L’avenir est dans la transition énergétique

Groupe Mutuel Prévoyance a réduit son empreinte carbone en 2021, baissant ses émissions de 40% par rapport à 2020. A l’heure de la crise russo-ukrainienne et des défis climatiques, coup de projecteur sur les placements répondants aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) avec Gérald Mayoraz, CEO de Groupe Mutuel Asset Management SA. 

 

Groupe Mutuel: A lheure du conflit russo-ukrainien et alors que les gouvernements occidentaux imaginent des solutions pour se passer des importations de gaz et de pétrole russes, le contexte est plutôt agitéQuelles pistes pour des placements à la fois stables et prometteurs ?

Gérald Mayoraz: Nous allons assister à une accélération du développement des énergies renouvelables, de l’efficience énergétique et des infrastructures nécessaires à cette transition, que cela porte sur les véhicules électriques, les pompes à chaleur, l’amélioration de l’efficacité énergétique, le biométhane, l’hydrogène. Cela va générer des améliorations dans la chaîne de valeurs, allant des entreprises technologiques – start-up ou déjà implantées – jusqu’à l’industrie, appelée à construire et mettre en place ces infrastructures.

Des opportunités d’investissement

La crise actuelle est appelée à durer ?

Probablement encore quelques trimestres, marqués par une inflation et des pressions à la fois sur les taux obligataires et sur les populations dépendant des importations russes et ukrainiennes en matière énergétique ou agricoles. L’approche ESG n’est ainsi plus une option mais représente un domaine dans lequel toute caisse de pension se doit aujourd’hui de repérer les opportunités d’investissement.

 

 

L’enjeu écologique et énergétique gagne partout du terrain

L’Union européenne a présenté il y a quelques mois son plan Repower EU, soit des investissements colossaux avec l’objectif de se dégager de la dépendance énergétique russe. Cette mobilisation de capitaux ne pourra pas se faire seulement via de l’argent public mais également en appelant des capitaux privés.

Quelle est aujourdhui la part des investissements ESG dans une caisse de pension telle que celle du Groupe Mutuel?

87% de nos actifs sont couverts par des notes ESG, même si ce chiffre inclus encore des poches qu’il s’agit d’améliorer. Nous accordons beaucoup d’importance à l’intention des entreprises. Certaines qu’on peut appeler « sales » en termes d’émission CO2 ont des plans de désinvestissement, respectivement d’amélioration de leurs infrastructures, qui leur permettront d’obtenir à terme des notes ESG nettement meilleures. A l’avenir et de manière générale, l’entreprise privée n’aura plus le choix que de se conformer à l’objectif de 0 émission nette, à défaut de quoi elle disparaitra.

 

 

Basculement vers la transition énergétique

Quelle est la part de risque pris par une caisse de pension en investissant dans les registres ESG?

Le risque en termes de rendement ou de revenus pour les assurés, est que cette crise dure, que les gouvernements reviennent sur leurs intentions d’améliorer l’infrastructure et que les énergies traditionnelles, fossiles, continuent de générer un rendement sur le cours de leurs actions ou un dividende plus élevé que le reste du marché. Cela dit, le Repower EU démontre que l’intention est là, et qu’il ne s’agit pas de « wishful thinking » ou simplement de se conformer à l’accord de Paris, mais bien d’essayer d’éviter au maximum les dégâts causés par le changement climatique.

Aujourd’hui les volumes de matières premières agricoles sont en baisse à peu près partout dans le monde, indépendamment de la crise ukrainienne, que cela soit dû à la sécheresse, au manque d’eau souterraine pour l’agriculture ou aux inondations. Les tensions sociales qui en résultent commencent à s’aggraver, notamment dans certains pays – Sri Lanka, Egypte, Pérou, Turquie – et cette situation se rapproche peu à peu de nos pays. En d’autres termes, le basculement vers la transition énergétique est non seulement nécessaire du point de vue des émissions de CO2, mais également pour protéger les terres agricoles nécessaires à nourrir l’humanité.

 

L’expert de ce blog – Gérald Mayoraz

Après avoir travaillé à Genève, Zurich et Toronto dans le domaine bancaire de l’asset management, Gérald Mayoraz est revenu dans son Valais natal. Titulaire d’un diplôme fédéral d’analyste financier et de gestionnaire de fortune, il est actuellement CEO de Groupe Mutuel Asset Management SA, société dédiée à la gestion de fortune des entreprises du Groupe Mutuel. A ce titre, il conduit le département de gestion des capitaux de l’entreprise.

