Profit versus Pénibilité : l’équation qui résume le travail ?

Le rapport des individus au travail dans les années 2020-2030 dans nos sociétés occidentales fait apparaître un profond bouleversement. 

Le travail mélange dans notre société diverses générations, cultures, milieux sociaux, expériences vécues, attentes individuelles et collectives, etc. C’est en ce sens un lieu commun de nos vies, on ne peut pas y échapper. Le travail est même nécessaire quel que soit sa forme (salarié, indépendant, domestique, bénévole, etc.) : on n’a rien sans rien. 

Il n’y a pas de métier ni d’environnement de travail parfait. Le travail est aussi un lieu de tension et de remise en cause. La fameuse résilience tant louée c’est d’abord tenir le plus longtemps possible dans une vie active indéniablement composée de très nombreux échecs, même aux plus hautes fonctions. Si la marche passe par les pieds, le travail passe par une certaine violence nécessaire. Car à l’extrême inverse, l’excès d’oisiveté est destructeur et ne peut être un remède durable à des personnes fragilisées par le travail.

Le travail est épanouissant, constructif dans une juste mesure. Ce n’est pas une fin en soi, on ne travaille pas pour travailler, mais l’émerveillement de l’apprentissage, le sens de l’accomplissement et la fierté de ses propres réalisations procure de la joie, une joie saine et durable.

Pour ce qui est du travail en entreprise, l’entreprise n’a pas de cœur : c’est une personne morale de papier. Les actionnaires ont signé des documents juridiques dans leur intérêt; ils ne se sont pas engagés à rendre heureux les collaborateurs, encore moins à assurer leur bonheur.
N
éanmoins :

  • les personnes dirigeantes de l’entreprise peuvent développer ou supprimer les facteurs d’épanouissement, de joie et de liberté du travail de leurs collaborateurs (cf. ce précédent article et particulièrement la grille d’épanouissement du collaborateur);
  • la mission de l’entreprise peut accroître ou empirer le sentiment de félicité ou de déprime.

Le cadre de travail et les relations de travail peuvent décupler ou totalement annihiler la joie issue de son propre travail. A titre personnel, j’ai récemment pu voir à l’occasion d’un changement de bureau à quel point l’ensoleillement et la vue peuvent affecter ma bonne humeur et pourtant je ne pensais absolument pas être sensible à ce genre de “détails”. Et pour poursuivre dans ma modeste expérience, j’ai aussi la grande joie d’expérimenter depuis début mars la semaine de 42,5 heures (temps plein en Suisse) sur 4 jours. Oui c’est intense mais clairement ça fait un BIEN FOU de décompresser pendant 3 jours entiers et de pouvoir me sentir vraiment utile pour ma famille sur ces 3 derniers jours de la semaine. Le conseil pratique associé à cette bonne deuxième expérience c’est : osez demander ! Lorsque ça ne change pas grand chose pour les autres et beaucoup pour vous, il ne faut pas hésiter à demander

En définitive, l’état d’esprit de la personne qui travaille et son contexte personnel sont clairement beaucoup plus déterminants pour son épanouissement que tout le reste : l’entreprise, ses dirigeants, les collègues, le cadre ou les conditions de travail !

Au risque de provoquer des désaccords (les commentaires sont faits pour ça !), je dirai que :

  • plus on se focalise sur les pénibilités de son travail, moins son travail est épanouissant, efficace et fécond.
  • notre rapport au travail dépend de notre rapport au capital, plus on récupère directement les fruits de son travail plus on est motivé pour l’accomplir.

Pour en revenir au titre et conclure, dans l’entrepreneuriat la notion de profit est parfois tellement incertaine qu’on est clairement plus proche de la passion pro bono : le profit est plus souvent dans l’accomplissement personnel que sur un compte en banque. Dans le travail bénévole, c’est encore plus simple car la notion de profit financier n’existe pas mais la joie de se sentir utile et habité d’un esprit de service est un profit bien plus pérenne que l’argent.

Je vous souhaite sincèrement à tous un travail véritablement épanouissant animé par un état d’esprit joyeux et l’envie de construire et de vous construire vous-même.

Bien à vous,

T

PS: je recommande aussi les excellents articles de Julia de Funès ici et celui d’Eric Delassus ici

Les actifs commencent à en avoir vraiment ras-le-bol !

Depuis le début de l’année 2020, nous vivons tous dans un environnement chamboulé, c’est le moins que l’on puisse dire !

l’épuisement d’énervements

Entre mesures et contre-mesures sanitaires, économiques, et sociétales; nous ne cessons de surnager dans un environnement plutôt hostile, carrément imprévisible et apparemment infiniment plus complexe qu’avant le Covid.

