Quelle place pour les femmes dans les milieux politiques et économiques en 2021?

2021 a marqué les 50 ans de l’obtention du droit de vote fédéral des femmes en Suisse. Un demi-siècle plus tard, les revendications des femmes restent d’actualité, comme l’a notamment démontré la grève du 14 juin 2019, même si la situation évolue. Dans les milieux politiques, le nombre de femmes augmente régulièrement comme nous l’avons encore constaté lors des récentes élections. Un rapport sorti en mars 2021 montre que c’est également le cas dans les entreprises. En tant que députée fribourgeoise au Grand Conseil depuis 2007 et Directrice d’une Fédération Patronale et Economique, j’ai la chance d’observer ces évolutions de près.

 

Des pionnières inspirantes

Avec les 50 ans du droit de vote des femmes, de nombreux articles de presse ont récemment mis en lumière des femmes pionnières. Parmi elles, j’ai pu découvrir avec fascination l’histoire d’une fribourgeoise, Liselotte Spreng. Très engagée dans le mouvement pour le droit de vote des femmes, présidant même l’Association fribourgeoise pour le suffrage féminin dès 1967, elle a surtout été la première fribourgeoise élue à Berne, au Conseil national. Tout cela en 1971, quelques mois seulement après l’acceptation du suffrage féminin.

 

50 ans plus tard, nombre record de femmes en politique

Depuis 1971, le nombre de femmes actives en politique a continué d’évoluer avec un record atteint lors des dernières élections fédérales de 2019 (41,2% de femmes au Conseil national et 28,3% au Conseil des Etats). En ce qui concerne le canton de Fribourg, cette augmentation a également été visible. Par exemple pour le Grand Conseil, lors de mon arrivée en 2007, nous étions 24 femmes à siéger sur 110 membres. Un chiffre qui a ensuite chuté à 21 en 2011, pour remonter à 33 lors des dernières élections en 2016, ce qui représente 30% de l’ensemble de la députation. Les prochaines élections auront lieu en novembre 2021 et il semble très probable que ce pourcentage augmente encore. Plus d’informations au sujet de la représentation des femmes dans la politique fribourgeoise sont disponibles dans la brochure ci-dessous:

 

Bureau de l’égalité hommes-femmes (BEF) – Femmes et politique dans le canton de Fribourg 1971-2018

 

Bien entendu, si cette évolution durant les 50 dernières années est réjouissante, elle reste relativement lente et du chemin doit encore être parcouru pour renforcer la présence des femmes dans les milieux politiques, là où se prennent les décisions qui façonnent notre avenir.

 

Être une femme peut ouvrir des portes

Nous avons tendance à considérer le statut de femme comme un frein, que ce soit dans une carrière professionnelle ou en politique. Mais cela peut aussi être une opportunité qui offre des perspectives, par exemple quand le renforcement de la présence féminine est souhaité dans certains milieux. Lorsque cela arrive, il ne faut pas hésiter à saisir cette opportunité. De mon côté, au sortir de mes études, en 1995, ma première fonction publique accessoire a été celle de juge assesseur auprès du Tribunal d’arrondissement de la Glâne puis de la Gruyère. A ce moment-là, c’est sans doute le fait d’être une femme, en plus de ma formation de juriste, qui m’a ouvert cette porte.

 

Que ce soit dans la vie politique, économique ou associative, des occasions sont offertes aux femmes de s’engager pour influencer l’évolution de notre société.

 

Autre exemple personnel, j’ai fait mes premiers pas en politique en 2007 en adhérant à un parti et en étant élue quelques mois plus tard au Grand Conseil et ce, sans aucune expérience politique préalable. Afin de donner suite aux sollicitations, j’ai saisi cette occasion de m’investir au profit de la collectivité. J’estime avoir eu beaucoup de chance d’accéder rapidement à cette fonction politique et mon statut de femme active au sein des milieux économiques n’y est certainement pas étranger.

 

Une évolution encourageante dans l’économie

Et justement, dans les milieux économiques, où en est-on ? En tant que Directrice d’une Fédération Patronale et Economique, je suis avec intérêt l’évolution de la représentation des femmes dans les fonctions dirigeantes. C’est donc avec satisfaction que j’ai pris connaissance en mars dernier des résultats du schillingreport, qui étudie chaque année la composition des directions et conseils d’administration des cent employeurs suisses les plus importants, ainsi que les cadres supérieurs du secteur public, sous l’angle de la diversité des genres. Les résultats 2021 sont encourageants, avec des pourcentages encore jamais atteints jusqu’à présent.

 

Ainsi, dans les directions, la proportion de femmes a augmenté pour la première fois de trois points de pourcentage (+30%), passant de 10% à 13%. Dans le secteur public, le nombre de cadres supérieures se monte même à 21%. Et la proportion de femmes nouvellement nommées au sein des directions n’a jamais été aussi importante, se montant à 26% en 2020, soit un poste vacant sur quatre. Parallèlement, dans les conseils d’administration, la proportion de femmes a aussi atteint son niveau le plus élevé avec 24%. Sur la base de ces résultats, le constat de Schillingreport est réjouissant : « Après une longue phase de sensibilisation à la diversité des genres, la plupart des entreprises ont maintenant pris conscience des enjeux ».

 

En 2020, parmi les cent plus grands employeurs en Suisse, un poste de direction vacant sur quatre a été attribué à une femme, un taux qui n’avait encore jamais été atteint.

 

Les femmes doivent saisir les opportunités et prendre leur place

Il est ainsi satisfaisant de voir que l’évolution va dans le bon sens, avec des augmentations significatives ces derniers temps. Des pionnières nous ont ouvert la voie. Nul doute que cette tendance va se poursuivre ces prochaines années, avec plus de femmes à la fois dans les postes dirigeants des entreprises, mais également engagées en politique. De mon côté, j’encourage toutes les femmes intéressées à oser, à prendre des risques et à se faire confiance. Nous avons encore trop tendance à nous mettre nous-mêmes des barrières, en pensant que d’autres personnes sont plus aptes que nous. Il nous appartient de faire évoluer cet état d’esprit, d’être réceptives et de saisir les opportunités qui se présentent. Car, que ce soit dans la vie politique, économique ou associative, des possibilités sont offertes aux femmes de s’engager pour participer activement à l’évolution de notre société.