«Le manager? Pour le collaborateur, il est aussi important que le conjoint!»

La digitalisation et l’accélération du rythme du monde du travail induisent une nouvelle catégorie de risques: les risques dits psychosociaux. Lesquels représentent des coûts élevés pour les entreprises. Comment s’en prémunir? Présentation avec Nicolas Caloz, responsable de la Gestion de la Santé en Entreprise au Groupe Mutuel.

 

Groupe Mutuel: Nous sommes aujourd’hui dans le contexte de l’après-Covid, de la guerre en Ukraine, de l’inflation et du renchérissement des prix. Qu’en est-il des conséquences psychologiques de cette situation?

Nicolas Caloz: Nos échanges sur le terrain et auprès des entreprises nous font constater une augmentation du climat anxiogène. Et cela est à inscrire dans un contexte général où, en Suisse, on dénombre quelque 1’300’000 personne actives qui se disent être souvent ou très souvent stressées, ce qui constitue une augmentation de 30% en dix ans. On évalue en Suisse à quelque 6.5 milliards de francs par an les coûts induits par les baisses de l’efficacité et les absences liées aux risques psychosociaux.

 

Les entreprises sont aujourd’hui confrontées au défi d’acquérir les compétences nécessaires et d’intégrer les risques psychosociaux à la protection de la santé de leurs collaborateurs.

Les entreprises doivent se rendre compte que le stress n’est pas qu’une affaire individuelle, mais une problématique globale qui touche à l’ensemble de l’entreprise, à son organisation, aux conditions de travail. Les solutions se trouvent autant dans l’organisation du travail que dans la formation des employés à la gestion du stress.

 

 

Autant de bonnes raisons d’accorder son attention et de prendre soin de la santé psychique de ses collaborateurs…

En effet. Exigences du métier, pression des délais, tensions dans l’équipe, problèmes privés: les causes d’un mal-être peuvent être multiples. Deux éléments s’avèrent alors centraux: l’écoute et la proximité. En mettant en place un programme de gestion de la santé en entreprise, on se base sur trois piliers essentiels: la promotion de la santé, la prévention et la gestion des absences. En appliquant les mesures de ce programme, on constate des effets positifs tels que l’augmentation de la satisfaction au travail, l’accroissement de la productivité, l’amélioration de la qualité des produits et des services, un meilleur esprit d’équipe.

 

Les facteurs de risque sont de natures diverses…

On classe en effet ceux-ci dans quatre catégories essentielles: individuels (âge, antécédents, hygiène de vie), biomécaniques (posture, efforts), organisationnels (locaux et outils de travail), stress (charge et ambiance de travail).

 

Une étude qui vient de paraître relève que les managers sont aussi importants que les conjoints pour la santé mentale des collaborateurs! Incroyable, mais vrai…

Votre manager vous stresse-t-il ou a-t-il un impact positif sur votre santé mentale? Telle est la question que l’étude dont vous parlez a posée à des collaborateurs de 10 pays. Les réponses mettent en lumière le rôle essentiel joué par l’environnement de travail et les managers dans le soutien à la santé mentale des collaborateurs. Ainsi, 69 % des sondés considèrent que les managers ont plus d’impact sur leur santé mentale que leur médecin (51 %) ou leur thérapeute (41 %). Les seuls à faire jeu égal? Le conjoint (69 %). 80 % des collaborateurs interrogés préfèrent par ailleurs une meilleure santé mentale à un haut revenu et les deux tiers se diraient prêts à accepter une baisse de salaire pour un emploi préservant mieux leur bien-être. Le manager constitue ainsi un cinquième facteur de risque, à ajouter aux quatre précédents.

 

 

La gestion de la santé en entreprise, un enjeu essentiel donc…

Il s’agit de soutenir l’entreprise, mais aussi, et vous l’aurez compris, de soutenir le collaborateur. Et ainsi de mettre l’accent sur l’accompagnement. La clé, c’est la proximité.

L’idée maîtresse, c’est se rapprocher encore plus du client et du collaborateur, en répondant au mieux à leurs attentes et à leurs besoins. Le plus important, c’est la proximité donnée vécue aussi bien avec le collaborateur qu’avec l’entreprise. Je suis convaincu que l’accent mis sur l’accompagnement permet d’obtenir les meilleurs résultats.

 

 

L’expert de ce blog – Nicolas Caloz

Responsable de la Gestion de la Santé en Entreprise et cadre supérieur au Groupe Mutuel, Nicolas Caloz compte 20 années d’expérience dans le domaine de l’assurance. Spécialiste breveté en assurances sociales et passionné par le domaine de la santé, il est titulaire d’un CAS en économie et politique de la santé et en Management de la Santé de l’Université de Lausanne. L’intérêt pour la branche, la bienveillance, un esprit pragmatique et le souci des actions concrètes et du détail guident ses réflexions au quotidien.

 

 

 

Réforme LPP 21: une belle opportunité

La réforme de la prévoyance professionnelle laisse place à des défis pour les caisses de pensions mais aussi et surtout à des opportunités pour les assurés et les employeurs de revoir leurs plans de prévoyance.

Le début de l’année 2023 a été marqué par les discussions animées autour de la réforme de la prévoyance professionnelle. Le Conseil des Etats et le Conseil national ont cherché un accord pour permettre à la LPP de s’adapter à son époque et notamment aux nouvelles réalités des carrières professionnelles. Même si peu nombreux sont ceux qui contestent la nécessité de prendre des mesures, les compromis sont difficiles à trouver. Cette évolution laisse place à des défis pour les caisses de pensions mais aussi et surtout à des opportunités pour les assurés et les employeurs de revoir leurs plans de prévoyance.

Le minimum légal: les fondations

Il est utile de préciser que les discussions à Berne ont porté essentiellement sur les prestations obligatoires, celles qui doivent au minimum être couvertes par le deuxième pilier. On peut considérer cela comme les fondations sur lesquelles la plupart des employeurs bâtissent le plan de prévoyance de leurs employés.

