Agitateurs, dérangeurs, empêcheurs de tourner en rond,… ces nouveaux gladiateurs ?

“Je te le dis à titre personnel et ne le répète pas mais je te félicite.”

Je cite ici une confidence et une félicitation que j’ai reçu secrètement dans le cadre professionnel. Ce genre de confidence, véritable témoignage de soutien, ne peut pourtant pas être affiché au grand jour et assumé pleinement par craintes. En premier lieu la crainte de ne pas paraître “corporate et donc les craintes sous-jacentes d’être “mal-vu”, voire de subir des représailles sur son bonus ou autre.

Le monde professionnel salarié est ainsi fait: craintes, positionnements mainstream ou politiquement/hiérarchiquement corrects, conformisme et/ou soumission passive.  Loin d’épanouir le collaborateur, interdit de dire ce qui ne va pas -ou tout simplement négligé dans ses avis-, notre monde professionnel peut avoir un réel pouvoir aliénant et désespérant. La politique interne, les défaillances de management, les compromissions vis-à-vis de l’intérêt général, les conflits de personnes, l’absence de soutien ou les retournements de vestes : l’entreprise a aussi son tas de linge sale quotidien !

Faut-il s’y résigner ? Non ! Et encore moins s’y résigner en le niant ! C’est une preuve indubitable de force de caractère et d’indépendance d’esprit de savoir dire non, stop, voire d’être à contre-courant si justifiable.

Le gladiateur entre dans l’arène, il affronte l’épreuve du combat pleinement conscient : «Ave Caesar, morituri te salutant !». Cependant il a le pouvoir d’arrêter le massacre lorsqu’il a prouvé sa valeur en surpassant ou désarmant son adversaire : il s’affranchit alors lui-même par son acte d’intelligence et ne peut plus être alors considéré comme esclave. Sinon, il a été vaincu – pas forcément par manque de compétences d’ailleurs- et a déjà quitté l’arène.

Si l’entreprise ne fait pas de nous des saint(e)s, elle ne doit pas pour autant nous avilir ! Or l’Homme est un loup pour l’Homme, et il semblerait que l’entreprise soit un terrain de chasse privilégié pour certains. Savoir rester neutre et résolument accroché à l’intérêt général, parfois envers et contre tout, est devenu la vraie résilience de fond à acquérir et conserver. Tout autre forme de résilience n’est pas forcément nulle mais reste clairement secondaire. Même l’instinct de survie professionnel ne doit pas primer sur l’intérêt général : il vaut mieux quitter une entreprise sur un désaccord d’éthique professionnelle que de s’embourber dans un jeu sans fin d’engrenages d’intérêts personnels.

Et puis ne soyons pas défaitiste ! Sans pour autant invoquer la religion (“le mauvais Karma va arriver”, “Dieu sera seul juge”,…) il est évident que les bassesses humaines en entreprise ne sont pas pérennes et  conduisent, au mieux au gâchis, au pire à un déclin précipité. De fait, une des très belles prises de conscience de notre société contemporaine est ce souhait de durabilité et ce refus du gâchis, quel qu’il soit: de l’écologie humaine intégrale au nouveaux modes de production.

A ceux qui ont le cuir solide et le courage d’affronter la vague de la vérité, je tire mon chapeau et je leur annonce que ce soft skill ne pourra in fine que leur être bénéfique, malgré les péripéties inévitables dans un monde professionnel bien évidemment imparfait.

A ceux qui attaquent sans fondement et dans une volonté de nuire, ne vous étonnez pas que la balle tirée se plante dans votre propre pied au bout du compte !

Et pour conclure avec le choix de la photo, les bons surfeurs n’ont pas peur de la vague, les meilleurs surfeurs restent vigilants et savent comment réagir face aux requins: il y en a souvent sur les très beaux spots

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Crédit Photo : l’excellent Geoffroy Pasquier avec son site ici.

 

L’innovation : un aimant qui attire toutes les entreprises, même celles dépourvues de champ magnétique… !

