Performances économiques: Vaud peut mieux faire!

Zoug, Bâle-Ville et Zurich trustent le podium de l’Indicateur de compétitivité des cantons d’UBS. Celui de Vaud figure au septième rang de ce classement, mais à «une distance considérable» du trio de tête. Voilà qui suscite bien des interrogations.

Premier canton romand juste devant Genève, certes, mais septième à l’échelle suisse: le canton de Vaud peut faire une lecture contrastée des résultats de l’Indicateur de compétitivité des cantons (ICC) 2023 qu’UBS vient de publier. Cet instrument, qui classe les cantons les plus performants de la dernière décennie sur le plan économique et dresse leur potentiel de croissance sur le long terme, place Zoug, Bâle-Ville et Zurich sur le podium. L’arc lémanique, qui peut se vanter d’avoir déplacé le curseur du développement économique vers l’ouest du pays depuis deux décennies, se situe toutefois à «une distance considérable» du trio de tête alémanique précité. Doit-on s’en inquiéter?

Cela dépend des domaines considérés. L’ICC se base sur l’analyse comparative de huit critères thématiques totalisant 57 variables au total. Ces dernières sont pondérées et agrégées, de sorte que chaque canton reçoit pour chaque critère un score entre 0 et 100. S’agissant de l’innovation, Vaud figure à un honorable 4e rang, derrière Zoug, Bâle-Ville et… Neuchâtel. Au niveau du marché du travail, de l’accessibilité et du bassin de réception, qui décrit le nombre de personnes pouvant accéder à une certaine zone dans un temps donné, le Canton reste dans la première partie du classement.

En revanche, Vaud obtient des résultats mauvais, voire très mauvais, pour ce qui est l’environnement des coûts (niveau de loyer des surfaces pro­fessionnelles, prix de l’énergie, salaires ainsi que taux d’imposition, 23e rang) et les finances publiques (niveau d’endettement, investissements nets, coût moyen des intérêts, lourdeur de l’appareil administratif, couverture des caisses de pension de droit public, 19e rang).

Fiscalité pénalisante

Sans surprise, le taux d’imposition individuelle vaudois très élevé constitue un frein à l’attractivité du Canton. Et ce ne sont pas les «mesurettes» annoncées par le Conseil d’Etat – réduction pérenne de 2,5% de l’impôt cantonal sur le revenu des personnes physiques, amendée par la Commission des finances du Grand Conseil à 4,5% -, qui vont y changer grand-chose. Sur ce point, seule l’initiative «Baisse d’impôts pour tous: redonner du pouvoir d’achat à la classe moyenne» des associations économiques, dont la CVCI, contribuera à doper notre compétitivité. Elle vise à réduire de 12% la facture fiscale cantonale des personnes physiques tant au niveau du revenu que de la fortune. Il faudra s’en souvenir lorsque notre initiative sera soumise au peuple, probablement l’an prochain.

De manière générale, notent enfin les auteurs de l’ICC, la Suisse occidentale et la Suisse méri­dionale ont été confrontées à une faible augmentation de la productivité durant la dernière décennie et ont également reculé en termes de potentiel de ressources. «En tant que can­ton le plus compétitif de Suisse romande, le canton de Vaud est le mieux placé pour regagner du terrain dans ce domaine», lit-on encore. Mais il y a du boulot!

Le maintien et le développement de bonnes conditions-cadres demeurent les garantes de la prospérité des entreprises, dont bénéficie largement la société dans son ensemble.

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La porte d’entrée des PME vers la durabilité

Le Canton et les associations économiques, dont la CVCI, lancent la plateforme numérique Viva. Ce portail permet aux entreprises de s’informer sur les différents enjeux durables et les aides financières qui peuvent accompagner leurs démarches.

S’engager sur la voie de la durabilité est devenu impératif pour l’économie à l’aune des défis climatiques et énergétiques qui se profilent. Mais comment procéder? Les entreprises vaudoises disposent depuis peu d’un outil précieux pour s’inscrire dans une telle démarche: la plateforme Viva. Ce portail, initié par l’Etat de Vaud et soutenu par les associations économiques cantonales, rassemble une communauté d’entrepreneurs conscients de l’économie de demain.

Cette plateforme numérique permet aux entreprises de prendre connaissance des différents enjeux de la durabilité et des aides financières qui peuvent accompagner leurs démarches. Elle invite en outre à la collaboration et au partage d’expériences. «Tout comme il y a dix ans avec la création d’Innovaud, le canton de Vaud se dote aujourd’hui d’une porte d’entrée vaudoise de l’économie durable qui cartographie les soutiens et valorise les initiatives des entreprises en matière de durabilité », a déclaré Raphaël Conz, directeur du Service de la promotion de l’économie et de l’innovation (SPEI), lors du lancement du portail.