Dans les faits, une faible partie de la population est assurée strictement selon les critères du minimum légal et peu sont concernés directement par les paramètres tel que le taux de conversion de 6.8%. En effet, d’après la Commission de haute surveillance, seulement 8.7% des assurés se trouvent dans une caisse considérée proche du minimum légal et sont donc vraisemblablement concernés par le taux de conversion minimums. Globalement, les avoirs selon le minimum légal représentent 39.6% des avoirs totaux auprès des institutions de prévoyance sans garantie étatique. 

Une réforme nécessaire

Même si peu d’assurés sont directement concernés, une belle construction n’est utile qu’avec des fondations solides et adaptées aux besoins des utilisateurs. La réforme LPP est un besoin réel pour les caisses compte tenu de l’augmentation de l’espérance de vie et de la pression sur les rendements. Les assurés eux attendent une plus grande flexibilité et le respect de l’objectif constitutionnel, c’est-à-dire le maintien du niveau de vie à la retraite.

En l’état, les négociations ont abouti à une baisse du taux de conversion bienvenue pour la pérennisation du système (6%). Sans autres mesures, la réduction du taux de conversion entraînera mécaniquement la diminution des rentes de retraite des assurés. Néanmoins, l’augmentation des cotisations épargne et des mesures transitoires permettront de compenser tout ou une partie de cette baisse.

Un compromis s’est dessiné au sujet de la baisse du montant de coordination et la réduction de la progressivité de l’échelle de bonification. Cela permettra de mieux assurer les salariés à temps partiel et de réduire les charges liées aux assurés les plus âgés.

Cette réforme, mais également AVS 21 et la jurisprudence récente nous indiquent que le législateur a la volonté d’élargir la couverture d’assurance à un plus grand nombre de personnes.

On peut par contre regretter que d’autres options, tel que l’abaissement de l’âge de début des cotisations épargne ou une plus grande réduction du seuil d’entrée se soient perdues en cours de route.

Faire évaluer son plan de prévoyance

Ces adaptations légales pourraient entraîner des conséquences sur les prestations assurées ou les cotisations nécessaires au respect des conditions minimum légales. Mais même si ce n’est pas le cas, n’est-ce pas l’opportunité de revoir en profondeur son plan de prévoyance ?

L’employeur dispose d’une marge conséquente pour flexibiliser ou améliorer les prestations proposées à ses salariés, parfois sans aucun coût. Il est souvent possible d’augmenter les capacités de rachats, d’améliorer les conditions d’assurance ou d’accroître les espérances de rendements. Parfois, un changement d’institution de prévoyance est indiqué alors que pour d’autres, une simple revue du plan de prévoyance est suffisante.

Comme chaque situation est unique, nous vous recommandons de consulter nos spécialistes. Ils vous conseilleront en fonction de votre structure, de vos besoins et de votre tolérance au risque.

 

L’expert de ce blog – Sven Ryan

Sven Ryan est actuaire de formation. Gradué en 2014, il exerce depuis dans le domaine du conseil aux institutions de prévoyance, compagnies d’assurance et entreprises. Il est actuaire ASA depuis 2018, devient actuaire responsable pour diverses compagnies d’assurance en Suisse romande et obtient son diplôme d’expert agréé en prévoyance professionnelle en 2021. Intégré au Groupe Mutuel avec le rachat de son précédent employeur, il est aujourd’hui responsable de GM Pension Services. Avec pour objectif de transmettre son savoir, il forme des jeunes actuaires. Cet article a été rédigé avec le concours de Maxime Zahler, stagiaire auprès de GM Pension Services.

 

 

LPP, c’est le bon moment pour changer!

Les caisses de pension ont traversé une année compliquée en 2022. La majorité d’entre elles se trouvent proche d’un degré de couverture de 100% en début 2023 et perdent ainsi toute leur capacité de risques. Que faire?

Deux approches sont possibles pour faire face à ces défis: prendre quelques mesures pour améliorer la situation tout en priant pour que 2023 et les années suivantes soient meilleures. Ou alors faire face aux problèmes pour chercher d’autres solutions et, souvent, changer totalement d’environnement.

Repenser l’allocation des actifs et la gestion de fortune, challenger ses partenaires, voire en changer. Tous ces éléments touchent à l’actif du bilan de l’institution de prévoyance et leur impact sur la santé financière de la caisse de pension est à la hauteur des prières faites pour un environnement économique meilleur en 2023.

Empoigner le problème à bras le corps?

Au passif du bilan, le paradoxe du taux technique: l’augmenter offre des produits extraordinaires mais fragilise la caisse. Revoir le plan de prévoyance, abaisser le taux de conversion, augmenter les cotisations. Toutes ces mesures sont complexes et demandent des dépenses supplémentaires, des frais d’experts et de la communication interne.

Le prochain défi est à nos portes: la réforme LPP est à bout touchant. Il va falloir investir du temps et de l’argent pour se mettre en conformité. Le conseil de fondation des caisses de pension et les employeurs se trouvent donc face à un dilemme: engager des frais pour améliorer la situation de la caisse et la tenir à niveau ou empoigner le problème à bras le corps pour évoluer vers une solution totalement nouvelle?

Ce sont les crises qui font avancer l’être humain, par une remise en question profonde et de bonnes décisions dans une nouvelle direction.

Mais changer en pleine crise, est-ce une bonne idée?

Certes, il faut un peu de courage pour prendre la décision du changement, avec ou sans crise. La rétrospective des années passées permet de faire le compte du temps consacré au sein de l’entreprise pour les réflexions sur la caisse de pension, sur les compétences mises en œuvre – voire disponibles – pour prendre les bonnes décisions. Mais aussi les risques pris par toutes les personnes qui interviennent dans ce domaine au sein de l’entreprise. Le tout pour quel résultat en fin de compte? Si cette rétrospective présente des failles ou des points d’interrogation, c’est qu’il est temps de passer à autre chose, rapidement, pour sortir de la crise.

Changer oui, mais pour quelle solution à l’avenir? L’environnement du 2ème pilier s’est passablement modifié au fil des décennies. Aux prémices de la prévoyance, les caisses de pension d’entreprise ont fait leurs preuves et restent adaptées aux très grandes entreprises comptant plus de 1’000 collaborateurs et qui acceptent d’investir des moyens financiers importants pour soutenir les retraites.

