Une année 2021 de disruption (1/2)

Quelle synthèse tirer de l’évolution financière et des placements en 2021? Et qu’attendre de 2022? Les grandes tendances de l’économie vues par Gérald Mayoraz, directeur de Groupe Mutuel Asset Management SA. Première partie aujourd’hui, avec la disruption des chaînes d’approvisionnement et de distribution, une inflation forte et la résilience de l’économie suisse. Et seconde partie dans trois jours, avec un regard tourné vers l’avenir, les coûts de «verdissement» de l’économie, l’évolution des taux et les opportunités à venir.

2021 a vu les vagues de Covid se succéder. Comment décrire les grandes scansions et tendances de l’année écoulée?

Nous pouvons parler ici de l’impact que ces différentes vagues ont eu sur le système économique en général. Une des grandes nouveautés de 2021 aura été la disruption des chaînes d’approvisionnement et de distribution, dont l’effet sur l’économie en général a été spectaculaire. Une disruption qui a vu les matières premières et les produits finis – des semi-conducteurs aux métaux – devenir de plus en plus difficiles d’accès.

 

Cela s’est en particulier ressenti dans la seconde partie de l’année chez le consommateur lui-même…

Le consommateur a souvent dû attendre pour acheter sa voiture, son canapé ou construire ou rénover sa maison. L’impact de cette disruption, qui d’ailleurs dure encore, s’est traduit par une augmentation des prix. Une augmentation qui n’a pas été enregistrée seulement du côté de l’énergie – le pétrole et le charbon ayant beaucoup progressé en 2021 – mais aussi dans les biens de première nécessité, comme le café, le jus d’orange, le bois, le loyer, le prix des maisons, si bien qu’on aura observé dans la deuxième partie de 2021 une forte accélération de l’inflation – qui s’est élevée à quelque 7% aux Etats-Unis pour l’année 2021 (y compris énergie et transport).

Une situation qui pourrait devenir problématique?

Je dirais plutôt une situation qui peut être contenue si elle reste temporaire. On peut noter dans ce contexte qu’en 2021, les banques centrales américaine et européenne ont délivré un message selon lequel cette inflation serait justement temporaire et que nous allions bientôt revenir à des niveaux sensiblement plus bas. Or pour le moment ce n’est pas le cas. La réaction du consommateur, elle, aura été assez prompte. Aux Etats-Unis, on enregistre par exemple un nombre de grèves déclenchées en vue d’une augmentation des salaires qui n’avait plus été atteint depuis plus de quarante ans. Les salaires ont effectivement commencé à croître à partir de la mi-2021, ce qui bien entendu a compliqué la situation des entreprises, qui d’un côté ont vu les matières premières se renchérir et de l’autre les charges salariales augmenter.

 

Une spirale inquiétante?

Potentiellement oui, et qui inquiète en effet les banques centrales. A la fin janvier 2022, la Banque Fédérale américaine a ainsi  annoncé qu’elle allait augmenter les taux d’intérêt et diminuer ses rachats d’actifs, c’est-à-dire cesser d’injecter de la liquidité dans les marchés. Cette situation peut ouvrir un nouveau contexte dans lequel la bonne performance boursière de l’année 2021 pourrait ne pas se répéter en 2022.

 

La situation des entreprises européennes est-elle  comparable à celle des entreprises américaines?

Nous sommes un peu décalés, toutefois le taux d’inflation en Allemagne s’élève à 5%, un taux que nous n’avions plus connu depuis des décennies. L’écart du taux d’inflation entre les pays européens et la Suisse – ou l’inflation de base se situe à environ 1% – a eu pour conséquence un renforcement du franc suisse, l’euro se retrouvant à 1,03 environ.

La Suisse s’en sort donc plutôt bien…

Effectivement. En 2020 et 2021 nous avons eu la preuve d’une économie suisse très résiliente. Les entreprises ont bénéficié des RHT, ce qui a été une excellente décision et ont pu se repositionner sur les marchés internationaux par le fait de la qualité de leurs produits et leur admirable capacité d’adaptation, malgré un renforcement du franc suisse et des taux d’intérêt à la hausse – ce qui ne s’était plus vu depuis 2018 environ.

 

Et pour la suite?

Plus tôt les restrictions imposées hors de Suisse en rapport avec le Covid seront levées, plus rapidement les chaînes d’approvisionnement et de distribution recommenceront à fonctionner de manière satisfaisante. Ce relâchement des restrictions devrait éviter le risque de spirale inflationniste, véritable cauchemar des banques centrales.

 

On note qu’un autre élément contribue lui aussi à l’inflation, ce sont les investissements selon les critères ESG…

Tant aux Etats-Unis qu’en Europe des montants gigantesques ont été validés par les différents parlements et sont maintenant à disposition pour « verdir » l’économie. Ce phénomène provoque également une demande de matières premières nécessaires à l’amélioration des infrastructures et pousse l’inflation à la hausse. Cet effort d’amélioration des infrastructures avec un impact climatique et social est toutefois nécessaire

 

Quand vous parlez d’impact social, c’est quoi?

L’impact social concerne l’accès à l’éducation, la financiarisation des petites entreprises dans les pays émergents, le développement des transports publics, l’accès facilité aux soins, toutes choses qui amélioreront le bien-être de la population.

 

Retrouvez la suite de cette interview le 18 mars 2022. 

 

L’expert de ce blog – Gérald Mayoraz

Après avoir travaillé à Genève, Zurich et Toronto dans le domaine bancaire de l’asset management, Gérald Mayoraz est revenu dans son Valais natal. Titulaire d’un diplôme fédéral d’analyste financier et de gestionnaire de fortune, il est actuellement CEO de Groupe Mutuel Asset Management SA, société dédiée à la gestion de fortune des entreprises du Groupe Mutuel. A ce titre, il conduit le département de gestion des capitaux de l’entreprise.

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Groupe Mutuel

Le Groupe Mutuel emploie plus de 2700 collaborateurs. Il compte plus de 1,3 million de clients individuels et 25 500 entreprises lui font confiance. En plus de gérer une fondation de prévoyance professionnelle, le Groupe Mutuel propose également aux entreprises des assurances perte de gain maladie selon la LAMal et la LCA ainsi que l’assurance-accidents selon la LAA.

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