Celui qui a peur du changement aura et la peur et le changement

 

La Fédération suisse pour la formation continue (FSEA) a publié récemment un rapport sur l’évolution de la formation continue en Suisse, du point de vue des instituts de formation et de leur offre de cours. Après deux années de crise sanitaire, les tendances les plus lourdes semblent destinées à  durer, ce qui aura un impact sur les formations suivies par le personnel des entreprises.

L’internationalisation

La première tendance est l’internationalisation de l’offre, avec des parts de marché toujours plus importantes prises par des organisations mondiales qui proposent des cours en ligne, soit très généraux (les bases du marketing par exemple), soit traitant de soft skills, avec, le plus souvent, un même cours traduit en différents langues. Ces formations peu chères sont destinées à une consommation de masse. Certains offreurs peuvent aussi proposer des formations en ligne spécifiquement construites pour des entreprises et leur personnel, remplaçant ainsi le cours donné aux équipes en présentiel par un intervenant externe. Ce modèle va prospérer sur le terreau fertile du télétravail.

La numérisation

La deuxième tendance est celle de la numérisation de l’offre, puisque près de 80% des instituts en Suisse ont proposé des cours en ligne durant la crise. S’ils ont agi dans un premier temps sous la pression et par nécessité, ils entendent désormais conserver ce modèle. Ce passage au numérique « au pas de charge » s’est fait très souvent au détriment de la qualité, de l’avis même de plus de 50% des écoles. Absence de concept pédagogique, manque de chargés de cours à l’aise avec les technologies, manque de compétences numériques chez les élèves, manque de moyens financiers ; tous ces facteurs se cumulent et continueront à peser ces prochaines années sur la qualité de la formation.

La personnalisation

L’arrivée encore timide de la personnalisation de l’offre de cours en fonction d’analyses comportementales et d’agrégation de données sur le participant pourrait à terme bouleverser la formation ou certains modèles établis. Certaines possibilités existent déjà dans ce domaine, comme la génération par l’intelligence artificielle (IA) de quizz adaptés au niveau de progression de l’apprentissage. Ce type de procédés peut représenter  une véritable valeur ajoutée  pour certains candidats, mais il ne s’agit pas encore de  formation personnalisée à proprement parler.

Et l’employeur dans tout ça ?

Pour un employeur ou un responsable RH qui souhaite encourager la formation continue des collaborateurs, soit dans des cours sanctionnés par un examen reconnu soit dans des formations plus courtes non certifiantes, ces trois tendances viennent ajouter une couche de difficultés dans le choix du bon modèle de formation ou du bon prestataire.

Proposer à des équipes entières de suivre des cours en ligne basés sur un modèle de consommation de masse est-il opportun ? Quel est le risque que le décalage avec le quotidien des collaborateurs ne finisse par décrédibiliser toute l’opération ?

Comment savoir si l’institut de formation choisi par le collaborateur pour son brevet fédéral, qui sera réalisé à 50% en ligne, sera capable d’offrir un cours de qualité d’un point de vue pédagogique ? Aucun institut ne met en effet de panneau « danger » sur son catalogue avec le message « Suivez ce cours à vos propres risques !»

Quelles seront à terme les informations requises pour que la personnalisation de la formation de l’employé soit la plus aboutie possible ? L’employeur devra-t-il fournir des données sur le niveau de compétence qui devra être atteint ? Devra-t-il expliquer les difficultés éventuelles de son employé, techniques ou comportementales, pour que « la machine IA » puisse faire correctement son travail ?

A la profusion d’offreurs et à la multitude de choix de formations, qui sont déjà en soi un défi pour l’employeur, vient s’ajouter  le souci de savoir si, finalement, le collaborateur sera à l’aise avec le modèle de formation proposé. Tout le monde n’a en effet pas envie de suivre une formation à distance ou n’est pas à l’aise avec cette méthode de formation.

Qui l’emportera ?

Difficile à dire lequel, du modèle de consommation de masse ou de celui de la personnalisation, l’emportera. On ne sait même pas si ce combat aura lieu. Ce qui est certain, c’est que le monde de la formation continue a définitivement changé ; une nouvelle normalité s’est installée et le monde d’avant ne reviendra pas. Les employeurs devront s’adapter et trouver de nouveaux modèles pour la formation de leurs équipes. Pour les entreprises  aussi, le monde a changé et de nouveaux standards ont remplacés les anciens. Tout cela participe du même mouvement et ne cessera pas avec la fin de la pandémie.

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Frédéric Bonjour

Membre de la direction du Centre Patronal depuis 2013 Frédéric Bonjour est responsable du marketing et des ventes, ainsi que de la marque Romandie Formation appartenant au Centre Patronal . Avec une offre de près de 30 brevets et diplômes fédéraux et quelques 300 chargés de cours, les enjeux de la formation des cadres en entreprise sont son quotidien.

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