En dessous de ce seuil, cette forme de prévoyance est trop coûteuse, trop gourmande en ressources financières et en compétences, mais également en responsabilité pour les membres du conseil de fondation et pour la gérance. Les compagnies d’assurances ont offert de très faibles taux d’intérêt, qui amputent de plus de 30% les avoirs sur une carrière complète d’un assuré. Cette situation n’est plus tenable aujourd’hui pour les employeurs qui doivent expliquer les faibles rendements à leurs collaborateurs.

L’avenir du 2ème pilier

Entre ces deux mondes, les fondations collectives et communes se sont développées. Sans but lucratif et sans actionnaires, elles ne distribuent pas de dividendes et transfèrent l’entier de leurs revenus à leurs assurés. Elles sont l’avenir du 2ème pilier.

La Fondation collective Opsion a été fondée en 2016 et elle est gérée par le Groupe Mutuel depuis 2021. Elle propose une formule ouverte, permettant à chaque entreprise de trouver la version qui lui convient. Elle constitue donc une excellente alternative aux caisses de pension d’entreprise qui n’ont plus la taille nécessaire ou alors qui ne souhaitent plus assumer les risques d’un conseil de fondation, mais qui tiennent à conserver une marge de manœuvre importante pour définir les prestations assurées ou leurs allocations d’actifs.

Cette alternative existe aussi pour les entreprises qui souhaitent à l’avenir profiter pleinement des opportunités du 2ème pilier pour offrir de belles prestations de retraite à leurs collaborateurs, tout en prenant des engagements limités.

On le dit souvent, «le temps passe trop vite». Il est donc temps d’agir et, dans le domaine LPP, c’est le bon moment pour passer à autre chose!

 

L’experte de ce blog – Marlène Rast

Titulaire d’un EMBA en management, Marlène Rast est active dans le domaine de la prévoyance professionnelle depuis bientôt 30 ans. C’est l’écoute des attentes des entreprises et de leurs collaborateurs qui l’a portée dans ses activités pour proposer des solutions de 2ème pilier en constante évolution. Avec la Fondation collective Opsion et la fondation Groupe Mutuel Prévoyance-GMP, ce sont plus de 2,7 milliards de fortune du 2ème pilier qui sont gérés par le Groupe Mutuel et plus de 20’000 assurés qui bénéficient de belles perspectives pour leur retraite et d’un service de qualité.

Le monde change, la prévoyance aussi

Le monde est entré dans une ère de changements. Et pour les entreprises, la prévoyance constitue de plus en plus un enjeu majeur. Vincent Claivaz, membre de la direction générale du Groupe Mutuel, en trace quelques lignes.

 

Le monde change, la prévoyance aussi. En ce début d’année, quel regard portez-vous sur ce qui nous attend en 2023 dans le domaine du 2ème pilier?

Une vue transverse est nécessaire concernant les personnes et les entreprises tant dans le domaine de la santé que de la prévoyance. Nous allons cette année nous attacher à considérer l’environnement dans lequel nous évoluons de manière un peu différente.

C’est-à-dire?

De manière générale, la période de la pandémie a clairement accéléré les changements dans les modes de vie et les conditions de travail. Le moment est ainsi arrivé pour les entreprises de reprendre en main la problématique de la prévoyance professionnelle et de découvrir de nouveaux modèles, ajustés à leurs attentes.

De nouvelles attentes dans les entreprises se sont-elles révélées en matière de 2ème pilier?

Pendant longtemps, il n’existait en réalité que deux solutions majeures. Soit une caisse propre à l’entreprise, gourmande en ressources et en responsabilités pour les conseils de fondation; soit une solution entièrement déléguée à un assureur, qui a procuré aux assurés un rendement inférieur au marché en raison d’une organisation spécifique des placements. Or justement, ces temps sont révolus et il s’agit aujourd’hui de passer à autre chose, en profitant de l’offre des fondations collectives ouvertes.

Qu’entendre par l’offre d’une fondation collective ouverte?

C’est une proposition nouvelle, destinée aux entreprises qui souhaitent participer aux décisions essentielles du 2ème pilier, tout en limitant l’engagement des ressources et les coûts. C’est une solution moderne et sûre, qui offre de nombreux avantages pour l’entreprise et ses collaborateurs. Nous entendons la faire découvrir plus largement en 2023.

Le changement réside-t-il uniquement dans les divers modèles de prévoyance que les entreprises pourraient choisir?

Des changements professionnels sont devenus plus fréquents, les modalités de travail des femmes ont elles aussi évolué, de même que celui des pères de famille. Et le besoin de flexibilité du temps de travail a aussi grandi. Tout cela impacte directement les couvertures de prévoyance de chacun et produit des effets qui ne se voient qu’à long terme. Dans un marché du travail qui se tend, les employeurs ont l’occasion d’utiliser la couverture de prévoyance comme un argument de poids dans le cadre du recrutement et de la fidélisation des talents. La question de la couverture et du taux d’intérêt apparaît de plus en plus souvent dans les entretiens d’embauche.

L’approche durable des investissements est dans l’air du temps…

Il ne s’agit justement pas d’un phénomène de mode. Mais bien d’une attitude foncièrement responsable, inscrite d’ailleurs chez nous dans une charte ESG depuis 2020. Les investissements doivent contribuer au respect de notre planète et des personnes qui y vivent, tout en conservant les attentes de rendement dues à nos assurés.

Le cadre de la prévoyance va-t-il changer en 2023?

La réforme du 2ème pilier est aujourd’hui bien engagée. Il est souhaitable que le nouveau cadre légal soit mis en place rapidement, qui prenne en compte l’augmentation de l’espérance de vie et les nouveaux modes de vie. Il faut garantir que la couverture de retraite demeure solide pour tous et se renforce pour les femmes et les petits revenus, cela tout en restant supportable pour les entreprises.

