Cash Flow

Le marché de l’emploi se retourne (déjà)

Si la pénurie de main d’œuvre qualifiée est structurelle, liée notamment au départ à la retraite des babyboomers, elle semble déjà se résorber dans certains domaines clés comme la restauration. Plombés par la pandémie, de nombreux établissements ferment les uns après les autres, déversant sur le marché des profils expérimentés qui ne se retrouvent (déjà) plus en position de force.

 

La restauration en première ligne

Autant le dire d’emblée : les années postpandémie étaient, dans la restauration en particulier, une anomalie sur un marché de l’emploi déréglé. Les employés exigeaient de nombreuses adaptations de leurs conditions de travail, préférant parfois les contrats saisonniers ou à l’heure pour une meilleure flexibilité. Le secteur, particulièrement touché par la pandémie, est encore sonné par le remboursement des prêts Covid couplé à une baisse de la fréquentation due à l’incertitude économique. Ajoutez à cela l’inflation et la hausse des taux, et vous obtenez un cocktail explosif mettant en danger ces activités. Il suffit de jeter un œil aux offres sur les portails immobiliers ou de se balader dans nos agglomérations pour constater que dans de nombreuses régions, les vitrines se vident. Corollaire de cet environnement ; les salariés concernés cherchent un nouvel employeur. Un mouvement qui s’est accéléré depuis la rentrée estivale.

 

Retour à la normale

Cette situation ne concerne toutefois pas que la restauration et signe le retour timide d’une normalisation du marché du travail. On revient ainsi à une relation de travail à long terme, tant du côté de l’employeur que du salarié, avec par exemple des plans de formation et des avantages octroyés sur la durée, liés à la fidélité. Une loyauté réciproque qui avait été quelque peu perdue, et qui laisse aujourd’hui place à une perspective à long terme qui devrait perdurer dans ce contexte économique morose – même si la Suisse se porte mieux que de nombreux autres pays.

 

Chômage des jeunes

Dans le fond, cette situation annonce peut-être aussi un renversement du rapport au travail de la jeune génération. Dans un climat de plein-emploi et avec l’insouciance propre à la jeunesse, on change volontiers de job comme de chemise. Mais lorsque la machine économique se grippe, l’insouciance s’envole. Regardez la Chine qui, après avoir connu un taux record de chômage des jeunes, a suspendu cet été la publication des chiffres concernant ce segment.

 

Finalement, la génération Z qui se riait tant de ces papys n’ayant connu qu’un seul employeur durant leur carrière, pourrait bien changer leur regard. Et apprécier davantage l’intérêt de la sécurité du travail.

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