 

Les investissements durables et écologiques (2/2)

La politique d’investissement des sociétés administrées par le Groupe Mutuel est axée sur la prise en compte de l’environnement, des aspects sociaux et de la gouvernance d’entreprise (critères ESG ou Environnement, Social et Gouvernance). En avril 2021, le Groupe Mutuel a d’ailleurs obtenu une très bonne note pour ses placements financiers lors d’un audit externe indépendant. Le point avec Gérald Mayoraz, directeur de Groupe Mutuel Asset Management SA, société gérant les avoirs des entreprises du Groupe Mutuel.

 

Gérald Mayoraz, quels sont au Groupe Mutuel les critères de choix et la manière dont vous répartissez les risques en matière d’investissement?

Deux axes principaux nous guident. Le premier est celui de sortir peu à peu et de manière régulière des énergies à production de CO2, en particulier fossiles, et d’exclure de nos portefeuilles tout ce qui relève de l’ordre des armes. Cet axe inclut également de s’engager dans un dialogue actionnarial avec les entreprises sujettes à caution et d’aborder les investissements de manière à identifier les entreprises qui modifient d’ores et déjà leurs business modèles pour s’adapter à la régulation à venir.

Et le second axe?

Ce qui pour moi est très important est d’investir dans des entreprises ayant un impact, c’est-à-dire celles en mesure de créer, par exemple au niveau technologique, des solutions pouvant aider les entreprises dans ces phases de reconversion. Nous investissons également dans des entreprises ou des fonds ayant un impact social, situées dans des pays à bas taux de PIB par tête, cela pour contribuer à la création de micro-entreprises au niveau local et d’aider ainsi les personnes à se «financiariser» c’est-à-dire à s’intégrer dans un réseau de crédit et d’investissement. Cela permet d’influencer directement le bien-être de populations fragilisées par la pandémie et le dérèglement climatique.

Peut-on définir la part ou la pondération des placements durables par rapport à l’enveloppe globale?

C’est tout le défi. Nous sommes en train d’analyser des fournisseurs de « notes », qui doivent être indépendants, pour savoir à quelle notation correspondent chacun de nos investissements, au niveau de la production de CO2 et de l’impact sociétal. Nous aurons ainsi une image très claire du niveau auquel nous nous trouvons. L’objectif, dans les investissements à impact, est d’arriver à 15% environ de la fortune sous gestion.

Par ailleurs, l’objectif relatif à la production de CO2 est de respecter les conventions signées par la Suisse en termes de lutte pour le climat, soit les Accords de Paris.

Un mot sur la situation ESG des portefeuilles et les performances réalisées des placements de ces dernières années au Groupe Mutuel?

La situation des portefeuilles en termes de critères ESG est bonne. Nous avons un ratio de A sur une échelle allant de A+ à D. Cela ne veut pas dire que nous sommes arrivés au but, mais il s’agit d’une base qui doit nous permettre de nous améliorer encore sur ce chapitre. De manière générale, nous affichons des performances tout à fait en ligne avec ce que nous pouvons attendre des différentes stratégies de placement appliquées dans les sociétés gérées par le Groupe Mutuel.

En savoir plus sur la note ESG du Groupe Mutuel dans cette vidéo:

De bonnes nouvelles donc. Tout cela est conduit et géré par des hommes et des femmes bien réels, peut-on s’en faire une image? Qui sont-ils?

L’équipe en charge de la gestion des capitaux est composée de 9 personnes au sein de Groupe Mutuel Asset Management SA. Un des critères auxquels j’accorde une grande importance est d’ouvrir les yeux, de sortir, d’aller voir et apprendre ce qui se passe en dehors et de se tenir au plus près de l’évolution des possibilités d’investissements et des attentes de rendement futurs selon les types d’actifs. Nous avons un comité de placement, qui se réunit de manière régulière avec trois intervenants externes qui nous apportent aussi leur expertise dans les différents types d’actifs. C’est à partir de là que nous en arrivons à une décision d’allocation tactique, implémentée par la suite par notre équipe.

Le mot de la fin (provisoire, bien sûr)?

Je reprendrais la citation de Bertrand Piccard, quand il dit, je cite de mémoire, que si nous sommes bel et bien face à une crise climatique, il ne faut pas considérer cela seulement comme un problème ou sombrer dans la peur, mais bien aborder cette problématique comme une opportunité, qui doit permettre de contribuer à changer la manière d’investir en prenant en compte l’impact des entreprises sur le climat, l’environnement et le bien-être des personnes.