 

L’expert de ce blog – Vincent Claivaz

Vincent Claivaz est membre de la direction générale du Groupe Mutuel et y dirige le secteur Santé et Prévoyance Clients Entreprise, qui compte 28’000 sociétés clientes. Il a effectué ses études à l’Ecole Hôtelière de Lausanne, avant d’obtenir un diplôme en gestion hospitalière H+ ainsi que celui de l’IEP International Executive Program de l’INSEAD. Il commence sa carrière professionnelle dans le monde hospitalier avant d’assumer la direction de COSAMA (conférence d’assureurs suisses, maladie et accident) et de rejoindre quelques années plus tard la direction du Groupe Mutuel. Fortement impliqué dans l’économie valaisanne, Vincent Claivaz est homme de réseau et rassembleur, au bénéfice de 25 ans d’expérience dans le domaine des assurances.

Egalité dans les rentes de veufs et veuves: nous pouvons et devons faire mieux

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a tranché en faveur des rentes de veuf. En 2012, un citoyen suisse devenu veuf à l’âge de 41 ans avait déposé un recours à la CEDH car il ne bénéficiait plus de rente de veuf après la majorité de ses enfants. Selon la Cour, il existe une discrimination notoire dans l’octroi des rentes en cas de décès dans notre pays. La Suisse devra donc lui verser plus de CHF 20 000.-. Explications.

 

Au printemps dernier, je relevais ici même que la Cour européenne des droits de l’homme jugeait notre système social comme discriminant. Elle se basait sur le recours d’un homme suisse veuf qui ne bénéficiait pas de rente de veuf AVS.

Dix ans après le recours déposé par cet homme, la Suisse a été condamnée à lui verser 5’000 € pour dommage moral et 16’500 € pour frais et dépenses, soit un peu plus de 20’000 francs suisses. Ainsi, son combat contre les institutions a fini par payer au nom de l’égalité entre les sexes. Pour le législateur suisse, il s’agira maintenant d’adapter notre système en introduisant probablement une rente de veuf ou en modifiant la définition même des sexes dans les textes.

La révision de l’AVS récemment acceptée du bout des lèvres par le peuple suisse est une excellente nouvelle dans le contexte d’une adaptation et d’un objectif de pérennité de notre système social au niveau financier. De même et à terme, une révision portant sur nos modes de vie actuels, ainsi que sur les genres, serait également la bienvenue mais la poussière est dense et il faudra certainement plus qu’un balai pour faire place nette.

Et si la dernière révision AVS a été adoptée, il est désormais très important que la révision du 2ème pilier soit également acceptée et comprise par le peuple suisse, de manière à ce que le système des trois piliers puisse continuer à s’adapter et se régénérer.

Rappel du cas suisse jugé à la Cour européenne des droits de l’homme

En Suisse, si les rentes de veuve de l’AVS continuent à être versées à la femme, elles sont supprimées pour les veufs à la majorité de l’enfant. Ce principe vient donc d’être jugé discriminant entre les époux et irrespectueux de la sphère privée par la Cour européenne des droits de l’homme.

M. B. a 41 ans lorsque sa femme décède. Il devient alors le seul responsable de l’éducation de ses deux filles jeunes. Avec l’adoption de la 10ème révision de l’AVS en 1997, le peuple suisse avait accepté d’octroyer un droit à une rente de survivant tant aux veuves qu’aux veufs.

Mais la situation de M. B. change lorsque sa fille cadette atteint l’âge de 18 ans. Son droit à une rente de veuf s’éteint en raison du passage à la majorité de celle-ci. Le veuf fait opposition, sans succès. En 2011, il dépose un recours auprès du Tribunal cantonal d’Appenzell Rhodes-Extérieures, qui sera également rejeté. Le veuf rédige alors seul un recours auprès de la Cour européenne des droits de l’homme en 2012.

Le jugement rendu récemment par cette même Cour et qui donne raison à ce citoyen suisse nous donne l’occasion de réfléchir à notre système social et aux moyens dont il a et aura besoin pour s’adapter aux évolutions (démographiques, économiques, sociales, etc.) actuellement en cours.

Les ressources financières découlant du système des trois piliers (1er pilier constitué par l’AVS-AI sous un système de répartition, 2ème pilier de prévoyance professionnelle dit de capitalisation et 3ème pilier facultatif) diffèrent selon chaque situation privée, familiale et professionnelle.

Identifier toutes les lacunes

Combien vais-je toucher à ma retraite? Combien laisserais-je à mes survivants si je venais à disparaître? Quels seraient mes revenus en cas d’incapacité de travail? Toutes ces questions doivent être appréhendées de manière personnalisée et professionnelle.

Aujourd’hui, le principal défi du système est d’identifier toutes les lacunes qui placeraient des familles en situation précaire et d’y apporter des solutions permettant à chacun de faire face aux aléas de la vie, tout en pérennisant le financement du système social et le budget des générations futures.

Les équipes de spécialistes du Groupe Mutuel sont à votre disposition pour vous offrir une analyse personnalisée de votre cas et des situations qui peuvent se présenter tout au long de la vie.

 

L’expert de ce blog – Pascal Collaud

Pascal Collaud est Head Relationship Manager pour les assurances Entreprise au Groupe Mutuel depuis le 1er avril 2020. Il a assumé la direction commerciale suisse du réseau de vente du Groupe Mutuel pendant plusieurs années. Il concentre son activité actuelle dans le domaine des assurances Entreprises où il est en charge de la relation avec les partenaires courtiers et les principaux clients. C’est le conseil aux entreprises et l’échange avec les courtiers qui le passionnent et auxquels il consacre la majeure partie de son activité professionnelle.

 

 

Comment mettre en œuvre la prévoyance professionnelle de ses employés?

La mise en œuvre de la prévoyance professionnelle de ses employés est un sujet complexe. Les solutions disponibles sont nombreuses et présentent des intérêts bien distincts. Présentation en compagnie de Sven Ryan, responsable GM Pension Services au Groupe Mutuel.

Groupe Mutuel: Sven Ryan, pouvez-vous nous présenter les solutions les plus courantes en matière de prévoyance professionnelle?

