Le compte de libre passage, c’est quoi ?

Plusieurs situations de vie ouvrent le droit au retrait de son avoir de prévoyance. Explications avec David Charles, responsable du développement commercial LPP Suisse romande auprès du Groupe Mutuel.

 

Groupe Mutuel : Bonjour David Charles, merci d’être là pour notre blog pour PME Magazine. Diverses situations ouvrent en effet le droit au retrait de son avoir de prévoyance, et cela pour le déposer sur un compte de libre passage. Lesquelles par exemple ?

David Charles : J’en citerais six :

  1. L’interruption de l’activité lucrative sans nouvel emploi pour une certaine durée;
  2. Une retraite anticipée ou une fin de l’activité professionnelle;
  3. Le début d’une activité lucrative indépendante sans retrait en espèces de l’avoir du 2ème pilier;
  4. La réception d’un avoir du 2ème pilier dans le cas d’un divorce ou séparation d’un partenariat enregistré;
  5. Une interruption de l’activité lucrative pour s’occuper des enfants durant une certaine période;
  6. Un départ définitif de Suisse.

 

 

Mais un compte de libre passage, c’est quoi en fait ?

Un compte de libre passage s’inscrit dans le cadre de la prévoyance professionnelle, 2ème pilier du système social suisse (LPP). Si vous quittez une entreprise, quelle qu’en soit la raison, et que vous n’avez pas de nouvel employeur, les avoirs de prévoyance que vous avez épargnés jusqu’alors seront transférés sur un compte de libre passage. Il s’agit d’une sorte de « parking », sur lequel votre avoir de prévoyance est garé jusqu’à ce que vous ayez un nouvel employeur.

 

On parle aussi de fondation de libre passage ? De quoi s’agit-il ?

Une fondation de libre passage est l’organe d’une banque ou d’une assurance qui place et gère vos prestations de libre passage. Dans le domaine de l’assurance professionnelle vieillesse, survivants et invalidité, elle sert donc à maintenir votre couverture de prévoyance obligatoire et sur-obligatoire.

 

Comment ouvre-t-on un compte de libre passage ?

Si vous quittez une entreprise, c’est à vous qu’il revient d’ouvrir un compte de libre passage. Si vous ne vous en chargez pas vous-même, votre avoir de prévoyance sera automatiquement transféré auprès de l’institution de prévoyance nationale «Fondation institution supplétive» après un délai de 6 mois.

Pour ouvrir un compte de libre passage, vous devez vous adresser directement à la banque ou à l’établissement financier de votre choix. Vous pouvez décider en toute liberté de choix du prestataire qui vous convient le mieux. Si vous n’êtes pas sûr de vous, un entretien conseil s’impose au préalable.

 

 

Combien de comptes de libre passage sont-ils autorisés ?

Vous pouvez transférer votre prestation de libre passage vers deux fondations de libre passage distinctes au maximum. Il n’est pas possible de détenir deux comptes auprès de la même fondation.

 

Quand puis-je percevoir mes prestations de libre passage ?

L’avoir de libre passage que vous avez épargné est bloqué jusqu’à l’âge ordinaire de la retraite. Il existe toutefois quelques exceptions dans lesquelles un versement anticipé est possible. Par exemple en cas de retraite anticipée, possible jusqu’à cinq ans avant la retraite ordinaire; de perception d’une rente d’invalidité complète; de début d’une activité lucrative indépendante à titre principal, si la prestation de libre passage actuelle est inférieure au montant de vos propres cotisations annuelles; en cas de départ définitif de Suisse ou encore d’acquisition d’un logement en propriété à usage personnel.

 

 

Puis-je placer ma prestation de libre passage dans des titres ?

Oui. Le taux d’intérêt des grands établissements financiers suisses est actuellement au plus bas. Si l’on privilégie un horizon de placement long, il convient d’envisager de placer les avoirs de la caisse de pensions dans des fonds. A ce titre, notre Fondation de libre passage Opsion peut vous proposer aussi bien des solutions de libre passage pour des comptes « Epargne » que des comptes « Investis dans des titres ».

Ces solutions de placement en titres présentent l’avantage que leur rendement est très probablement supérieur à celui des solutions classiques; mais ils vous exposent aussi à des risques de fluctuation. Pour placer votre avoir de libre passage de manière rentable, mieux vaut choisir un horizon de placement de plusieurs années. Un investissement en actions ne s’avère souvent payant qu’au bout de deux ou trois ans.

 

L’expert de ce blog – David Charles

Actif au sein du Relationship management du Groupe Mutuel, David Charles est chargé de soutenir l’activité commerciale de toutes les solutions de prévoyance. Au bénéfice d’une longue expérience dans le domaine du 2ème pilier acquise dès 1992 auprès d’une compagnie d’assurance, il a ensuite œuvré dans toutes les activités de la prévoyance, allant de la gestion de caisses de pension au conseil aux entreprises dans le domaine du courtage. Il a ensuite développé des connaissances pointues de la prévoyance associée à la gestion de fortune, aussi bien au niveau de l’entreprise, pour l’ensemble de son personnel ou pour les cadres dirigeants, que pour les solutions de libre passage. Au Groupe Mutuel, ses conseils avisés s’adressent aux sociétés de courtage, aux instituts bancaires et/ou de gestion de fortune, mais également aux assurés et aux entreprises qui souhaitent associer la gestion de fortune à l’évolution de leur prévoyance.

 

Opsion, une prévoyance sûre et sur mesure

Opsion? Cette Fondation collective permet aux entreprises de créer une caisse de prévoyance dédiée à leur personnel. Cela tout en profitant d’économies d’échelle en raison du partage des coûts de structure avec les autres entreprises affiliées, une réassurance du risque décès et invalidité optimisée et la participation possible à un pool d’investissement. Explication avec Sébastien Brocard, directeur de la Fondation Collective Opsion du Groupe Mutuel.

 

Bonjour Sébastien, merci de votre disponibilité. La Fondation Collective Opsion concerne lensemble de la prévoyance professionnelle des employés, y compris des modèles portant sur la part sur-obligatoire comme Opsion Free, n’est-ce pas?

En effet, elle offre une flexibilité très importante puisque, en plus du ou des plans de prévoyance à la carte, il est possible de définir des paramètres tels que le taux de conversion ou le taux crédité annuellement sur les avoirs de vieillesse, la stratégie de placement et les gérants de fortune. L’entreprise affiliée maîtrise les décisions stratégiques de la prévoyance professionnelle des employés, sans pour autant devoir en supporter les responsabilités.

 

La prévoyance, ce ne sont pas seulement des chiffres et des tableaux. Sébastien, comment accompagnez-vous concrètement vos clients?

