Aux quotas, je préfère le combat

Aux quotas, je préfère le combat

Les quotas ont la cote. Que ce soit en politique ou dans l’économie, toujours plus de pays instaurent une législation imposant un nombre minimum de femmes. Même les plus farouches opposants, libéraux de la première heure, prônent dorénavant les quotas, arguant qu’il s’agit d’une solution « faute de mieux », « en attendant ». Les imposer nuit pourtant aux premières concernées et renforce les préjugés : les femmes sont donc si faibles qu’on doit mettre en place des mesures de discrimination positive pour les aider à briser le plafond de verre. Or pour atteindre l’égalité, les femmes n’ont pas besoin de béquilles mais de changements sociétaux. Ce n’est d’ailleurs pas d’une égalité des sexes dont nous avons besoin, mais d’une égalité des chances.

Donner une chance à tout le monde, c’est remettre en question notre éducation, notre politique, notre manière de vivre. Permettre de mieux concilier vie familiale et professionnelle, et cesser de penser que ces revendications sont souhaitées en majorité par les femmes. Pourquoi est-il si difficile pour une société privée d’ouvrir une crèche ? Pourquoi le congé parental prend-il tant de temps à être instauré alors qu’il permettrait aux hommes de passer plus de temps avec leur enfant, et aux femmes de retourner plus vite au travail ? Pourquoi Madame (parce qu’elle gagne généralement moins que Monsieur) doit-elle retourner aux fourneaux car son travail implique une charge fiscale trop importante sur le budget du ménage ?

Je déplore moins la faible représentation des femmes dans les sphères dirigeantes que le peu de considération dont on fait preuve à notre égard, indépendamment de notre position. La situation est connue de bien des femmes dirigeantes : on s’adresse trop souvent aux hommes qui les accompagnent. Eux peuvent se montrer autoritaires, passer du rire aux larmes, être fermes. Nous pas sans être perçues négativement. Pas encore.

Les quotas, une mesure sexiste

Instaurer des quotas de femmes est une mesure profondément sexiste. Au lieu de se baser sur les capacités et les compétences, on définit prioritairement les choix sur le genre. Étant aujourd’hui membre de plusieurs conseils d’administration, je me sentirais moins à l’aise dans mes fonctions si ces quotas étaient imposés. Bien que mon siège ne soit aucunement lié à un quelconque minimum légal ou moral, je ne peux m’empêcher d’imaginer que mes collègues masculins penseraient que je suis à cette place en raison de mon sexe faible, et non de mes qualités professionnelles.

Alors oui, changer les mentalités et la perception de la femme dans la société prendra plus de temps que d’instaurer des quotas, mais probablement moins qu’on ne le pense. A-t-on dû instaurer une loi pour voir la représentation féminine bondir au sein de notre Parlement lors des dernières élections ? Et qui aurait cru qu’une gamine de 15 ans deviendrait le porte-voix mondial de toute une génération ? Voilà des faits bien plus efficaces que des mesures imposées car ils offrent une chose inestimable aux yeux des femmes : des modèles inspirants, n’en déplaisent aux malheureux.

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Johanna Roussel

Johanna Roussel est en charge du Business Development au sein d’un fonds systémique. Membre de plusieurs conseils d’administration, la franco-suédoise s’est établie en Suisse après des études à la London School of Economics. Présidente du Junior Board de l’ONG Project Rousseau, elle est attachée à la promotion des femmes dans la société.

Une réponse à “Aux quotas, je préfère le combat

  1. Bravo! enfin une femme qui ne traite pas les autres femmes comme de faibles victimes qu’il faut assister, mais comme de vrai partenaires capables d’être compétentes et de se faire respecter.

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