Sven Ryan: La première est l’institution de prévoyance (IP) autonome. Elle résulte de la volonté d’un employeur de créer sa propre caisse. Il s’agit d’une entité juridique distincte de l’employeur, dirigée par un Conseil de fondation (CF), un organe composé d’autant de représentants des employés que de l’employeur. Cette IP n’est accessible qu’aux employés de l’entreprise. Elle offre de loin le plus grand niveau d’autonomie.

Le CF peut fixer librement les paramètres techniques et en particulier: le taux de conversion, la stratégie de placement, la rémunération des comptes épargne ou encore la distribution des excédents. Puisque les employés et l’employeur sont seuls responsables de la caisse, ils sont aussi les seuls responsables en cas de mauvaise gestion ou d’erreurs manifestes. Les experts du domaine ainsi que la surveillance permettent de réduire nettement ces risques, mais ils existent. Il s’agit en réalité de la seule solution qui n’a aucun but commercial.

S’il existe des IP autonomes, il existe aussi des IP collectives…

Cette structure s’adresse à tous les employeurs, sans solidarité entre eux. L’employeur peut, grâce à cette solution, créer une forme d’IP autonome au sein d’une structure existante. En fonction des caisses et des caractéristiques de l’entreprise, divers niveaux d’autonomie peuvent être retenus. L’intérêt principal réside dans la mise en commun des frais fixes, principalement les frais administratifs mais souvent également les placements.

Les provisions et réserves constituées suivent l’employeur en cas de résiliation de l’affiliation. Les représentants de l’employeur et des employés peuvent prendre des décisions au niveau de chaque société, mais nomment des délégués pour les décisions au niveau de la caisse. Cette solution permet principalement de réduire les coûts mais réduit l’autonomie de l’employeur et des employés. Cette solution s’adresse aux grandes et moyennes entreprises qui souhaitent un niveau d’autonomie à la carte, mais veulent mutualiser certains coûts.

Evoquons aussi l’IP commune, une structure proche des IP collectives…

La différence principale étant que tout repose ici sur la solidarité entre les employeurs. De ce fait, les paramètres principaux comme la stratégie de placement ou les taux de conversion sont identiques pour tous. Il s’agit de solutions qui s’adressent particulièrement aux petites entreprises qui souhaitent définir les prestations de prévoyance et le niveau des contributions, mutualiser les coûts mais ne disposent pas de la structure nécessaire à plus d’autonomie. Les risques existent mais sont portés par l’ensemble de l’institution de prévoyance.

Mentionnons également l’IP avec assurance complète, dont les solutions dassurance reposent sur la même base que les IP communes…

Là, cependant, les risques sont entièrement supportés par une compagnie d’assurance. De ce fait, l’employeur et les employés n’ont que très peu de risques de voir la situation financière de la Caisse se dégrader. Le coût de la sécurité se matérialise par des taux de conversions bas, des primes de risques élevées et des espérances de rémunération des comptes faibles. Cette solution s’adresse aux employeurs les moins ouverts au risque.

Lors de la création de la société ou de la première affiliation dun employé, lemployeur peut choisir librement linstitution de prévoyance qui lui correspond le mieux.

Oui. Et en cas de changement ultérieur, il doit obtenir l’accord des employés sur la solution, mais également le prestataire si la forme autonome n’est pas retenue.

 

L’expert de ce blog – Sven Ryan

Sven Ryan est actuaire de formation. Gradué en 2014, il exerce depuis dans le domaine du conseil aux institutions de prévoyance, compagnies d’assurance et entreprises. Il est actuaire ASA depuis 2018, devient actuaire responsable pour diverses compagnies d’assurance en Suisse romande et obtient son diplôme d’expert agréé en prévoyance professionnelle en 2021. Intégré au Groupe Mutuel avec le rachat de son précédent employeur, il est aujourd’hui responsable de GM Pension Services.

 

Et si on se rachetait des lacunes pour renforcer notre retraite?

La vie n’est pas un long fleuve tranquille et il arrive que nous passions quelques écluses durant notre parcours. Que notre temps de travail ait été réduit ou mis entre parenthèses quelques temps, nous regardons nos certificats LPP avec quelques inquiétudes. A quoi va ressembler notre retraite? A ce que nous décidons aujourd’hui. Et quel que soit votre parcours, se racheter quelques lacunes peut s’avérer être une bonne option. Explications avec Alain Anthamatten, responsable LPP au Groupe Mutuel. 

 

Que faire aujourd’hui pour prendre les meilleures décisions en matière de retraite?

Commencer de réfléchir à la retraite à l’âge de 60 ans, c’est trop tard. Et à 50 ans, aussi. Il faut commencer à y penser le plus tôt possible. Souvent les personnes n’obtiennent pas leurs prestations complètes pour la simple raison qu’elles n’ont pas complété leur 2ème pilier au maximum des cotisations possibles. Arrivées à la retraite, elles se retrouvent avec de grosses lacunes.

Les rachats permettent d’améliorer sa retraite. Expliquez-nous.

La lacune de cotisations est l’écart qu’il y a entre le montant épargné dans notre deuxième pilier (la réalité) et celui que l’on aurait pu cotiser, à supposer que l’on ait travaillé non-stop depuis l’âge de 25 ans aux mêmes conditions qu’aujourd’hui. Mais comme dans la vie, rien n’est jamais perdu, on a la possibilité combler la différence. Alors, quelle différence? Le rachat de lacunes de cotisations consiste à verser à sa LPP le montant correspondant à l’écart entre le rêve et la réalité et ainsi d’obtenir une rente de retraite plus élevée.

Les rachats permettent donc de compenser des lacunes…

Par exemple celles qui peuvent survenir si la personne a travaillé quelques années à l’étranger et qui n’a ainsi pas été soumise à la LPP. Ou si la personne a baissé son taux d’activité, par exemple une mère ou un père au foyer qui arrête de travailler pendant cinq ans pour s’occuper des enfants, là aussi il s’agit de montants qu’il est possible de rattraper. Les rachats, d’une part, sont entièrement déductibles fiscalement ; d’autre part, un intérêt minimum LPP de 1% est garanti sur ce qui est versé dans le 2ème pilier. Ce taux varie bien sûr selon les caisses. S’agissant du Groupe Mutuel Prévoyance, il s’élève par exemple à 4% en cette année 2022.