Je constate, à mon modeste niveau, l’énervement et même l’épuisement d’énervements des professionnels que je côtoie. Sans être défaitiste et pessimiste, je crains que l’été ne suffise plus cette fois à reposer les professionnels. Car, contrairement à l’été dernier, il y a de plus en plus de sujets clivants et de désarroi qui ne permettent pas d’espérer une sortie de crise rapide et certaine.

Pourquoi en rajouter une couche avec un article peu réjouissant me direz-vous ?

Cet article est une fusée de détresse pour les managers, les chefs d’entreprises, les intervenants externes. Plus que jamais il est nécessaire et utile d’adopter un esprit constructif et bienveillant, de prendre soin de vos collaborateurs et collègues, d’être réellement à l’écoute !

réveiller les enthousiasmes, apaiser les esprits meurtris

Il s’agit de mettre en place des solutions concrètes pour faciliter le travail, pour lui redonner sa joie, sa noblesse, son attrait. Les idées ne manquent pas :

  • permettre la semaine de 4 jours avec des plages horaires élargies et sans perte de productivité (l’article de businessinsider sur le succès de l’expérimentation menée en Islande est inspirant ! Et l’exemple de Microsoft Japan reste bluffant !),
  • réduire les temps de réunions ou a minima tester des nouveaux formats plus captivants en intégrant par exemple un moment découverte organisé à l’initiative d’un collaborateur,
  • favoriser les initiatives personnelles avec un budget sponsorisant les meilleures idées pour l’efficience de l’entreprise, pour le bien vivre des collaborateurs, pour le meilleur évènement encourageant l’esprit de cohésion, etc.
  • encourager des séances vis-ma-vie pour découvrir un autre métier ou un tout autre aspect du même métier le temps d’une après-midi ou d’une matinée,
  • brainstorming avec post-it, laboratoire d’exploration-innovation, RETEX (Retour d’Expérience sur un sujet en cours, un succès ou un échec), duos collaboratifs aléatoires sur des tâches précises, concours culinaires, évènements surprises, etc.

Au delà du télétravail et des aménagements de circonstances, il faut réveiller les enthousiasmes, apaiser les esprits meurtris. Nos entreprises sont avant tout des aventures humaines partagées et il est nécessaire (vital !), après tant de mois de pénibilité voire d’absurdité, de redonner pétillance, élan, cohésion avec un vrai esprit chaleureux et l’allégresse de surmonter cette crise la tête haute.

ne plus avoir envie de travailler, c’est déjà déprimer

Sans pousser jusqu’à la fameuse phrase à mon humble avis douteuse et goguenarde “le travail, c’est la santé !”, je crois qu’il est nécessaire d’épauler ces actifs qui en ont marre et qui en ont même marre d’en avoir marre. Affaissements de motivation, détresses non-dites, absences de réponses, manques d’attention, je vois des signaux tout sauf faibles de personnes qualifiées qui semblent ne plus avoir envie de travailler. Or, je crains que ne plus avoir envie de travailler, c’est déjà déprimer. L’entreprise, en tant que personne morale n’a pas de cœur; néanmoins chaque contributeur porte la responsabilité individuelle d’améliorer de son mieux le quotidien de ses confères et consœurs en humanité.

La satisfaction du travail bien fait, la fierté du travail accompli, le décuplement d’impact du combo passion-travail, la puissance d’épanouissement d’un succès professionnel sont des moteurs incroyables d’une formidable énergie humaine que je souhaite ardemment revoir dans les openspaces, les calls, les visios et même les emails et les documents de procédures ou de spécifications !

Personne ne peut travailler efficacement s’il n’a pas conscience d’être utile et d’être soutenu !

Le danger de la déconstruction professionnelle se tapie dans la démotivation, la frustration, le mécontentement.

#ProtectPeople&Passion

À bon entendeur, salut !

 

 

 

Perdurer avant tout, prospérer… si jamais !

Allons droit au but : dans un tel contexte, choisir la pérennité c’est déjà renoncer à la solution de facilité !

Lorsqu’une économie est florissante, il est heureux que certains pensent à favoriser la pérennité (caractère, état de ce qui dure toujours); lorsqu’une économie s’effondre, il est à la fois vital et pourtant bel et bien héroïque de (re)construire avec comme pierre angulaire, la pérennisation de notre entreprise.

Tentons une simulation de l’effondrement le plus total et dramatique, certaines entreprises survivront toujours pour trois principales raisons :

#BonSens : elles n’ont pas cédé à la panique des sirènes et des chiffres déprimants, elles sont restées centrées sur leur mission (service/production) sans dévier ni se détourner de leur lucidité.

