Privilégions l’économie de proximité

Avec internet et le e-commerce, il devient toujours plus difficile pour les artisans et commerçants locaux d’être concurrentiels et de conserver leur clientèle. Dans mon activité professionnelle, je suis régulièrement en contact avec des associations regroupant ces corps de métiers, c’est donc un problème et une thématique qui me touchent particulièrement. Je constate que les consommateurs, c’est-à-dire chacun d’entre nous, ont le pouvoir de changer les choses grâce à une solution toute simple : privilégier l’économie de proximité et les circuits courts.

 

Faire vivre l’économie locale

Privilégier les produits et commerces locaux, cela veut dire faire vivre l’économie locale et permettre d’offrir des emplois aux personnes de la région. Ce n’est une surprise pour personne, pour qu’un canton ou qu’une commune puissent se développer et proposer des infrastructures, des services et des activités à sa population, il faut que son économie se porte bien. Ne pas privilégier les commerces locaux, c’est prendre le risque que sa ville ou son village ne devienne plus qu’une cité dortoir, où plus rien ne se passe, et que les jeunes générations abandonnent petit à petit. Nous connaissons bien trop d’exemples de ce type.

Cet exemple prouve bien l’importance de l’économie de proximité et du rôle nécessaire des consommateurs, qui doivent en prendre conscience.

J’ai le souvenir d’une discussion avec le patron d’un magasin de sport qui me racontait qu’il avait un jour passé plus d’une demi-heure avec un client, afin de le conseiller sur la paire de baskets de course qui serait la plus adaptée pour lui, suite à plusieurs tests. Au moment de de ce qui aurait dû être un achat, le client l’a informé qu’il achèterait plutôt cette paire sur un site internet, afin de la payer moins chère. Le patron lui a répondu que c’était son droit, mais lui a tout de même signalé qu’avec son commerce, il donnait du travail à des employés qui venaient essentiellement de la région, consommaient sur place et payaient leurs impôts là, contrairement aux sites de e-commerce. Tout comme le jour où ses enfants souhaiteront commencer un apprentissage, ce sera bien une entreprise basée dans la région – et non pas à l’étranger – qui pourra leur offrir une place. Cet exemple prouve bien l’importance de l’économie de proximité et du rôle nécessaire des consommateurs, qui doivent en prendre conscience.

 

Bon pour la planète

Faire vivre la région n’est pas le seul avantage, et une autre préoccupation centrale fait partie intégrante de l’économie de proximité : l’écologie. Aussi bien les particuliers que les entreprises peuvent privilégier les circuits courts, c’est-à-dire essayer au maximum de travailler avec des fournisseurs et d’acheter des produits locaux. L’effet ne se fera pas attendre : cette pratique permettra de réduire drastiquement les transports et les émissions en CO2, et donc l’impact sur l’environnement. À l’heure actuelle, les arguments sur le climat ont une forte portée et parlent beaucoup aux consommateurs, ce qui est une bonne nouvelle pour l’économie de proximité.

 

Aussi bien les particuliers que les entreprises peuvent privilégier les circuits courts.

 

Un besoin de transparence

Finalement, le dernier aspect qu’il est important de relever est le besoin toujours plus prononcé des consommateurs pour la transparence concernant leurs achats, que ce soit la provenance, les ingrédients ou matériaux, ou encore les conditions de travail et de fabrication. Là encore, se fournir auprès d’artisans et de commerces locaux permet d’en savoir plus sur les produits achetés, car la proximité et le contact humain avec les vendeurs sont l’un des avantages de cette économie. Il y a également bien moins d’intermédiaires entre le produit de base et celui acheté, ce qui permet forcément une plus grande transparence. Consommer local, c’est donc aussi avoir la garantie d’obtenir des produits de qualité, réalisés dans de bonnes conditions de travail et de bénéficier des conseils de professionnels.

 

L’alimentation, et bien plus encore

Si le secteur alimentaire est probablement celui qui vient en premier à l’esprit lorsque nous parlons de consommation locale, ce n’est évidemment pas le seul. J’ai cité l’exemple de chaussures, mais nous pouvons aussi parler de constructions métalliques, d’agencement de cuisines et des fenêtres ou encore du bois.

Ce souhait aurait menacé de disparition le label “Bois Suisse”, si important pour nos entreprises.

À ce sujet, le Conseil fédéral avait pour projet de supprimer l’obligation de déclaration de l’origine du bois, afin d’harmoniser sa réglementation avec celle de l’Union Européenne. Ce souhait aurait menacé de disparition le label « Bois Suisse », si important pour nos entreprises nationales. Ce label garantit une gestion durable des forêts, un suivi de la qualité, le maintien de places de travail régionales et la réduction des distances de transport. Il permet d’ajouter une réelle plus-value au bois suisse qui est plus cher que la concurrence européenne, permettant aux consommateurs de faire leurs choix en toute connaissance de cause. Le supprimer, cela aurait été risquer que la seule différence visible pour les clients soit le prix, prétéritant ainsi le bois national. Heureusement, le Conseil fédéral a récemment fait machine arrière, ce qui permet à toute l’industrie du bois suisse de pouvoir souffler et d’envisager l’avenir un peu plus sereinement, dans un secteur déjà très concurrentiel.

 

Les habitudes changent pour le meilleur

Si pendant plusieurs décennies, la tendance était plutôt à la surconsommation, nous voyons maintenant une réelle prise de conscience toujours plus importante chez les consommateurs, notamment pour les trois raisons principales citées dans cet article. C’est un excellent signal car c’est bel et bien par eux, et donc par nous tous, que les changements peuvent s’opérer. J’espère que les habitudes vont continuer à se modifier dans le bon sens, et que l’économie de proximité permettra à nos commerçants, à nos artisans et à nos entreprises régionales de rester concurrentiels dans une ère toujours plus digitale.

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Nadine Gobet

Nadine Gobet est directrice de la Fédération Patronale et Economique à Bulle, qui emploie 44 collaboratrices et collaborateurs et est active dans le domaine des assurances sociales, l’offre de différents services aux chefs d’entreprise et la gestion d’associations professionnelles et économiques et de manifestations. Nadine Gobet est également députée PLR au Grand Conseil fribourgeois.

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