Qu’est-ce qui ronge ou amplifie efficacement ta liberté d’action en entreprise, tous les jours?

A l’heure où certains retrouvent le chemin vers leur travail sur site, je t’invite à porter ton attention 3 minutes sur l’invisible qui règne dans ton environnement immédiat : cela, quels que soient ton statut, ta fonction, ton âge avoué ou ton genre ! Cela te suffira pour détecter le climat qui paralyse, ménage, voire dynamise le lieu auquel tu consacres l’essentiel de ta journée. Que réponds-tu spontanément à ces trois questions ?

  • Quel est le rituel qui t’a le plus manqué lors des derniers mois?
  • Quels ont été les éléments majeurs qui ont contribué à tes prises de décision?
  • Quelle est la nouvelle compétence que tu as accrochée à ton palmarès?

Sais-tu cependant que ces questions au demeurant simples t’indiquent la probabilité pour ton entreprise d’être encore là dans quelques années ? Oui, elles sont reliées et conjuguent leur effet dans l’entreprise.

J’aime à répertorier ces questions dans le fichier des invisibles, bien qu’elles soient vitales pour la santé et la durabilité d’une entreprise. Je les nomme invisibles, car ces points sont rarement identifiés comme variables critiques au succès de tes initiatives en entreprise. De facto, ils ne sont que rarement décrits, peu valorisés, souvent mal quantifiés et certainement peu suivis comme indicateurs pertinents dans les tableaux de bords !

Dans la suite de ces lignes j’attire ton regard sur 3 invisibles essentiels que j’ai identifiés et expérimentés à ce jour dans l’environnement de mes clients et amis. Ces marqueurs aussi contribuent à saboter tout nouveau projet ou au contraire vont libérer la capacité d’autonomie, d’engagement et responsabilisation des collaborateurs, et ultimement déterminent l’évolution d’une entreprise.

Les rouages invisibles des processus décisionnels

Aucune entreprise ne peut fonctionner sans son organigramme et catalogue de règles et processus. Et pourtant les éléments qui caractérisent et autorisent réellement les prises de décision ne sont que partiellement explicités. Tu en découvriras la majorité dans différents documents officiels. Pour le reste, interroge-toi, observe les habitudes et autres raccourcis usités par tes collègues aussi et les résultats apparents dans ton environnement de travail.

Je te donne un exemple. Tu te sens en pleine capacité et force de propositions. Face à la complexité et la technicité de certaines situations, tu as néanmoins envisagé un ou deux scénarios qui tiendraient la route. Tu suis et respectes les processus en place dans ton entreprise pour amener tes propositions. Tu es recalé. Pourquoi ?

Tu comprends l’organigramme, les fonctions, rôles et l’envergure des décisions qui y sont rattachées. As-tu distingué cependant la hiérarchie réelle, celle qui fixe les zones d’influence véritable dans ton entreprise ? Est-ce ton expertise individuelle qui va primer ou le fait que tes propositions soient nées de ta participation et collaboration à un groupe de travail ?

Tu connais bien sûr les valeurs de l’entreprise et peut-être même la raison d’être, partie intégrante de la communication officielle. Reconnais-tu par contre les rituels implicites en place au bureau, dans ton entreprise ou dans la division dans laquelle tu opères ? Par exemple, l’importance qui est donnée à l’information informelle à qui de droit en parallèle des processus d’acheminement des documents clés et décisifs pour toute décision fondée. Ou encore quels sont les faits et actions qui sont valorisés en entreprise et choisis de préférence lorsqu’il s’agit de produire le « storytelling » avec ses héros, de renforcer telle orientation ou valeur d’entreprise et de construire l’historique et légende de la société ?


