Vous reprendrez bien un petit morceau de succès projet ?

Accompagné par le Chef Franck Guillon, à la frontière de la gastronomie et du management de projet, nous distinguons ensemble une source commune à ces deux fleuves tracés par des siècles d’expériences humaines au gré des saisons.

Pour commencer, le sérieux et le pragmatisme du grand cuisinier sont un modèle pour tout chef de projet : point d’approximation ou d’initiative irréfléchie dans la préparation, la réalisation ou le dressage d’un plat de haute gastronomie ni dans la réussite d’un projet d’organisation !

Etape n°1 : La Préparation.

La saveur du terroir ne s’improvise pas tout comme la valeur ajoutée obtenue d’un projet. Préparer une recette ou un projet c’est d’abord visualiser dans notre imaginaire, un peu comme notre 6ème sens, la satisfaction du résultat final. Magnifier la simplicité d’un œuf par la richesse d’une truffe du Périgord pour une délicieuse brouillade, c’est aussi conceptuel à cette étape que de concevoir la satisfaction des bénéficiaires du projet et la reconnaissance d’une valeur ajoutée indiscutable. Pourtant il faut se plonger dans ce futur souhaité pour y trouver à la fois une énergie revigorante et une grande précaution pour atteindre ce résultat sans dévier de la cible en chemin. Les critères pour assurer une bonne préparation sont finalement simples :

  • Ressources suffisantes: ingrédients, connaissances des produits et des techniques et bien sûr, main d’œuvre.
  • Environnement propice à l’action : propre, calme et bien organisé en terme d’équipements et de postes de travail !
  • Connaissance fine des bénéficiaires : autant ne pas proposer d’épices trop fortes pour des personnes peu habituées, ni de technologie blockchain pour des informaticiens néophytes !
  • Choix et formalisation du résultat à atteindre: un bon cadrage doit être écrit pour verrouiller une adhésion pleine et entière. Sans menu bien formulé avec des tournures alléchantes, pas de véritable dégustation choisie.

Etape n°2 : La Réalisation.

Une fois le four à bonne température et le rôti bien ficelé, bien assaisonné, celui-ci ne peut plus échapper à une cuisson réussie, de même pour un projet bien cadré qui va pouvoir se dérouler suivant le plan.  Sans céder aux tendances culinaires du moment et en restant concentré -tant dans l’exécution des différentes tâches, que dans la bonne communication avec les membres de son équipe-, la réalisation avance progressivement, petits pas par petits pas. L’empressement, les changements de plans hâtifs et le manque de transparence sont les pièges à éviter et les bonnes pratiques restent invariablement les suivantes :

  • Gouvernance claire: chacun sait ce qu’il doit faire, à quel moment et surtout pourquoi ! Chacun sait aussi communiquer clairement son état d’avancement.
  • Cohésion naturelle : soudée, les membres de l’équipe sont capables d’aider l’un deux qui est « dans le jus », un esprit de continuité et de soutien assure une vraie résilience.
  • Productivité rigoureuse : chaque création doit correspondre aux niveaux d’exigences fixées et connus de tous pour que l’assemblage final soit conforme en tout point.
  • Gestion de l’imprévu: impossible à éviter, tel un grain de sable dans un rouage, l’imprévu apportera tantôt un zeste de croustillant, tantôt une bonne louche de challenge. La meilleure parade reste la contre-attaque immédiate sans se laisser désarmer ni abattre. Franck m’indique ici que le sens de l’adaptation reste un des fondamentaux de son savoir-faire.

Etape n°3 : L’Expérience Client.

Après tant d’effort de préparation et de réalisation de la production jusqu’au dressage, il ne faut surtout pas relâcher ses efforts pour cette dernière étape trop souvent négligée. Que la recette soit simple et originale ou complexe et traditionnelle, le seul juge du résultat, le seul décideur de la satisfaction, c’est votre client. Dans ce domaine de la satisfaction client, tout, absolument tout, compte : le visuel, l’odeur, la texture, le goût, la congruence avec l’environnement, le bon assortiment avec les autres mets et les vins qui accompagnent, etc. Relâcher, dans ces derniers efforts tendus vers une expérience client sublimée, c’est se coucher à 500 mètres de la ligne d’arrivée d’un marathon, c’est ne pas vérifier l’assaisonnement d’une sauce avant le dressage. Voici les critères du succès de votre projet/recette :

  • Engagement du client: un client engagé est un client conscient des efforts de votre travail qui va marquer un réel intérêt pour la réussite de son achèvement. Un client engagé devient un ambassadeur de votre marque.
  • Fidélité mutuellement bénéfique : en produisant le meilleur de vous-même pour votre client, sa plus belle reconnaissance sera de revenir vous solliciter dans un esprit de confiance. Il reviendra avec plaisir et son plaisir sera aussi votre plaisir.
  • Connaissance approfondie : la fidélité provoque naturellement un enrichissement mutuel. Client et prestataire (chef de cuisine, chef de projet) se connaissent de mieux en mieux et peuvent s’aider mutuellement à progresser dans une communication apaisée.
  • Adaptation facilitée : Au-delà de cette satisfaction de l’expérience client doublée de celle du travail bien fait, le lien de confiance et de partenariat établi assure une capacité à anticiper les besoins, à accepter l’imprévu, à dépasser ensemble les contraintes.

En guise de conclusion, comme un bon digestif qui vient terminer un grande dégustation, que vous souhaitiez devenir un grand cuisinier étoilé ou un chef de projet hors pair, n’oubliez jamais cette phrase et son invitation implicite à la constance :

« L’exemplarité n’est pas une façon d’influencer les autres. C’est la seule. »

Albert Schweitzer

 

Franck Guillon, fut très vite nommé Chef de Cuisine à Genève à seulement 25 ans, après avoir régalé les Genevois de plats canailles lorsqu’il opérait au Café de l’Étoile, à Vernier, il s’est lancé dans une nouvelle aventure en redonnant vie à l’Auberge communale de Péron, La Fruitière. Venez y déguster ses spécialités moelleuses et croustillantes : les Malakoffs !