Un réservoir de productivité inexploité qui s’avère être bon vaccin anti-crise

Faire chuter l’absentéisme en boostant la productivité est à la portée de tous. Dommage que peu de cadres connaissent cette recette simple mais diablement efficace !

Il existe une stratégie managériale simple qui a pour effet, selon une étude bien documentée de Gallup, de réduire l’absentéisme de 41%, d’augmenter la productivité de 17% et les profits de 21%. Grâce à cette approche, la réduction de l’absentéisme est obtenue sans usine à gaz ou système de suivi personnalisé des absentéistes, comme c’est actuellement souvent préconisé.

Les collaborateurs engagés créent un cercle vertueux

Parmi les autres effets vertueux de cette approche managériale, je cite une réduction de 70% des accidents du travail, de 40% des défauts de qualité, de 59% de la rotation du personnel. Et pour couronner le tout, il y a en prime une augmentation du chiffre d’affaires à concurrence de 20%.

La recette pour obtenir tous ces « goodies » est simple : il suffit d’avoir des collaborateurs engagés. L’ennui est qu’une étude récente menée en Suisse romande montre que près de 80% des collaborateurs ne sont pas aussi engagés que ce qu’ils pourraient être. Leur manque d’engagement prive ainsi la plupart des entreprises d’une bonne partie des bénéfices susmentionnés.

L’engagement est ainsi de manière évidente le nerf de la guerrre. Comme je me suis efforcé de le montrer dans mon dernier livre, il n’y a pas de recette unique pour obtenir de l’engagement. Il y a toutefois plus d’une cinquantaine de leviers qui peuvent être activés pour augmenter ou, au contraire, diminuer le niveau d’engagement de ses équipes. Chaque cadre doit ainsi trouver l’approche qui lui convient, étant entendu que la seule chose qui compte est le niveau d’engagement finalement obtenu.

Le job d’un cadre étant en effet d’obtenir l’engagement de ses équipes, il apparait indispensable de vérifier quel niveau il l’obtient. Pour aider ceux qui veulent le mesurer, nous avons mis un outil gratuit à disposition du public : www.EazyMirror.com. Il permet de mesurer le niveau d’engagement en préservant de manière absolue l’anonymat des répondants.

Les effets du strengths-leadership

Parmi tous les leviers qui permettent d’améliorer le niveau d’engagement des collaborateurs, il y en a toutefois un qui est peu connu mais qui donne des résultats spectaculaires : l’exploitation des forces de chaque collaborateur. Gallup indique qu’elle multiplie le niveau d’engagement par… six. L’étude de Gallup (qui vend le test Strength-Finder) ne prenait même pas en compte les effets de la version améliorée de la démarche (Strengths-leadership) qui donne des résultats encore plus impressionnants. Celle-ci exploite les découvertes récentes de la psychologie positive.

N’étant moi-même pas compétent pour animer des ateliers de strengths-leadership, je peux témoigner en toute liberté de l’impact de ces ateliers dans les programmes MicroMBA que j’anime, notamment chez Romandie Formation dont PME Magazine a mentionné quelques projets mis en œuvre.

Les participants affirment de manière unanime que l’expérience vécue dans les ateliers de strengths-leadership animés par Patricia Torres ont été une découverte qu’ils ont particulièrement appréciée. Le dispositif d’identification des forces de chacun mis au point par Patricia Torres les amène à se focaliser sur leurs forces plutôt que de s’épuiser à essayer de combler leurs lacunes. Après la prise de conscience de leurs forces, les participants à l’atelier de strengths-leadership apprennent à mieux en tirer parti au sein de leur équipe. L’impact sur leur motivation a pour effet de booster la productivité tout en améliorant grandement la gratification qu’ils retirent de leur travail. Ces ateliers contribuent aussi à améliorer la dynamique d’équipe et la qualité des relations entre ses membres.

Le strengths-leadership a aussi un énorme avantage : la prise de conscience de leurs forces conduit les participants à considérablement augmenter leur niveau de confiance en eux, ce qui les rend aussi plus résilients. En période d’incertitude sociale et économique, comme c’est le cas actuellement, augmenter la confiance en eux des collaborateurs est le plus beau cadeau qu’on puisse leur faire. Ils sont d’ailleurs toujours reconnaissants à leur employeur de leur faire ce cadeau. Mais c’est aussi un cadeau pour l’employeur car des collaborateurs résilients augmentent la résilience de l’entreprise.

A part aider les participants à mieux réussir leur projet d’innovation ou de changement, mon objectif en introduisant les ateliers de strengths-leadership dans le dispositif MicroMBA était de faire expérimenter aux participants un outil dont ils pourraient ensuite faire bénéficier leurs équipes. Il est amusant de constater que la plupart des participants abordent l’atelier avec scepticisme en se disant qu’ils se connaissent suffisamment bien et qu’ils n’ont pas besoin qu’on leur dise quelles sont leurs forces. Ils réalisent rapidement que ce n’était pas le cas. Ils apprennent surtout à mieux comprendre l’impact de leurs forces sur les autres, qui est d’ailleurs parfois négatif, ainsi que sur les relations avec leurs collègues.

Après plusieurs années d’ateliers strengths-leadership dans les MicroMBA, je suis arrivé à la conclusion que le strengths-leadership est un excellent complément aux Chartes d’équipe engagée dont j’ai déjà parlé dans une chronique précédente. Chacun de ces dispositifs à lui seul booste le niveau d’engagement mais la combinaison des deux est magique.