Triptyque / La passion de la transformation par et pour l’innovation – 3/3

Après avoir parlé de la passion et de la transformation, voici venu l’innovation:

Depuis les années 90’s, les cycles de transformation-mutation des entreprises se sont accélérés à la fois pour suivre la course au profit dans l’éclosion des nouvelles technologies mais aussi dans une nouvelle course qui est celle de l’innovation ou, du moins, celle d’obtenir une réputation d’entreprise innovante…

De la même manière qu’on ne peut déclencher les passions en entreprise ou se décréter corporate transformers c’est-à-dire une entreprise en pleine maîtrise de ses transformations ; l’innovation ne se stimule pas aisément.

L’innovation c’est d’abord et avant tout un travail de forgeron. C’est en forgeant qu’on devient forgeron : c’est en s’éreintant à alimenter le feu, remplir le creuset, tenter de donner une forme au métal, en échouant et en recommençant que l’on finit par y arriver. Le nombre de coups de marteau et le poids du métal “perdu” entre un bloc de métal en fusion et le travail fini (un couteau de prestige réalisé par une coutellerie d’exception par exemple) c’est autant d’énergie et d’investissement nécessaires. L’innovation commence donc par un investissement de temps et de travail et donc d’argent.

Mais innover c’est bien plus qu’un verbe ou un élément de stratégie d’entreprise, c’est ce tuteur qui soutient la transformation de la plante en croissance à partir d’une graine de passion solidement enracinée. Notre monde du travail a vu fleurir des postes de Directeur d’Innovation ou des départements dédiés qui ont eu, à mon sens, un effet ring-fencing (isolement par une muraille de Chine) au lieu de promouvoir le partage et la dissémination d’idées et d’actions créatrices.

En physique, les matières non-magnétique (Or, Argent, Cuivre, Laiton, Aluminium, Zinc, etc.) ne peuvent générer de champ magnétique : dans l’entreprise, une bonne stimulation de l’innovation commence par une observation approfondie de l’environnement. Les personnes, sujets, systèmes, projets, qui semblent attirés naturellement l’un vers l’autre, sans incitation, sont les plus prometteurs en termes d’innovation.

Je serais curieux de voir à quel point les entreprises considérées comme innovantes se reposent en réalité sur quelques pépites individuelles pour produire de véritables innovations. L’envers du décor est hors de portée mais mon expérience de Conseil a déjà pu me confirmer que la sueur et la détermination comptent bien plus que le génie dans ce processus ardu de création de nouvelle valeur ajoutée. Quand j’accompagne des entreprises dans ce domaine, je constate souvent une (re)découverte de leurs propres fonctionnalités comme dans le cas d’un gros logiciel dont certains modules n’ont jamais été utilisés. Rien d’insurmontable donc, mais avant tout la nécessité d’un esprit d’exploration et d’observation aguerri pour savoir où aller et comment y aller.

Je repense à cet ami, grand chef cuisinier, qui a su marier passion, activité professionnelle en perpétuelle transformation (restaurateur puis traiteur puis enseignement puis jury et maintenant conférencier, to be continued…) et innovation car véritablement créateur et inventeur de nouvelles saveurs et de nouveaux concepts variés du visuel, à la texture ou à la technique d’agencement. Au final, que ce soit un repas préparé pour des Chefs d’Etat, des Dirigeants d’Entreprises, des touristes d’une autre culture, des amis (chanceux !) ou bien des pauvres qui viennent à la fin de son service, le plaisir de son travail est toujours partagé par tous.

Je repense à ces sourires ravis qui virent décoller Franky Zapata sur une plage de la Manche le 4 août 2019 pour réaliser cet exploit à la fois preuve d’intrépidité et de ténacité de toute une équipe.

Le détecteur de métaux précieux est à substituer par un détecteur de plaisirs partagés en entreprises !

En définitive l’entreprise, en tant qu’aventure humaine partagée, se doit de préserver et promouvoir les passions individuelles : elles s’avèrent souvent être professionnalisantes, nous permettent de nous remettre en question et d’évoluer en développant notre capacité de transformation, nous poussent agréablement et assurément sur les chemins de l’innovation.

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Note sur la formule:

Si Passion = 0 => Innovation = 0

Si Travail = 0 => Innovation = 0

Si la Transformation >1 (soit plusieurs réalités possibles atteignables par des projets définis), elle a un effet démultiplicateur sur la création d’Innovation

La transformation d’entreprise : facteur décisif d’épanouissement des collaborateurs !

