La numérisation de la prévoyance : en mutation mais encore freinée

L’impact de la numérisation se fait ressentir dans tous les domaines. Qu’elle soit professionnelle ou privée, la prévoyance ne déroge pas à la règle. Progressivement et sans grande révolution du modèle d’affaires, elle s’est faite via l’optimisation de processus significatifs, en particulier au niveau du back office.

Les progrès de cette numérisation ont permis aux caisses de pensions, banques et assureurs de faire d’importants gains d’efficience, d’augmenter la qualité des prestations et de maîtriser la gestion des risques. Cette efficience engendre également une baisse des coûts de gestion bienvenue dans un marché très compétitif.

Un front office encore en développement

Toutefois, le dernier maillon de cette chaine de valeur, c’est-à-dire l’interaction avec l’assuré ou le client final (front office), reste encore soumis à des freins. Par exemple, les échanges via des formulaires papier ou PDF à signer sont encore nombreux. Mais jusqu’à quand ?

Dans le domaine de la prévoyance professionnelle, des petites innovations s’amorcent. En effet, il est nécessaire désormais de numériser et d’automatiser les demandes des assurés comme, par exemple, les retraits des avoirs de prévoyance. Les technologies telle que la signature électronique permettront de faire des avancées considérables dans les prochaines années et d’accélérer la numérisation dans le secteur de la prévoyance professionnelle.

L’engouement des start-up financières

Dans le cadre de la prévoyance privée, nous avons observé l’émergence de quelques start-up financières proposant des produits d’un pilier 3a totalement digitalisés. Que ce soit de l’inscription à la gestion du compte souvent liée à des fonds ou même à des cryptomonnaies, tout le processus est numérisé. Certaines de ces solutions intègrent des fonctionnalités intéressantes comme des outils communautaires pour la centralisation des frais de gestion.

Les assureurs dont Retraites Populaires lancent des possibilités de souscrire à des polices de 3e pilier en ligne. Ces solutions s’adressent à un public relativement jeune, les fameux digital natives, particulièrement habiles avec les nouvelles technologies et leur téléphone mobile. Sauf qu’il est nécessaire d’aller au-delà de la simple ouverture de comptes 3a sympathiques ou à la gestion de ces fonds grâce à une app.

Souvent, les clients se trouvent dans l’embarras face à la multitude de solutions disponibles. C’est pourquoi, il est nécessaire d’aller en profondeur et d’offrir des conseils ou informations personnalisés. En effet, les demandes peuvent concerner l’impact fiscal des montants versés, ou l’implication de membres de la famille dans le cadre d’une succession, etc. En ce sens, offrir un service de conseil en prévoyance privée totalement digitalisé s’avère être un réel défi, mais se transforme en véritable plus-value.

L’information et le conseil au centre

En attendant que ce défi soit relevé, les acteurs de la prévoyance se doivent d’offrir à leurs assurés ou clients les informations sur les prestations de prévoyance que chacun recevra à la retraite, soit une vue consolidée du 1er, 2e et 3e pilier. Une solution numérique permet de présenter les informations de façon simple et compréhensible.

Retraites Populaires a déjà fait le premier pas en consolidant les informations du 2e et 3e pilier de ses propres assurés. Cette plateforme permet d’accéder à ces données en tout temps, de projeter des simulations en vue de la retraite et offre aux assurés davantage d’autonomie. Il ne manque plus qu’à intégrer les données du 1er pilier quand les caisses de compensation seront prêtes à les mettre à disposition de ses clients, mais aussi celles des autres prestataires de prévoyance.

En effet, un assuré ou client est susceptible d’avoir plusieurs comptes, fonds, assurances auprès d’autres prestataires. En résumé, les données sont la clé pour atteindre ce but… Reste toutefois la question de la diffusion de ces données. Quel prestataire serait disposé à mettre les données clients sur une plateforme commune afin d’offrir aux utilisateurs une vue totalement consolidée de leur situation ? Seul le temps nous le dira.

 

Judith Granat

Directrice

Responsable de la Division marketing, conseil et communication

Partager

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *