Environnement, Social, Gouvernance (ESG): n’oublions pas le S !

Les investissements socialement responsables (ISR) se sont transformés en une véritablement tendance de fond. Aujourd’hui pas une banque, une compagnie d’assurances ou une institution de prévoyance qui ne mette en évidence ses actions pour devenir un investisseur encore plus responsable. A ce titre, Retraites Populaires et les autres caisses de pension en gérance reflètent cette tendance depuis des années déjà.

Consciente de sa responsabilité en tant qu’investisseur institutionnel, Retraites Populaires a intégré le développement durable dans son cœur d’activité en mettant en place une politique d’investissement responsable. A tel point qu’en 2015, elle a renforcé son engagement en adoptant une Charte d’investissement responsable et a adopté cinq ans plus tard, une stratégie climatique.

Une pression “verte”

De manière générale, cette tendance apporte des résultats extrêmement concrets et encourageants. Les investissements socialement responsables se déclinent selon trois dimensions traditionnelles : les fameux critères ESG.

Le critère environnemental, correspondant au E d’ESG, prend en compte les émissions de CO2 et de gaz à effet de serre, la gestion des déchets, les économies d’énergie et la prévention des risques environnementaux. Ce critère est fréquemment prioritaire pour les investisseurs. Il se décline en de nombreuses initiatives pour exiger que les multinationales s’engagent à réduire leurs émissions de CO2. En Suisse, la Fondation Ethos, porte-parole des caisses de pension, a exigé de Nestlé et Holcim pour qu’elles prennent des engagements devant leurs actionnaires. Les caisses de pension les plus avancées définissent une stratégie climatique qui fixe des objectifs précis de diminution de l’impact carbone dans leur politique d’investissement, au cours des prochaines années.

Sortie du charbon

Le critère de gouvernance concentre ses efforts sur le bon fonctionnement du conseil d’administration et de la direction d’entreprise. Il s’assure notamment de la répartition des compétences et des genres dans le Conseil d’administration. Il prend notamment en compte la transparence de la rémunération des dirigeants de l’entreprise et la lutte contre la corruption.

Dans ce domaine également de nombreux progrès ont été réalisés au cours des dernières années. Lors de la dernière assemblée générale du groupe pétrolier ExxonMobil, un groupe d’actionnaires composé d’un hedgefund et d’investisseurs institutionnels a réussi à imposer l’élection de deux nouveaux administrateurs sensibles à la mise en œuvre d’une stratégie visant à limiter durablement les émissions de gaz à effet de serre. Lors de l’assemblée de Credit Suisse, une demande de planning destinée à la sortie du financement des activités liées au charbon a été présentée.

Assurer une véritable harmonie

Si les dimensions environnementales et sociales sont davantage considérées, celle concernant le social qui prend en compte les conditions de travail, le respect du droit des employés, la prévention des accidents, la formation du personnel, la chaine de sous-traitance ou encore le dialogue social est beaucoup trop souvent laissée de côté. Les voitures électriques jouissent actuellement d’une belle aura et sont de plus en plus présentes sur nos routes. Elles ont cependant des zones d’ombre. L’extraction des minerais nécessaires à la production des batteries ne respecterait parfois pas les droits sociaux élémentaires des travailleurs. Les conditions de travail sont souvent inacceptables. La décision des investisseurs de renoncer aux investissements dans les mines de charbon a un impact favorable immédiat sur un bilan carbone. Mais qu’en est-il de la situation des mineurs licenciés brutalement sans possibilité de reconversion ?

A ce titre, il est primordial de prendre également la dimension sociale dans le cadre d’une politique ISR. Les trois dimensions doivent être prises en compte de manière équilibrée pour assurer que des travailleurs défavorisés ne soient pas les victimes collatérales des bonnes intentions des investisseurs responsables.

Heureusement, des initiatives se développent pour inclure également la dimension sociale. Par exemple, la Workforce Disclosure Initiative qui réunit des investisseurs institutionnels vise à mesurer les pratiques sociales des principales sociétés actives au niveau mondial. Grâce à ce type d’initiatives des progrès sont réalisés, mais le chemin est encore long et semé d’embûches.

 

Philippe Doffey

Directeur général

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