#AutoSuffisance : par nature, par choix ou bien par intelligence d’environnement, ces entreprises ont su faire simple et s’affranchir de toutes dépendances coûteuses avec l’extérieur (fournisseurs, intermédiaires, prestataires long terme, etc.). Attention, #AutoSuffisance ne veut pas dire autarcie ! L’autarcie c’est une économie fermée qui se suffit à elle-même, l’entreprise AutoSuffisante est celle qui est capable de rayonner dans son économie avec peu de moyens (charges fixes et investissements récurrents minimes).

#FlexibilitéOrganisationnelle : métamorphe dans leur organisation, elles n’ont de cesse d’évoluer avec leur environnement que ce soit par la technologie, leur culture d’entreprise ou leur capacité à penser pour faire mieux (#ThinkToDoBetter). Résilientes dans leur aventure humaine, elles savent mêler passion, cohésion, gestion de projet et empowerment au service de leurs clients sans toutefois perdre leur fibre créatrice propre qui les rend à la fois inimitables et préservées de toutes possibilités de disruptions.

Confinement, re-confinement, semi-confinement, ce yoyo a une fâcheuse tendance à devenir durable et ne nous laisse pas indemnes. La dette se créée, économique sans-doute mais aussi mentale, humaine, sociétale.

Toute entreprise qui vise à perdurer avant de prospérer devient ainsi non plus un acteur économique au sens pauvre du terme mais un acteur économique et sociétal qui redonne de l’espoir et du sens aux individus, comme un phare allumé dans une nuit de tempête.

Théories sans pragmatisme ni exemple concret me direz-vous ? 3 preuves réelles vous sont ici offertes :

  • dans une dimension personnelle mais d’actualité : modestement mais sûrement, l’entreprise genevoise de prévoyance et transmission digitale TechVitam Sàrl
  • dans une dimension terre à terre mais savoureuse : la ferme biologique qui prend soin de sa terre et de son cheptel, comme la ferme de Latapoune que je vous invite à découvrir et à soutenir !
  • dans une dimension différente mais jamais démentie au cours des siècles : le monastère ou le couvent qui ne vise pas à prospérer mais bien à perdurer, voici ici le bel exemple de l’abbaye bénédictine de Triors.

Vous avez d’autres exemples en tête ? Les champs commentaires sont faits pour ça !!

J’en profite, au terme de cette année 2020 si particulière, pour vous souhaiter des moments de vérité, personnels et/ou familiaux, pour vous ressourcer et affronter 2021 avec encore plus d’enthousiasme et de passion !

 

Amitiés,

T

 

Crédit Photo “Discussions nocturnes éclairées”: l’excellent Geoffroy Pasquier 

Reprise Post-Covid19: moins de faux problèmes, plus de vraies solutions

En ces temps perturbés où les entreprises souffrent, se contorsionnent dans des considérations de télétravail et de baisse des revenus clients, voire s’acharnent à survivre malgré le poids de l’incertitude; la meilleure compassion possible est celle de préparer au mieux la reprise.
Cette reprise, qui se fait d’autant plus attendre que les jours passent, doit se faire “du bon pied”.

  • Il y a ces entreprises qui sont quasiment à l’arrêt et pour lesquelles il ne va pas falloir flancher aux premiers pas de reprise et celles qui marchent encore et qui devront trouver la bonne accélération : ni trop brutale ni trop douce.
  • Et puis il y a ce temps de recul permis par le Covid-19 (c’est bien là son seul effet positif). Certains reviendront ragaillardis, d’autres ramollis mais la plupart seront volontaires. Quelques uns -qui sait un grand nombre peut être ?- seront plus inspirés que jamais auparavant pour initier des changements d’ampleur.

A tous, je veux redire tous mes encouragements et me permets 4 mises en garde à propos pour vous préserver:

