achats responsables

Achats responsables

Être plus durable, voici un objectif que de nombreuses communes et entreprises souhaitent atteindre. Mais devant l’ampleur de la tâche, il est parfois difficile de savoir par quoi commencer, et comment mettre en place des mesures qui ont véritablement de l’impact. Les achats sont une bonne entrée en matière au vu de la quantité de matériel concerné et des impacts, notamment énergétiques, qu’ils représentent. En Suisse, des centaines de milliers d’entreprises et de communes achètent quotidiennement des produits et des services nécessaires à leur bon fonctionnement. Ces achats, publics et privés, représentent plusieurs dizaines de milliards de francs dépensés chaque année.

Adopter une politique d’achats responsables est un levier efficace pour intégrer la durabilité au sein d’une commune ou entreprise. Par ailleurs, au vu de la quantité parfois conséquente d’achats réalisés par ces entités, une telle politique permet d’avoir un véritable impact, d’améliorer son empreinte environnementale et de montrer l’exemple.

Plusieurs domaines concernés

Mais acheter responsable et durable, qu’est-ce que cela veut dire exactement ? Cela signifie choisir des produits ou services qui respectent l’être humain, tiennent compte des exigences de la protection de l’environnement et favorisent le développement économique par la recherche d’efficacité, d’amélioration de la qualité, et d’optimisation globale des coûts (à court, moyen et long termes).

Quelques exemples concrets :

  • Papier : la production de papier engendre une consommation importante de ressources (bois, substances chimiques, eau, énergie) induisant des impacts environnementaux tels que la déforestation, les rejets de substances polluantes dans les eaux et dans l’air. En Europe, l’industrie de la cellulose et du papier est à l’origine de 40 millions de tonnes de CO2 par an, ce qui représente environ 1% des émissions totales. Utiliser du papier recyclé (tant pour le papier d’impression que pour les enveloppes, le papier toilette ou encore le papier essuie-mains) permet de limiter ces impacts, notamment une consommation d’énergie divisée par trois !
  • Informatique et appareils : ordinateurs, imprimantes, écrans sont autant de biens qui ont un impact important sur l’environnement au vu de leurs composants. Par ailleurs, ces objets sont souvent produits dans des conditions de travail indécentes (salaires minimes, heures supplémentaires, exposition à des substances toxiques, etc.). Il est ainsi primordial de se renseigner sur la provenance et les conditions de production de ces appareils.
  • Produits de nettoyage : les produits de nettoyage sont à l’origine de pollution environnementale à large échelle. C’est par exemple le cas des lessives contenant des phosphates, qui ont mené à l’eutrophisation1 des milieux aquatiques dans les années 1970-1990. Depuis, des mesures ont été prises. Mais cet exemple démontre bien l’intérêt de se pencher plus en détail sur la composition des produits de nettoyage, et de privilégier ceux qui ont un taux de biodégradabilité élevé.
  • Véhicules : les véhicules génèrent des impacts négatifs sur l’environnement et la santé. Il s’agit donc de choisir des véhicules qui minimisent au maximum ces impacts, particulièrement les émissions de CO2, les émissions de polluants atmosphériques ainsi que les émissions sonores.
  • Restauration : les communes et entreprises sont souvent responsables de cantines, et organisent des apéros ou des repas. Or l’alimentation a des impacts conséquents sur l’environnement. Une attention particulière doit par exemple être portée à la provenance des produits, à la saisonnalité, au mode de culture, ainsi qu’à la proportion de viande. L’eau en bouteille peut aussi facilement être remplacée par l’eau du robinet qui a l’avantage de consommer jusqu’à 1000 fois moins d’énergie pour arriver dans le verre du consommateur ! Les communes et entreprises peuvent également motiver leurs établissements partenaires à réduire le gaspillage alimentaire et à minimiser la consommation d’énergie interne associée à la logistique.
  • Évènement : lorsqu’un évènement est organisé, il est primordial de sensibiliser les organisateurs aux questions en lien avec la mobilité, l’alimentation et la gestion des déchets. Par exemple, vous pouvez les inciter (ou obliger) à mettre en place un plan de mobilité ou utiliser de la vaisselle réutilisable.
  • Et en voici d’autres : mobilier, vêtements, nuitées hôtelières et hébergement collectif, prestations de déplacements, gestion technique et entretien des bâtiments, aménagement et entretien des espaces verts, prestations d’impression, sources lumineuses, etc.

Afin de mieux orienter ses choix en matière d’achats, il est intéressant de se fier aux labels. En effet, de nombreux labels existent, ils garantissent certains critères et permettent de faciliter le choix des biens à privilégier. Des guides ont également été créés afin d’aider les acheteurs dans leurs choix, c’est par exemple le cas du Guide des achats professionnels responsables élaboré par les Canton de Genève et Vaud ou du Standard Achats responsables de SuisseEnergie, spécifiquement dédié aux communes.