Ils représentent ensemble la meilleure protection contre les effets d’une crise comme celle du covid-19. Investir dans la résilience de ses équipes est le meilleur vaccin pour les entreprises.

Comment réinventer les pratiques managériales dans un contexte de confinement

Plutôt que de subir, les managers confrontés aux bouleversements résultant du confinement peuvent choisir de revisiter leur pratique managériale. En activant les leviers de la résilience et testant d’autres manières de faire, ils peuvent préparer un futur plus gratifiant.

La plupart des gens perçoivent le coronavirus comme une menace mais il y en a aussi qui vont en tirer parti. En tant que cadre, le confinement est pour vous une opportunité qui ne se présentera vraisemblablement pas une deuxième fois.

Il y a d’abord l’opportunité d’exploiter les nouveaux besoins suscités par la crise coronavirienne. Mieux que « stocker des désinfectants ou du papier hygiénique pour les revendre à prix d’or » (sic), vous pouvez proposer des prestations à distance. Ou, encore mieux, vous pouvez repenser votre modèle d‘affaire sur la durée. Ce fut par exemple le cas de Lin Qingxuan, une société chinoise qui après avoir dû fermer 40% de ses boutiques à cause du virus, a doublé son chiffre d’affaires après avoir transformé ses esthéticiennes en influenceuses en ligne. Un bel exemple de résilience.

La première composante de la résilience, c’est justement de rebondir face à l’adversité. Pour cela, il faut savoir identifier et analyser les opportunités pour les exploiter avec succès, y compris au sein de son entreprise. C’est l’essence de l’agilité, dont nous enseignons les outils dans le CAS in Entrepreneurial Management de l’Université de Genève et dans le MicroMBA en management entrepreneurial de Romandie Formation.

La deuxième composante de la résilience, c’est d’être capable de puiser dans ses ressources personnelles. Pour ceux qui souhaitent en tirer le meilleur parti, je connais des coaches qui aident à les identifier et les mobiliser.

Vous avez enfin une troisième composante qui est à la portée de chacun : remettre en question votre mode de fonctionnement pour monter en puissance. Parlons-en !

Le confinement a un grand mérite : en faisant exploser toutes les règles du jeu, il force les gens à agir et interagir autrement. Tous les employés qui n’ont pas une nécessité impérative à se trouver à un endroit donné sont invités à télétravailler depuis chez eux. Des milliers de dirigeants qui considéraient jusqu’à hier que le télétravail était un sacrilège impensable ont capitulé du jour au lendemain. Ne pouvant plus surveiller leurs collaborateurs, ils ont été contraints de leur faire confiance.

Ils réalisent, contraints et forcés, qu’on peut travailler autrement. Je le fais d’ailleurs depuis des années : mon assistante qui gère très efficacement la logistique de tous les programmes de formation que j’anime dans le monde se trouve à… Prague. Nous avons même travaillé ensemble les deux premières années sans jamais se rencontrer. Après cinq ans de collaboration et une seule rencontre physique – pour avoir le plaisir de se voir une fois -, je suis enchanté de son travail et je n’ai rien à lui reprocher. Le résultat est hautement gratifiant, tant pour elle que pour moi. Ce succès repose avant tout sur une confiance mutuelle qui a pu être établie sans jamais partager le même bureau. Cet exemple vécu montre l’intérêt de miser sur la confiance.

Comme le confinement impose de fonctionner autrement, il offre une merveilleuse opportunité de tester d’autres manières de faire. Ces tests se faisant auprès de personnes qui, en raison du confinement, sont bienveillantes, elles vous pardonnent d’office un éventuel manque d’expérience. Ce serait dommage de se priver de ce bac à sable où les erreurs sont pardonnées. Le vrai talent sera d’en tirer parti de manière durable pour augmenter la productivité et le niveau d’engagement des collaborateurs.

En ce qui me concerne, le changement ne portera pas sur le télétravail qui est déjà acquis mais sur l’animation de cours à distance que j’ai commencés cette semaine. Ce n’est pas encore parfait mais chaque intervention est meilleure que la précédente. Grâce au confinement, les participants sont bienveillants et pardonnent mes erreurs de jeunesse. Enseigner à distance m’impose évidemment de sortir de ma zone de confort mais, en fin de compte, ce sera pour mon bien et celui de mes clients. Je peux ainsi étoffer mon offre de prestations en incluant des cours en ligne.

Pourquoi ne profiteriez-vous pas aussi de ce confinement pour revisiter votre manière de diriger. Si vous ne savez pas par où commencer, je peux déjà suggérer la lecture de mon dernier livre « Les leviers de l’engagement – 54 bonnes pratiques pour entrainer, inspirer et réussir ensemble* ». Il remet justement en question beaucoup de pratiques managériales traditionnelles en suggérant des voies alternatives qui sont surtout plus gratifiantes. Comme il invite les lecteurs à contaminer leur entourage par la pratique d’un leadership équitable et bienveillant, vous pourrez même devenir un… virus (bienveillant).

Compte tenu de toutes les marques de bienveillance manifestées pendant cette crise, le manque de bienveillance et/ou d’équité ne sera d’ailleurs vraisemblablement plus toléré dans les organisations. Surfer sur la vague de la bienveillance sera une magnifique opportunité de repartir sur des bases plus saines.

 

* « Les leviers de l’engagement – 54 bonnes pratiques pour entrainer, inspirer et réussir ensemble », Raphael H Cohen, novembre 2019, Editions Eyrolles, Paris