  • 1 Pour revenir sur le titre de cet article, la période pré-Covid-19 était celle du dénigrement des vrais problèmes. La preuve : les pouvoirs publics d’Europe ont souvent clamé à tort début 2020 que le Covid-19 était un “faux problème” qui, soit n’arriverait pas jusqu’à nous, soit ne serait pas si grave qu’en Chine. Bref les vrais problèmes étaient -extrêmement trop- souvent mis de côté ou négligés. Gageons que le premier changement de mentalité de la civilisation post-Covid-19 sera celui d’une prise de conscience sérieuse et effective -suivie d’effets !- des vrais problèmes. Arrêtons de minimiser, repousser, négliger, mettre de côté les vrais problèmes en croyant qu’ils ne concernent que les autres. J’inclus dans le vaccin à ce premier écueil la priorité assurée voire sacralisée pour la vie, l’humain, la nature, la durabilité, le refus absolu du gâchis et du profit à tout prix.
  • 2 Une fois la problématique des faux problèmes écartée, il s’agit d’éviter de retomber dans un deuxième écueil encore pire. Celui-ci a pourtant tellement sévi qu’on aurait pu croire que tous les puissants et moins puissants le convoitaient assidûment lors de pre-Covid-19. Il s’agit bien sûr de l’écueil des fausses solutions : ces pansements sur de la plomberie, ces ficelles de rafistolages sur des nacelles de sécurité, etc. Le problème des fausses solutions c’est qu’on se jette dessus sans les considérer correctement comme si on entendait seulement mot “solution” sans vouloir entendre “fausse”. Une fois engagé dans du quick&dirty nous pouvons toujours essayer de limiter les dégâts mais nous n’arriverons jamais à transformer la solution choisie en “bonne” et encore moins en “optimale”. Pour éviter cet écueil il faudra clairement se faire violence pour résister au chemin de la facilité, le vaccin AAA est ici simple: ardeur, ambition, abnégation.
  • 3 Le liant des deux derniers écueils est le suivant: il y a moins de faux problèmes que de fausses solutions. Oui l’entreprise et les êtres humains qui la composent ont heureusement plus tendance à se concentrer sur des problèmes existants que fictifs. Oui les problèmes quand ils sont adressés et appréhendés sérieusement, conduisent à des solutions. Néanmoins, comme avec le Covid-19 il faut parfois accepter des solutions temporaires ou de contournement le temps de trouver/construire la solution définitive (un vaccin efficace et peu coûteux pour le Covid-19 !). Le troisième vaccin est gratuit et à la portée de tous : la réflexion approfondie pour la sélection de l’itinéraire des meilleures solutions.
  • 4 Bien sûr on évite l’effet balançoire ! Une fois la meilleure solution à notre disposition choisie, on s’y tient ! Et si une encore meilleure survient par la suite on calcule précisément le coût d’opportunité avant de s’y engager ! Quatrième vaccin: la constance et l’approche incrémentale sont toujours plus payantes que la philosophie de la girouette.

Pour conclure, voici mes sincères meilleures pensées catégoriques et catégorisées:

  • À tous ceux qui seront tentés de “faire différemment”, bravo gardez cette motivation d’amélioration continue et que chaque changement initié soit méticuleusement pesé, cadré et sécurisé pour en faire un succès,
  • À tous ceux qui voudront refaire “comme avant”, je m’incline devant votre résilience tant que vous ne perdez pas de vue les transformations nécessaires,
  • À tous ceux personnellement marqués par cette crise dans leur travail (soignants + tous ceux jamais mentionnés) et/ou la maladie et le deuil, soyez assurés que notre compassion ne sera pas feinte, nous avons eu largement le temps de penser à vous pendant le confinement et nous n’oublierons jamais votre dévouement,
  • À tous ceux qui souffrent des affres de l’incertitude sur votre futur, tenez bon ! hauts les cœurs ! Votre valeur est inestimable et elle continuera de s’accroître par votre confiance en vous même et votre sérénité choisie et non pas subie,
  • À tous ceux qui ont profité du confinement pour affermir leurs engagements ou en prendre de nouveaux, vous êtes « le sel de la Terre », votre constance et votre motivation donnent à la vie toute sa saveur.

MERCI à vous TOUS !

 

Crédit Photo: l’excellent Geoffroy Pasquier 

Une fin d’année… CHAAAAAARGEEEZ… !!

Prenons un moment (bref) pour parler ensemble de cette fameuse charge de fin d’année. Charge professionnelle (beaucoup de deadlines ont fâcheusement tendance à se caler au 31 du 12…), charge familiale (les fêtes avec leurs lots de cadeaux, de déplacements, de sorties en grandes tenues,…), charge personnelle (l’été et ses jours à rallonges sont bien loin comme son esprit de détente !), charge physique et morale (non, le froid et la pluie ne rendent pas les gens plus sveltes ou plus joyeux…) viennent toutes s’accumuler dans nos cocottes minutes personnelles ! Trêves des confiseurs, Freeze informatique, rien n’y fait : avant les fêtes c’est toujours le rush et ensuite, redémarrer l’année avec un soupçon de motivation devient déjà une ultime bonne résolution !

Le plus amusant c’est que l’écriture même de cet article se fait dans un timing très serré et dans une charge mentale assez lourde avec une vingtaine de sujets en parallèles, en conflits, et avec des niveaux de priorités clairement aux antipodes. Changer les ampoules avant la venue des parents, réparer le problème de changement de vitesse sur le vélo, écrire un email structurant pour le reste de ma vie professionnelle à un ami et client, rédiger un article pour PME magazine… La to-do-list devient aussi lumineuse et chargée que les plus belles guirlandes ! Un bon son dans les oreilles – je peux recommander Two Steps From Hell, créateurs de musiques grandioses qui stimulent et donnent l’impression que nous sommes entrain d’accomplir, nous aussi, quelque chose de grandiose ! – et nous voilà parti à l’assaut de cette montagne de choses à faire.

