Réinventer la formation? l’affaire de tout le monde, et oui!

Comment ouvrir un vrai débat de société, qui permettrait de cocréer une vision pour la société suisse, qui s’est enrichie dans sa diversité et multiculturalité, et qui saurait donner de l’envie à tous et à ses plus jeunes également ? La personne serait-elle aujourd’hui moins digne d’intérêt que l’accès aux ressources de blé, d’électricité ou de lithium ?

L’’épidémie du COVID, la guerre en Ukraine, la chaleur estivale dès la mi-mai et d’autres facteurs encore dirigent un projecteur crû sur notre gestion des ressources et sur la délégation de certaines responsabilités en dehors de nos frontières. Qui n’a pas vu ces images de ces montagnes de déchets qui s’enflamment en Inde ? celles de ces personnes qui pour survivre continuent à les escalader ?

J’ose mettre les pieds dans le plat.

A quand des reportages percutants qui incitent à réfléchir et collaborer sur la situation en Suisse ? Quelle Suisse et quelle réputation voulons-nous ? Je propose le sujet du recyclage de nos ressources « gaspillées et invisibles ». Oui, je parle de toutes ces personnes devenues invisibles du jour au lendemain, car « remerciées ». Certaines pourraient – si elles osaient – se dire moins considérées que nos déchets que l’on envoie dans d’autres pays au nom de l’économie circulaire.  Et pourtant pour la plupart elles ont su travailler en respectant les processus en place. Certaines ont reçu de bons salaires, d’autres sont montées « en grade » en montrant les diplômes idoines. D’autres encore sont des bénévoles ou miliciens très actifs que l’on retrouve dans différentes associations si nécessaires à la cohésion sociale.

Qu’est-ce qui manque, que faire aujourd’hui ?

Déjà en 2008, dans un article que j’avais écrit pour HR Today et repris par la FER, https://gbauhofer.com/2008/01/01/10-ways, j’invitais à investir dans la formation continue et dans un partenariat entre les collaborateurs – prestataires de compétences – et l’entreprise.

C’est plus urgent encore aujourd’hui – autant que le sauvetage de la planète notamment – si l’on ne veut pas s’acheminer vers une société suisse « augmentée » privilégiant et taxant essentiellement les personnes utiles – celles âgées entre 20 ans et 35 ans, voire 40 ans, qui sauraient collaborer dans les métavers et autres domaines fortement dopés par l’intelligence artificielle. Tous les autres citoyens étant écartés – sauf naturellement ceux même plus âgés qui siègent dans notre parlement- car non-recyclés et pourtant recyclables.

Je propose de travailler simultanément sur trois plans de manière interdisciplinaire. Une utopie ? je ne le crois pas. Je concède bien volontiers que les plus résistants au changement sont souvent ceux qui en bénéficient en premier. Combien de fois j’ai essayé de ne pas perdre patience en indiquant à d’autres concitoyens et à mes clients que la sphère privée comptait plus d’obligations que de droits.

A nous tous, au-delà de nos fonctions et de nos titres, je recommande la lecture du livre de la philosophe Simone Weil, intitulé l’Enracinement. Ce livre pose notamment la question suivante – « Quel est le plus important : avoir des droits ou des devoirs ? » Un sujet que j’estime primordial aussi dans le domaine très large de la formation et du développement de l’être humain

J’imagine ainsi une collaboration nouvelle entre les citoyens à titre privé et les institutions et les entreprises – autour de la formation, du développement continu et tout au long de sa vie de ce que la vie nous donne à être en tant qu’être humain – où chacun se réveille et agit en fonction de ses moyens et un peu plus.

J’imagine ainsi au niveau privé

  • Que tout un chacun puisse comprendre et inclure dans le domaine de sa responsabilité personnelle – non seulement le respect et le maintien de sa vie sous tous ses aspects – mais également tout ce qui maintient et développe les compétences au sens large.
  • Que d’aucuns auront peut-être besoin de soutien pour s’éveiller à cette opportunité et responsabilité. Ici, à la fois la famille, les institutions et les entreprises ont besoin de revisiter leurs obligations et contributions respectives à ce que je nommerais volontiers « un chantier national »

J’imagine des institutions,

  • qui envisageraient la formation comme un enseignement et accompagnement à devenir un être humain responsable, ouvert à la multiculturalité, sachant s’adapter, interagir et collaborer. Nettement plus enthousiasmant pour tous et surtout pour le « corps enseignant ». Plus motivant que d’être restreint à agir comme une « machine à former des employés types », ce qui de facto contraint l’institution à être toujours en retard par rapport à l’évolution et de la technologie et de l’organisation du travail.
  • qui favoriseraient l’accès et l’initiative personnelle à la formation continue, qui faciliteraient au lieu de freiner, voire sanctionner la conversion professionnelle. Pour tous.

 

Lorsque je travaille avec les entreprises et PMEs, poumons de notre société, j’aime à rappeler que l’entreprise n’a pas vocation à remplacer les institutions, ni l’école, ni la famille dans l’acquisition et le développement de compétences. Par contre, je les invite à

  • Créer les conditions dans l’organisation du travail pour raviver l’engagement personnel, l’innovation et la collaboration intradisciplinaire
  • Considérer les « transfuges d’autres disciplines » dans les recrutements, en regardant au-delà de la formation de base de la personnalité rencontrée pour se concentrer sur l’expérience, sur l’ensemble des compétences au sens large et sur la disposition et curiosité effectives de cette personne pour sa formation et son développement en continu.
  • S’emparer du développement de compétences pointues, en collaboration avec des institutions publiques sans se faire ralentir par ces dernières.

A l’écoute récemment des ténors de la dernière exposition nationale, j’ose rêver que la prochaine expo nationale s’emparera du sujet sous le titre « La formation pour tous à tout âge : l’exception Suisse ». Chiche ?

Bien naturellement, je suis à disposition pour continuer la conversation et surtout pour faciliter ces collaborations, si critiques pour la durabilité de nos écosystèmes et de notre vivre-ensemble en paix, en Suisse.

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Geneviève Bauhofer

"la vie est une aventure audacieuse ou elle n'est rien" Helen Keller. Economiste, Carrière à l'international, puis à la tête de sa société depuis plus de 15 ans en Suisse et à l'international. Intervient comme Conférencière, Accompagnant & Mentor de dirigeants et cadres pour "booster" de nouveaux projets en entreprise

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