La flexibilité offerte par Opsion permet au client de prendre des décisions concernant le niveau des prestations, leur financement ou dans le domaine des placements. Notre équipe de consultants expérimentés, composée d’experts en caisse de pensions avec un diplôme fédéral, d’actuaires et de spécialistes en investissement, est là pour le soutenir. Je suis moi-même expert en caisse de pensions et analyste financier et je conseille les caisses de pensions autonomes ou les entreprises depuis près de 20 ans.

 

Vous êtes donc capables de comprendre les besoins du client et ses contraintes…

C’est exactement cela et c’est très important puisque l’objectif est de lui proposer les solutions les plus adaptées à sa situation et à sa stratégie, et cela de manière aussi simple et claire que possible. Ainsi, un client ne désirant pas s’impliquer dans la gestion de fortune peut se voir proposer une solution clé en main.

 

Une question loin d’être anodine pour un responsable d’entreprise: le pilotage dune caisse de prévoyance nécessite-t-il un engagement important de lentreprise?

La caisse de prévoyance est pilotée par une commission paritaire, soit un nombre égal de représentants des employés de l’entreprise et de l’employeur. Cette commission se réunit une à deux fois par ans pour prendre des décisions telles que le taux crédité sur les avoirs de vieillesse. Elle peut décider de sa stratégie de placement, son plan de prévoyance et même choisir son gérant de fortune. De plus, le conseiller en charge de la relation prépare tous les thèmes à discuter à l’avance avec des éléments chiffrés afin que la commission puisse aisément prendre une décision. Celle-ci se concentre donc uniquement sur les décisions stratégiques ayant une véritable valeur ajoutée pour la prévoyance des employés.

 

Aujourd’hui, en ce milieu d’année 2023, pourquoi serait-ce le bon moment de créer une caisse de prévoyance?

Le degré de couverture des fondations collectives ou communes a fortement diminué suite aux pertes financières de l’année 2022. Le moment est donc opportun pour créer une caisse de prévoyance dans Opsion. Ainsi, le rendement affecté à la reconstitution de la réserve permettant de faire face à un nouveau choc financier reste lié aux employés de l’entreprise. De plus, il sera plus rapide de reconstituer cette réserve dans une caisse de prévoyance. En effet, rappelons que pour chaque nouvelle entreprise s’affiliant une fondation classique, cette dernière doit financer la constitution de cette réserve à l’aide du rendement de la totalité de la fortune. L’arrivée de nouveaux clients entraîne un manque à gagner pour les assurés des clients existants. Cette dissolution du degré de couverture n’existe pas dans une fondation collective, où les caisses de prévoyance sont indépendantes les unes des autres.

 

Quels sont les éléments appréciés par les entreprises disposant dune caisse de prévoyance?

Nos clients apprécient la transparence fournie par le rapport annuel permettant de vérifier comment le financement est utilisé. Ils aiment pouvoir définir comment la fortune de leur retraite est investie, notamment en termes de durabilité et de vérifier que la performance réalisée est conforme. La possibilité d’être soutenu ou de challenger des spécialistes qui connaissent parfaitement le marché est également appréciée. Nos clients se rendent compte rapidement qu’avec notre soutien, ils peuvent aisément avoir une influence sur la prévoyance professionnelle de l’entreprise, et cela en toute sécurité, car ils sont accompagnés de spécialistes qui les conforte dans leurs choix.

 

 

L’expert de ce blog – Sébastien Brocard

Sébastien Brocard est directeur de la Fondation Collective Opsion, expert en caisse de pensions CSEP, actuaire ASA et analyste financier CIIA. Il est également responsable du conseil en prévoyance professionnelle aux entreprises et aux caisses de pension au sein de GM Pension Services. Avant de rejoindre Groupe Mutuel, Sébastien a travaillé auprès de différents cabinets suisses ou internationaux en tant que consultant en actuariat et en investissement pour les institutions de prévoyance. Sa longue expérience et ses connaissances à la fois du passif et de l’actif lui permet de soutenir ses clients sur l’ensemble de leurs problématiques et de leur proposer des solutions adaptées à leur besoin.

« Je suis jeune et j’adore parler de retraite »

A 21 ans, Flormanda Berisha est gestionnaire au secteur Prévoyance du Groupe Mutuel, où elle assume des responsabilités à la fois exigeantes et variées. Sa joie de vivre est contagieuse. Elle place la satisfaction de ses clients au cœur de son activité et elle adore son travail. Cette jeune femme casse les codes pour nous dire que, malgré son jeune âge, elle parle de retraite tous les jours, celle de ses clients certes, mais ces discussions lui ont faire prendre conscience de l’importance de cotiser tôt pour ses vieux jours. 

 

Groupe Mutuel : Bonjour Flormanda, peux-tu te présenter en quelques mots pour nos lecteurs ?

Je m‘appelle Flormanda, j’ai 21 ans. Je viens de Lavey, où j’ai fait mon école primaire, avant de suivre le cycle d’orientation de Saint-Maurice, puis l’école de commerce de Monthey. Mais je suis née au Kosovo et c’est à l’âge de 4 ans que je suis arrivée en Suisse avec ma famille. J’ai obtenu le CFC et la maturité professionnelle, après avoir fait mon stage au Groupe Mutuel, dans le domaine de la prévoyance professionnelle, que j’avais trouvé passionnant. Et j’ai été engagée au Groupe Mutuel en septembre 2021.

 

Ton domaine d’activité?

La gestion au niveau de la LPP. Je gère des contrats avec des sociétés, les salaires, les entrées et sorties, les demandes de rachats, les mesures d’encouragement à la propriété du logement, etc. C’est très diversifié. Chaque journée est différente et c’est ce que j’adore dans mon travail.

 

Mais à ton âge, tu ne penses pas à la retraite ! Les jeunes ont envie de profiter de voyager, même parfois de travailler moins, mais la retraite est juste un lointain projet, non ?

Si, bien sûr. Mais par mon travail, j’ai appris que oui, il est important pour les jeunes qui travaillent de se préoccuper de leur prévoyance et du 2ème pilier car cela peut les aider à assurer leur avenir financier. Plus on fait ça tôt, plus on a d’avoir. A 40 ans par exemple, on peut faire une demande de retrait pour l’achat d’un bien immobilier, ce qui permet l’accomplissement d’un rêve à titre personnel. Mais il est évidement aussi important de trouver un équilibre entre la planification financière à long terme et la vie au présent. Quand on est jeune on n’a pas envie de mettre tout son salaire de côté, on a envie de profiter.