Triptyque / La passion de la transformation par et pour l’innovation – 2/3

Après avoir évoqué la passion en entreprise, il convient d’aborder un des sujets les plus passionnants de l’entreprise : sa perpétuelle transformation.

 

Si je regrette personnellement que la digitalisation et la mondialisation aient quelque peu standardisé cette transformation qui se faisait autrefois de manière plus décentralisée, plus autonome; je reconnais néanmoins les formidables atouts que sont le partage des best practices cross industries -meilleures pratiques de travail indépendamment du secteur-. L’apprentissage de la transformation s’est ainsi vulgarisé et accéléré.

 

L’entreprise est parfois un drôle d’animal : il peut lui pousser de nouvelles pattes pour avancer, capable de s’auto-mutiler pour survivre, de se scinder ou de fusionner pour accomplir une stratégie. Si son régime alimentaire ne varie guère -ressources humaines, matérielles et technologiques-, ses tailles ou morphismes ainsi que ses environnements d’évolution sont diversifiés à l’infini. Diriger une entreprise c’est parfois dompter un animal mutant, à la fois prédateur et proie, dont la réceptivité dépend d’une subtile alchimie d’intelligences combinées hommes/machines. Si les vaches ou les moutons peuvent être apparemment dociles et complaisants dans leur productivité de lait ou de laine, le métier d’éleveur n’en est pas moins une sinécure pour autant.

 

La transformation d’entreprise et en entreprise, c’est donc d’abord une vigilance de tous les instants. Peu adepte des néologismes, j’ose pourtant employer le terme parfaitement adapté de « vigil-intelligence » : vigilance exhaussée par une intelligence de situation, d’environnement, du mouvement, de la trajectoire et bien sûr de l’état d’esprit.

 

L’entreprise véritablement métamorphe, entretenant l’exigence d’une perpétuelle transformation vers un intérêt général meilleur, se définit pour moi selon 5 facteurs :

  • La force et la flexibilité de sa propre Culture d’entreprise ⇒ son ADN
  • La résilience de ses Talents ⇒ son énergie vitale
  • L’esprit d’Exploration ⇒ combinaison de son intuition, de son libre arbitre et de son acuité visuelle
  • L’historique et ses capacités Projet ⇒ ses facultés physiques et mentales
  • L’Adhocratie clients et produits ⇒ son instinct de survie
  • La capacité d’Empowerment alias décentraliser/rendre autonome ⇒ son caractère sociable, docile mais déterminé

Cette entreprise métamorphe, permise notamment par un Management d’excellence, devient alors naturellement performante et outstanding !

 

Oui, ces transformations d’entreprises peut s’avérer passionnante : passer d’un point A à un point B peut se faire de milles manières différentes et, selon l’état de ses forces et le niveau d’hostilité de l’environnement, la valeur des itinéraires est hautement variable. La transformation récente -digitale ou non- de certains métiers, de certaines entreprises, a permis une contamination par transformation progressive de secteurs entiers de l’économie. L’imprimante 3D et les algorithmes de reconnaissance sémantique constituent des exemples contemporain de référence par leur éventail de possibilités “extra-large”.

 

Après des années de Conseil à cadrer, initier, vivre, subir ces transformations, j’en suis venu à la conclusion suivante : la plus belle et la plus réussie des transformations d’entreprises est celle qui est naturelle.

Comme la passion qui ne s’impose pas et qui, dans son sens contemporain, ne se subit pas ; la transformation naturelle est impulsée de manière irrésistible. Pour ce faire, la volonté de l’équipe dirigeante doit servir de catalyseur comme un jardinier qui entretient les bonnes conditions de développement -terreau sain, ensoleillement, eau, etc.- sans pour autant prédire ni le rendement ni la variété de plantes ayant la meilleure croissance. Les plantes -les collaborateurs- et leurs fruits -les projets- s’épanouissement ainsi naturellement.

 

Dans le dernier article de ce triptyque, nous verrons justement ce mécanisme de l’innovation : véritable bouffée d’inspirations-passions pour réussir sa transformation.