Les cadeaux d’entreprises

De nombreuses entreprises offrent des cadeaux en fin d’année ou des objets publicitaires. Afin que ces cadeaux s’inscrivent dans la démarche d’achats responsables, il est nécessaire d’y réfléchir plus en profondeur. Tout d’abord, ces cadeaux sont-ils véritablement nécessaires ? Ou serait-il envisageable de les remplacer par quelque chose de non matériel comme un don à un projet ou à une association par exemple ? S’ils sont maintenus, ils devraient être utiles (réfléchissez au nombre de cadeaux qui ne vous ont jamais servi ou que vous avez jetés après quelques jours déjà), durables (et de saison si cela s’applique), et provenir de commerces locaux. Ils devraient avoir utilisé peu de ressources et produit peu de déchets.

Le critère le plus important : l’évaluation du besoin

Mais un critère est encore plus primordial que tous les autres lorsqu’il s’agit d’achat : l’évaluation du besoin. Avant chaque achat, il est fondamental de se demander si cet achat est véritablement nécessaire ou s’il existe des alternatives. Par exemple, avant d’acheter un véhicule, on peut se poser la question de la nécessité réelle d’un tel achat et s’il n’existe pas d’alternatives comme l’auto-partage par exemple. Il est en effet urgent que nous diminuions la quantité de biens achetés afin de limiter notre impact énergétique et environnemental. Dans ce cadre, il s’agit également de faire durer le plus longtemps possible les produits achetés (par exemple, augmenter le plus possible la durée de vie d’un ordinateur avant d’en racheter un neuf).

Un autre aspect doit être également pris en compte dans ce genre de démarche : l’élimination des produits. Une fois qu’ils ont servi et ne sont plus utilisables, les produits doivent être éliminés ou recyclés de façon écologique.

Marchés publics durables

Près de 40 milliards de francs suisses sont dépensés chaque année par les collectivités pour les achats publics. Avec l’entrée en vigueur de la loi fédérale sur les marchés publics (LMP) début 2021, la prise en compte des critères de durabilité sociale, écologique et économique et non uniquement de rentabilité est mise en avant. Selon l’article 2 LMP, la loi a notamment pour but une utilisation des deniers publics qui ait des effets économiques, écologiques et sociaux durables. Les collectivités publiques ont ainsi le devoir d’adopter un mode de consommation durable. La nouvelle loi met par ailleurs l’accent sur une concurrence axée sur la qualité et exige que l’adjudication (art. 29 LMP) ne soit plus définie à l’avenir en fonction de l’offre « la moins chère » mais de l’offre « la plus avantageuse », à savoir en tenant compte, outre du prix et de la qualité de la prestation, des critères tels que les coûts du cycle de vie, le développement durable, le service après-vente, etc.

Ancrage de la démarche

Afin de pérenniser la démarche d’achats responsables, il est important de l’ancrer dans le fonctionnement de l’institution. Une décision de la direction ou des autorités communales permet d’ancrer la démarche. Il s’agit ensuite de former les responsables des achats et de contrôler la mise en œuvre de la démarche.

La démarche d’achats responsables peut aussi s’ancrer dans une démarche plus large de durabilité ou de responsabilité sociétale (RSE). La RSE se préoccupe des effets des activités des entreprises sur la société et l’environnement, et traite ainsi de thèmes tels que les conditions de travail (y compris la protection de la santé), les droits de l’homme, les intérêts des consommateurs, la fiscalité et la transparence, ou encore la préservation de l’environnement.

Un signal fort, tant à l’interne qu’à l’externe

Mettre en place une démarche d’achats responsables est également un très bon vecteur de sensibilisation, et incite à des changements de pratiques. Ceci tant à l’interne – les employés devant adapter leurs habitudes afin de respecter les nouveaux critères d’achats – qu’à l’externe et sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Une démarche d’achats responsables est ainsi un signal fort de la volonté de se diriger vers une société plus responsable et durable.

1 apport excessif de nutriments dans les eaux, provoquant une prolifération excessive des plantes et des algues, un appauvrissement en oxygène et un déséquilibre de l’écosystème.

 

Juliette Lerch

Rédactrice

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Romande Energie

Energéticien de référence et premier fournisseur d'électricité en Suisse romande, Romande Energie propose de nombreuses solutions durables dans des domaines aussi variés que la distribution d’électricité, la production d’énergies renouvelables, les services énergétiques, l’efficience énergétique, ainsi que la mobilité électrique.

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