 

Comment encourager les jeunes à se préoccuper de leur retraite?

Je prendrais l’exemple que je connais: au Groupe Mutuel, dans mon job de gestionnaire Prévoyance, nous publions des posts sur Tik Tok, c’est un moyen de montrer que plus on s’y prend tôt, mieux c’est. Bien sûr, vu que je travaille dans la branche, j’ai acquis un point de vue que je n’aurais sans doute pas si je travaillais dans un autre domaine de l’économie.

 

Tu penses que les entreprises pourraient plus largement utiliser leurs réseaux sociaux pour sensibiliser les jeunes à cette problématique?

Tout à fait. Moi par exemple, quand je suis sur Instagram, je peux être sensibilisée par des petits messages qui passent, qui retiennent l’attention et présentent des cas concrets. Pas des posts qui essaient trop d’expliquer ou de faire des théories. Des petits posts par-ci par-là, des petites images et des vidéos, avec si possible de l’humour. En montrant par exemple combien tu toucherais à peu près à la retraite si tu commences à cotiser tant à l’âge de 25 ans. Et là c’est important de pas faire la morale ou la leçon.

 

Un sondage MIS-Trend réalisé chaque année démontre que les jeunes se disent préoccupés par leur retraite. Tu le ressens aussi dans ton cercle d’amis?

A dire vrai, ce n’est pas vraiment un thème que l’on aborde entre nous. Mais je vais peut-être en parler à mes amis. Dans mon activité professionnelle, quand je vois le montant de certaines rentes qui sont versées, je me demande comment les retraités font pour vivre avec des retraites – en rente ou capital – dont les montants sont minimes.  Mais en réalité, à mon avis, ce serait plutôt aux parents ou aux grands-parents de sensibiliser leurs enfants et petits-enfants à cette problématique. Les jeunes devraient discuter du plan de prévoyance avec leur employeur car il existe des moyens de l’améliorer. Et si on n’ose pas en parler directement au patron, il faut déjà en discuter avec les collègues plus âgés, qui sauront avec qui en parler pour améliorer les choses.

 

Quelques autres astuces à proposer?

Pourquoi pas, oui. Le rachat, dans le cas d’une personne qui fait des études et qui donc commence plus tard à cotiser, c’est une possibilité qui existe, avec l’avantage qu’un rachat est déductible des impôts. Moi, j’aime bien l’idée d’acheter un logement un jour, avec l’aide de mon 2ème pilier. Malheureusement, pour faire un rachat il faut avoir « loupé » des cotisations d’épargne et avant 25 ans, on a rarement des cotisations d’épargne qui manquent. Donc, il faut commencer par le 3ème pilier, que l’on peut également déduire fiscalement. A titre personnel, je trouve le 3e pilier très intéressant pour les jeunes car on peut y mettre chaque année un peu d’épargne et plus tard, cela nous aidera pour acheter un logement. Parce que 20% de fonds propres, c’est quand même énorme mais en accumulant chaque année un peu d’épargne, c’est possible.

 

 

L’experte de ce blog – Flormanda Berisha

 

Flormanda Berisha, gestionnaire LPP au Groupe Mutuel, est appréciée par ses collègues et par ses clients. Tout le monde aime sa bonne humeur et apprécie sa volonté d’apprendre son métier pour fournir le meilleur service à ses clients. Malgré son jeune âge, la problématique de la retraite est déjà clairement comprise par la gestionnaire.

 

 

Le monde change, la prévoyance aussi

Le monde est entré dans une ère de changements. Et pour les entreprises, la prévoyance constitue de plus en plus un enjeu majeur. Vincent Claivaz, membre de la direction générale du Groupe Mutuel, en trace quelques lignes.

 

Le monde change, la prévoyance aussi. En ce début d’année, quel regard portez-vous sur ce qui nous attend en 2023 dans le domaine du 2ème pilier?

Une vue transverse est nécessaire concernant les personnes et les entreprises tant dans le domaine de la santé que de la prévoyance. Nous allons cette année nous attacher à considérer l’environnement dans lequel nous évoluons de manière un peu différente.

C’est-à-dire?

De manière générale, la période de la pandémie a clairement accéléré les changements dans les modes de vie et les conditions de travail. Le moment est ainsi arrivé pour les entreprises de reprendre en main la problématique de la prévoyance professionnelle et de découvrir de nouveaux modèles, ajustés à leurs attentes.

De nouvelles attentes dans les entreprises se sont-elles révélées en matière de 2ème pilier?

Pendant longtemps, il n’existait en réalité que deux solutions majeures. Soit une caisse propre à l’entreprise, gourmande en ressources et en responsabilités pour les conseils de fondation; soit une solution entièrement déléguée à un assureur, qui a procuré aux assurés un rendement inférieur au marché en raison d’une organisation spécifique des placements. Or justement, ces temps sont révolus et il s’agit aujourd’hui de passer à autre chose, en profitant de l’offre des fondations collectives ouvertes.

Qu’entendre par l’offre d’une fondation collective ouverte?

C’est une proposition nouvelle, destinée aux entreprises qui souhaitent participer aux décisions essentielles du 2ème pilier, tout en limitant l’engagement des ressources et les coûts. C’est une solution moderne et sûre, qui offre de nombreux avantages pour l’entreprise et ses collaborateurs. Nous entendons la faire découvrir plus largement en 2023.

Le changement réside-t-il uniquement dans les divers modèles de prévoyance que les entreprises pourraient choisir?

Des changements professionnels sont devenus plus fréquents, les modalités de travail des femmes ont elles aussi évolué, de même que celui des pères de famille. Et le besoin de flexibilité du temps de travail a aussi grandi. Tout cela impacte directement les couvertures de prévoyance de chacun et produit des effets qui ne se voient qu’à long terme. Dans un marché du travail qui se tend, les employeurs ont l’occasion d’utiliser la couverture de prévoyance comme un argument de poids dans le cadre du recrutement et de la fidélisation des talents. La question de la couverture et du taux d’intérêt apparaît de plus en plus souvent dans les entretiens d’embauche.

L’approche durable des investissements est dans l’air du temps…

Il ne s’agit justement pas d’un phénomène de mode. Mais bien d’une attitude foncièrement responsable, inscrite d’ailleurs chez nous dans une charte ESG depuis 2020. Les investissements doivent contribuer au respect de notre planète et des personnes qui y vivent, tout en conservant les attentes de rendement dues à nos assurés.

Le cadre de la prévoyance va-t-il changer en 2023?