Et vous, avez-vous été déjà passionné(e) par la transformation de votre entreprise ?

Le mythe entrepreneurial : “ma passion est devenue mon Job !”

Triptyque / La passion de la transformation par et pour l’innovation – 1/3

La passion.

Comprendre la passion c’est d’abord effectuer un retour aux sources. Étymologiquement le mot latin passio signifie « souffrance » et c’est bien pour cette raison qu’on parle parfois d’une passion dévorante voire même violente. Dans le langage courant actuel, la passion désigne un penchant, une inclination très vive et irrépressible à laquelle on succombe avec plaisir. Finalement être passionné signifie, dans le sens commun actuel, un subtil mélange entre prendre du plaisir sans compter ses heures et être habité par une motivation durable qui nous plonge dans l’action sans violence.

Effectivement, pas de passion sans action. La passion se vit dans l’action qu’elle soit physique ou intellectuelle, dépensière ou non, éloignée de notre milieu socio-professionnel ou non. Mais l’action se résume finalement à deux mondes : le monde professionnel et l’activité de loisir. Celui de Franky Zapata qui enfile sa combinaison de vol en même temps que sa passion pour le vol basse altitude et ses applications militaires et dans l’industrie du transport par exemple. Et celui des passionnés d’autres costumes : reconstitutions historiques des guerres Napoléonienne, fantaisie médiéval et GN – Grandeur Nature-, airsoft et treillis militaire…

 

Le monde professionnel, c’est ce fameux monde du travail dont l’étymologie entre en résonance avec la souffrance : la torture… Si torture rime toujours avec souffrance, le travail devrait logiquement rimer avec passion ? C’est malheureusement loin d’être aussi simple ! Le travail semble avoir conservé son sens premier de torture alors que la passion s’est drapée de la toge du plaisir quasi-épicurien. Est-il donc encore possible de concilier les deux : le travail et la passion, la torture et le plaisir ? Sans sado-masochisme primaire la réponse nécessite une analyse approfondie.

 

En premier lieu, il convient de s’interroger sur la causalité. La passion entraîne l’action et peut donc naturellement se transformer en travail rémunérateur. Le corollaire d’un travail qui déclencherait une ou des passion(s) semble beaucoup plus conditionnel voire anecdotique, en tout cas dans le monde actuel de l’entreprise dominé par le secteur tertiaire. Rendre une profession passionnante semble ainsi plus ardu que de professionnaliser une passion.

 

Une autre approche consiste à intégrer l’environnement de travail comme un facteur déclencheur de passions. Le travail n’est plus le seul vecteur des passions mais les collègues, l’ambiance, la variété des sujets traités deviennent des sujets. Encore faut-il que un cadre de travail suffisamment flexible pour être apprécié car trop souvent les rigidités hiérarchiques, les fonctionnements en silo, les mentalités old school viennent briser les vagues d’une mer de passions des plus vigoureuses. L’évènement de la Work Smart Initiative à Lausanne le 29 août 2019 pourra à ce propos donner des pistes fiables pour favoriser le cadre flexible de travail.

 

Réunir des gens animés d’une même passion est le défi le plus rude de tout entrepreneur, les débuts d’une entreprise étant tellement aventureux que, parfois, seule la passion permet la résilience. Mais que ce soit pour un néo-dirigeant ou un dirigeant expérimenté, la passion ne se propage pas de manière prédictive comme une épidémie ou une contagion ciblée. L’alchimie de la passion partagée est bien plus complexe que les équations de rentabilité, les algorithmes de viralité, les facilités déclenchées par un réseau fortuné.

 

Oui, on peut faire de sa passion son métier. De là à en faire un métier rentable voire aussi rentable qu’un autre moins coûteux en temps et en stress, c’est déjà un très grand pas. Et au-delà de la rentabilité à quel coût, la problématique de rassembler une équipe ou de s’associer pour constituer une véritable Entreprise en croissance constitue un vrai saut de géant.

Cet article constitue un premier pas dans la compréhension du lien passion-travail, nous verrons dans un deuxième article quel rôle peut jouer la transformation dans ce lien pour enfin en conclure dans un dernier article sur la finalité d’un mariage épanoui entre travail et passion.