Encore faut-il viser le bon sommet ! Le sommet «tout-faire-bien-et-vite » est un sommet pour les très grands professionnels aguerris par des années de pratique. Celui « faire-bien-le-plus-prioritaire » est déjà un sacré challenge car entre le versant nord «prioritaire-urgent » et le versant sud « prioritaire-important », beaucoup ont tellement hésité ou louvoyé entre les deux qu’ils n’ont jamais atteint le sommet ! Bien sûr, considérer « faire-ce-que-je-peux-quand-j’aurai-le-temps » comme un sommet alors qu’il s’agit d’une colline paisible pour les vaches qui ruminent est une erreur de poids.

Tout est effectivement une question de poids : chaque tâche importante accomplie est autant de lest lâché qui nous soulage pour monter plus haut et continuer la prochaine étape de notre itinéraire. J’ai fini par acheter un tableau de 50×40 cm et des stylos effaçables pour gérer ma to-do-list. Tout peut se faire dans un smartphone pourrez-vous me rétorquer en me pensant VCVJ – Vieux Con Vieux Jeu. C’est vrai. C’est aussi vrai que mon tableau ne me sert qu’à ma to-do-list, et en période de grande charge, il ne m’offre aucune autre distraction ni échappatoire que de m’afficher mes tâches en 50x40cm. N’étant pas connecté à internet et n’ayant aucune espèce d’interactivité, il me sert juste à dessiner mon itinéraire, à effacer le chemin parcouru et à me concentrer sur la DRAP – Distance Restante A Parcourir. En période usuelle, le smartphone suffit. Quand la charge est aussi lourde à porter qu’elle est intense à vivre pour fondre sur son plus vieil ennemi – ce moi flemmard et procrastinateur- , j’ai fait de ce tableau une arme de défense – contre l’oubli, les prétextes, la faculté à laisser le temps filer – et d’attaque – contre chaque tâche de la plus pénible à la plus harassante-.

Tout un article pour une vague métaphore filée entre la charge de travail/militaire et la montagne me direz-vous ? Et bien pas seulement. J’en viens à l’étoile sur le sapin, à cette caractérisation-cadeau que vous ne lirez probablement pas ailleurs : l’organisation et la détermination ne sont que des paramètres exclusifs mais non exhaustifs de l’équation.

Portez vous bien et bon courage à chacun de vous pour cette fameuse chaaaaaaaarge !

 

T

 

 

 

 

Agitateurs, dérangeurs, empêcheurs de tourner en rond,… ces nouveaux gladiateurs ?

“Je te le dis à titre personnel et ne le répète pas mais je te félicite.”

Je cite ici une confidence et une félicitation que j’ai reçu secrètement dans le cadre professionnel. Ce genre de confidence, véritable témoignage de soutien, ne peut pourtant pas être affiché au grand jour et assumé pleinement par craintes. En premier lieu la crainte de ne pas paraître “corporate et donc les craintes sous-jacentes d’être “mal-vu”, voire de subir des représailles sur son bonus ou autre.

Le monde professionnel salarié est ainsi fait: craintes, positionnements mainstream ou politiquement/hiérarchiquement corrects, conformisme et/ou soumission passive.  Loin d’épanouir le collaborateur, interdit de dire ce qui ne va pas -ou tout simplement négligé dans ses avis-, notre monde professionnel peut avoir un réel pouvoir aliénant et désespérant. La politique interne, les défaillances de management, les compromissions vis-à-vis de l’intérêt général, les conflits de personnes, l’absence de soutien ou les retournements de vestes : l’entreprise a aussi son tas de linge sale quotidien !

Faut-il s’y résigner ? Non ! Et encore moins s’y résigner en le niant ! C’est une preuve indubitable de force de caractère et d’indépendance d’esprit de savoir dire non, stop, voire d’être à contre-courant si justifiable.

Le gladiateur entre dans l’arène, il affronte l’épreuve du combat pleinement conscient : «Ave Caesar, morituri te salutant !». Cependant il a le pouvoir d’arrêter le massacre lorsqu’il a prouvé sa valeur en surpassant ou désarmant son adversaire : il s’affranchit alors lui-même par son acte d’intelligence et ne peut plus être alors considéré comme esclave. Sinon, il a été vaincu – pas forcément par manque de compétences d’ailleurs- et a déjà quitté l’arène.

Si l’entreprise ne fait pas de nous des saint(e)s, elle ne doit pas pour autant nous avilir ! Or l’Homme est un loup pour l’Homme, et il semblerait que l’entreprise soit un terrain de chasse privilégié pour certains. Savoir rester neutre et résolument accroché à l’intérêt général, parfois envers et contre tout, est devenu la vraie résilience de fond à acquérir et conserver. Tout autre forme de résilience n’est pas forcément nulle mais reste clairement secondaire. Même l’instinct de survie professionnel ne doit pas primer sur l’intérêt général : il vaut mieux quitter une entreprise sur un désaccord d’éthique professionnelle que de s’embourber dans un jeu sans fin d’engrenages d’intérêts personnels.