Cette plateforme fait partie d’un ensemble de mesures destinées à soutenir la transition de l’économie vaudoise vers la durabilité. Elle est financée par le Fonds de soutien à l’économie durable, rattaché au SPEI. Doté de 25 millions de francs, il est notamment destiné à soutenir les mandats d’accompagnement en durabilité, les projets collaboratifs durables, ainsi que le développement de nouvelles offres durables. De nombreuses sociétés ont déjà bénéficié de ces trois types d’aides financières directes.

Un complément précieux

Si ces aides ont leur raison d’être, la création d’une plateforme d’informations représente un complément précieux pour accélérer le mouvement au sein des entreprises. Dans l’une de ses récentes études conjoncturelles, la CVCI a d’ailleurs constaté que le manque de ressources compétentes à l’interne, ainsi que le manque d’informations pour enclencher le processus, représentent pour les entreprises des écueils importants à la mise en place d’actions – ou de projets – de nature durable.

Le lancement de la plateforme Viva constitue aussi une invitation à tous les acteurs économiques vaudois à rejoindre la dynamique de cette communauté. La campagne de communication sur cette plateforme ne fait que commencer. Elle s’ajoute aux différentes démarches entamées par la CVCI pour répondre aux changements induits par le développement durable.

https://www.viva-vaud.ch/

Oui, environnement et économie riment

La «loi climat» constitue un compromis entre des mesures favorables à l’environnement et aux entreprises. La protection climatique serait renforcée grâce à des objectifs intermédiaires et à long terme, des investissements et la promotion de l’innovation.  

Il y a deux ans le peuple suisse rejetait certes de justesse, mais avec fracas la loi sur le CO2, compliquant l’atteinte des obligations internationales en matière climatique de notre pays. Donné gagnant par les instituts de sondage, ce texte avait fini par perdre des partisans au fil des semaines. Les arguments financiers avancés par les opposants avaient fait pencher la balance dans une période de crise marquée par le coronavirus.

Le 18 juin prochain, les citoyens auront l’occasion de se prononcer sur un projet qui aura longuement occupé le Parlement: la loi fédérale sur les objectifs en matière de protection du climat, sur l’innovation et sur le renforcement de la sécurité énergétique. Cette loi constitue un pur produit de compromis helvétique sous forme de contre-projet à l’initiative pour les glaciers. Elle est d’ailleurs soutenue par la grande majorité des partis et les associations économiques, car elle permettrait à la Suisse d’affirmer ses engagements. La protection de l’environnement serait renforcée grâce à des objectifs intermédiaires et à long terme, des investissements et la promotion de l’innovation. Les entreprises artisanales et industrielles qui utilisent des technologies innovantes à des fins de production ménageant le climat bénéficieraient d’un soutien s’élevant à 1,2 milliard de francs. L’économie, il faut le rappeler, fournit déjà des efforts conséquents puisqu’elle a déjà réduit ses émissions de plus de 30% depuis 1990. Cette manne contribuerait donc à soutenir cette démarche.

Dépendance aux énergies fossiles réduite

Par ailleurs, ce texte propose des mesures concrètes incitant au remplacement des chauffages. L’assainissement des bâtiments, à titre d’exemple, est encouragé pour améliorer l’efficacité énergétique. Le remplacement des chauffages fonctionnant au mazout, au gaz ou à l’électricité sera encouragé à hauteur de 2 milliards de francs. La Suisse prendrait ainsi la direction de la neutralité carbone sans nouvelles interdictions ou taxes. La «loi climat» diminuerait notre dépendance vis-à-vis du pétrole et du gaz importés de l’étranger.

La Suisse a signé et ratifié l’Accord de Paris de 2015, qui vise à réduire à zéro net les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050. Elle doit se donner les moyens d’y parvenir. Dans ce contexte, la CVCI soutient ce contre-projet. Moins restrictif que l’initiative pour les glaciers, ce texte est davantage orienté vers des solutions pragmatiques en phase avec les réalités que vivent les entreprises.

Il faut être clair: un rejet coûterait cher à la collectivité dans la mesure où la Suisse devra, tôt ou tard, respecter les Accords internationaux qu’elle a ratifiés. Il faut agir pour le climat et cette loi constitue sans nul doute un instrument adéquat pour poursuivre des efforts indispensables. Protéger le climat, c’est aussi saisir les opportunités qu’offre cette législation aux entreprises et aux particuliers pour un développement économique encore plus durable.