Comment reconnaître ses lacunes, s’il y en a?

Les possibilités de rachat diffèrent selon la prévoyance à laquelle on est assuré et notre situation personnelle. C’est pourquoi il est important de s’adresser directement à sa caisse de pension, pour connaître toutes les conditions. Cette information figure souvent sur le certificat de prévoyance.

Arrive un moment où l’on a atteint le montant maximal de ses prestations…

Alors il est temps peut-être de penser à un rachat vous permettant de prendre une retraite anticipée en maintenant vos prestations assurées à l’âge terme. En résumé, vous prenez une retraite anticipée avec des prestations identiques à celles que vous auriez perçu à l’âge réglementaire, le tout financé par un rachat.

Par rapport à la problématique «Rente ou capital», où s’inscrivent les rachats?

Dans le cas d’une personne qui souhaite retirer son capital, le rachat s’inscrit dans une pure perspective de placement et d’optimisation fiscale. Car les rachats ne vont alors pas améliorer les prestations de rente. Il s’agit simplement de stocker du capital dans sa caisse de pension. C’est un placement sûr, compte tenu de la solidité financière de la plupart des caisses de pension, avec des taux plus intéressants que ceux proposés sur un compte-épargne. Mais le montant versé dans la caisse de pension ne sera pas disponible comme il le serait sur un compte-épargne. Il faut également faire attention au fait qu’un rachat engendre un blocage de tout versement en capital pendant une durée de trois ans.

Les rachats sont donc tout à fait à conseiller?

Clairement. Les rachats constituent un placement sur la retraite, à un taux d’intérêt plutôt intéressant par rapport au marché actuel de l’épargne. De plus en plus de personnes transfèrent d’ailleurs des montants de leur 3ème pilier sur le 2ème.

Pourquoi?

Les conditions y sont plus intéressantes tant du point rémunératoire que sécuritaire. Mais dans le cas d’un transfert du 3ème au 2ème pilier, cette opération est neutre fiscalement. Cela dit, quand vous procédez à des rachats, il s’agit de bien vérifier que votre caisse de pension soit solide – ce qui en général est le cas. Ou encore de ne pas faire de rachat si vous savez que vous allez divorcer. S’agissant d’économies fiscales, il est en général plus avantageux de répartir ses rachats sur plusieurs années.

Donnez-nous trois arguments d’activer l’option «rachats»…

A court terme, vous économisez des impôts ; à moyen terme, c’est un placement ; à long terme, vos rentes seront supérieures à la retraite – le montant du rachat s’additionnant au capital, celui-ci étant ensuite multiplié par le taux de conversion qui se traduira en rentes.

Pourquoi 60 ans est-il trop tard pour procéder à des rachats?

Avec un one-shot ou dans l’urgence, vous ne bénéficiez pas de tous les effets du rachat. Les rachats devraient ainsi s’inscrire dans une planification à long terme.

 

L’expert de ce blog – Alain Anthamatten

Cadre supérieur au Groupe Mutuel, Alain Anthamatten est responsable de la gestion clientèle LPP pour les Clients Entreprise. Il a travaillé dans le domaine de la recherche académique ainsi qu’auprès d’une grande fiduciaire internationale. Coopérant avec une vingtaine de collaborateurs spécialisés, il gère les fondations de prévoyance commune et collective du Groupe Mutuel ainsi que des caisses autonomes de droits privé et public. Alain Anthamatten est Economiste HES et titulaire d’un brevet fédéral de spécialiste en assurances sociales.

Vous êtes indépendant? Soyez couvert!

Etre ou devenir indépendant? Le statut offre de nombreux avantages. Mais implique aussi des responsabilités, tant dans l’exercice de l’activité qu’au plan des assurances et de la prévoyance. Il convient ainsi de bien s’informer, pour éviter les surprises désagréables et être parfaitement couvert.

Le statut d’indépendant procure divers avantages, parmi lesquels la liberté de choisir soi-même son horaire et son lieu de travail, la flexibilité ou l’absence de pression hiérarchique. Etre ou devenir indépendant séduit d’ailleurs de plus en plus de personnes actives en Suisse. Un Suisse sur quatre travaille aujourd’hui en tant qu’indépendant à titre principal ou complémentaire et la tendance devrait aller croissant ces prochaines années.

Mais outre les responsabilités liées à l’activité même, le statut d’indépendant implique également d’en connaître exactement les conséquences au niveau des assurances sociales notamment, sous peine de possibles déconvenues.

En vous mettant à votre compte, vous devez vous occuper vous-même des assurances sociales, de l’assurance-maladie, de l’assurance perte de gain, de l’assurance-accidents (professionnels et non professionnels) et de l’assurance-chômage.

Maintenir ses revenus en cas d’incapacité de travail

Les personnes exerçant une activité lucrative indépendante ne sont pas assurées à titre obligatoire contre les accidents et les maladies professionnelles. Contrairement aux salariés, elles sont elles-mêmes responsables de leurs assurances sociales – cotisations à l’AVS, mais aussi assurance perte de gain, assurance-accidents ou encore prévoyance vieillesse. L’indépendant n’est pas soumis aux obligations légales du salarié, telle que cotiser au 2ème pilier (LPP) ou souscrire une assurance-accidents (LAA).

Trois cas de figure en matière de risque et de couverture

Assurance-accident LAA

Au cours d’une randonnée en montagne, Jacqueline, responsable de PME, glisse dans un pierrier, fait une mauvaise chute et se déchire les ligaments du genou droit. Heureusement, son assurance-accidents rembourse les frais du séjour hospitalier, des séances de physiothérapie, les honoraires de médecins et les coûts de réadaptation. Ayant souscrit une assurance, Jacqueline ne se voit de surcroît chargée d’aucune franchise ni participation aux coûts.