Et puis ne soyons pas défaitiste ! Sans pour autant invoquer la religion (“le mauvais Karma va arriver”, “Dieu sera seul juge”,…) il est évident que les bassesses humaines en entreprise ne sont pas pérennes et  conduisent, au mieux au gâchis, au pire à un déclin précipité. De fait, une des très belles prises de conscience de notre société contemporaine est ce souhait de durabilité et ce refus du gâchis, quel qu’il soit: de l’écologie humaine intégrale au nouveaux modes de production.

A ceux qui ont le cuir solide et le courage d’affronter la vague de la vérité, je tire mon chapeau et je leur annonce que ce soft skill ne pourra in fine que leur être bénéfique, malgré les péripéties inévitables dans un monde professionnel bien évidemment imparfait.

A ceux qui attaquent sans fondement et dans une volonté de nuire, ne vous étonnez pas que la balle tirée se plante dans votre propre pied au bout du compte !

Et pour conclure avec le choix de la photo, les bons surfeurs n’ont pas peur de la vague, les meilleurs surfeurs restent vigilants et savent comment réagir face aux requins: il y en a souvent sur les très beaux spots

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Crédit Photo : l’excellent Geoffroy Pasquier avec son site ici.

 

L’innovation : un aimant qui attire toutes les entreprises, même celles dépourvues de champ magnétique… !

Triptyque / La passion de la transformation par et pour l’innovation – 3/3

Après avoir parlé de la passion et de la transformation, voici venu l’innovation:

Depuis les années 90’s, les cycles de transformation-mutation des entreprises se sont accélérés à la fois pour suivre la course au profit dans l’éclosion des nouvelles technologies mais aussi dans une nouvelle course qui est celle de l’innovation ou, du moins, celle d’obtenir une réputation d’entreprise innovante…

De la même manière qu’on ne peut déclencher les passions en entreprise ou se décréter corporate transformers c’est-à-dire une entreprise en pleine maîtrise de ses transformations ; l’innovation ne se stimule pas aisément.

L’innovation c’est d’abord et avant tout un travail de forgeron. C’est en forgeant qu’on devient forgeron : c’est en s’éreintant à alimenter le feu, remplir le creuset, tenter de donner une forme au métal, en échouant et en recommençant que l’on finit par y arriver. Le nombre de coups de marteau et le poids du métal “perdu” entre un bloc de métal en fusion et le travail fini (un couteau de prestige réalisé par une coutellerie d’exception par exemple) c’est autant d’énergie et d’investissement nécessaires. L’innovation commence donc par un investissement de temps et de travail et donc d’argent.

Mais innover c’est bien plus qu’un verbe ou un élément de stratégie d’entreprise, c’est ce tuteur qui soutient la transformation de la plante en croissance à partir d’une graine de passion solidement enracinée. Notre monde du travail a vu fleurir des postes de Directeur d’Innovation ou des départements dédiés qui ont eu, à mon sens, un effet ring-fencing (isolement par une muraille de Chine) au lieu de promouvoir le partage et la dissémination d’idées et d’actions créatrices.

En physique, les matières non-magnétique (Or, Argent, Cuivre, Laiton, Aluminium, Zinc, etc.) ne peuvent générer de champ magnétique : dans l’entreprise, une bonne stimulation de l’innovation commence par une observation approfondie de l’environnement. Les personnes, sujets, systèmes, projets, qui semblent attirés naturellement l’un vers l’autre, sans incitation, sont les plus prometteurs en termes d’innovation.

Je serais curieux de voir à quel point les entreprises considérées comme innovantes se reposent en réalité sur quelques pépites individuelles pour produire de véritables innovations. L’envers du décor est hors de portée mais mon expérience de Conseil a déjà pu me confirmer que la sueur et la détermination comptent bien plus que le génie dans ce processus ardu de création de nouvelle valeur ajoutée. Quand j’accompagne des entreprises dans ce domaine, je constate souvent une (re)découverte de leurs propres fonctionnalités comme dans le cas d’un gros logiciel dont certains modules n’ont jamais été utilisés. Rien d’insurmontable donc, mais avant tout la nécessité d’un esprit d’exploration et d’observation aguerri pour savoir où aller et comment y aller.

