Profit versus Pénibilité : l’équation qui résume le travail ?

Le rapport des individus au travail dans les années 2020-2030 dans nos sociétés occidentales fait apparaître un profond bouleversement. 

Le travail mélange dans notre société diverses générations, cultures, milieux sociaux, expériences vécues, attentes individuelles et collectives, etc. C’est en ce sens un lieu commun de nos vies, on ne peut pas y échapper. Le travail est même nécessaire quel que soit sa forme (salarié, indépendant, domestique, bénévole, etc.) : on n’a rien sans rien. 

Il n’y a pas de métier ni d’environnement de travail parfait. Le travail est aussi un lieu de tension et de remise en cause. La fameuse résilience tant louée c’est d’abord tenir le plus longtemps possible dans une vie active indéniablement composée de très nombreux échecs, même aux plus hautes fonctions. Si la marche passe par les pieds, le travail passe par une certaine violence nécessaire. Car à l’extrême inverse, l’excès d’oisiveté est destructeur et ne peut être un remède durable à des personnes fragilisées par le travail.

Le travail est épanouissant, constructif dans une juste mesure. Ce n’est pas une fin en soi, on ne travaille pas pour travailler, mais l’émerveillement de l’apprentissage, le sens de l’accomplissement et la fierté de ses propres réalisations procure de la joie, une joie saine et durable.

Pour ce qui est du travail en entreprise, l’entreprise n’a pas de cœur : c’est une personne morale de papier. Les actionnaires ont signé des documents juridiques dans leur intérêt; ils ne se sont pas engagés à rendre heureux les collaborateurs, encore moins à assurer leur bonheur.
N
éanmoins :

  • les personnes dirigeantes de l’entreprise peuvent développer ou supprimer les facteurs d’épanouissement, de joie et de liberté du travail de leurs collaborateurs (cf. ce précédent article et particulièrement la grille d’épanouissement du collaborateur);
  • la mission de l’entreprise peut accroître ou empirer le sentiment de félicité ou de déprime.

Le cadre de travail et les relations de travail peuvent décupler ou totalement annihiler la joie issue de son propre travail. A titre personnel, j’ai récemment pu voir à l’occasion d’un changement de bureau à quel point l’ensoleillement et la vue peuvent affecter ma bonne humeur et pourtant je ne pensais absolument pas être sensible à ce genre de “détails”. Et pour poursuivre dans ma modeste expérience, j’ai aussi la grande joie d’expérimenter depuis début mars la semaine de 42,5 heures (temps plein en Suisse) sur 4 jours. Oui c’est intense mais clairement ça fait un BIEN FOU de décompresser pendant 3 jours entiers et de pouvoir me sentir vraiment utile pour ma famille sur ces 3 derniers jours de la semaine. Le conseil pratique associé à cette bonne deuxième expérience c’est : osez demander ! Lorsque ça ne change pas grand chose pour les autres et beaucoup pour vous, il ne faut pas hésiter à demander

En définitive, l’état d’esprit de la personne qui travaille et son contexte personnel sont clairement beaucoup plus déterminants pour son épanouissement que tout le reste : l’entreprise, ses dirigeants, les collègues, le cadre ou les conditions de travail !

Au risque de provoquer des désaccords (les commentaires sont faits pour ça !), je dirai que :

  • plus on se focalise sur les pénibilités de son travail, moins son travail est épanouissant, efficace et fécond.
  • notre rapport au travail dépend de notre rapport au capital, plus on récupère directement les fruits de son travail plus on est motivé pour l’accomplir.

Pour en revenir au titre et conclure, dans l’entrepreneuriat la notion de profit est parfois tellement incertaine qu’on est clairement plus proche de la passion pro bono : le profit est plus souvent dans l’accomplissement personnel que sur un compte en banque. Dans le travail bénévole, c’est encore plus simple car la notion de profit financier n’existe pas mais la joie de se sentir utile et habité d’un esprit de service est un profit bien plus pérenne que l’argent.

Je vous souhaite sincèrement à tous un travail véritablement épanouissant animé par un état d’esprit joyeux et l’envie de construire et de vous construire vous-même.

Bien à vous,

T

PS: je recommande aussi les excellents articles de Julia de Funès ici et celui d’Eric Delassus ici

Votre choix est simple : la Compromission ou le Pavé dans la mare ?

La compromission est l’« action de transiger avec ses principes ».

On dévie de sa propre ligne directrice pour s’accommoder le plus souvent d’une pénibilité : une situation inconfortable, un intérêt général difficile à suivre, un événement passé qu'”il vaudrait mieux oublier”.

C’est un caillou dans la chaussure dont on cherche à se débarrasser très vite, une petite lâcheté à sa propre éthique, finalement ce n’est qu’un événement ponctuel, pas si dramatique ?

Le drame n’est pas tant dans l’acte de compromission en lui-même que dans sa tendance à long terme : la compromission appelle la compromission. Tout comme la destruction partielle est un préalable à la destruction totale de son référentiel de valeurs : un acte de compromission est un coup de pioche dans le miroir qui nous permettait de nous regarder bien en face. Nous ne sommes pas sans défaut, mais le reconnaître en se le disant à soi-même droit dans les yeux est déjà un refus de la compromission.

Dans mes précédents mandats en tant que consultant indépendant, on m’a demandé de me taire, de regarder ailleurs, de ne pas poser “ce type de questions”, on m’a même proposé clairement de me payer plus pour que je me taise sur des manquements à l’intérêt général comme la surfacturation, les “petits arrangements” entre individus, les fautes de jugement qui restent des fautes professionnelles, les retards injustifiables, etc.

Par deux fois, j’ai dû m’opposer jusqu’à un point de non-retour où j’ai mis mon mandat dans la balance avec un choix simple : arrêt de toute compromission et reconnaissance officielle de l’erreur ou bien la cessation à effet immédiat de mon intervention. Sans me draper d’éthique personnelle et professionnelle, je tiens à dire que ce n’est jamais facile de mettre mon mandat, soit ma seule source de rémunération (les consultants indépendants ne touchent pas de chômage), en dégât collatéral pour préserver ma réputation.

La première fois, j’ai dû aller jusqu’à rédiger, à la demande d’un membre de la Direction Générale, un rapport privé et confidentiel relatant factuellement la défaillance grave de management d’un autre membre de la Direction Générale : ce n’est ni plaisant ni apaisant à faire, surtout pour moi qui n’aime pas me faire des ennemis. Ce rapport ne fut ni une catharsis, ni une vengeance, ce fut néanmoins un sacré pavé dans la mare.

