge), ce qui garantira une meilleure supervision de l’entreprise.

Afin d’attirer des personnalités avec des compétences pointues dans leur domaine, il s’agit d’offrir un package de rémunération attractif et cohérent avec les responsabilités d’un membre de conseil d’administration. A ce titre, la prévoyance professionnelle est un élément à ne pas négliger. Cela permet aussi de garantir une égalité de traitement entre les membres du conseil d’administration qui ont potentiellement différents statuts professionnels comme évoqués ci-dessus. En effet, des administrateurs délégués par leur entreprise et, dont la rémunération est reversée à leur employeur, ne sont nullement péjorés en termes de prévoyance professionnelle. A l’inverse, les personnes qui exercent ces fonctions en tant qu’indépendant ont un traitement différent qui peut avoir des conséquences à long terme, en particulier si elles sont relativement jeunes. Si aujourd’hui, environ 1/3 des administrateurs ont moins de 50 ans, cette proportion devrait augmenter à l’avenir pour intégrer des profils plus jeunes et plus au fait des changements technologiques, au vu des défis liés aux transformations digitales et aux enjeux du numérique.

Une démarche gagnant-gagnant

Les entreprises qui mettent en place un plan de prévoyance professionnelle pour leurs administrateurs améliorent ainsi leur rémunération globale afin d’attirer et de conserver des talents. Cela favorise également l’engagement de personnes plus jeunes, comme dans notre exemple Julie, dans le but de diversifier la constitution de leur conseil. Ces « relativement » jeunes personnes ne doivent ou veulent pas être pénalisées si une partie de leurs revenus n’est pas assuré dans le cadre de la prévoyance professionnelle, que ce soit pour l’invalidité, le décès et pour la retraite.

La constitution d’un plan de prévoyance spécifique et sur mesure pour les administrateurs s’évalue et se discute entre une direction d’entreprise et son conseil d’administration, en principe avec l’aide d’un spécialiste.

 

 

Judith Granat
Directrice de la Division marketing, conseil et communication chez Retraites Populaires