La réforme du 2ème pilier est aujourd’hui bien engagée. Il est souhaitable que le nouveau cadre légal soit mis en place rapidement, qui prenne en compte l’augmentation de l’espérance de vie et les nouveaux modes de vie. Il faut garantir que la couverture de retraite demeure solide pour tous et se renforce pour les femmes et les petits revenus, cela tout en restant supportable pour les entreprises.

 

L’expert de ce blog – Vincent Claivaz

Vincent Claivaz est membre de la direction générale du Groupe Mutuel et y dirige le secteur Santé et Prévoyance Clients Entreprise, qui compte 28’000 sociétés clientes. Il a effectué ses études à l’Ecole Hôtelière de Lausanne, avant d’obtenir un diplôme en gestion hospitalière H+ ainsi que celui de l’IEP International Executive Program de l’INSEAD. Il commence sa carrière professionnelle dans le monde hospitalier avant d’assumer la direction de COSAMA (conférence d’assureurs suisses, maladie et accident) et de rejoindre quelques années plus tard la direction du Groupe Mutuel. Fortement impliqué dans l’économie valaisanne, Vincent Claivaz est homme de réseau et rassembleur, au bénéfice de 25 ans d’expérience dans le domaine des assurances.

Comment mettre en œuvre la prévoyance professionnelle de ses employés?

La mise en œuvre de la prévoyance professionnelle de ses employés est un sujet complexe. Les solutions disponibles sont nombreuses et présentent des intérêts bien distincts. Présentation en compagnie de Sven Ryan, responsable GM Pension Services au Groupe Mutuel.

Groupe Mutuel: Sven Ryan, pouvez-vous nous présenter les solutions les plus courantes en matière de prévoyance professionnelle?

Sven Ryan: La première est l’institution de prévoyance (IP) autonome. Elle résulte de la volonté d’un employeur de créer sa propre caisse. Il s’agit d’une entité juridique distincte de l’employeur, dirigée par un Conseil de fondation (CF), un organe composé d’autant de représentants des employés que de l’employeur. Cette IP n’est accessible qu’aux employés de l’entreprise. Elle offre de loin le plus grand niveau d’autonomie.

Le CF peut fixer librement les paramètres techniques et en particulier: le taux de conversion, la stratégie de placement, la rémunération des comptes épargne ou encore la distribution des excédents. Puisque les employés et l’employeur sont seuls responsables de la caisse, ils sont aussi les seuls responsables en cas de mauvaise gestion ou d’erreurs manifestes. Les experts du domaine ainsi que la surveillance permettent de réduire nettement ces risques, mais ils existent. Il s’agit en réalité de la seule solution qui n’a aucun but commercial.

S’il existe des IP autonomes, il existe aussi des IP collectives…

Cette structure s’adresse à tous les employeurs, sans solidarité entre eux. L’employeur peut, grâce à cette solution, créer une forme d’IP autonome au sein d’une structure existante. En fonction des caisses et des caractéristiques de l’entreprise, divers niveaux d’autonomie peuvent être retenus. L’intérêt principal réside dans la mise en commun des frais fixes, principalement les frais administratifs mais souvent également les placements.

Les provisions et réserves constituées suivent l’employeur en cas de résiliation de l’affiliation. Les représentants de l’employeur et des employés peuvent prendre des décisions au niveau de chaque société, mais nomment des délégués pour les décisions au niveau de la caisse. Cette solution permet principalement de réduire les coûts mais réduit l’autonomie de l’employeur et des employés. Cette solution s’adresse aux grandes et moyennes entreprises qui souhaitent un niveau d’autonomie à la carte, mais veulent mutualiser certains coûts.

Evoquons aussi l’IP commune, une structure proche des IP collectives…

La différence principale étant que tout repose ici sur la solidarité entre les employeurs. De ce fait, les paramètres principaux comme la stratégie de placement ou les taux de conversion sont identiques pour tous. Il s’agit de solutions qui s’adressent particulièrement aux petites entreprises qui souhaitent définir les prestations de prévoyance et le niveau des contributions, mutualiser les coûts mais ne disposent pas de la structure nécessaire à plus d’autonomie. Les risques existent mais sont portés par l’ensemble de l’institution de prévoyance.

Mentionnons également l’IP avec assurance complète, dont les solutions dassurance reposent sur la même base que les IP communes…

Là, cependant, les risques sont entièrement supportés par une compagnie d’assurance. De ce fait, l’employeur et les employés n’ont que très peu de risques de voir la situation financière de la Caisse se dégrader. Le coût de la sécurité se matérialise par des taux de conversions bas, des primes de risques élevées et des espérances de rémunération des comptes faibles. Cette solution s’adresse aux employeurs les moins ouverts au risque.

Lors de la création de la société ou de la première affiliation dun employé, lemployeur peut choisir librement linstitution de prévoyance qui lui correspond le mieux.

Oui. Et en cas de changement ultérieur, il doit obtenir l’accord des employés sur la solution, mais également le prestataire si la forme autonome n’est pas retenue.

 

L’expert de ce blog – Sven Ryan

Sven Ryan est actuaire de formation. Gradué en 2014, il exerce depuis dans le domaine du conseil aux institutions de prévoyance, compagnies d’assurance et entreprises. Il est actuaire ASA depuis 2018, devient actuaire responsable pour diverses compagnies d’assurance en Suisse romande et obtient son diplôme d’expert agréé en prévoyance professionnelle en 2021. Intégré au Groupe Mutuel avec le rachat de son précédent employeur, il est aujourd’hui responsable de GM Pension Services.

 

Et si on se rachetait des lacunes pour renforcer notre retraite?

La vie n’est pas un long fleuve tranquille et il arrive que nous passions quelques écluses durant notre parcours. Que notre temps de travail ait été réduit ou mis entre parenthèses quelques temps, nous regardons nos certificats LPP avec quelques inquiétudes. A quoi va ressembler notre retraite? A ce que nous décidons aujourd’hui. Et quel que soit votre parcours, se racheter quelques lacunes peut s’avérer être une bonne option. Explications avec Alain Anthamatten, responsable LPP au Groupe Mutuel. 

 

Que faire aujourd’hui pour prendre les meilleures décisions en matière de retraite?

Commencer de réfléchir à la retraite à l’âge de 60 ans, c’est trop tard. Et à 50 ans, aussi. Il faut commencer à y penser le plus tôt possible. Souvent les personnes n’obtiennent pas leurs prestations complètes pour la simple raison qu’elles n’ont pas complété leur 2ème pilier au maximum des cotisations possibles. Arrivées à la retraite, elles se retrouvent avec de grosses lacunes.

Les rachats permettent d’améliorer sa retraite. Expliquez-nous.