Avis aux candidats : si vous n’êtes pas prêts à envoyer un pavé dans une mare ou si vous avez peur de faire des vagues, ne choisissez pas d’être consultant indépendant.

La seconde fois, j’ai dû aller jusqu’au bout en quittant délibérément une équipe projet chez un client de renom pour préserver mon amour-propre d’abord, et ma réputation ensuite. Je parle d’amour-propre car, me connaissant un peu, je sais que je n’aurais pas pu me regarder dans la glace bien en face si j’avais accepté plus d’argent pour me taire sur une magouille indubitable. Ce fut un chemin semé d’embûches bien loin du chemin de la solution de facilité, moi qui n’apprécie pas du tout le conflit, j’ai dû dire -calmement mais fermement- des vérités dérangeantes voire très déplaisantes à des hauts cadres confortablement installés dans leur rôle de top management. Je dois vous le dire : ces personnes n’avaient absolument pas l’habitude d’être contredites voire même mises en cause sur leurs responsabilités !

Je dédicace cet article à tout ceux qui se sont sentis gênés par mes propos lors de mes précédents mandats, soit quand j’exposais leurs propres compromissions à l’intérêt général de leur entreprise, soit quand je leur démontrais la médiocrité voire l’absolue nullité de leurs tentatives de contre-arguments et de fausses excuses aussi vaseuses que dégradantes pour des personnes dotées d’un pareil intellect.

Je dirai pour conclure qu’il existe deux statuts bien distincts de Consultant Indépendant :

  • celui du rentier apaisé qui fait une pause dans sa carrière et cherche à combler le trou sur son CV par une expérience plus fictive que réelle (croyez moi, j’en ai vu plus d’un !)
  • celui qui incarne la précarité par excellence – précarité au sens propre : absence de stabilité, de sécurité, de durabilité – :
    Si l’intérêt général du client est en jeu, il n’hésite pas à tout perdre pour le défendre jusqu’au bout.

CDI renouvelable : le nouveau Graal ?

Dans notre précédent article avec Louis, nous avions pu conclure que la réussite professionnelle ne dépendait pas du statut de la profession : salarié, indépendant, libéral,…

Louis est un Chef d’Entreprise du XXIème siècle qui se pose inévitablement la question “comment épanouir mes collaborateurs ?” et ce malgré :

  • une partie irréductible du travail qui n’est, et ne sera jamais, épanouissante;
  • des conditions de travail qui ne seront jamais idéales, même si elles tentent de s’adapter au mieux à chacun;
  • une culture d’entreprise qu’on ne peut jamais maîtriser totalement et qui dépend beaucoup des affinités, des humeurs du moment, de la diversité et la complémentarité des parcours, etc.;
  • des conditions d’évolutions de l’entreprise qui ne seront jamais 100% favorables car une entreprise sans difficulté est une utopie

Vous conviendrez en définitive avec Louis que ce n’est jamais simple d’épanouir ses collaborateurs.
Soyons cartésiens et rationnels et essayons de déterminer les causes primaires et les causes racines du déficit d’épanouissement professionnel en suivant l’approche MECE.

 

Facteurs-alienation-epanouissement (VERSION PDF PLUS LISIBLE) 

Soyons ouverts d’esprit et rajoutons une bonne dose d’irrationnel car les éternels insatisfaits, les grands adeptes de la victimisation, les accros à la stigmatisation existeront toujours.
En bref, nous avons diagnostiqué les racines du mal -des collaborateurs pas ou peu épanouis professionnellement voire en souffrance professionnelle-, il reste à trouver le bon remède.  En revanche, un intéressement variable et proportionnel au résultat collectif s’avère vertueux, bien qu’il ne contribue que partiellement à l’épanouissement professionnel.

Privilégions en premier lieu une juste répartition des richesses au sein de l’entreprise mais excluons l’effet magique de l’argent : payer 10 fois plus que le salaire moyen ses collaborateurs n’entraînera que la ruine rapide de l’entreprise. L’argent seul ne résout pas tout.

Prenons ensuite plusieurs hypothèses de départ pour simplifier un peu cet épineux problème :

  • un ensemble d’individus motivés, aucun n’a de problème particulier et aucun n’est un slasheur
  • Louis a rendu possible des conditions de travail favorables et flexibles, les rémunérations fixes sont conformes au marché et il n’y a pas de statut précaire.
  • L’entreprise est solide dans un marché porteur, pas excessivement compétitif et un secteur attrayant, sa réputation est excellente.

Ainsi nous avons mis hors jeu les 3 causes primaires du schéma  “Individu”, “Statut” et “Entreprise” en tant que facteurs d’aliénation.
Nous arrivons alors à 3 leviers d’épanouissement Vs aliénation possibles : “Management”, “Travail”, “Collègues”.
La meilleure boussole pour explorer les faiblesses/difficultés et les forces/satisfactions de l’épanouissement professionnel reste l’appréciation du collaborateur.

Ainsi après avoir été rationnels puis ouverts d’esprit, Louis nous invite désormais à être créatif avec le concept de CDI renouvelable.

Définition ➡ un statut durable à durée indéterminée avec une clause de reconduction explicite -et pas tacite- permettant à l’employé d’évaluer lui-même son épanouissement professionnel.

Objectif  SMART
➡ améliorer/ajuster ces facteurs Spécifiques d’épanouissement professionnel des collaborateurs : Management, Travail, Statut, Collègues

donner au collaborateur la possibilité de Mesurer régulièrement son épanouissement sur chaque cause racine avec une échelle de notation pour sortir de la simple “Mesure de performances” à laquelle se résume trop souvent l’évolution professionnelle

➡ rendre l’épanouissement Atteignable point par point en listant les efforts précis à fournir de la part de l’employé(e) et de l’employeur

➡ s’assurer que cet épanouissement est Réalisable avec les confirmations suivantes :

  • les efforts précédemment mentionnés sont pertinents et adaptés par rapport aux évolutions de la situation
  • chacune des parties employeur et employé(e) s’engage à communiquer minimum tous les six mois sur les concrétisations de ses efforts liés à chaque cause racine
  • les facteurs “Entreprise” et “Individu” -impossibles ou trop complexes à améliorer sur le temps court- ne sont pas un obstacle à l’épanouissement professionnel du collaborateur

évaluer  dans l’horizon de Temps défini soit à la prochaine reconduction, que les notations et efforts précédemment formalisés ont évolué le plus positivement possible

Tout comme la prospérité économique de l’entreprise, l’état d’épanouissement d’un collaborateur est précaire, c’est-à-dire un état dont l’avenir, la durée, la stabilité ne sont pas assurés.