Indemnité journalière

Ingénieur, François s’encouble sur le sol d’un chantier et tombe dans une fouille de construction. En incapacité de travail pour quatre mois, il a pris la précaution d’assurer un gain de 60’000 francs, ce qui lui permet de recevoir une indemnité journalière de 166 francs par jour.

Rente de veuve

Simone est mère de deux enfants et a eu la malchance de perdre son mari il y a un an. Heureusement pour elle, l’assurance-accidents LAA lui verse une rente à vie de 30’000 francs par an, à quoi il convient d’ajouter 12’750 francs pour chaque enfant.

L’assurance perte de gain vous verse des indemnités journalières si vous ne pouvez plus travailler pendant une longue durée suite à une maladie ou un accident.

Si vous subissez un accident (professionnel ou privé), l’assurance-maladie ne couvrira que vos frais médicaux et ne vous aidera pas à vivre pendant la période où vous êtes invalide. Grâce à l’assurance-accidents, vous êtes couvert si un accident survient.

Prévoyance professionnelle

L’indépendant n’est affilié à aucune caisse de pension et s’expose ainsi à une perte de gain en cas de maladie ou d’accident, le 1er pilier – l’AVS/AI – n’offrant de fait pas une couverture suffisante. Une assurance en cas d’incapacité de gain est donc indispensable.

 

En résumé

En tant que travailleur indépendant, vous n’êtes pas soumis à la loi sur l’assurance-accidents obligatoire LAA. Vous devez donc vous assurer par vous-même contre les accidents professionnels et non professionnels.

Il existe des solutions globales d’assurance-accidents destinée aux travailleurs indépendants. Elles complètent la couverture accident obligatoire incluse dans l’assurance-maladie de base.

Si vous êtes indépendant et donc non soumis à la loi sur la prévoyance professionnelle LPP, vous devez donc pourvoir à votre propre couverture contre les risques invalidité et décès.

La retraite est une période charnière pour chacun et il convient de l’anticiper au mieux pour bien assurer la transition. L’indépendant peut se faire accompagner dans cette importante planification.

 

 

L’expert de ce blog – Florian Theytaz

Directeur adjoint au Groupe Mutuel, Florian Theytaz est responsable de la gestion clientèle & underwriting pour les Clients Entreprise. Il a travaillé à Zurich dans le domaine de la LPP, avant de rejoindre le Groupe Mutuel et d’y être actif également dans le domaine de la prévoyance. De 2017 à 2018, il est responsable du département Vie, avant d’assumer ses fonctions actuelles. Florian Theytaz est titulaire d’un brevet fédéral de spécialiste de la prévoyance en faveur du personnel et d’un brevet fédéral de spécialiste en assurances sociales.

Taux de couverture et taux de conversion, tout ce qu’il faut comprendre sur ces indicateurs

On parle aujourd’hui beaucoup des taux – taux d’intérêt, taux techniques et taux de conversion. En particulier, ces termes reviennent fréquemment quand on évoque les thématiques de prévoyance. Tour d’horizon avec Nicolas May, expert LPP au Groupe Mutuel.

 

Groupe Mutuel: Pour ce qui est des caisses de pension, le taux de couverture est souvent cité comme une valeur référence. Mais en fait, qu’est-ce que le taux de couverture?

Nicolas May: Le taux de couverture, ou degré de couverture, est constitué par le rapport existant entre la fortune disponible et les engagements de prévoyance d’une caisse de pension. La fortune disponible est formée par la somme des actifs, c’est-à-dire la somme du bilan sous déduction des dettes à court terme. Les engagements de prévoyance, quant à eux, correspondent aux prestations de libre passage des assurés actifs et les engagements ou les réserves mathématiques des personnes pensionnées. Les engagements de prévoyance constituent le montant dont la caisse doit disposer pour pouvoir verser les rentes jusqu’au décès de ses rentiers.

Cela répond à des critères légaux. Lesquels?

L’un des critères légaux est précisément le calcul du degré de couverture. Le taux technique suit les directives de la commission de haute surveillance, qui en fixe la borne supérieure selon une méthode de calcul prédéfinie. Plus le taux technique est élevé, plus les engagements sont faibles; plus il est bas, plus les engagements augmentent.

Le taux de couverture constitue donc l’un des indicateurs de la santé financière d’une caisse…

Oui. Mais étant mesuré au 31 décembre sur une base statique, il n’inclut pas de vision prospective dans son calcul. Le taux de couverture ne dit donc rien sur le futur ou l’évolution de la caisse. En-dessous de 100%, il indique une situation de sous-couverture. Mais 100% de taux de couverture n’est en réalité pas non plus suffisant. Dans le cas d’un crash boursier, un taux peut rapidement chuter de 100% à 85%, mettant ainsi en péril la couverture des engagements de la caisse. Les dernières années boursières ont été plutôt favorables. Au 31 décembre 2021, le degré de couverture moyen des caisses de pension dans notre pays s’élevait ainsi à 118,5%.

Si une caisse se retrouve en situation de sous-couverture, la loi lui laisse le droit et le temps de remonter à 100% au moins, c’est exact?

Oui. Dans ce cas, la caisse a cinq à sept ans pour revenir à un degré de couverture satisfaisant. A défaut de quoi l’autorité de surveillance oblige à prendre des mesures d’assainissement.

La santé financière des caisses de pension, en Suisse, est plutôt bonne?

Au 31 décembre 2021, oui. Aujourd’hui, avec la crise russo-ukrainienne et la reprise de l’inflation, les marchés boursiers ont baissé et les caisses de pension ont vu leur degré de couverture moyen chuter à 103,4% au 30 juin 2022.

Quels autres critères entrent-ils en ligne de compte quand il s’agit d’évaluer la santé financière d’une caisse de pension?

Un critère important est celui du rapport démographique. C’est-à-dire celui du poids des capitaux des retraités par rapport à celui des actifs. L’important étant dans ce cas de considérer l’évolution de ces paramètres. Si par exemple un nombre important de personnes partent à la retraite dans un avenir proche, cela signifie que le poids des retraités va lui aussi bientôt augmenter. Et plus le poids des retraités est élevé, plus il peut être difficile d’assainir une caisse. La rente d’un retraité ne peut être diminuée.