La lacune de cotisations est l’écart qu’il y a entre le montant épargné dans notre deuxième pilier (la réalité) et celui que l’on aurait pu cotiser, à supposer que l’on ait travaillé non-stop depuis l’âge de 25 ans aux mêmes conditions qu’aujourd’hui. Mais comme dans la vie, rien n’est jamais perdu, on a la possibilité combler la différence. Alors, quelle différence? Le rachat de lacunes de cotisations consiste à verser à sa LPP le montant correspondant à l’écart entre le rêve et la réalité et ainsi d’obtenir une rente de retraite plus élevée.

Les rachats permettent donc de compenser des lacunes…

Par exemple celles qui peuvent survenir si la personne a travaillé quelques années à l’étranger et qui n’a ainsi pas été soumise à la LPP. Ou si la personne a baissé son taux d’activité, par exemple une mère ou un père au foyer qui arrête de travailler pendant cinq ans pour s’occuper des enfants, là aussi il s’agit de montants qu’il est possible de rattraper. Les rachats, d’une part, sont entièrement déductibles fiscalement ; d’autre part, un intérêt minimum LPP de 1% est garanti sur ce qui est versé dans le 2ème pilier. Ce taux varie bien sûr selon les caisses. S’agissant du Groupe Mutuel Prévoyance, il s’élève par exemple à 4% en cette année 2022.

Comment reconnaître ses lacunes, s’il y en a?

Les possibilités de rachat diffèrent selon la prévoyance à laquelle on est assuré et notre situation personnelle. C’est pourquoi il est important de s’adresser directement à sa caisse de pension, pour connaître toutes les conditions. Cette information figure souvent sur le certificat de prévoyance.

Arrive un moment où l’on a atteint le montant maximal de ses prestations…

Alors il est temps peut-être de penser à un rachat vous permettant de prendre une retraite anticipée en maintenant vos prestations assurées à l’âge terme. En résumé, vous prenez une retraite anticipée avec des prestations identiques à celles que vous auriez perçu à l’âge réglementaire, le tout financé par un rachat.

Par rapport à la problématique «Rente ou capital», où s’inscrivent les rachats?

Dans le cas d’une personne qui souhaite retirer son capital, le rachat s’inscrit dans une pure perspective de placement et d’optimisation fiscale. Car les rachats ne vont alors pas améliorer les prestations de rente. Il s’agit simplement de stocker du capital dans sa caisse de pension. C’est un placement sûr, compte tenu de la solidité financière de la plupart des caisses de pension, avec des taux plus intéressants que ceux proposés sur un compte-épargne. Mais le montant versé dans la caisse de pension ne sera pas disponible comme il le serait sur un compte-épargne. Il faut également faire attention au fait qu’un rachat engendre un blocage de tout versement en capital pendant une durée de trois ans.

Les rachats sont donc tout à fait à conseiller?

Clairement. Les rachats constituent un placement sur la retraite, à un taux d’intérêt plutôt intéressant par rapport au marché actuel de l’épargne. De plus en plus de personnes transfèrent d’ailleurs des montants de leur 3ème pilier sur le 2ème.

Pourquoi?

Les conditions y sont plus intéressantes tant du point rémunératoire que sécuritaire. Mais dans le cas d’un transfert du 3ème au 2ème pilier, cette opération est neutre fiscalement. Cela dit, quand vous procédez à des rachats, il s’agit de bien vérifier que votre caisse de pension soit solide – ce qui en général est le cas. Ou encore de ne pas faire de rachat si vous savez que vous allez divorcer. S’agissant d’économies fiscales, il est en général plus avantageux de répartir ses rachats sur plusieurs années.

Donnez-nous trois arguments d’activer l’option «rachats»…

A court terme, vous économisez des impôts ; à moyen terme, c’est un placement ; à long terme, vos rentes seront supérieures à la retraite – le montant du rachat s’additionnant au capital, celui-ci étant ensuite multiplié par le taux de conversion qui se traduira en rentes.

Pourquoi 60 ans est-il trop tard pour procéder à des rachats?

Avec un one-shot ou dans l’urgence, vous ne bénéficiez pas de tous les effets du rachat. Les rachats devraient ainsi s’inscrire dans une planification à long terme.

 

L’expert de ce blog – Alain Anthamatten

Cadre supérieur au Groupe Mutuel, Alain Anthamatten est responsable de la gestion clientèle LPP pour les Clients Entreprise. Il a travaillé dans le domaine de la recherche académique ainsi qu’auprès d’une grande fiduciaire internationale. Coopérant avec une vingtaine de collaborateurs spécialisés, il gère les fondations de prévoyance commune et collective du Groupe Mutuel ainsi que des caisses autonomes de droits privé et public. Alain Anthamatten est Economiste HES et titulaire d’un brevet fédéral de spécialiste en assurances sociales.

Que choisir: les deux carrés de chocolat ou la plaque entière?

4% d’intérêt en 2022 pour Groupe Mutuel Prévoyance-GMP

En psychologie, il a été démontré qu’un enfant à qui l’on offre le choix entre deux carrés de chocolat immédiatement ou la plaque entière dix minutes plus tard choisit invariablement la première option. En prévoyance professionnelle, la problématique est un peu différente, parce que la plaque entière sera distribuée tôt ou tard. Mais, en fin d’année 2021, le défi posé aux conseils de fondation portait sur le nombre de carrés à distribuer immédiatement ou à conserver dans le garde-manger, en prévision de temps peut-être un peu plus durs, pour l’année en cours ou la suivante. Explications.

2021, encore une année hors norme!

En 2021, alors que la population souffrait des mesures contraignantes auxquelles elle était soumise périodiquement et que certains petits commerces préféraient cesser toute activité, les marchés boursiers s’envolaient encore une fois vers des sommets jamais atteints.

C’est dans ce contexte de niveau record des marchés – le SMI a largement dépassé les 12’000 points en fin d’année – et d’une inflation naissante dont on ne sait encore pas grand-chose à moyen terme, qu’il fallait décider de la part du revenu 2021 à attribuer immédiatement sur les comptes individuels des assurés du 2ème pilier.

Différentes stratégies suivies par les caisses

Les caisses de pension ont ainsi poursuivi différentes stratégies. Il y a d’une part celles dont la situation imposait de toute manière une correction des paramètres techniques et la reconstitution des réserves en priorité. Et d’autre part il y a celles qui ont décidé, en priorité, de distribuer des taux d’intérêt élevés à leurs assurés. Dans tous les cas, les assurés profitent des excellents exercices du 2ème pilier. Cela que ce soit à court terme par l’intérêt supplémentaire attribué, ou alors à long terme, quand une partie des profits est allouée au renforcement des réserves et provisions.