Pour cette raison, le CDI renouvelable concrétise une solution win-win pour favoriser la résilience des talents et donc de l’entreprise.

Take away message :

  • L’épanouissement professionnel peut se favoriser (ou se détériorer…) par des actions concrètes des deux protagonistes : employeur et collaborateur
  • Une grille d’évaluation des causes racines/facteurs d’épanouissement/aliénation est facilement réalisable(*) et peut-être personnalisée directement par le collaborateur
  • La fréquence de reconduction commune employeur-employé(e) la plus pertinente d’après notre perception avec Louis serait tous les 6 mois
  • Nous allons tester la mise en place de ce CDI renouvelable avec Louis et vous reviendrons dans un prochain article pour les premiers retours reçus
  • Vous voulez faire partie de l’expérience à titre individuel ou en tant qu’entreprise, soyez les bienvenus avec un petit email @ [email protected]
  • Vos avis et compléments de réflexion sont les bienvenus en commentaire

Thibaut Gallineau et Louis Venant

+ un grand merci à tous les contributeurs LinkedIn !

(*)Voir ici des grilles d’épanouissement “template” + un exemple de l’entreprise TechVitam

Salariat “home sweet home” / Versus / Entrepreneuriat “into the wild” ?

Le salariat serait-il devenu “old school”, un peu poussiéreux et donc moins tentant ?

 

Avec aujourd’hui 86,9 % de la population active de la Confédération liée par un contrat de salariat, le statut d’employé reste bien majoritaire dans le monde suisse du travail.  Par ailleurs, le recul net de la proportion d’indépendants (ref), avec ou sans employé en profession libérale ou non, ne fait qu’amplifier le salariat comme statut “de référence” des actifs. 

 

Force est de constater que le salariat bashing, n’est le plus souvent qu’une posture et que le boom du travail indépendant n’est qu’un mythe non corroboré par les chiffres. Oui, le salariat n’est pas parfait. Il induit un politiquement correct de rigueur, parfois même une certaine forme d’aliénation. La sécurité de l’emploi qu’il représente est relative sauf peut-être dans la fonction publique. Son côté routinier voire limitant -sans carte blanche- peut parfois entraîner un sentiment d’étouffement proche de la claustrophobie.

 

Néanmoins la tendance générale de diminution de la fidélité, amplifiée par le phénomène de bougeotte géographique, n’altère pas la qualité du salariat. Au-delà du caractère confortable et sécurisant, le salariat permet un apprentissage, une évolution et aussi une résilience de l’engagement qui lui confèrent ses lettres de noblesse. Le salariat c’est bien la voie royale de l’engagement durable au service d’une entreprise. 

 

Le(a) salarié(e) peut échanger et évoluer avec le cercle de ses collègues, il est membre à part entière de l’entreprise. Il peut vivre et développer un esprit de cohésion. Il peut participer à une ambiance, une culture d’entreprise qui constituent finalement un actif immatériel. Mais le vrai soulagement c’est qu’un(e) salarié(e) n’a pas une pression productive énergivore : par exemple communiquer sur les réseaux n’est absolument pas nécessaire/vital contrairement aux startupers et indépendants. Ne vous imposez pas une charge mentale superflue d’envier des indépendants/startupers ou d’être obsédé par le fait de vous lancer. Si ça doit se faire pour des bonnes raisons, ça se fera et sinon c’est que ça ne devait pas se faire.  

 

Pour conclure, le salariat définit le monde du travail d’aujourd’hui mais également celui du futur et ce, pour encore de nombreuses décennies vraisemblablement. Avoir un boulot normal, qui vous rémunère et vous épanouit du moins globalement, c’est déjà très bien ! 

 

L’entrepreneuriat serait-il devenu un “must-have”, l’ultime accomplissement personnel ?

 

Si vous vous lancez en tant qu’entrepreneur, il faut le faire pour des bonnes raisons. Ce n’est pas parce que votre entreprise actuelle n’assure pas, que le seul échappatoire serait l’entrepreneuriat. Un exemple de mauvaise raison de se lancer : croire qu’un entrepreneur ou un indépendant est complètement libre de ses choix. Si vous n’aimez pas le conflit, si vous n’aimez pas faire preuve de résilience et d’esprit de consensus, ne pensez pas que l’indépendance va résoudre tout vos problèmes, loin de là. L’entrepreneuriat induit une forme de dépendance envers ses clients, ses partenaires, voire avec ses subordonnées dont vous aurez la responsabilité. Cette forme de dépendance – qu’elle soit plus ou moins saine – peut être encore plus difficile à gérer  que celle envers un employeur. 

 

Outre l’épanouissement, le côté aventureux “into the WILD”  peut s’avérer être une source de motivation. Mais comme pour tout attrait pour le caractère sauvage, il faut fixer une limite et savoir se dompter :  sans cadre, sans directives précises, sans sens des priorités, on peut vite se perdre et s’épuiser dans la savane, la jungle ou les zones montagneuses. L’entrepreneuriat en mode explosivité d’énergies débridées qui finit en burnout ou en voie de garage n’est pas celui qu’on montre sur Linkedin, c’est pourtant une des issues les plus fréquentes. . .

 

Du reste, les bonnes raisons sont nécessaires mais pas suffisantes. Effectivement, pouvoir retrouver un niveau de salaire suisse avec une activité indépendante impose un travail de qualité, un haut niveau d’engagement et un juste calcul de risque. Par principe, une extrême réserve couplée d’une lucide précaution est à privilégier contre un enthousiasme débordant. Croire que tout le monde peut devenir entrepreneur à succès avec un petit pécule de départ est une très lourde erreur que le marché vous fera très rapidement comprendre. Si le salariat peut paraître compliqué, le corollaire est que rien n’est simple dans l’entrepreneuriat : gestion des ressources, sentiment de solitude, gestion administrative, gestion commerciale, gestion stratégique sont autant d’écueils où chaque erreur peut être fatale.

 

La pression sociétale avec ses aspects politiques “startup nation” et médiatiques “Welcome to the Jungle” impose une quasi-idolâtrie de l’entrepreneuriat et occulte ses charniers professionnels, à savoir : des pertes monstres d’argent et d’énergie. Or, monter une entreprise, ce n’est pas un but en soi. Ce n’est surtout pas un accomplissement professionnel à atteindre au détriment d’une entreprise utile, viable, rentable. Tout plaquer pour un investissement plus énergivore, plus stressant, et potentiellement une expérience professionnelle moins enrichissante, peut s’avérer totalement déconstructif.