J’ajouterais enfin que le succès de la politique de décarbonation suppose la sécurité de l’approvisionnement en énergie à faibles émissions, comme l’électricité en priorité. Sa production doit donc être garantie, à défaut de quoi toute ambition climatique sera vouée à l’échec.

Un partenaire indissociable des entreprises

La Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie célèbre cette année ses 125 ans d’existence. Pour notre association, c’est l’occasion de revenir sur une longue et riche histoire qui se confond avec le développement économique du Canton.

Faites le test en vous promenant: demandez aux passants ce qu’est une Chambre de commerce et à quoi elle sert. Il y a bien des chances que la plupart de vos interlocuteurs ne sachent pas répondre à cette question. Et pourtant, ces associations de droit privé constituent un partenaire indissociable du monde de l’économie. La Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI), qui célèbre ses 125 ans cette année, n’a ainsi cessé de développer ses services pour le bien de ses membres et la prospérité du Canton.

La CVCI est ainsi active dans des domaines aussi divers que les caisses sociales, les services juridiques, la certification des exportations, la conjoncture, l’innovation, la formation professionnelle,  ainsi que dans l’appui aux entreprises, qu’il s’agisse de PME ou de multinationales. Cette année de jubilé nous donne l’occasion de mesurer le chemin parcouru par une association forte aujourd’hui de 3300 entreprises membres représentant le tiers des emplois privés du Canton.

Un appui solide pour les entreprises

A côté de toutes ces activités et de ces services, la CVCI a par ailleurs organisé des centaines de manifestations qui permettent de réseauter et d’accompagner les entreprises dans leur développement. Pendant la longue période du Covid, notre Chambre a plus que jamais justifié son existence en apportant appui, conseils et réponses à des entreprises parfois submergées par le doute et inquiètes devant tant d’incertitudes. En cette année de jubilé, elle se réjouit d’aller à la rencontre des Vaudois aux quatre coins du Canton. Le point d’orgue de ces célébrations se déroulera le 10 mai prochain à Beaulieu Lausanne, où nos membres et invités pourront échanger dans une ambiance joyeuse.

La CVCI, qui ne bénéficie d’aucune subvention, dispose en outre d’une liberté de ton et d’une indépendance d’esprit qui lui permet de faire résonner la voix de l’économie auprès des autorités fédérales et cantonales. Ce lobbyisme se révèle indispensable à une époque où, malheureusement, certains croient utile de décrier le monde de l’économie. Ces gens-là oublient un peu vite que les entreprises contribuent, par la création de richesse et d’emplois, à l’essor et à la pérennité de la Suisse.

Les budgets, eux aussi, connaissent des hauts et des bas

Confédération en tête, les collectivités publiques annoncent des déficits budgétaires pour ces prochaines années. Le poids de la dette Covid, notamment, se fait sentir dans les comptes. Faut-il s’en inquiéter? Pas vraiment. C’est même une opportunité pour redéfinir certaines priorités.

Il en va des caisses de l’Etat comme de l’âme humaine: les hauts et les bas peuvent alterner avec une plus ou moins grande constance. L’essentiel consiste à remonter la pente. Les annonces de déficits à venir se sont ainsi succédé ces dernières semaines dans notre pays. Après 2020 et 2021, la Confédération a également clôturé ses comptes 2022 dans le rouge: le déficit de financement s’élève à 4,3 milliards de francs, soit un écart par rapport au budget prévu de 1,9 milliard. C’est la première fois depuis 2005 que Berne ne parvient pas à maintenir un déficit dans le cadre du frein à l’endettement.

En cause, évidement: les dépenses considérables en lien avec la pandémie de Covid-19 ces deux dernières années. Le budget fédéral devra donc être assaini. Des mesures d’économie sont inévitables et déjà prévues. Le canton de Vaud n’échappe pas non plus aux effets des crises, même si elles ont ici plutôt trait à l’Ukraine, à l’énergie, à l’inflation et à la BNS. Le Grand Conseil a approuvé fin décembre le budget pour cette année, déficitaire à hauteur de 230 millions.

C’est grave, docteur? Sans se lancer dans des théories économiques complexes, je dirais qu’il n’y a pas péril en la demeure. Et cela pour une raison simple qui a pour nom politique anticyclique. Son principe est simple: lorsque les temps sont durs, on baisse les impôts et on augmente les dépenses pour stimuler l’économie et le pouvoir d’achat alors qu’en période faste, on diminue les dépenses et on relève les impôts – dans une mesure sans démesure – pour constituer des réserves. Dans le domaine fiscal, Vaud excelle d’ailleurs.