Je partage entièrement ce message positif. Dans le même temps, nous allons évidemment continuer de tout faire pour que les rendements des portefeuilles des sociétés gérées par le Groupe Mutuel correspondent aux objectifs de rentabilité nécessaires, en particulier dans le 2ème pilier.

 

(Re)lire la première partie de l’interview de Gérald Mayoraz «Le dérèglement climatique devrait être considéré comme une opportunité» (1/2)

 

L’expert de ce blog – Gérald Mayoraz

Après avoir travaillé à Genève, Zurich et Toronto dans le domaine bancaire de l’asset management, Gérald Mayoraz est revenu dans son Valais natal. Titulaire d’un diplôme fédéral d’analyste financier et de gestionnaire de fortune, il est actuellement CEO de Groupe Mutuel Asset Management SA, société dédiée à la gestion de fortune des entreprises du Groupe Mutuel. A ce titre, il conduit le département de gestion des capitaux de l’entreprise.

 

 

Réussir sa stratégie de placement en 2020

En mars 2020, les marchés s’effondrent puis se reprennent progressivement. Comment une caisse de pension peut-elle conduire ses investissements alors que tous les signaux de l’activité sont au rouge ?

Quel choc! En à peine un mois, entre fin février et fin mars 2020, le Swiss Market Index a perdu plus de 27% et l’indice des fonds immobiliers suisses 20%! Même l’indice des obligations en francs suisses n’a pas pu se targuer d’être une valeur refuge puisque celui-ci a vu sa valeur se déprécier de 6%.

Pourtant, tout semblait aller bien. L’année 2019 avait apporté son lot de bonnes surprises, et en début 2020 les marchés continuaient sur leur lancée. Les taux bas semblaient démontrer que les alternatives se limitaient aux actions, cotées ou privées, ainsi qu’à l’immobilier.

Certains signes de surchauffe, que l’on pouvait éviter de voir en se cachant les yeux, étaient toutefois déjà présents en fin d’année dernière: une tendance régulière à l’abaissement des ratings obligataires, la poursuite du soutien des banques centrales et la valorisation des marchés, pour n’en citer que quelques-uns.

Le casse-tête des placements du 2ème pilier en période de Covid-19

La nature du choc vécu cette année n’était évidemment pas prévisible. Une caisse de pension se doit pourtant d’essayer de l’atténuer, en adoptant une politique anticyclique. Après une année extraordinaire en termes de résultats, Groupe Mutuel Prévoyance a abordé le nouvel exercice avec une sous-pondération en actifs risqués et une attribution supplémentaire à sa réserve de fluctuation de valeur. L’endettement des entreprises étant déjà très élevé, une attention particulière a été portée sur les débiteurs obligataires et sur les sociétés cotées avec une situation bilancielle faible.

Les expériences passées ont démontré que lorsque les signaux d’activité sont au rouge et que la panique s’installe, il est trop tard pour réagir. Durant ces périodes, les seules réactions positives sont une politique d’information claire envers le Conseil de Fondation et le maintien de la feuille de route que constitue la stratégie de placement.

Voir en chaque crise une opportunité

La situation actuelle, malgré la reprise de tous les types d’actifs, n’est pas rassurante. Le cocktail «baisse des entrées fiscales – augmentation de l’endettement» ne laisse pas entrevoir un avenir radieux à court terme. Pourtant, le train semble changer de locomotive et certaines petites révolutions nous poussent à envisager prudemment la lumière au bout du tunnel:

  • création de nouvelles chaînes de valeurs
  • adaptation des entreprises existantes
  • décisions sur la politique climatique
  • bond technologique en rapport avec la santé
  • essort de la communication digitale
  • utilisation rationnelle de l’énergie
  • renouvellement d’infrastructures obsolètes
  • approche plus humaniste de la globalisation

Comme chaque crise nous l’a démontré par le passé, cette année particulière est fertile en opportunités. L’art de la prévoyance constitue alors à savoir les saisir, les intégrer et les accompagner tout au long de leur évolution.

 

L’expert de ce blog – Gérald Mayoraz

Après avoir travaillé à Genève, Zurich et Toronto dans le domaine bancaire de l’asset management, Gérald Mayoraz est revenu dans son Valais natal. Titulaire d’un diplôme fédéral d’analyste financier et de gestionnaire de fortune, il est actuellement CIO au sein du Groupe Mutuel. A ce titre, il conduit le département de gestion des capitaux de l’entreprise.