 

L’épanouissement professionnel ne se mesure pas sur LinkedIn. LinkedIn, comme réseau social, nous pousse tacitement à montrer le meilleur de ses expériences – comme Instagram ses meilleures photos – et c’est évident que le moindre succès pour un entrepreneur ou une startup va devenir un post avec strass et paillettes qui fera paraître celui d’un salarié plus terne. En réalité l’un des deux est plus connecté au réel et l’autre doit gazer par principe de survie “communiquer ses succès amène plus de succès”.

 

Au final la réussite professionnelle ne dépend pas du statut 

 

Si l’entrepreneuriat était si simple et si épanouissant, il y aurait plus d’entrepreneurs que de non-entrepreneurs.
Mais
l’important est que tous, entrepreneurs et non-entrepreneurs aient le mérite de courageusement délivrer leur travail, leur expertise ou savoir-faire le plus souvent dans la bonne humeur et parfois dans des conditions extrêmement difficiles.
Le cadre juridique du travail restera toujours secondaire par rapport à
votre réussite professionnelle qui se définit principalement par la motivation et la passion qui vous anime au quotidien pour accomplir votre travail

 

Article co-écrit avec Louis Venant, CEO de Cosatic,

qui a eu le mérite de remettre les points sur les i dans un de ses posts linkedin sur la pseudo ”réalité augmentée 22.0” de l’entrepreneuriat qui en vient à imposer un mal-être existentiel aux salariés compétents, dévoués et fidèles. Le post commençait par la citation suivante “Si à 40 ans t’as pas monté ta boîte, c’est que t’as raté ta vie” pour dénoncer le discours typique Linkedin…

 

Crédit photo : Flickr

Pourquoi n’êtes vous pas à l’écoute de vos collaborateurs ?

Après la grande mode de la fameuse “détection des signaux faibles”, si on parlait des signaux forts, incontournables, inévitables qui empoisonnent la vie de l’entreprise et surtout celles de ses collaborateurs(rices) ?

Démissions, turnover élevé,  sous-effectif, arrêts maladies, surmenage, burn-out, etc. : quand la spirale infernale est lancée, l’entreprise est en crise ! Sortir de cette ornière passe nécessairement par une approche collégiale pour verbaliser ce qui nuit aux hommes et femmes qui composent l’entreprise.

Le “théorisme” : théoriser une réalité sans la vivre

Pourtant, j’ai pu trop souvent constater le paradoxe du manque de connaissances réelles des cadres de direction sur les conditions de travail du quotidien de leurs équipes. Venir saluer ses équipes de temps en temps et parler du beau temps, n’a rien à voir avec s’impliquer réellement dans leur quotidien pour constater les non-sens, les irritations qui minent l’ambiance, les difficultés récurrentes, et toutes les pénibilités vécues. Au delà du classique “rapport d’étonnements” des nouveaux arrivants, j’aimerais voir une entreprise qui fasse une relecture régulière des “rapports de pénibilités“. Plus faciles à remplir qu’une “boîte à idées” et probablement plus utiles !

Se targuer de connaître les conditions de travail de ses employé(e)s sans les vivre ou a minima les avoir vécus récemment c’est un peu comme croire en une réalité parallèle sans y être jamais allé : du “théorisme” à l’état pur. Au delà des journées “vis-ma-vie”, il faut prendre le temps de parler et de formaliser ce qui ne va pas. Quand on pense que dans la majorité des entreprises d’aujourd’hui, on ne prend même pas le temps de penser tellement on est absorbé par les tâches ! Loin des fuites en avant des positivistes effrénés, il faut prendre du temps pour ce qui ne va pas, ce qui coince, ce qui gêne, et donner du temps au temps pour le penser, le comprendre et enfin le résoudre de la meilleure manière possible.

Note à nous-mêmes qui lisons cet article : penser résoudre rapidement une pénibilité qui finalement n’est pas résolue -voire a empiré-, est encore pire que de ne rien faire d’un point de vue baisse de motivation 📉.

L’arbre qui cache la forêt 🌳

J’ai pu constater un autre paradoxe, tout aussi dramatique en terme de conséquences. Plus vous faites porter sur une fonction (audit ou contrôle interne) la responsabilité de trouver des défaillances majeures, plus le panorama des défaillances medium ou mineures s’élargit et s’enrichit au cours du temps.  Ce bon vieux principe d’arbre qui cache la forêt a encore de beaux jours devant lui dans nos entreprises !

Si certains récents collaborateurs peuvent finalement s’avérer être des “erreurs de casting” plus ou moins rapidement, d’autres présents depuis plus longtemps – disons minimum 2 ans -, font eux-mêmes partie de la culture d’entreprise. C’est-à-dire qu’ils ne font pas simplement qu’appartenir ou posséder cette culture d’entreprise, il la constitue, la façonne, l’incarne. Ils ressentent mieux que les nouveaux arrivants ce qui ne va pas mais ne le disent pas assez. D’autant plus si la parole n’est pas libre, si l’ambiance est guindée, ou même juste si le management a tendance à s’habituer à ce qui ne va pas ou à ne pas le considérer.

Aux petits maux, les bons remèdes

J’appelle de tous mes meilleurs vœux – plus utiles et concrets que ceux du changement d’année – les dirigeant(e)s d’entreprises, les cadres supérieurs à être parfaitement intransigeants avec les pénibilités vécues de leurs collaborateurs(rices). Dans un même esprit, j’appelle également de tous mes meilleurs vœux les équipes opérationnelles à constater pragmatiquement ces pénibilités, à les communiquer et les verbaliser (dans les deux sens du terme, trouver les bons mots et mettre à l’amende la pénibilité pour l’empêcher de se poursuivre).

Pour conclure, ce que j’aime dans mon métier, c’est trouver les meilleures solutions à des problèmes souvent complexes, toujours uniques, et rarement plaisants. Pour chaque problème, trouver une solution est une banalité; trouver la meilleure solution est un art mais jamais un luxe. Pour trouver la meilleure solution, je ne connais pas de meilleures méthodes que d’être constamment à l’écoute. Prendre du temps pour pointer, analyser, discuter vos problèmes et pénibilités d’entreprise avant de passer à leur résolution n’est pas un luxe, c’est une nécessité vertueuse et bienfaitrice.

 

Bien à vous tous,

T

crédit photo : iStock

Les actifs commencent à en avoir vraiment ras-le-bol !