Evoquons enfin le taux de conversion, dont on parle beaucoup sur la scène politique…

Le taux de conversion dépend des caisses. La loi fixe un minimum légal pour le taux de conversion, mais la caisse est libre de faire ce qu’elle veut, pour autant justement qu’elle respecte le minimum légal, fixé aujourd’hui à 6,8% sur la partie minimum LPP. Aujourd’hui, on observe que beaucoup de caisses, plutôt que d’augmenter les rentes et prendre le risque d’engagements à long terme, versent annuellement, si la situation le permet, une 13ème rente.

Caisses de pension, prévoyance, taux de conversion: nous ne sommes pas dans la science exacte…

Il s’agit de s’adapter aux réalités économiques et démographiques. Et parmi les autres critères de la bonne santé financière d’une caisse, citons la capacité d’assainissement, soit la capacité d’une caisse à se relever rapidement d’un contexte défavorable. Enfin, s’agissant du financement de la caisse elle-même, celui-ci doit être adéquat, sans sous-financement structurel. Le besoin de rendement doit être plus faible que le rendement attendu de l’allocation stratégique.

 

L’expert de ce blog – Nicolas May

Nicolas May est actuaire de formation, expert en assurance de pension, agréé par la Commission de haute surveillance. Valaisan du val de Bagnes, il a travaillé à Neuchâtel, Zurich, aux Etats-Unis (bureaux de conseil, banque, assurance, etc.), toujours avec la LPP au coeur de ses activités. Nicolas May possède une vision à 360 degrés du sujet, alliée à une longue expérience acquise depuis les débuts de la LPP en 1985.

 

Vous voulez savoir ce que veut votre client? Eh bien, demandez-le-lui!

L’expérience client est aujourd’hui au cœur de toute stratégie commerciale. Connaître les besoins et les souhaits des clients est devenu incontournable. Le point avec Marc-André Müller, directeur adjoint au Groupe Mutuel. 

Les relations commerciales se nourrissent aujourd’hui essentiellement de deux sources: celle de l’accent mis sur la standardisation pour accroître l’efficience et celle de la personnalisation pour vivre l’expérience client.

Groupe Mutuel: Standardiser et personnaliser, deux injonctions contradictoires?

Marc-André Müller: De prime abord peut-être, mais il s’agit justement de les concilier pour simplifier, jour après jour, la vie du client. Qui ne s’est pas une fois retrouvé devant une page blanche pour imaginer, à la place du client, son besoin et en y apportant «sa» réponse?  Mais l’essentiel est de comprendre ses réels besoins. Une technique, pour ce faire, est très utile, c’est celle des sondages, aussi directs et pratiques que possible.

En matière d’assurance entreprise, on parle aujourd’hui d’«Onboarding». De quoi s’agit-il?

L’«Onboarding», c’est le moment du début du partenariat, quand il s’agit d’accueillir dans les meilleures conditions chaque nouveau client, en s’adaptant à lui, et d’accompagner ses premiers pas dans ses relations avec l’assureur.

Le dialogue se poursuit, au fur et à mesure des différentes étapes…

Il y a par exemple la phase où l’assureur entend des personnes en incapacité de travail, pour leur demander ce qu’elles attendent de l’assureur en termes d’informations et de soutien dans le cadre de leur parcours de guérison et en vue de la reprise du travail.

Être proche du client et l’écouter, c’est l’essentiel…

C’est le début de tout. Ecouter les clients, collecter leurs avis et leurs conseils, sont des actions non seulement utiles, mais aussi indispensables. Les résultats des mesures prises peuvent ensuite être jaugés à l’aide d’indicateurs pertinents comme le «Net Promoter Score» (NPS) ou le «Customer satisfaction» (CSAT).

Seule l’excellence est assez bonne, dites-vous…

L’excellence n’est jamais acquise, elle s’acquiert sans cesse et je dis qu’en effet il faut y tendre en permanence. L’assureur se veut être un partenaire de référence tout au long de la vie du client, qu’il soit un individu ou une entreprise. Au Groupe Mutuel nous avons décidé de nous consacrer pleinement à l’humain pour répondre à tous ses besoins et attentes en matière d’assurance de personnes, tant dans la santé qu’en prévoyance.

L’expérience client a été parfois mise à rude épreuve lors de la pandémie

La pandémie a engendré un nombre important d’annonces de sinistres. Mais ici, au Groupe Mutuel, cette situation inédite nous a permis – paradoxalement – de nous rapprocher de nos clients et partenaires et de dialoguer encore plus étroitement avec eux. On ne le répétera jamais assez: c’est une chance et un privilège que le client prenne le temps d’écrire à son assureur pour lui faire part de son sentiment, de lui dire aussi ce qui ne lui convient pas. Ainsi, celui-ci est en mesure de s’améliorer.

L’un ou l’autre conseil pour conclure?

Profitez de rencontrer votre client, de revoir son visage, son sourire et ses expressions. Prenez le temps d’écouter et de comprendre ses paroles et parfois aussi ses silences. Le partage sera toujours au rendez-vous. Nos clients doivent pouvoir se consacrer pleinement à leur cœur de métier et à leurs activités essentielles. Pour eux, comme le dit notre dernier slogan de campagne, la vraie vie, c’est… pouvoir se consacrer à son entreprise!

 

L’expert de ce blog – Marc-André Müller

Directeur adjoint au Groupe Mutuel, Marc-André Müller est expert diplômé en assurance-maladie. Il a complété son cursus par une formation en économie et administration de la santé auprès de l’Université de Lausanne. Il a rejoint le Groupe Mutuel il y a plus de vingt ans en exerçant différentes fonctions. Il assure aujourd’hui le bien-être des clients stratégiques. Il est également responsable du centre de services de Lausanne, fort de quelque 350 collaboratrices et collaborateurs. Il a été actif dans différentes commissions techniques de l’association suisse des assurances ASA et siège au conseil de fondation de la caisse supplétive LAA.