Rééquilibrer les dépenses

Après plusieurs années de vaches grasses, nous voilà donc dans un creux conjoncturel. C’est l’occasion de mettre en œuvre une politique budgétaire adaptée aux circonstances, de rééquilibrer les dépenses et de définir de nouvelles priorités qui permettront à l’économie de sortir de l’ornière. Car c’est bel et bien elle qui contribue à la prospérité de la collectivité. L’Etat doit donc adopter des mesures fortes en matière de formation, d’innovation et renforcer les conditions-cadres, tout en réfrénant sa tendance à faire croître sans cesse son personnel et l’aide sociale.

Le canton de Vaud a prévu dans le budget 2023 des investissements d’un peu plus d’un milliard de francs, «un niveau encore jamais atteint» selon la grande Argentière, Valérie Dittli. Malgré ces investissements et le déficit budgétaire prévu, la dette cantonale devrait rester stable à 975 millions de francs. Pas de quoi s’alarmer pour l’instant.

A propos de mesure anticyclique, il vous reste encore trois petites semaines pour signer notre initiative «Baisse d’impôts pour tous: redonner du pouvoir d’achat à la classe moyenne», qui vise à diminuer de 12% l’impôt cantonal. Un bon moyen de redonner du souffle à la consommation et à l’économie.

L’égalité en matière de salaire se profile

Les entreprises de plus de cent personnes ont désormais l’obligation de se soumettre tous les quatre ans à une analyse de l’égalité salariale depuis la révision de la loi sur l’égalité. Les premiers résultats, réjouissants, montrent que les pratiques véritablement discriminatoires dans ce domaine sont rarissimes.

Celles et ceux qui se penchent sur les statistiques relatives à l’égalité salariale peuvent avoir le sentiment que celle-ci progresse à un rythme bien trop lent. C’est en tout cas ce que laissent entendre trop souvent les syndicats dans leurs messages. La lecture du communiqué de presse de l’Office fédéral de la statistique (OFS) du 22 novembre dernier est révélatrice de cette perception erronée. L’enquête suisse sur la structure des salaires de cet office révèle que les femmes gagnaient en moyenne 18% de moins que leurs collègues masculins dans l’économie générale, soit à peine 1% de mieux entre 2020 et 2022.

L’Union patronale suisse (UPS) dénonce ces statistiques et les déclarations sur les discriminations salariales, estimant qu’elles sont «extrapolées» depuis des années. «La comparaison nationale de l’ensemble des salaires des hommes et des femmes laisse en effet de côté des caractéristiques essentielles telles que l’expérience professionnelle effective», clame l’UPS. C’est si vrai que les premiers résultats connus de l’analyse de l’égalité salariale découlant de la révision de la loi sur l’égalité dépeignent un tableau bien plus positif et prouvent que les entreprises pratiquant une culture salariale discriminatoire sont rarissimes.

Grande crédibilité des entreprises

Une première analyse de l’Université de St-Gall démontre ainsi que 97% des entreprises examinées respectent les nouvelles prescriptions légales en vigueur depuis le 1er juillet 2020. Les retours d’expérience démontrent que les sociétés bénéficient d’une grande crédibilité en la matière, d’autant plus que les résultats de l’analyse salariale en entreprise sont vérifiés par un organisme indépendant. Les moutons noirs, car il y en a hélas toujours, ne sont pas légion.

L’égalité salariale se profile donc, les chiffres en attestent. Les entreprises sont conscientes de la nécessité de tendre rapidement vers cet objectif, d’autant plus que le marché du travail s’assèche, notamment en raison de la retraite massive des baby-boomers. Les entreprises suisses ont plus que jamais besoin des femmes. L’économie s’engage d’ailleurs pour davantage de places d’accueil de même que pour l’aménagement des horaires de travail. Des incitations dans le domaine de la fiscalité permettraient de renforcer ce mouvement. L’initiative fiscale vaudoise demandant une baisse de 12% de l’impôt cantonal, dont la récolte de signatures se poursuit avec succès, ainsi que le projet fédéral d’imposition individuelle, vont du reste dans ce sens.

Parlons d’Europe, haut et fort!

Le 6 décembre prochain, la Suisse «commémorera» les 30 ans du rejet de l’accord sur l’Espace économique européen, qui lui aurait permis de participer dans une large mesure au marché intérieur de nos voisins du continent. Le fameux «dimanche noir» comme l’avait décrit le conseiller fédéral Jean-Pascal Delamuraz appartient à l’Histoire. Depuis lors, notre pays a trouvé un chemin de traverse et tracé une voie bilatérale comprenant que l’Union européenne représentait son principal débouché économique. Les accords bilatéraux conclus en deux vagues, au tournant du siècle, ont permis à notre économie de prospérer comme jamais, en dépit de crises mondiales à répétition.

