L’innovation : un aimant qui attire toutes les entreprises, même celles dépourvues de champ magnétique… !

Triptyque / La passion de la transformation par et pour l’innovation – 3/3

Après avoir parlé de la passion et de la transformation, voici venu l’innovation:

Depuis les années 90’s, les cycles de transformation-mutation des entreprises se sont accélérés à la fois pour suivre la course au profit dans l’éclosion des nouvelles technologies mais aussi dans une nouvelle course qui est celle de l’innovation ou, du moins, celle d’obtenir une réputation d’entreprise innovante…

De la même manière qu’on ne peut déclencher les passions en entreprise ou se décréter corporate transformers c’est-à-dire une entreprise en pleine maîtrise de ses transformations ; l’innovation ne se stimule pas aisément.

L’innovation c’est d’abord et avant tout un travail de forgeron. C’est en forgeant qu’on devient forgeron : c’est en s’éreintant à alimenter le feu, remplir le creuset, tenter de donner une forme au métal, en échouant et en recommençant que l’on finit par y arriver. Le nombre de coups de marteau et le poids du métal “perdu” entre un bloc de métal en fusion et le travail fini (un couteau de prestige réalisé par une coutellerie d’exception par exemple) c’est autant d’énergie et d’investissement nécessaires. L’innovation commence donc par un investissement de temps et de travail et donc d’argent.

Mais innover c’est bien plus qu’un verbe ou un élément de stratégie d’entreprise, c’est ce tuteur qui soutient la transformation de la plante en croissance à partir d’une graine de passion solidement enracinée. Notre monde du travail a vu fleurir des postes de Directeur d’Innovation ou des départements dédiés qui ont eu, à mon sens, un effet ring-fencing (isolement par une muraille de Chine) au lieu de promouvoir le partage et la dissémination d’idées et d’actions créatrices.

En physique, les matières non-magnétique (Or, Argent, Cuivre, Laiton, Aluminium, Zinc, etc.) ne peuvent générer de champ magnétique : dans l’entreprise, une bonne stimulation de l’innovation commence par une observation approfondie de l’environnement. Les personnes, sujets, systèmes, projets, qui semblent attirés naturellement l’un vers l’autre, sans incitation, sont les plus prometteurs en termes d’innovation.

Je serais curieux de voir à quel point les entreprises considérées comme innovantes se reposent en réalité sur quelques pépites individuelles pour produire de véritables innovations. L’envers du décor est hors de portée mais mon expérience de Conseil a déjà pu me confirmer que la sueur et la détermination comptent bien plus que le génie dans ce processus ardu de création de nouvelle valeur ajoutée. Quand j’accompagne des entreprises dans ce domaine, je constate souvent une (re)découverte de leurs propres fonctionnalités comme dans le cas d’un gros logiciel dont certains modules n’ont jamais été utilisés. Rien d’insurmontable donc, mais avant tout la nécessité d’un esprit d’exploration et d’observation aguerri pour savoir où aller et comment y aller.

Je repense à cet ami, grand chef cuisinier, qui a su marier passion, activité professionnelle en perpétuelle transformation (restaurateur puis traiteur puis enseignement puis jury et maintenant conférencier, to be continued…) et innovation car véritablement créateur et inventeur de nouvelles saveurs et de nouveaux concepts variés du visuel, à la texture ou à la technique d’agencement. Au final, que ce soit un repas préparé pour des Chefs d’Etat, des Dirigeants d’Entreprises, des touristes d’une autre culture, des amis (chanceux !) ou bien des pauvres qui viennent à la fin de son service, le plaisir de son travail est toujours partagé par tous.

Je repense à ces sourires ravis qui virent décoller Franky Zapata sur une plage de la Manche le 4 août 2019 pour réaliser cet exploit à la fois preuve d’intrépidité et de ténacité de toute une équipe.

Le détecteur de métaux précieux est à substituer par un détecteur de plaisirs partagés en entreprises !

En définitive l’entreprise, en tant qu’aventure humaine partagée, se doit de préserver et promouvoir les passions individuelles : elles s’avèrent souvent être professionnalisantes, nous permettent de nous remettre en question et d’évoluer en développant notre capacité de transformation, nous poussent agréablement et assurément sur les chemins de l’innovation.

***

Note sur la formule:

Si Passion = 0 => Innovation = 0

Si Travail = 0 => Innovation = 0

Si la Transformation >1 (soit plusieurs réalités possibles atteignables par des projets définis), elle a un effet démultiplicateur sur la création d’Innovation

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Thibaut Gallineau

Thibaut Gallineau est Consultant Indépendant à Genève pour les Services Financiers et les PME, sa curiosité intellectuelle l'a aussi poussé à devenir Enseignant-Chercheur et Professeur Associé dans plusieurs Business School et à créer avec des amis plusieurs entreprises. Marié et père de 5 enfants l'ennui ne fait heureusement pas partie de sa vie.

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