Les coulisses de la crise au sein d’une fédération patronale

La crise du coronavirus a bouleversé le quotidien des entreprises, tous secteurs confondus. Les fédérations patronales et associations faîtières n’ont pas fait exception. Pour informer, soutenir et indemniser leurs membres le plus rapidement possible, elles ont dû faire preuve de réactivité et de capacité d’adaptation. Comme exemple, voici le retour d’expérience de ces derniers mois à la FPE-CIGA à Bulle.

 

Un relais politique pour toutes les entreprises

Face à une crise telle que le coronavirus, les fédérations patronales se doivent de défendre les intérêts de leurs membres, quelles que soient la taille et les activités de ces entreprises. Chaque Fédération est en contact direct avec les autorités de son canton, auprès desquelles elle intervient activement pour demander des solutions pour les entreprises, et elle est le relai de ces inquiétudes sur le plan fédéral. Pour la FPE-CIGA, cela s’est traduit par des discussions avec la Direction de l’économie et de l’emploi de Fribourg afin de rapporter les préoccupations de nos membres. Nous avons également fait remonter les problèmes concrets rencontrés par les entreprises à nos organisations faîtières, leur demandant d’intervenir auprès du Conseil fédéral.

 

L’importance de la communication digitale

Au pic de la crise sanitaire, le flux d’informations liées au coronavirus était continu, avec de nouvelles mesures et instructions – fédérales ou cantonales – presque quotidiennes. Ce n’était pas simple pour les entreprises de s’y retrouver. Les fédérations patronales ont joué un rôle de soutien important pour leurs membres, triant les informations pour les rendre claires et concises. Si les permanences téléphoniques ont été largement sollicitées par les affiliés, un autre levier a démontré toute son importance : la communication digitale. Elle a constitué un allié de taille durant cette crise, permettant une réactivité et une régularité essentielles dans la transmission d’informations.

Nombre d’entreprises ont dû améliorer leur présence digitale durant cette période.

À la FPE-CIGA par exemple, le coronavirus nous a forcés à accélérer quelque peu nos dispositifs de communication digitale. Nous avons ainsi rapidement mis en place une page spéciale sur notre site internet et multiplié les newsletters informatives ainsi que les publications sur les réseaux sociaux. Nombre d’entreprises ont également dû améliorer leur présence digitale durant cette période et ont découvert des manières de communiquer qui pourront être perpétuées au-delà de la crise.

 

Un défi pour le service juridique

En dehors de la communication, le service juridique a été particulièrement sollicité par les entreprises durant ces mois d’incertitude. Les questions et situations entraînées par le coronavirus n’étant encore jamais arrivées auparavant, les réponses n’étaient pas toujours évidentes et beaucoup de cas complexes ont été soumis. Nombre d’entreprises se sont tournées vers les fédérations patronales et leurs services juridiques pour poser leurs questions, permettant également de décharger les hotlines spécifiques mises en place par le canton. Nos juristes ont œuvré rapidement pour soutenir concrètement nos membres, faisant également face à des questions pour lesquelles il fallait se référer aux ordonnances fédérales et directives qui évoluaient constamment.

 

La mise en place des APG COVID-19

Il a fallu répondre sans délai aux indépendants et entreprises qui se renseignaient sur les démarches à entreprendre.

Les Caisses de compensation, comme la CIGA à Bulle, ont aussi dû relever de nombreux défis durant ces derniers mois, avec la mise en place rapide de nouvelles mesures de soutien, notamment les allocations pour perte de gain (APG) COVID-19. Durant la crise, il a été courant que le Conseil fédéral fasse des annonces de mesures économiques le vendredi après-midi. Les formulaires et informations pour ces aides émanant de la Confédération devaient ensuite être disponibles et fonctionnels dès le lundi matin, afin de répondre sans délai aux indépendants et entreprises qui se renseignaient sur les démarches à entreprendre. À la CIGA, cette rapidité a demandé un grand effort logistique et organisationnel, avec la constitution d’une équipe dévolue aux APG COVID-19 pour traiter les nombreuses demandes des affiliés et surtout pour que ces derniers puissent être indemnisés au plus vite.

 

Télétravail et retour au bureau

En tant qu’entreprise privée, la FPE-CIGA a elle aussi été impactée directement par la crise, une partie de nos activités étant de gérer des mandats de gestion d’associations professionnelles et économiques et de manifestations de grande ampleur. L’annulation des événements a chamboulé le quotidien de nos activités, comme cela a été le cas pour de nombreuses entreprises, nous forçant à prendre des dispositions internes dans l’intérêt de nos collaborateurs.

 

Durant cette période, le télétravail et les visioconférences ont été de mise pour les activités quotidiennes de la FPE-CIGA. Ces pratiques n’étant pas totalement en place dans nos services avant la crise, elles ont dû être intégrées à une vitesse record dans le secteur des assurances sociales qui, au premier abord, ne s’y prêtait pas vraiment. Ces nouvelles pratiques vont très certainement trouver une place plus importante dans le monde professionnel après la crise, modifiant durablement nos habitudes.

Il faut disposer de structures d’accueil performantes pour que l’économie puisse fonctionner normalement.