Dans le test psychologique du chocolat, cette seconde solution correspond à la plaque entière, mais un peu plus tard.

La vision à long terme offre une garantie supplémentaire de sécurité. Lorsque l’objectif de réserve de fluctuation de valeur est couvert à 100%, la fondation est mieux armée pour supporter les variations des marchés. De la sorte, elle protège mieux ses assurés et les entreprises affiliées en les préservant d’une problématique d’assainissement en cas de difficultés.

Fin 2021, les différentes caisses de pension communes et collectives – qui regroupent un grand nombre de PME sans lien direct entre elles – ont choisi diverses voies. L’observation du marché donne ainsi une vaste palette de taux, le dilemme restant inchangé : favoriser à court terme la rémunération des assurés ou conserver une solide capacité de risques pour la caisse de pension.

Situation financière totalement saine

Dans ce contexte, le conseil de fondation de Groupe Mutuel Prévoyance-GMP avait l’avantage de disposer dès le départ d’une situation financière totalement saine, avec des paramètres techniques à jour, un taux technique de 1,5% et une réserve de fluctuation de valeur complètement dotée. Sans parler, au surplus, de son excellent ratio entre actifs et rentiers, de l’ordre de 1 rentier pour 17 actifs.

Le conseil de fondation de GMP a ainsi décidé de servir un intérêt de 4% sur les comptes d’épargne des assurés en 2022 tout en conservant un degré de couverture élevé. Les assurés bénéficieront donc toujours d’une rémunération de leurs avoirs de vieillesse parmi les plus élevées du 2ème pilier.

On peut dire qu’ils reçoivent ainsi plusieurs carrés de chocolat immédiatement et la plaque entière à brève échéance!

 

L’experte de ce blog – Marlène Rast

En possession d’un bachelor en économie et d’un Executive MBA en management, Marlène Rast veille sur les activités de prévoyance professionnelle du Groupe Mutuel depuis 1994. Entourée d’une vingtaine de collaborateurs spécialisés dans le 2ème pilier, elle gère des caisses de pension d’entreprise ou de corporation de droit public, ainsi que la fondation collective du Groupe Mutuel qui regroupe 2’700 employeurs situés dans toute la Suisse.

Les administrateurs de sociétés, les oubliés du 2ème pilier

Et si vous aviez oublié d’annoncer les membres de votre conseil d’administration à votre assureur LPP ? Le statut des administrateurs – membres des conseils d’administration – n’est pas établi au niveau de la loi sur la prévoyance professionnelle, aucun texte ne décrivant clairement ce cercle de personnes. Explications.

C’est par hypothèse et déduction qu’il faut conclure qu’un administrateur pourrait, dans certaines situations, être obligatoirement soumis à une affiliation LPP par la société dont il est membre du conseil d’administration. Mais il n’est pas rare que l’affiliation des administrateurs soit oubliée.

L’administrateur est lié à la société par un rapport d’organe, son mandat ne relève donc pas du droit du travail. Il ne devrait donc pas être soumis aux mêmes règles qu’un employé ordinaire en matière d’affiliation au 2ème pilier. Et pourtant, selon la jurisprudence de l’AVS, force est de constater que les indemnités de l’administrateur soumises à l’AVS devraient également passer sous le contrôle d’une possible affiliation obligatoire au 2ème pilier.

L’élément clé: qui exerce le mandat d’administrateur?

En principe, un mandat d’administrateur/administratrice ne peut être exercé qu’à titre personnel par une personne physique. Néanmoins, il est autorisé, sous certaines conditions assez restrictives, de facturer un mandat d’administrateur par l’intermédiaire d’une société tierce basée en Suisse, considérée comme l’employeur, que l’administrateur représente au sein du conseil d’administration. Dans ce cas, les indemnités d’administrateur sont versées à la société tierce sous forme d’honoraires, soumis à la TVA mais pas soumis aux assurances sociales que sont l’AVS ou la prévoyance professionnelle.

L’administrateur, en tant que personne physique

Par le passé, la tendance à considérer les administrateurs comme des indépendants permettait d’envisager qu’ils n’étaient pas soumis à l’AVS auprès de l’entreprise pour laquelle ils siègeaient au conseil d’administration. Or, la jurisprudence est désormais suffisamment claire: les rétributions versées directement à une personne qui est administrateur d’une société constituent un salaire au sens de l’AVS. Les honoraires, les salaires, les indemnités et les jetons de présence font notamment partie de ce qu’il faut inclure dans ces rétributions.

Mais la question de la prévoyance professionnelle reste entière: avez-vous oublié d’annoncer vos administrateurs?

La règle de base est la suivante: si l’activité de l’administrateur auprès d’une société constitue son activité lucrative principale et que le seuil d’accès de CHF 21’510 en 2021 est atteint, alors il est obligatoirement soumis à la LPP auprès de cette société.

La distinction entre activité principale et accessoire n’est pas toujours simple à établir. Les trois critères retenus pour qualifier l’activité reposent sur le taux d’occupation, la stabilité des activités (lieu, horaire, etc.), ainsi que le montant des revenus tirés. Parfois, un administrateur excerçant plusieurs mandats peut justifier de plusieurs activités de même valeur et donc toutes excercées à titre principal. Cette qualification rend obligatoire l’affiliation à la prévoyance professionnelle de chacune de ces activités dont le revenu dépasse le seuil d’accès.

Vous venez de constater qu’un ou plusieurs de vos administrateurs doivent être annoncés, mais où et comment?

Tout d’abord, le principe de l’affiliation «à la carte» n’existe pas dans le 2ème pilier. De ce fait, l’administrateur obligatoirement soumis ne peut ni choisir à titre individuel où il souhaite enregistrer son 2ème pilier, ni même décider d’y renoncer purement et simplement. Le principe de la collectivité défini par le cadre légal prévoit que des plans de prévoyance spécifiques peuvent être définis, sur la base de critères objectifs. Les administrateurs peuvent ainsi être placés dans un cercle d’assurés qui leur est propre, auprès de l’institution de prévoyance assurant les autres employés de la société ou auprès d’une autre institution. Par contre, une solution élaborée pour une seule personne ou n’incluant pas toutes les personnes répondant aux critères ne pourrait pas être admise.

La décision de l’annonce des admininistrateurs auprès d’une institution de prévoyance mérite donc une réflexion sur le type de couverture et la nature de la solution recherchée, sachant qu’elle doit obtenir l’adhésion de tous les administrateurs concernés. Il n’est, en effet, pas obligatoire d’inclure ce cercle d’assurés dans la solution de base de l’employeur.