Je repense à cet ami, grand chef cuisinier, qui a su marier passion, activité professionnelle en perpétuelle transformation (restaurateur puis traiteur puis enseignement puis jury et maintenant conférencier, to be continued…) et innovation car véritablement créateur et inventeur de nouvelles saveurs et de nouveaux concepts variés du visuel, à la texture ou à la technique d’agencement. Au final, que ce soit un repas préparé pour des Chefs d’Etat, des Dirigeants d’Entreprises, des touristes d’une autre culture, des amis (chanceux !) ou bien des pauvres qui viennent à la fin de son service, le plaisir de son travail est toujours partagé par tous.

Je repense à ces sourires ravis qui virent décoller Franky Zapata sur une plage de la Manche le 4 août 2019 pour réaliser cet exploit à la fois preuve d’intrépidité et de ténacité de toute une équipe.

Le détecteur de métaux précieux est à substituer par un détecteur de plaisirs partagés en entreprises !

En définitive l’entreprise, en tant qu’aventure humaine partagée, se doit de préserver et promouvoir les passions individuelles : elles s’avèrent souvent être professionnalisantes, nous permettent de nous remettre en question et d’évoluer en développant notre capacité de transformation, nous poussent agréablement et assurément sur les chemins de l’innovation.

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Note sur la formule:

Si Passion = 0 => Innovation = 0

Si Travail = 0 => Innovation = 0

Si la Transformation >1 (soit plusieurs réalités possibles atteignables par des projets définis), elle a un effet démultiplicateur sur la création d’Innovation

La transformation d’entreprise : facteur décisif d’épanouissement des collaborateurs !

Triptyque / La passion de la transformation par et pour l’innovation – 2/3

Après avoir évoqué la passion en entreprise, il convient d’aborder un des sujets les plus passionnants de l’entreprise : sa perpétuelle transformation.

 

Si je regrette personnellement que la digitalisation et la mondialisation aient quelque peu standardisé cette transformation qui se faisait autrefois de manière plus décentralisée, plus autonome; je reconnais néanmoins les formidables atouts que sont le partage des best practices cross industries -meilleures pratiques de travail indépendamment du secteur-. L’apprentissage de la transformation s’est ainsi vulgarisé et accéléré.

 

L’entreprise est parfois un drôle d’animal : il peut lui pousser de nouvelles pattes pour avancer, capable de s’auto-mutiler pour survivre, de se scinder ou de fusionner pour accomplir une stratégie. Si son régime alimentaire ne varie guère -ressources humaines, matérielles et technologiques-, ses tailles ou morphismes ainsi que ses environnements d’évolution sont diversifiés à l’infini. Diriger une entreprise c’est parfois dompter un animal mutant, à la fois prédateur et proie, dont la réceptivité dépend d’une subtile alchimie d’intelligences combinées hommes/machines. Si les vaches ou les moutons peuvent être apparemment dociles et complaisants dans leur productivité de lait ou de laine, le métier d’éleveur n’en est pas moins une sinécure pour autant.

 

La transformation d’entreprise et en entreprise, c’est donc d’abord une vigilance de tous les instants. Peu adepte des néologismes, j’ose pourtant employer le terme parfaitement adapté de « vigil-intelligence » : vigilance exhaussée par une intelligence de situation, d’environnement, du mouvement, de la trajectoire et bien sûr de l’état d’esprit.

 

L’entreprise véritablement métamorphe, entretenant l’exigence d’une perpétuelle transformation vers un intérêt général meilleur, se définit pour moi selon 5 facteurs :

  • La force et la flexibilité de sa propre Culture d’entreprise ⇒ son ADN
  • La résilience de ses Talents ⇒ son énergie vitale
  • L’esprit d’Exploration ⇒ combinaison de son intuition, de son libre arbitre et de son acuité visuelle
  • L’historique et ses capacités Projet ⇒ ses facultés physiques et mentales
  • L’Adhocratie clients et produits ⇒ son instinct de survie
  • La capacité d’Empowerment alias décentraliser/rendre autonome ⇒ son caractère sociable, docile mais déterminé

Cette entreprise métamorphe, permise notamment par un Management d’excellence, devient alors naturellement performante et outstanding !

 

Oui, ces transformations d’entreprises peut s’avérer passionnante : passer d’un point A à un point B peut se faire de milles manières différentes et, selon l’état de ses forces et le niveau d’hostilité de l’environnement, la valeur des itinéraires est hautement variable. La transformation récente -digitale ou non- de certains métiers, de certaines entreprises, a permis une contamination par transformation progressive de secteurs entiers de l’économie. L’imprimante 3D et les algorithmes de reconnaissance sémantique constituent des exemples contemporain de référence par leur éventail de possibilités “extra-large”.

 

Après des années de Conseil à cadrer, initier, vivre, subir ces transformations, j’en suis venu à la conclusion suivante : la plus belle et la plus réussie des transformations d’entreprises est celle qui est naturelle.