L’invisible des rituels

Je regarde avec une bienveillance critique l’époque des « grandes messes » où l’on distribuait la bonne parole, les objectifs ambitieux pour la période suivante, et où l’on célébrait soit l’esprit d’équipe soit l’excellence de telle ou tel collègue. Au-delà de la convivialité affichée, il y soufflait un air qui encourageait l’esprit de responsabilité individuelle, la collaboration entre départements et surtout cela donnait du sens à mon investissement personnel. Je faisais partie et contribuais à quelque chose de plus grand que moi.
Parallèlement d’autres étaient et sont encore combattus ou contraints au minimum aujourd’hui au nom de la productivité : tels l’échange autour d’un café ou d’un verre, l’interruption vapotage, la conversation en parallèle sur un « chat » avec un participant à la même réunion en télétravail ou non, etc…
Bon nombre d’activités à caractère spontané participent cependant à la bonne marche des affaires. Avec leur effet de « soupape », ils participent à compenser et réparer les défauts involontaires inhérents à la meilleure organisation du travail. Ils créent des espaces de liberté où l’on rattrape le déficit de la communication interne, débat et se forge sa propre opinion. Parfois même on s’entraide et collabore sur tel sujet plus ou moins épineux, bref on se respecte, s’accepte et s’écoute dans ses différences avant de regagner son poste tout revigoré et enrichi du partage.

Combien d’innovations ou d’améliorations de processus ont vu le jour autour d’un café ? combien de situations complexes se sont résolues en un clin d’œil ? combien se sont sentis confortés dans leur autonomie, reconnus et encouragés à aller plus loin encore dans leurs réflexions et actions dans de telles instances ?

Reconnaître l’importance de ces rituels plutôt que les combattre est clé. Pourquoi ne pas accorder la possibilité individuelle d’agender dans son emploi du temps, un temps « vide », non alloué à une tâche ou activité spécifique ? Je ne parle pas ici de la pause de récupération syndicale mais plutôt du choix responsable de réserver un temps vide de quelques minutes et de le rendre visible pour soi dans son agenda. Rien de tel – à côté de toute autre pratique d’hygiène mentale et physique initiée à titre individuel – pour renouer avec soi-même dans son temps de travail et faciliter l’émergence et le déploiement d’une créativité ou le renforcement de son engagement et sa responsabilité dans tel ou tel projet. D’ailleurs, lorsque vous regardez votre collègue qui semble rêver, peut-être est-il en train de penser (=action qui a le tort de ne pas se laisser distinguer facilement) ?


Les super pouvoirs de l’Expert Généraliste Humain

La formation continue tous azimuts est le point central critique partiellement visible dans l’acronyme ESG (environnemental, social, gouvernance) pour toute entreprise et pour chacun de nous à titre individuel. C’est le point pivot pour une collaboration efficace et efficiente entre nous tous.

A côté des domaines évidents de formation continue, tels que choisis et demandés par les entreprises dans leurs industries respectives, il est crucial de favoriser aujourd’hui tout ce qui contribue à nourrir la curiosité et à développer les compétences clés transversales. Ces dernières sont essentielles pour créer les conditions gagnantes AAA (agilité, adaptation, avancement) qui assurent aux entreprises d’accéder aux ressources qualifiées et aux individus de maintenir une activité rémunérée, voire de s’ouvrir de nouvelles voies professionnelles à tout âge. Autorisons-nous à rester ouverts face aux désirs de formation continue, de conversion ou autres projets professionnels de qui que ce soit. Il en va de notre vivre ensemble.

Nous sommes tous individuellement des acteurs et des ressources humaines dans le renouveau d’un vivre ensemble. Ce n’est pas l’exclusivité d’un département ainsi nommé dans les organisations, ni l’apanage de professionnels et politiciens éclairés. Face à l’explosion des options que nous offrent le développement des sciences en général et celui de la découverte du champ ouvert à son génie individuel en particulier, chacune et chacun d’entre nous a le choix de son parcours de curiosité et d’apprentissage d’être humain.

Dans cette époque extraordinaire – du moins au niveau des options présentes à tout curieux – grâce aux avancées de l‘intelligence artificielle entre autres, s’ouvre pour nous tous de choisir et de contribuer à un avenir coloré multi-facettes en nous permettant aussi de devenir un expert généraliste humain.

A toi, qui as lu ces lignes, d’identifier maintenant autour de toi ces « invisibles culturels » qui te permettront à toi et à ton entreprise de donner le meilleur de toi pour les causes qui vous importent ensemble, et d’agir comme Expert Généraliste Humain dans tous tes projets.

Ciao, à+

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Geneviève Bauhofer

"la vie est une aventure audacieuse ou elle n'est rien" Helen Keller. Economiste, Carrière à l'international, puis à la tête de sa société depuis plus de 15 ans en Suisse et à l'international. Intervient comme Conférencière, Accompagnant & Mentor de dirigeants et cadres pour "booster" de nouveaux projets en entreprise

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