Depuis le début de l’année 2020, nous vivons tous dans un environnement chamboulé, c’est le moins que l’on puisse dire !

l’épuisement d’énervements

Entre mesures et contre-mesures sanitaires, économiques, et sociétales; nous ne cessons de surnager dans un environnement plutôt hostile, carrément imprévisible et apparemment infiniment plus complexe qu’avant le Covid.

Je constate, à mon modeste niveau, l’énervement et même l’épuisement d’énervements des professionnels que je côtoie. Sans être défaitiste et pessimiste, je crains que l’été ne suffise plus cette fois à reposer les professionnels. Car, contrairement à l’été dernier, il y a de plus en plus de sujets clivants et de désarroi qui ne permettent pas d’espérer une sortie de crise rapide et certaine.

Pourquoi en rajouter une couche avec un article peu réjouissant me direz-vous ?

Cet article est une fusée de détresse pour les managers, les chefs d’entreprises, les intervenants externes. Plus que jamais il est nécessaire et utile d’adopter un esprit constructif et bienveillant, de prendre soin de vos collaborateurs et collègues, d’être réellement à l’écoute !

réveiller les enthousiasmes, apaiser les esprits meurtris

Il s’agit de mettre en place des solutions concrètes pour faciliter le travail, pour lui redonner sa joie, sa noblesse, son attrait. Les idées ne manquent pas :

  • permettre la semaine de 4 jours avec des plages horaires élargies et sans perte de productivité (l’article de businessinsider sur le succès de l’expérimentation menée en Islande est inspirant ! Et l’exemple de Microsoft Japan reste bluffant !),
  • réduire les temps de réunions ou a minima tester des nouveaux formats plus captivants en intégrant par exemple un moment découverte organisé à l’initiative d’un collaborateur,
  • favoriser les initiatives personnelles avec un budget sponsorisant les meilleures idées pour l’efficience de l’entreprise, pour le bien vivre des collaborateurs, pour le meilleur évènement encourageant l’esprit de cohésion, etc.
  • encourager des séances vis-ma-vie pour découvrir un autre métier ou un tout autre aspect du même métier le temps d’une après-midi ou d’une matinée,
  • brainstorming avec post-it, laboratoire d’exploration-innovation, RETEX (Retour d’Expérience sur un sujet en cours, un succès ou un échec), duos collaboratifs aléatoires sur des tâches précises, concours culinaires, évènements surprises, etc.

Au delà du télétravail et des aménagements de circonstances, il faut réveiller les enthousiasmes, apaiser les esprits meurtris. Nos entreprises sont avant tout des aventures humaines partagées et il est nécessaire (vital !), après tant de mois de pénibilité voire d’absurdité, de redonner pétillance, élan, cohésion avec un vrai esprit chaleureux et l’allégresse de surmonter cette crise la tête haute.

ne plus avoir envie de travailler, c’est déjà déprimer

Sans pousser jusqu’à la fameuse phrase à mon humble avis douteuse et goguenarde “le travail, c’est la santé !”, je crois qu’il est nécessaire d’épauler ces actifs qui en ont marre et qui en ont même marre d’en avoir marre. Affaissements de motivation, détresses non-dites, absences de réponses, manques d’attention, je vois des signaux tout sauf faibles de personnes qualifiées qui semblent ne plus avoir envie de travailler. Or, je crains que ne plus avoir envie de travailler, c’est déjà déprimer. L’entreprise, en tant que personne morale n’a pas de cœur; néanmoins chaque contributeur porte la responsabilité individuelle d’améliorer de son mieux le quotidien de ses confères et consœurs en humanité.

La satisfaction du travail bien fait, la fierté du travail accompli, le décuplement d’impact du combo passion-travail, la puissance d’épanouissement d’un succès professionnel sont des moteurs incroyables d’une formidable énergie humaine que je souhaite ardemment revoir dans les openspaces, les calls, les visios et même les emails et les documents de procédures ou de spécifications !

Personne ne peut travailler efficacement s’il n’a pas conscience d’être utile et d’être soutenu !

Le danger de la déconstruction professionnelle se tapie dans la démotivation, la frustration, le mécontentement.

#ProtectPeople&Passion

À bon entendeur, salut !

 

 

 

Covid et situations explosives : évitons au maximum les chocs !

Comme les manipulations dans les laboratoires de chimie, certaines situations nécessitent une prévention particulière au vu des risques réels.

La gestion sociétale de la Covid ressemble étrangement à la manipulation d’un produit intrinsèquement explosible comme ceux utilisés en chimie :  “ces produits peuvent exploser, suivant le cas, au contact d’une flamme, d’une étincelle, d’électricité statique, sous l’effet de la chaleur, d’un choc, de frottements. . .”

Tantôt une “grosse grippe” pour certains, tantôt un “châtiment de la nature” pour d’autre, tantôt des études poussées pour calculer les pertes économiques, tantôt des démonstrations chiffrées pour prouver une surmortalité par pays et, quand même heureusement de temps en temps, un trait d’humour (blague, mème, GIF, etc.) pour dérider nos esprits raisonnés qui semblent ne plus savoir où se cache la raison !

Un ami chimiste qui travaille actuellement sur l’application de nano cristaux sur des surfaces m’expliquait que ses manipulations doivent toujours se faire avec une extrême précaution pour éviter, au maximum, la moindre contrainte. J’ai l’impression que la Covid est une substance hautement explosible et que nos gouvernements sont perplexes non seulement quant au protocole à suivre pour éviter les incidents/accidents mais aussi quant au protocole de gestion de ces derniers. Par exemple, si l’atmosphère d’un laboratoire devient contaminée -toxique ou explosive- après un accident impliquant une pollution importante, l’INRS explique en neuf points précis avec des verbes d’action toutes les mesures nécessaires page 21 de ce document. En ceci, ce qui me gêne le plus n’est pas tant l’absence de protocole que la faible acquisition d’expériences et ce, plus d’une année depuis le début de la pandémie.

Expert en gestion de projet, je peux vous assurer que chaque échec important au cours d’un projet que j’ai eu à mener a fait l’objet d’un mémorandum (encore appelé post mortem) pour détailler les causes racines, les mesures correctives prises et celles préventives mises en œuvre pour éviter un nouvel échec voire réparer les dégâts de l’échec initial si possible. L’échec arrive toujours à un moment et n’a rien de mauvais en soi (failcon spirit), en revanche l’absence de leçons apprises suite à l’échec est une double peine extrêmement préjudiciable. Mesures locales versus nationales, restrictions étendues versus restrictions ciblées : autant de mesures et propositions que de partisans et de contradicteurs sans véritables leçons durables apprises et mises en pratique. Notre climat social est ainsi aujourd’hui aussi pesant qu’explosif. Comme un chimiste qui n’a pas dormi depuis plusieurs jours qui tente de prendre des précautions avec les mains qui tremblent et les yeux embués. . .