Comme la passion qui ne s’impose pas et qui, dans son sens contemporain, ne se subit pas ; la transformation naturelle est impulsée de manière irrésistible. Pour ce faire, la volonté de l’équipe dirigeante doit servir de catalyseur comme un jardinier qui entretient les bonnes conditions de développement -terreau sain, ensoleillement, eau, etc.- sans pour autant prédire ni le rendement ni la variété de plantes ayant la meilleure croissance. Les plantes -les collaborateurs- et leurs fruits -les projets- s’épanouissement ainsi naturellement.

 

Dans le dernier article de ce triptyque, nous verrons justement ce mécanisme de l’innovation : véritable bouffée d’inspirations-passions pour réussir sa transformation.

Et vous, avez-vous été déjà passionné(e) par la transformation de votre entreprise ?

Le mythe entrepreneurial : “ma passion est devenue mon Job !”

Triptyque / La passion de la transformation par et pour l’innovation – 1/3

La passion.

Comprendre la passion c’est d’abord effectuer un retour aux sources. Étymologiquement le mot latin passio signifie « souffrance » et c’est bien pour cette raison qu’on parle parfois d’une passion dévorante voire même violente. Dans le langage courant actuel, la passion désigne un penchant, une inclination très vive et irrépressible à laquelle on succombe avec plaisir. Finalement être passionné signifie, dans le sens commun actuel, un subtil mélange entre prendre du plaisir sans compter ses heures et être habité par une motivation durable qui nous plonge dans l’action sans violence.

Effectivement, pas de passion sans action. La passion se vit dans l’action qu’elle soit physique ou intellectuelle, dépensière ou non, éloignée de notre milieu socio-professionnel ou non. Mais l’action se résume finalement à deux mondes : le monde professionnel et l’activité de loisir. Celui de Franky Zapata qui enfile sa combinaison de vol en même temps que sa passion pour le vol basse altitude et ses applications militaires et dans l’industrie du transport par exemple. Et celui des passionnés d’autres costumes : reconstitutions historiques des guerres Napoléonienne, fantaisie médiéval et GN – Grandeur Nature-, airsoft et treillis militaire…

 

Le monde professionnel, c’est ce fameux monde du travail dont l’étymologie entre en résonance avec la souffrance : la torture… Si torture rime toujours avec souffrance, le travail devrait logiquement rimer avec passion ? C’est malheureusement loin d’être aussi simple ! Le travail semble avoir conservé son sens premier de torture alors que la passion s’est drapée de la toge du plaisir quasi-épicurien. Est-il donc encore possible de concilier les deux : le travail et la passion, la torture et le plaisir ? Sans sado-masochisme primaire la réponse nécessite une analyse approfondie.

 

En premier lieu, il convient de s’interroger sur la causalité. La passion entraîne l’action et peut donc naturellement se transformer en travail rémunérateur. Le corollaire d’un travail qui déclencherait une ou des passion(s) semble beaucoup plus conditionnel voire anecdotique, en tout cas dans le monde actuel de l’entreprise dominé par le secteur tertiaire. Rendre une profession passionnante semble ainsi plus ardu que de professionnaliser une passion.

 

Une autre approche consiste à intégrer l’environnement de travail comme un facteur déclencheur de passions. Le travail n’est plus le seul vecteur des passions mais les collègues, l’ambiance, la variété des sujets traités deviennent des sujets. Encore faut-il que un cadre de travail suffisamment flexible pour être apprécié car trop souvent les rigidités hiérarchiques, les fonctionnements en silo, les mentalités old school viennent briser les vagues d’une mer de passions des plus vigoureuses. L’évènement de la Work Smart Initiative à Lausanne le 29 août 2019 pourra à ce propos donner des pistes fiables pour favoriser le cadre flexible de travail.

 

Réunir des gens animés d’une même passion est le défi le plus rude de tout entrepreneur, les débuts d’une entreprise étant tellement aventureux que, parfois, seule la passion permet la résilience. Mais que ce soit pour un néo-dirigeant ou un dirigeant expérimenté, la passion ne se propage pas de manière prédictive comme une épidémie ou une contagion ciblée. L’alchimie de la passion partagée est bien plus complexe que les équations de rentabilité, les algorithmes de viralité, les facilités déclenchées par un réseau fortuné.

 

Oui, on peut faire de sa passion son métier. De là à en faire un métier rentable voire aussi rentable qu’un autre moins coûteux en temps et en stress, c’est déjà un très grand pas. Et au-delà de la rentabilité à quel coût, la problématique de rassembler une équipe ou de s’associer pour constituer une véritable Entreprise en croissance constitue un vrai saut de géant.

Cet article constitue un premier pas dans la compréhension du lien passion-travail, nous verrons dans un deuxième article quel rôle peut jouer la transformation dans ce lien pour enfin en conclure dans un dernier article sur la finalité d’un mariage épanoui entre travail et passion.