A l’image, parfois, d’un vieux couple, la Suisse et l’Europe ont pris depuis lors des chemins différents – enfin, surtout la Suisse – pour tout dire. En renonçant à l’accord-cadre l’an dernier, qui aurait permis de consolider nos relations avec l’UE, le Conseil fédéral a brisé cette entente pourtant si fructueuse. Sans accord institutionnel, notre industrie souffre désormais d’un accès toujours plus difficile au marché d’exportation européen, et l’économie de notre pays commence à en pâtir. Les accords risquent de s’éroder lentement, faisant peser la menace qu’ils tombent les uns après les autres. Et pendant ce temps, nos édiles fédéraux tergiversent et font même mine de bomber le torse. Une tactique que le Royaume-Uni de Boris Johnson, après le Brexit, a payé au prix fort. Aujourd’hui d’ailleurs, Albion songe à des relations à la Suisse avec Bruxelles.

En Suisse, corollaire du rejet de l’accord-cadre, celui sur l’électricité n’a pas pu être conclu, faisant craindre à notre pays des risques de pénurie que le conflit russo-ukrainien a encore exacerbés. Château d’eau de l’Europe, la Suisse souffre d’un manque chronique de production hydroélectrique en hiver, ce qui rend nécessaires des importations de courant européen pendant cette période. La sécurité de notre approvisionnement dépend donc en grande partie de la bonne entente avec nos grands voisins.

Un bilan assez désastreux

On le voit, ces relations compliquées et la décision abrupte du gouvernement débouchent sur un bilan pas loin d’être désastreux. Le dossier européen piétine et la perspective des élections fédérales dans moins d’une année ne va pas inciter les politiques à la témérité. Les appels des milieux économiques et académiques en faveur d’une relance de la voie bilatérale se brisent sur les murs d’un Palais fédéral dont les locataires semblent se complaire dans l’attentisme et les contradictions. Alors oui, il est plus que jamais temps de parler d’Europe!

C’est la mission que s’est fixé cet automne l’Alliance pour une Suisse ouverte+souveraine, dont fait partie la CVCI. Dans le but de sensibiliser l’opinion publique à l’importance des relations CH-EU ainsi que de maintenir la pression sur le Conseil fédéral, elle organise plusieurs événements. L’un d’eux, une conférence publique sur le thème «Suisse – UE: comment sortir de l’Impasse?», se tiendra le 1er décembre prochain à Lausanne, à18h à la Fondation ISREC. L’occasion de parler Europe et de faire entendre sa voie… bilatérale.

Dessine-moi un talent

 

Avec un chômage au plus bas, nous pourrions croire au plein emploi. Eh bien non! Des secteurs entiers de l’économie recherchent activement des collaborateurs. Dans certains d’entre eux, le Covid a manifestement laissé des traces, conduisant de nombreux professionnels à se réorienter vers d’autres activités. La restauration, l’hôtellerie et le secteur de la santé en souffrent aujourd’hui. Lorsque ce ne sont pas les réorientations, c’est tout simplement l’absence de formation adaptée ou de compétences précises qui fait défaut dans certaines branches. Ces derniers temps, le développement énergétique offre des exemples criants. On pourrait citer ainsi de nombreux domaines… Reste que les talents manquent.

Face à ce contexte et avec de plus en plus de difficultés à attirer les perles rares de l’étranger, l’occasion pourrait être saisie pour se tourner vers d’autres pratiques. Le canton de Vaud et la Suisse romande fourmillent de fondations ou d’associations pour l’insertion ou la réinsertion, qui de travailleurs de plus de 50 ans, de migrants ou de profils atypiques. La solution aux pénuries poussera peut-être les entreprises à franchir le pas d’un engagement conventionnel. Sortir du sentier battu des engagements sur la base de CV, pour franchir le pas et se tourner vers des profils inhabituels ne demandant qu’à faire profiter de leur motivation.

D’excellentes surprises

A l’heure où la diversité des profils, des approches et des parcours crée le dynamisme et l’innovation au sein des entreprises, ce type d’engagement présente toutes les facettes de l’audace mais très certainement d’excellentes surprises. Dernièrement la Fondation intégration pour tous (IPT) fêtait ses 50 ans. Cinquante années au service de l’emploi accompagnant des personnes dans l’évolution des parcours professionnels. Concilier les besoins et les exigences économiques avec les aspects humains: les profils atypiques constitueront peut-être l’opportunité du marché du travail de demain.