Le fond de mon propos est donc un retour à une réflexion aussi propice que nécessaire. Modestement, je propose les choses suivantes :

  • Selon le principe des réservistes dans l’armée, instaurer une “réserve de santé” avec différents paliers de déclenchements.
  • Simplifier, autant que possible, les démarches “présentielles physiques” en les convertissant en “téléprésence” : guichets virtuels (avec opérateurs réels !) pour dépôts de dossiers, demandes de renseignements, validation de signature, achats à distance suivi de livraisons etc. ; mais aussi pourquoi pas, jugements dans une salle d’audience virtuelle (sauf affaires pénales), soit finalement tout processus relatif à une consultation ou une décision d’ordre technique possible en distanciel. A ce titre j’ai pu signer mon premier mandat de conseil uniquement par téléconsultation -sans rencontre physique- avec un nouveau client et je tiens ici à saluer l’ouverture d’esprit de ce chef d’entreprise basée en Suisse Romande qui se reconnaîtra !
  • Mettre en place un registre électronique de passage pour les bâtiments de santé recevant du public avec une pièce d’identité officielle munie d’une puce pour badger facilement.
  • Etablir une nomenclature du télétravail en fonction des métiers, à l’image du “nutriscore” pour l’alimentation, on pourrait très bien imaginer un “téléscore” avec 5 niveaux :
    • niveau A les métiers qui peuvent se faire entièrement à distance (ex : comptables, développeurs, etc.)
    • niveau intermédiaire les métiers qui peuvent partiellement se faire à distance (ex : avocats, commerciaux, etc.)
    • niveau E les métiers qui ne peuvent se faire qu’en présentiel (ex : manutentionnaires, maçons, etc.)

Je laisse les personnes dont c’est le métier continuer cette liste mais j’avoue qu’en tant que libre penseur, je suis un peu déçu de la médiocrité des propositions que je lis ou j’entends dans la presse. Je reste sur ma faim concernant les efforts, véritablement innovants, qui nous permettront de revivre un jour sans gel et sans masque.

Nous pouvons, non, nous devons faire mieux. Il en va de notre économie, de notre paix sociale, de notre savoir-être, de notre futur.

Je souhaite à chacun de mes lecteurs de vivre normalement et simplement quelques jours en 2021 pour que nous retrouvions tous notre lucidité et notre raison dans ce monde qui se cherche !

Amitiés,

T – #ThinkToDoBetter

[email protected] / +41 76 607 99 72

crédit photo: istock

Perdurer avant tout, prospérer… si jamais !

Allons droit au but : dans un tel contexte, choisir la pérennité c’est déjà renoncer à la solution de facilité !

Lorsqu’une économie est florissante, il est heureux que certains pensent à favoriser la pérennité (caractère, état de ce qui dure toujours); lorsqu’une économie s’effondre, il est à la fois vital et pourtant bel et bien héroïque de (re)construire avec comme pierre angulaire, la pérennisation de notre entreprise.

Tentons une simulation de l’effondrement le plus total et dramatique, certaines entreprises survivront toujours pour trois principales raisons :

#BonSens : elles n’ont pas cédé à la panique des sirènes et des chiffres déprimants, elles sont restées centrées sur leur mission (service/production) sans dévier ni se détourner de leur lucidité.

#AutoSuffisance : par nature, par choix ou bien par intelligence d’environnement, ces entreprises ont su faire simple et s’affranchir de toutes dépendances coûteuses avec l’extérieur (fournisseurs, intermédiaires, prestataires long terme, etc.). Attention, #AutoSuffisance ne veut pas dire autarcie ! L’autarcie c’est une économie fermée qui se suffit à elle-même, l’entreprise AutoSuffisante est celle qui est capable de rayonner dans son économie avec peu de moyens (charges fixes et investissements récurrents minimes).

#FlexibilitéOrganisationnelle : métamorphe dans leur organisation, elles n’ont de cesse d’évoluer avec leur environnement que ce soit par la technologie, leur culture d’entreprise ou leur capacité à penser pour faire mieux (#ThinkToDoBetter). Résilientes dans leur aventure humaine, elles savent mêler passion, cohésion, gestion de projet et empowerment au service de leurs clients sans toutefois perdre leur fibre créatrice propre qui les rend à la fois inimitables et préservées de toutes possibilités de disruptions.

Confinement, re-confinement, semi-confinement, ce yoyo a une fâcheuse tendance à devenir durable et ne nous laisse pas indemnes. La dette se créée, économique sans-doute mais aussi mentale, humaine, sociétale.

Toute entreprise qui vise à perdurer avant de prospérer devient ainsi non plus un acteur économique au sens pauvre du terme mais un acteur économique et sociétal qui redonne de l’espoir et du sens aux individus, comme un phare allumé dans une nuit de tempête.

Théories sans pragmatisme ni exemple concret me direz-vous ? 3 preuves réelles vous sont ici offertes :

  • dans une dimension personnelle mais d’actualité : modestement mais sûrement, l’entreprise genevoise de prévoyance et transmission digitale TechVitam Sàrl
  • dans une dimension terre à terre mais savoureuse : la ferme biologique qui prend soin de sa terre et de son cheptel, comme la ferme de Latapoune que je vous invite à découvrir et à soutenir !
  • dans une dimension différente mais jamais démentie au cours des siècles : le monastère ou le couvent qui ne vise pas à prospérer mais bien à perdurer, voici ici le bel exemple de l’abbaye bénédictine de Triors.

Vous avez d’autres exemples en tête ? Les champs commentaires sont faits pour ça !!

J’en profite, au terme de cette année 2020 si particulière, pour vous souhaiter des moments de vérité, personnels et/ou familiaux, pour vous ressourcer et affronter 2021 avec encore plus d’enthousiasme et de passion !

 

Amitiés,

T

 

Crédit Photo “Discussions nocturnes éclairées”: l’excellent Geoffroy Pasquier 

Le “business confessionnel” peut-il encore se développer ?

Finance Islamique, Consulting inspiré des valeurs Chrétienne, Judaïsme impactant de manière décisive l’épanouissement de l’éthique occidentale en matière d’économie…

Les grandes religions ont toujours eu, et continuent d’avoir, à la fois un impact sur l’économie réelle et une plus-value dans l’enrichissement des manières de « faire » du business.

