Peut-on se former à l’entrepreneuriat ?

Réussir à mener son business est souvent vu comme une sorte de « force de caractère », un talent inné qui serait lié à des dons ou un tempérament particulier. En réalité, « être fait pour ça », et/ou apprendre sur le tas est évidemment utile. Mais l’entrepreneuriat, c’est aussi une série d’outils et de méthodologies… qui peuvent s’apprendre !

Bien évidemment, être entrepreneur·e, c’est apprendre en permanence, sur le tas. Mais bien des techniques et des outils peuvent aussi s’acquérir…et permettre de gagner beaucoup de temps. Se former, c’est aussi une attitude de leader, c’est peut-être même la démarche entrepreneuriale, car elle dénote une personnalité humble, ouverte, curieuse, et désireuse d’en savoir plus sur un sujet. Un état d’esprit qui implique de savoir se remettre en question, essentiel lors d’une première mise sur un marché, par exemple !

Pourquoi se former ?

Au-delà de l’acquisition de connaissances précises dans un domaine, la formation a d’autres bénéfices, lorsqu’on vient de lancer son business. D’abord, elle permet de prendre du temps pour son projet. Très souvent, l’aventure entrepreneuriale s’initie à côté d’un autre job, ou entre mille activités et on ne lui consacre jamais le temps voulu et nécessaire. Se former implique des coûts et du temps. Et donc, de dégager un espace dédié à 100% à son projet, ce qui ne peut être que bénéfique pour le faire avancer.

Enfin et surtout, c’est l’occasion de partager. La force d’une formation, ce sont les personnes qu’on y côtoie ! C’est des autres, et de l’intelligence collective mise en œuvre dans le cadre d’un apprentissage, qu’on ressort enrichi·e. Et quoi de plus rassurant que de rencontrer des personnes qui partagent les mêmes questionnements, ou mieux, qui les ont résolus ? Adieu l’éternelle solitude du ou de la porteuse de projet !

Comment apprendre ?

A chaque besoin, sa méthode ! Les cours ex cathedra permettent d’apprendre certaines méthodes et concepts, pour découvrir une pensée ou une idée, ils restent très utiles.

Dans ses formations en nombre limité, GENILEM pratique très souvent la « reverse classroom » ou classe inversée. Un contenu rapide est procuré aux participante·s par vidéo, puis il est appliqué au cours d’un atelier, où chacune et chacun travaille sur son propre projet. L’impact est immédiat, la richesse des échanges garantie. Cette méthode développe la réflexion collective, et permet aussi de consolider ses acquis. Chacun·e se place dans une position d’expert·e, tire profit de son savoir et ses enseignements théoriques, et voit son autonomie renforcée. En effet, se confronter à autrui permet de se construire.

Quels concepts sont indispensables ?

Plusieurs outils théoriques sont aujourd’hui devenus incontournables dans l’entrepreneuriat. La méthode du lean start-up, ou du business-model canvas, par exemple, pour apprendre à « échouer vite et bon marché », c’est-à-dire développer rapidement un produit et apprendre le plus rapidement de ses erreurs. Le business plan également, souvent décrié car considéré comme un document statique, permet de se poser les bonnes questions et de faire le tour de son projet. Mais s’il faut peu de temps pour comprendre le concept de manière théorique, intégrer ses applications pratiques pour sa propre entreprise et les challenger demande un temps d’échange qui ne peut avoir lieu qu’en formation. Enfin, si une pléthore de podcasts et contenus de qualité sur l’entrepreneuriat sont disponibles en ligne, l’intérêt d’une formation structurée est d’offrir une solide curation de contenus.

Qui peut se former ?

Tout le monde ! Prendre du temps pour son projet est utile dès le début de sa démarche. Même si l’on est encore au stade de l’idée, briser les mythes et les idées reçues liés à la création d’entreprise permet souvent de surmonter des peurs, souvent injustifiées, que l’on peut avoir. Et si l’on est plus avancé, les apprentissages seront directement utilisables.

