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L’empreinte cachée de nos smartphones : une réalité environnementale et humaine

Dans l’ère numérique contemporaine, les smartphones ont évolué pour devenir des instruments incontournables de notre vie de tous les jours. Cependant, leur production entraîne un coût environnemental et humain majeur, souvent sous-estimé par la majorité des gens.

Ivan Mariblanca Flinch est le fondateur de Canopé et auteur du livre “Un autre univers numérique est possible“.

 

L’impact environnemental

La production des équipements représente près de 70% de l’empreinte carbone totale du numérique. On parle de pollution numérique. Un smartphone de 5,5 pouces requiert près de 200 kg de matière pour sa fabrication, comprenant 70 différents types de matériaux, dont une majorité de métaux [1]. Le recyclage de ces matériaux est complexe, car ils sont généralement présents en petites quantités et combinés en alliages difficiles à séparer. De plus, l’extraction de ces matériaux porte atteinte à notre environnement. Pour illustrer, l’exploitation minière conduit à la dégradation d’écosystèmes et entraîne une pollution de l’eau, de l’air et des sols.

Les “minerais de conflit” (étain, tantale, tungstène et or) sont exploités aux dépens des populations locales et alimentent des guerres. En Chine, la production de néodyme, utilisé dans les aimants de smartphones, engendre des rejets d’eau acide et des déchets radioactifs et chargés en métaux lourds. Dans des pays comme le Chili, l’Argentine et la Bolivie, la consommation massive d’eau pour l’extraction de lithium (utilisé dans les batteries des smartphones) suscite des disputes avec les communautés locales, mettant leur survie en danger. [2]

 

“Selon l’Unicef, plus de 40’000 enfants seraient employés dans les mines de Cobalt en République démocratique du Congo.”

 

Le coût humain

Outre l’impact environnemental, la production de smartphones entraîne un coût humain significatif. Selon l’UNICEF, plus de 40 000 enfants seraient employés dans les mines du sud de la République Démocratique du Congo, notamment dans les mines de cobalt et de coltan, des minerais clés dans les batteries et les condensateurs de nos smartphones. [2]

 

Vers un usage plus conscient

Malgré ces constats alarmants, 88% des Français, et sûrement des européens, remplacent leur smartphone alors qu’il est encore en état de marche, souvent sous l’effet de la mode, des publicités et des promotions [2]. De plus, la plupart des smartphones ne sont pas conçus pour être réparés, compatibles ou évolutifs, ce qui incite au remplacement plutôt qu’à la réparation.

Il est donc crucial de prendre conscience de ces impacts et de faire preuve d’une consommation plus raisonnée. Garder son smartphone plus longtemps, choisir des modèles réparables et recycler les appareils usagés sont des actions qui peuvent contribuer à réduire l’empreinte écologique et humaine de nos smartphones. Ce sont ici les bases du Numérique Responsable ou du Green IT.

 

Bilan

La production de smartphones a un coût environnemental et humain qui va bien au-delà du prix que nous payons pour ces appareils. Garder son smartphone plus longtemps, opter pour des modèles réparables et recycler les appareils usagés sont des actions qui peuvent réduire l’impact de nos smartphones, tout en réalisant des économies significatives.

En résumé, chaque smartphone est le produit d’un processus mondial complexe, qui implique l’extraction de minerais, la fabrication de composants, l’assemblage et le transport, un voyage qui fait quatre fois le tour de la planète. Il est donc essentiel de repenser notre relation avec ces appareils omniprésents et de trouver des solutions pour minimiser leur impact sur notre planète et sur les personnes impliquées dans leur fabrication. Le Numérique Responsable ou le Green IT doivent s’intégrer naturellement dans la société mais aussi dans les stratégies RSE et numériques des entreprises pour réduire l’empreinte environnementale du numérique croissante.

 

Sources

[1] : Institut du Numérique Responsable, MOOC

[2] : ADEME, Les impacts du smartphone, 2019

Image : The Restart Project

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