Le droit de ne pas être dirigé par un mauvais manager devrait être un droit de l’Homme !

En entreprise, le maître mot reste à mes yeux celui de la confiance. Elle est à la fois le but à atteindre et le préalable au succès des équipes. Elle est étroitement liée à ce que j’affirme être un droit de tout collaborateur : le droit de ne pas être dirigé par un mauvais manager

Que cela soit à la sortie d’études universitaires, à la fin d’un apprentissage ou d’une formation scolaire obligatoire, la question que se posent les jeunes gens au moment d’entrer pleinement sur le marché du travail est très souvent : « Suis-je prêt pour la prochaine étape, est-ce que je vais me confronter au monde professionnel avec les bonnes armes ?» S’il ne s’agit que de juger de la capacité à trouver un premier emploi au travers du prisme des compétences et des connaissances acquises jusque-là, la réponse sera le plus souvent positive. Notre système éducatif est en effet parmi les plus performants du monde et, pour l’instant, le marché du travail regorge d’occasions.

Toutes les cartes ne sont pas distribuées
A y regarder d’un peu plus près cependant, la plupart des nouveaux arrivants sur le marché de l’emploi n’ont qu’une partie des cartes en main. Leur jeu est incomplet et il faut qu’ils en soient conscients. Les cartes manquantes, ils devront se les donner eux-mêmes, idéalement avec l’appui de leur employeur. Pour ce dernier, la responsabilité est double : être conscient que ces jeunes gens ne connaissent pas les tous codes du monde professionnel et leur donner l’occasion de compléter leur jeu avec des cartes qui ne sont pas données durant le parcours scolaire.
De façon très subjective, je retiens cinq éléments que j’aimerais développer.

La confiance est la base de tout
Le premier élément, sans doute le plus important, est la confiance. Il s’agit de la confiance en soi, en son potentiel. Si vous vous faites confiance, alors vous pourrez aussi faire confiance à vos collègues et à votre manager. Une entreprise performante est une entreprise dans laquelle les gens travaillent en confiance et se font confiance. La confiance est le but qui doit être recherché et atteint. Elle est un des plus puissants levier d’engagement. Trop d’équipes travaillent encore avec la peur de ne pas atteindre les objectifs, la crainte de leur manager, l’objectif de satisfaire le chef ou l’actionnaire avant le client. Diriger une entreprise par la peur, sans confiance, fournira d’aussi bons résultats que des renseignements obtenus sous la torture. Les conditions de la confiance dépendent fortement du management, mais aussi de chacun, individuellement.

Le rôle du manager
Le deuxième élément est le droit de ne pas être dirigé par un mauvais manager. Chacun court le risque d’être confronté à des chefs non pas incompétents techniquement, mais incompétents humainement, insuffisants dans leur façon de manager. C’est plus fréquent qu’on ne le croit puisque, statistiquement, 65% des gens préféreraient changer de manager plutôt que d’avoir une augmentation de salaire. Tout le monde est en droit d’attendre de son manager qu’il soit compétent car c’est son travail que de l’être. Il doit savoir tirer le meilleur potentiel de ses équipes. Ne jamais être écouté, n’obtenir aucun soutien, craindre d’amener une proposition ou de soulever un problème à cause d’un mauvais manager empêchera toute relation de confiance et pénalisera toute l’entreprise par le désengagement des collaborateurs.

Contrairement à celle du Graal, la quête du sens peut aboutir
Le troisième élément est le sens. Il est indispensable d’avoir la conviction que son travail a du sens, qu’on en comprend la finalité et que, d’une certaine façon, on peut se réaliser dans ce travail. Des discours du style « Ne t’inquiète pas, ton job ne te rend pas heureux, mais, de toute façon, tu vas en changer quatre à six fois dans ta vie » ne sont réellement d’aucun secours ; il ne faut pas laisser dire cela. Une personne passera près de 95’000 heures de sa vie à travailler ; cela vaut la peine que ces heures aient du sens pour elle. A nouveau, c’est à l’entreprise de créer des conditions favorables permettant à chacun de donner un sens à son activité. Si je sais quel est le but de l’entreprise, je peux mieux comprendre quelle est ma place dans l’atteinte de cet objectif ou l’accomplissement de cette mission. Une équipe qui sait où aller va pouvoir surmonter les obstacles pour atteindre son but. Si le but n’est pas clair, chaque obstacle sera une sorte de « terminus » en attendant une nouvelle impulsion ou un nouveau changement de direction.

L’importance de l’autre
Le quatrième point est celui de la relation aux autres. Dans le monde professionnel, elle est essentielle. Peu importe que cela soit en direct, par Zoom ou Skype, à 2 mètres ou à 2000 km. A moins de vouloir vivre en ermite, l’être humain est un animal dont l’instinct est d’interagir avec ses semblables. Être connecté à la planète entière via les réseaux sociaux, en quête d’une approbation planétaire à ses moindres faits et gestes, n’a aucune valeur humaine ni aucun intérêt pour l’accomplissement personnel. Une personne incapable de communiquer avec ses collègues, de parfois donner sans attendre forcément de recevoir quelque chose en retour, ne créera jamais les conditions de la confiance et sera finalement mise à l’écart.

Tout vient à point…
Le dernier point est celui de la patience. Une carrière, une relation, la confiance, tout cela ne se construit pas en quelques minutes. Sauf rares exceptions, nul ne demande en mariage la personne qu’il a rencontrée cinq minutes auparavant. même en cas de « coup de foudre ». Dans le monde professionnel, c’est la même chose. Visez le sommet, mais prenez en compte la longueur du chemin qui y mène !
Si beaucoup de jeunes gens arrivent aujourd’hui en entreprise avec des compétences et des réflexes qui sont des atouts, ils sont toutefois marqués par l’habitude de l’immédiateté (je veux, je commande, j’obtiens), par le manque d’habitude à planifier leur journée au-delà du lendemain et par une réelle difficulté à communiquer sans le truchement d’une application (même téléphoner ne va plus de soi).
L’immédiateté n’est pas la réalité dans la vie d’une entreprise. Il y a là un véritable défi aussi bien pour le collaborateur que pour le manager. Conserver des talents en les faisant grandir demande de la patience et de la compréhension de la part desdits talents. Une des façons intelligentes de procéder est de disposer d’une véritable stratégie de formation pour ces personnes. Cela leur fournit non seulement de nouveaux atouts, mais cela donne aussi du temps à l’entreprise et une perspective au jeune talentueux.

En conclusion
Le maître mot reste à mes yeux celui de la confiance. Elle est à la fois le but à atteindre et le préalable au succès des équipes. Elle est étroitement liée à ce que j’affirme être un droit de tout collaborateur : le droit de ne pas être dirigé par un mauvais manager.

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Frédéric Bonjour

Membre de la direction du Centre Patronal depuis 2013 Frédéric Bonjour est responsable du marketing et des ventes, ainsi que de la marque Romandie Formation appartenant au Centre Patronal . Avec une offre de près de 30 brevets et diplômes fédéraux et quelques 300 chargés de cours, les enjeux de la formation des cadres en entreprise sont son quotidien.

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