Cash Flow

Souriez, vous ne serez pas filmés

«L’affaire» des caméras à reconnaissance faciale connaît son épilogue. Sous pression, les CFF renoncent à mener des relevés de clientèle selon l’âge, le sexe ou la taille, pour se contenter de mesurer l’affluence. Une occasion manquée pour l’ex régie fédérale d’améliorer l’expérience des clients de ses gares, et de renforcer son attrait commercial.

 

Vous êtes déjà traqués

Certes, on parle ici du monde « réel », mais chacun d’entre nous est déjà épié au quotidien, sur internet. Notre navigation, des pages consultées aux clics, en passant par les mouvements de notre souris, tout y est déjà ausculté, analysé, décortiqué. A tel point que les géants de la tech en savent plus sur nous que nous-même ! Et ça ne semble pas heurter tant de monde que cela. Les CFF envisageaient simplement d’intégrer à leurs infrastructures une fraction des moyens de traçage possibles numériquement, et de manière anonyme. Surtout, les acteurs immobiliers d’importance songent aujourd’hui, si ce n’est déjà fait, à équiper leur parc de capteurs identiques.

 

Le train est en marche

Le train, lui, est en marche – du moins dans le privé. Toujours plus de lieux publics, comme les centres commerciaux, seront installés de ces systèmes. D’abord pour améliorer l’expérience des clients avant l’étape suivante : l’intégration du monde numérique dans la réalité, et vice-versa, pour une personnalisation accrue. Ensuite, pour améliorer la rentabilité des espaces loués aux enseignes. Cette approche commerciale s’intègre plus globalement dans une tendance de fond qui vise à rendre les bâtiments intelligents – le fameux smart building. Les immeubles seront ainsi équipés de milliers de capteurs pouvant servir à réguler la température, optimiser les dépenses énergétiques ou contrôler la qualité de l’air.

 

Double discours

Le cas des CFF est symptomatique d’un double discours. D’un côté, on se plaint de ses prix exorbitants et, de l’autre, on s’offusque que la vénérable institution cherche à diversifier ses sources de revenus, ou à les améliorer. N’en déplaise à certains, la seule activité de transport ne saurait assurer sa pérennité, encore moins en vue de l’ouverture annoncée du marché ferroviaire. La volonté d’une entreprise de service public, propriété de la Confédération, de se développer en adéquation avec le marché (et donc avec la concurrence) est à saluer. Si les CFF ne sont pas une société comme les autres, elle évolue tout de même dans le même monde que toutes les autres. En ce sens, nous devrions être rassurés de constater qu’elle tente, tant bien que mal, de prendre le train en marche.

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