Loin des doctrines et lois religieuses, la religion dans le business, c’est d’abord un partage de valeurs communes et ensuite une entraide communautaire qui s’inscrit dans une histoire commune ou des nouvelles rencontres facilitées par une pratique religieuse. En effet, aller au culte à l’Eglise le dimanche, à la Synagogue le samedi ou à la Mosquée le vendredi, c’est entretenir des liens non seulement avec le Divin mais aussi avec nos co-religionnaires ou plutôt nos frères et sœurs dans la même foi pour mettre en lumière ce côté plus familial de la communauté religieuse. La famille dans les affaires, c’est à la fois un grand avantage et pourtant cela peut tout compliquer : même lien de causes à effets pour la foi dans le business ?

Un homme brillant, animé d’une foi profonde et rayonnante, m’a dit tout récemment « le business confessionnel, ça ne marche pas ! » … Ce manque de foi dans la pérennité d’un tel business valait bien un article me suis-je dis !

Repartons simplement sur cette thématique ô combien complexe :

Postulat numéro 1 : La foi exige une conduite vertueuse.

Postulat numéro 2 : La conduite vertueuse est bénéfique pour la pérennité du business.

Conclusion logique : Le business gagnerait à plus reconnaître les mérites de la foi et à les mettre en avant.

Constat terrain : le religieux dans le business est source de craintes -tensions, difficultés de dialogue, etc.- et n’aide pas à la signature de contrats d’affaires dans la plupart des cas.

Problématique : Le religieux peut-il réellement se décliner à d’autres niveaux que celui individuel notamment l’entreprise ou, plus largement, la sphère économique ?

La religion est avant tout propre à chaque individu avant d’être une affaire d’entreprise. Mais qu’est-ce qu’une entreprise ? Une aventure humaine partagée entre plusieurs individus. L’entreprise ne peut ainsi nier les différentes facettes des identités de ses collaborateurs, des fondateurs historiques aux derniers arrivés. Un équilibre est nécessaire entre l’identité au travail et l’identité personnelle du collaborateur qui ne peut ni se renier ni gommer son humanité.

Je repense à cet entretien avec un Senior Manager d’un de mes anciens Cabinets de Conseil qui avait des TOC – Troubles Obsessionnels Compulsifs -, cela m’a encore plus motivé pour rejoindre ce Cabinet qui, dans un milieu très concerné par l’apparence, avait eu la bonne idée et le courage d’embaucher des talents réellement diversifiés. Je repense à ce team building avec un autre Cabinet ou avec un collègue d’une autre religion, nous avons profité d’un très bon « dîner détente », après une journée de visites et d’activités, pour nous découvrir dans les différences et les similarités de nos deux religions. La discussion s’est même prolongée bien plus tard que le dîner et notre estime mutuelle professionnelle s’est agrandie par le sens que nous pouvions donner à notre travail et à nos vies grâce à nos religions. Je termine cette digression sur des exemples personnels avec ce souvenir de cette mission dans la filiale londonienne d’une banque privée allemande où en quelques pas dans les couloirs entre deux réunions je croise tour à tour un homme avec une Kippa, une femme avec un Hijab alors que je marche aux côtés de mon collègue Jaswinder qui portait son Dastaar (Turban Sikh) !

Toujours en prenant des exemples concrets et réels, j’en viens à ces entreprises qui ont accepté que la foi guide, du moins partiellement, leur activité commerciale.

  • En se basant sur la DSE – Doctrine Sociale de l’Eglise- et la publication « Oeconomicae et pecuniariae quaestiones – Considérations pour un discernement éthique sur certains aspects du système économique et financier actuel » l’entreprise Suisse Aliter Invest a ainsi volontairement assumé la valeur ajoutée de la foi catholique pour créer des fonds d’investissements durables, éthiques et même bio-éthiques ! Rejoignant les propos du Cardinal Turkson, Aliter Invest considère que l’économie doit « servir l’humanité au lieu de la gouverner» en instaurant une «croissance circulaire, durable, équilibrée et inclusive». La finance catholique : une nouvelle niche du marché de l’investissement ou bel-et-bien le futur produit mass-market d’un monde de plus en plus concerné par l’écologie humaine intégrale ?
  • La finance islamique est quand-à-elle plus connue et, si elle représente moins de 1% de la finance mondiale, elle « pèse » tout de même 2000 milliards d’euros. Loin des investissements dont la croissance est plutôt lente, le marché des produits Halal est quand à lui en plein boom avec une croissance forte et ininterrompue depuis deux décennies. Ainsi l’entreprise HCS –Halal Certification Services, par sa filiale basée en Argovie, a permis la certification de nombreux produits alimentaires Suisses dans le respect de la religion musulmane et selon des critères de qualité exhaussés.
  • Pour conclure sur le trio des 3 grandes religions monothéistes, je citerai CostBrokers SA, où vous pourrez découvrir la joie de manger dans un très bon restaurant Kasher en déjeuner d’affaires. Pour cette entreprise, la fidélité et le respect de l’autre ne sont pas un concept commercial mais bien un enracinement dans une attitude de vie durable; c’est-à-dire une constante éprouvée par la pratique d’une foi ancestrale. La foi et les valeurs de ses collaborateurs rendent ainsi cette entreprise encore plus vertueuse pour des relations d’affaires durables et mutuellement bénéfiques.

Il existe bien évidemment une gradation dans l’intégration des valeurs confessionnels dans le business. Ainsi, plus la religion est l’objet même du business – exemple de l’entreprise HCS-, plus le business est confessionnel.

La religion et ses valeurs confessionnelles peuvent donc être utile au business à la fois pour le guider mais aussi pour le rendre prospère ! La sphère économique peut en définitive bénéficier des valeurs religieuses à la fois dans des développements sectoriels spécifiques (niches) mais aussi dans une transversalité plus large dans des pratiques d’affaires commerciales ou des pratiques de développements personnels -par exemple, certaines méthodes de coaching s’inspire largement des valeurs de l’Évangile-.

Mais alors les non-religieux, très largement majoritaires, seraient-ils défavorisés sans ces valeurs confessionnels ? Pas forcément si l’on est prêt à accepter qu’un religieux, c’est un pratiquant qui se pose des questions ! Par exemple si un CEO est philosophe pratiquant et cherche des réponses à ces questions : « quel est le sens de mon business ? pourquoi j’existe ? Qu’est-ce que j’apporte à la société ? Quelle est la finalité de mon rôle de Manager ? etc. » alors il peut-être bien plus religieux que certaines personnes qui se catégorisent elle-même comme “religieux -Juif, Chrétien, Musulman- non-pratiquant”. La foi c’est donc un questionnement perpétuel, d’innombrables doutes mais aussi la petite vertu d’essayer d’être honnête avec soi-même.