Pas de privilèges réservés aux administrateurs actionnaires

Par contre, lors de la création d’un cercle d’assurés spécifique pour les administrateurs, il faut veiller à ne pas introduire un privilège exclusivement réservé aux administrateurs qui seraient également les actionnaires de la société. L’administration fiscale considère qu’un plan de prévoyance réservé aux actionnaires représente une distribution cachée de dividende. Dans une telle situation, les administrateurs ne doivent pas être assurés différemment des autres employés.

Les exceptions à l’assurance obligatoire du 2ème pilier

Lorsque le mandat d’administrateur représente une activité accessoire, l’affiliation au 2ème pilier n’est pas obligatoire. L’administrateur peut alors souscrire à l’assurance LPP facultative, mais sans dépasser le revenu maximal assurable LPP, auprès de la caisse de pension de son activité accessoire, auprès de celle de son activité principale si le règlement de prévoyance le permet ou auprès de la Fondation Institution Supplétive.

Les conséquences d’une lacune de l’affiliation des administrateurs

La société reste responsable d’annoncer à une institution de prévoyance toutes les personnes soumises à l’affiliation obligatoire selon la LPP. Les conséquences d’une lacune d’une affiliation de ses administrateurs sont donc directement imputables à la société et peuvent représenter des charges extraordinaires considérables. Par exemple, en cas d’invalidité ou de décès de l’administrateur, l’institution se retournerait vraisemblablement vers la société pour réclamer le remboursement de la prestation versée. Il vaut donc mieux s’en prémunir en examinant attentivement toutes les hypothèses relatives à une obligation d’affiliation.

 

L’experte de ce blog – Marlène Rast

En possession d’un bachelor en économie et d’un Executive MBA en management, Marlène Rast veille sur les activités de prévoyance professionnelle du Groupe Mutuel depuis 1994. Entourée d’une vingtaine de collaborateurs spécialisés dans le 2ème pilier, elle gère des caisses de pension d’entreprise ou de corporation de droit public, ainsi que la fondation collective du Groupe Mutuel qui regroupe 2’700 employeurs situés dans toute la Suisse.

Opsion Free, un plan de prévoyance sur mesure

La Fondation Collective Open Pension lance un nouveau produit en prévoyance professionnelle destinée aux cadres et aux indépendants avec personnels. Elle élargit ainsi encore un peu plus son offre pour répondre au besoin croissant de flexibilité dans le domaine de la prévoyance professionnelle. Tour d’horizon pour découvrir ce produit avec Sébastien Brocard, expert en caisses de pensions chez Groupe Mutuel Pension Services et Directeur de la Fondation Collective Open Pension.

Dans le contexte actuel des taux d’intérêt historiquement bas, réduisant l’attrait des actifs à taux fixe peu risqué, et d’une baisse des taux de conversion, de plus en plus de cadres ou d’indépendants recherchent des solutions performantes pour la gestion de la partie sur-obligatoire de leur avoir de vieillesse. Cela tout en bénéficiant des avantages fiscaux offerts par la prévoyance professionnelle.

Sébastien Brocard, pouvez-vous nous décrire en quelques mots Opsion Free?

Opsion Free est une œuvre de prévoyance dédiée aux employés d’une entreprise. Elle permet d’assurer uniquement la partie sur-obligatoire du salaire (inférieur à CHF 25’095.- et supérieur à CHF 86’040.-). L’œuvre de prévoyance étant indépendante des autres, elle dispose de son propre degré de couverture et la performance générée par ses investissements revient uniquement à ses assurés. La stratégie de placement est définie par le Comité de l’œuvre de prévoyance. Enfin, une entreprise peut créer une œuvre Opsion Free pour un faible nombre d’assurés.

L’entreprise a-t-elle le choix de ses prestations?

Le plan de prévoyance peut être construit sur mesure et selon la demande de l’entreprise. Il comprend les bonifications épargne qui viendront alimenter le capital de retraite, les prestations en cas de décès ou d’invalidité et leur financement. La prestation de retraite est versée sous forme de capital. Des modalités particulières peuvent être prévues pour le financement d’une prestation sous forme de rentes si l’assuré le souhaite.

Quel est la différence avec un plan 1e?

La part de salaire pouvant être assurée dans Opsion Free est nettement plus élevée que dans un plan 1e qui assure uniquement le salaire au-delà de CHF 129’060.-

Dans Opsion Free, la stratégie de placement est identique pour tous les assurés, alors qu’un choix individuel est possible dans le plan 1e.  En revanche, le Comité peut choisir une gestion de portefeuille sur mesure en attribuant un mandat de gestion à une banque ou à un gérant de fortune, alors que le plan 1e n’offre pas autant de flexibilité de placement.

Enfin, Opsion Free permet au minimum une rémunération nulle des avoirs de vieillesse des assurés en cas de performance négative des placements. Dans un plan 1e, l’évolution annuelle de l’avoir de prévoyance peut être négative, puisque sa valeur reflète les investissements de l’assuré.

Existe-t-il un avantage fiscal avec Opsion Free?

En raison du salaire plus élevé assuré dans Opsion Free et de restrictions moins importantes, les montants de rachat seront plus élevés que dans un plan 1e et donc plus avantageux pour l’assuré. Il permet également à l’entreprise de verser des cotisations d’avance dans la réserve de contribution de l’employeur lorsque l’entreprise réalise de bons résultats, entraînant une réduction de son bénéfice imposable. L’entreprise peut également effectuer des versements à la réserve de fluctuation de valeurs qui réduisent également son bénéfice imposable.

La constitution d’une réserve de fluctuation de valeurs ne constitue-t-elle pas un désavantage?

Au contraire, elle permet de stabiliser l’avoir de vieillesse et elle offre donc une meilleure prévisibilité pour l’assuré. En effet, l’influence d’une mauvaise performance survenant durant les dernières années avant la retraite de l’assuré ou avant son départ de l’entreprise sera limitée. De plus, si le nombre d’assurés est faible, une partie de la réserve de fluctuation de valeurs sera versée à l’assuré en cas de départ de l’entreprise. Il bénéficiera ainsi des rendements ou des versements ayant permis de la constituer.

 

L’expert de ce blog – Sébastien Brocard

Sébastien Brocard est expert en caisses de pensions chez Groupe Mutuel Pension Services et Directeur de la Fondation Collective Open Pension. Titulaire des diplômes fédéraux d’expert en matière de prévoyance professionnelle ainsi qu’en analyse financière et gestionnaire de fortune, il est membre de la Chambre Suisse des experts en caisses de pensions (CSEP) et de la Swiss Financial Analysts Association (SFAA). Il est également actuaire ASA.