Depuis le 11 mai, tous les collaborateurs et collaboratrices sont de retour dans les locaux de la FPE-CIGA, avec les mesures d’hygiène et de distance nécessaires mises en place. Cela n’a été possible qu’avec la réouverture des écoles et des crèches, ce qui démontre toute l’importance de disposer de structures d’accueil performantes si nous souhaitons que l’économie puisse se remettre en marche et fonctionner normalement. Il s’agit de l’un des sujets mis en lumière par la crise et qui devra trouver une réponse politique forte et convaincante, dans l’intérêt des familles et de l’économie.

Quels sont les enseignements du coronavirus pour les entreprises?

Les incidences économiques du coronavirus sont très importantes pour les entreprises et indépendants qui se retrouvent en très grande difficulté. Mais comme dans chaque crise, il est également possible d’en retirer des enseignements. Voici donc un petit tour d’horizon de ce que les entreprises ont pu apprendre de cette pandémie. Il y aura un avant et un après coronavirus

 

Télétravail et digitalisation

Afin de respecter les normes et recommandations de l’OFSP et du Conseil fédéral, de nombreuses entreprises ont mis en place le télétravail pour leurs employés, du moins quand cela était possible pour les métiers concernés.

De nombreuses entreprises ont mis en place le télétravail pour leurs employés.

Ainsi, par la force des choses, même des secteurs qui n’avaient jamais envisagé cette manière de travailler, et dans lesquels le télétravail semblait impossible, ont réussi à mettre un système fonctionnel en place en un temps record. Ces pratiques sont en lien avec le système de travail actuel, qui tend vers une meilleure conciliation entre vie familiale et vie professionnelle, et demandé par de nombreux employés. Nul doute donc que ce bond en avant, quelque peu forcé, a ouvert la voie pour le futur.

Dans la même veine, la digitalisation en règle générale s’est accélérée, les professionnels ayant rapidement besoin d’outils digitaux pour continuer leurs tâches quotidiennes, que ce soit la gestion de projet et d’équipes, le partage de documents, ou encore la tenue de séances. Tout le monde a ainsi pu se rendre compte que la visioconférence était une possibilité à exploiter et que, bien qu’elle comporte encore certains dysfonctionnements, elle peut permettre d’économiser de nombreux trajets, ce qui la rend intéressante pour gagner du temps et pour l’écologie.

 

Des services qui se réinventent

Dans plusieurs secteurs, les mesures énoncées par le Conseil fédéral – comme les fermetures d’établissements, par exemple – et la baisse de clients appelés à rester à la maison, ont poussé les entreprises à réinventer leurs services. C’est le cas par exemple de certains restaurants qui, ne pouvant plus accueillir de clientèle sur place, proposent leurs repas à l’emporter ou en livraison à domicile. De nombreux producteurs et commerçants se sont également mis à ces nouveaux systèmes. Certains se sont même regroupés pour proposer des paniers complets et variés aux clients.

Dans les services et les administrations également, la fermeture de la plupart des guichets a conduit à la mise à disposition de nombreux nouveaux formulaires en ligne et la communication par téléphone ou email. Et, bien entendu, le secteur de l’enseignement a dû faire preuve de beaucoup de créativité pour permettre aux élèves de suivre les cours du mieux possible, malgré l’interdiction des leçons en présentiel.

 

RTS, La Matinale, 1er avril 2020 “Ces entreprises qui se réinventent pendant la crise du coronavirus”

 

Une législation à améliorer

La crise économique liée à la pandémie a mis en lumière plusieurs dysfonctionnements dans la législation actuelle, notamment dans le cadre des soutiens aux indépendants et aux propriétaires-dirigeants de sociétés anonymes ou Sàrl. Si les mesures prises rapidement sont temporaires, le temps de la lutte contre le coronavirus, elles pourront certainement offrir des pistes afin d’améliorer la législation sur le long terme.

 

Réactivité, agilité et solidarité

Finalement, ce qui a été frappant face à la crise du coronavirus, c’est la manière dont les entreprises ont réagi, avec rapidité, agilité et souplesse. L’évolution à grande vitesse de la pandémie – et donc l’instauration des mesures pour tenter de l’endiguer – a forcé tous les secteurs à trouver des solutions pratiquement du jour au lendemain, pour survivre en attendant l’aide du gouvernement. Cela a révélé la propension des entreprises à pouvoir rebondir, et nul doute que ces qualités leur seront encore bien essentielles dans les temps à venir. De plus, certaines entreprises vont bénéficier du fait de pouvoir remplacer des fournisseurs étrangers qui ne sont pas en mesure de livrer. Quelques-unes supposent que la chaîne d’approvisionnement sera revue après la crise et que des mesures seront prises pour éviter d’être dépendantes de quelques fournisseurs, notamment étrangers.

Les consommateurs ont fait preuve de solidarité avec les petits commerçants et les producteurs locaux.

Le dernier aspect qui a été révélé avec cette crise est la solidarité, au niveau personnel entre les individus, bien entendu, mais également au niveau économique, avec une entraide entre les entreprises et indépendants. Et puis, les consommateurs ont eux aussi fait preuve de solidarité avec les petits commerçants et les producteurs locaux, redécouvrant une manière de consommer plus proche de leurs valeurs. Nous pouvons maintenant espérer que cette manière de fonctionner durera au-delà de la crise.