Du reste, la religion peut aussi s’avérer limitante. Il y a les “bonnes limitations” pour une préservation de l’éthique de l’entreprise -peut-on même oser le terme de “sainteté de l’entreprise“?- comme pour mieux canaliser/sécuriser le business. Par exemple dans le droit islamique, l’argent ne doit pas être créé sans travail (riba), la spéculation est donc à proscrire : la création de richesse ne reposant pas sur une transaction réelle est interdite. De même, les jeux d’argent ne font pas bon ménage avec un grand nombre de religions. Mais il y aussi les “mauvaises limitations” : celles qui conduisent à l’exclusion dans un esprit communautariste au lieu de communautaire et fraternel.

La foi, part intégrale de notre humanité qui nous rattache à une transcendance supérieure, nous permet ainsi de voir à plus long terme et de développer des vraies valeurs humaines, voire humanistes, la bienveillance notamment. Par exemple, selon la foi juive, c’est aux Hommes d’agir pour rendre le monde meilleur et plus agréable au Divin :  l’entreprise en tant qu’association d’Hommes peut agir dans ce sens notamment au travers de l’innovation et la préservation de la Nature. L’économie réelle, celle qui nourrit nos familles et nous enrichit professionnellement et humainement, s’enrichit elle-même de la plus-value des diverses religions qui apportent une vraie touche humaine et refusent l’idolâtrie du profit à tous prix.

Ma petite conclusion personnelle sur ce sujet, « ma foi » complexe, est que le business confessionnel est possible et que je lui souhaite personnellement le meilleur développement possible tant qu’il reste porteur de valeurs sacrées -c’est à dire, tant qu’il garde pour objet final le bien-être de l’Homme croyant ou non-. J’ai osé cet article car je regrette sincèrement que la foi soit toujours “mise sous le boisseau“ dans le business et la vie professionnelle : le plus souvent à cause d’une gêne -plus ou moins irrationnelle- ou d’une ignorance déplorable.

A tous ceux qui lisent cet article, quelle que soit votre religion et même si vous n’êtes pas pratiquants : soyez bénis et que votre travail comme vos entreprises soient sanctifiés !

 

Pour aller plus loin:

Origines et fondements de la finance islamique

Judaïsme et Economie

Les grandes entreprises et la religion

www.ecoreseau.fr/reseaux-influence/2015/04/01/cercles-confessionnels-communautes-de-convictions/amp/

https://www.capital.fr/votre-carriere/la-religion-source-d-inspiration-des-managers-882264

Agitateurs, dérangeurs, empêcheurs de tourner en rond,… ces nouveaux gladiateurs ?

“Je te le dis à titre personnel et ne le répète pas mais je te félicite.”

Je cite ici une confidence et une félicitation que j’ai reçu secrètement dans le cadre professionnel. Ce genre de confidence, véritable témoignage de soutien, ne peut pourtant pas être affiché au grand jour et assumé pleinement par craintes. En premier lieu la crainte de ne pas paraître “corporate et donc les craintes sous-jacentes d’être “mal-vu”, voire de subir des représailles sur son bonus ou autre.

Le monde professionnel salarié est ainsi fait: craintes, positionnements mainstream ou politiquement/hiérarchiquement corrects, conformisme et/ou soumission passive.  Loin d’épanouir le collaborateur, interdit de dire ce qui ne va pas -ou tout simplement négligé dans ses avis-, notre monde professionnel peut avoir un réel pouvoir aliénant et désespérant. La politique interne, les défaillances de management, les compromissions vis-à-vis de l’intérêt général, les conflits de personnes, l’absence de soutien ou les retournements de vestes : l’entreprise a aussi son tas de linge sale quotidien !

Faut-il s’y résigner ? Non ! Et encore moins s’y résigner en le niant ! C’est une preuve indubitable de force de caractère et d’indépendance d’esprit de savoir dire non, stop, voire d’être à contre-courant si justifiable.

Le gladiateur entre dans l’arène, il affronte l’épreuve du combat pleinement conscient : «Ave Caesar, morituri te salutant !». Cependant il a le pouvoir d’arrêter le massacre lorsqu’il a prouvé sa valeur en surpassant ou désarmant son adversaire : il s’affranchit alors lui-même par son acte d’intelligence et ne peut plus être alors considéré comme esclave. Sinon, il a été vaincu – pas forcément par manque de compétences d’ailleurs- et a déjà quitté l’arène.

Si l’entreprise ne fait pas de nous des saint(e)s, elle ne doit pas pour autant nous avilir ! Or l’Homme est un loup pour l’Homme, et il semblerait que l’entreprise soit un terrain de chasse privilégié pour certains. Savoir rester neutre et résolument accroché à l’intérêt général, parfois envers et contre tout, est devenu la vraie résilience de fond à acquérir et conserver. Tout autre forme de résilience n’est pas forcément nulle mais reste clairement secondaire. Même l’instinct de survie professionnel ne doit pas primer sur l’intérêt général : il vaut mieux quitter une entreprise sur un désaccord d’éthique professionnelle que de s’embourber dans un jeu sans fin d’engrenages d’intérêts personnels.

Et puis ne soyons pas défaitiste ! Sans pour autant invoquer la religion (“le mauvais Karma va arriver”, “Dieu sera seul juge”,…) il est évident que les bassesses humaines en entreprise ne sont pas pérennes et  conduisent, au mieux au gâchis, au pire à un déclin précipité. De fait, une des très belles prises de conscience de notre société contemporaine est ce souhait de durabilité et ce refus du gâchis, quel qu’il soit: de l’écologie humaine intégrale au nouveaux modes de production.

A ceux qui ont le cuir solide et le courage d’affronter la vague de la vérité, je tire mon chapeau et je leur annonce que ce soft skill ne pourra in fine que leur être bénéfique, malgré les péripéties inévitables dans un monde professionnel bien évidemment imparfait.

A ceux qui attaquent sans fondement et dans une volonté de nuire, ne vous étonnez pas que la balle tirée se plante dans votre propre pied au bout du compte !

Et pour conclure avec le choix de la photo, les bons surfeurs n’ont pas peur de la vague, les meilleurs surfeurs restent vigilants et savent comment réagir face aux requins: il y en a souvent sur les très beaux spots

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Crédit Photo : l’excellent Geoffroy Pasquier avec son site ici.