Retraite: rente ou capital?

C’est la question que tout le monde se pose au moment de prendre sa retraite: rente ou capital? Notre expert le souligne: la question, il vaut mieux se la poser bien avant. Et commencer le plus tôt possible à se préparer. Voici pourquoi.

«Se faire conseiller? C’est à conseiller»

Willy Lerjen, Senior Relationship Manager au Groupe Mutuel

On le sait, de plus en plus de personnes, en Suisse, vont partir à la retraite ces prochaines années, la génération du baby-boom atteint maintenant 65 ans. Or c’est souvent vers l’âge de 55 ans que les personnes commencent à se poser la question: pour ma retraite, quelle est la solution la plus avantageuse, celle de la rente ou celle du capital? Ou une solution mixte?

Willy Lerjen, Senior Relationship Manager au Groupe Mutuel, conseille régulièrement des personnes à ce sujet. Et est lui-même concerné, puisqu’il s’apprête à prendre bientôt… sa retraite.

 

Groupe Mutuel: Bonjour Willy, comment allez-vous?

Willy Lerjen: Très bien, merci! Mais j’aurais préféré avoir une dernière année de travail avant la retraite qui soit normale, c’est-à-dire au plus près de nos clients. Le Covid en a décidé autrement.

 

Alors, rente ou capital? Que répondez-vous à ceux qui vous posent la question?

Si je peux donner un conseil, c’est de faire cette réflexion le plus tôt possible. Et de s’intéresser au règlement de sa caisse de pension. Quand un proche sollicite mon avis sur la question, je lui demande d’emblée: quel est ton statut? Marié? Divorcé? Des enfants à charge? Cela parce que justement, en fonction du règlement de sa caisse de pension, les conditions ne sont pas les mêmes partout. Certains règlements stipulent que l’on ne peut prendre qu’une certaine partie en capital, d’autres permettent d’en retirer l’entier.

 

Mais la rente, c’est la sécurité d’un revenu régulier, non ?

Oui, mais si vous choisissez l’option rente et que vous n’êtes pas (ou plus) marié, vous devez partir du principe que si vous décédez peu de temps après votre retraite, vous n’aurez touché qu’une petite partie de votre capital. Vos collègues auront peut-être alors une pensée pour vous (réd. sourires).

 

 

Un des critères importants demeure bien sûr celui du taux de conversion. Avec un bon taux de conversion, la rente serait préférable?

Je dirais oui. Mais comme déjà dit, il y a toujours le risque d’un décès survenant tôt après sa retraite. Si l’on est marié, cela pose moins de problèmes puisque l’épouse ou l’époux aura droit à 60% des rentes jusqu’à la fin de sa vie. Là aussi, les règlements sont importants. Certains prévoient qu’il faut être marié et d’autres proposent également des prestations au concubin ou à la concubine. Si ce n’est pas le cas, il convient peut-être d’être plus prudent et de choisir une solution mixte, soit 50% en capital et 50% en rente.

 

Si on choisit le capital, la question est ensuite de savoir ce qu’on va faire de cet argent.

Il faut faire le calcul du revenu que l’on peut raisonnablement attendre de son capital. Dans ce contexte, je ne peux que conseiller une attitude prudente, disons typiquement suisse. Un rendement un peu plus bas, mais avec un risque limité est conseillé pour protéger son minimum vital. Mais il faut aussi vivre et utiliser une partie du capital chaque année. Il existe aujourd’hui des calculateurs qui vous permettent d’estimer quelle somme vous pouvez retirer chaque année avant l’épuisement du capital.

 

Tout dépend aussi de vos charges fixes…

Un autre élément peut jouer un rôle: êtes-vous, ou non, propriétaire? Dans votre calcul, il faut tenir compte du loyer, des assurances et des autres charges fixes. Mais si vous êtes propriétaire, il ne faut pas oublier le coût de l’entretien de la maison. Et puis, dans les premières années de la retraite, il y a souvent un besoin de disposer d’un revenu un peu plus important que plus tard, parce que vous avez envie de faire des voyages ou de belles sorties avec des amis, activités qui diminuent avec l’âge.

 

Un autre point est évidemment celui de la fiscalité.

En choisissant le capital, les montants payés aux impôts vont être importants au départ. Mais vous ne payez qu’une fois. Dans le cas de la rente, vous allez payer chaque année. On sait, grâce aux calculateurs, que sur une durée longue, celui qui touche le capital paiera toujours moins d’impôts que celui qui choisit la rente. D’autant que le revenu de l’AVS s’ajoute à celui de la rente, ce qui augmente aussi le revenu annuel imposable.

 

Le départ à l’étranger, offre-t-il un avantage fiscal…

A priori, il faut avoir d’autres motifs de quitter la Suisse que celui de la fiscalité, au risque de faire une mauvaise affaire. J’aime mon pays et je n’ai pas envisagé de partir… alors autant explorer d’autres pistes! Si vous pensez comme moi, alors vérifiez avec votre employeur si vous pouvez réduire votre taux d’activité. Par exemple, en travaillant à 50% dès 63 ans, ce qui vous permet de toucher le 50% de votre capital. Le taux d’impôt est proportionnel au montant du capital, donc il sera nettement plus bas si vous en prélevez seulement 50%. Et à 65 ans, vous partez à la retraite et touchez la seconde partie de votre capital. Cela dit, la question à la fin est toujours la même: le jeu en vaut-il la chandelle? Economiser quelques milliers de francs est une chose, la qualité de vie en est une autre.

 

Pourquoi dites-vous qu’il faut se préparer à l’avance?

Si je m’aperçois assez tôt que le montant de ma retraite ne sera pas assez élevé, j’ai encore le temps de remédier à cette situation en faisant des rachats dans ma caisse de pension, jusqu’au maximum permis par son règlement. Et le cercle est vertueux: plus je fais de rachats, plus j’économise des impôts. Et plus j’ai de liquidités disponibles l’année suivante pour faire des rachats…

 

Se faire conseiller, c’est à conseiller?

Je pense que oui. Encore une fois, la situation de chacun est unique. Quant à moi, même si je me suis intéressé tôt à la question, cela ne m’a pas empêché de m’adresser à une personne de conseil. Et là, le Groupe Mutuel peut vous aider.

 

L’expert de ce blog – Willy Lerjen

Senior Relationship Manager au Groupe Mutuel, Willy Lerjen a une longue expérience dans le domaine de la prévoyance professionnelle et privée. Titulaire du brevet et diplôme fédéral de spécialiste en assurance sociale, il conseille les grandes entreprises et associations pour toutes les questions dans le domaine des assurances de personnes.