Se libérer quelques heures pour se former, alors que le temps manque souvent pour faire avancer son projet, semble être un luxe. C’est pourtant un moyen sûr de limiter les risques d’en perdre beaucoup en prenant les mauvaises décisions tout au long de son projet.

Entrepreneuriat féminin : il est temps de comprendre les blocages 

GENILEM encourage l’entrepreneuriat, indépendamment du genre. Mais force est de constater que les entreprises fondées par des hommes sont plus nombreuses parmi nos jeunes mentoré·e·s.

Qu’est-ce qui empêche les femmes d’entreprendre ? 

Lors de nos réunions d’information, ou pour nos formations, elles sont surreprésentées. Les femmes représentent en effet 52% des personnes participant aux cours d’entrepreneuriat chez GENILEM. Une statistique qui s’inverse par la suite, lorsqu’il s’agit d’accompagner une entreprise effectivement fondée. 2/3 des entreprises accompagnées par GENILEM sont fondées et dirigées par des hommesseules 15% sont dirigées par des femmes. 

En chiffre, on compte 6 femmes entrepreneures pour dix hommes qui ont choisi la même voie, un chiffre qui a tendance à se réduire au fil des années mais montre tout de même une solide disparité.  

Evidemment, une telle chute ne manque pas de nous interpeller. Si les femmes nous consultent massivement pour pouvoir se lancer, pourquoi sont-elles si peu nombreuses ensuite, à rejoindre nos programmes ? Se lancent-elles sans aides, ou pas du tout ? La situation pose une série de questions. 

D’abord, bien évidemment, nos critères de sélection seraient-ils excluants Stricts, ces derniers concernent la nature de l’innovation, le modèle d’affaire et la vitesse de la croissance… A priori, ils n’ont rien à voir avec le genre. Est-ce que des secteurs d’innovations plus féminins nous échapperaient ? Plusieurs études ont en effet montré que les femmes sont plus nombreuses à créer des entreprises dans les secteurs de l’action sociale, les activités vétérinaires, l’habillement et les services à la personne. Mais l’innovation n’est pas exclue de ces secteurs. Et c’est l’innovation, avant tout, qui suscite le soutien de GENILEM 

Est-ce le discours sur l’entrepreneuriat, qui est à revoir ? En effet, dans l’idée commune, la condition des chef·fe·s d’entreprise reste souvent associée à la solitude et aux difficultésPourtant, depuis dix ans, cette réalité a changé : un véritable écosystème d’aide à l’innovation s’est enraciné. Les étudiant·e·s ont désormais accès à toute une série de cours, de structure de soutien managérial et financier. La figure de l’entrepreneur·e a même été glorifiée… Fonder sa propre structure est aujourd’hui une option comme une autre à la sortie des études. Reste que les motivations ne sont pas les mêmes entre les femmes et les hommes. 

Est-ce la spécificité de l’ « entrepreneuriat féminin » qui n’est pas comprise ? Il existe un « entrepreneuriat féminin », appuyé par plusieurs études. On sait ainsi que « le capital investi au démarrage est moindre chez les femmes que chez les hommes. Les femmes déclarent en général moins souvent vouloir croître, s’internationaliser ou créer des emplois. Enfin, elles investissent plus que les hommes le champ de l’entrepreneuriat social. » On sait aujourd’hui que cet entrepreneuriat spécifique est moins bien soutenu, par exemple que les investissements dans les start-ups féminines sont moins importants en raison de préjugés sexistes ancrés et persistantset ont d’ailleurs chuté dramatiquement en 2020. Peut-être y aurait-il ici un fonctionnement ou des valeurs spécifiques à creuser, pour mieux les accompagner, comme le fait par exemple SoftWays sur Genève et Lausanne. 

Est-ce le leadership féminin qui doit être adressé différemment ? Les femmes sont reconnues pour être de meilleures leaders, y compris en temps de crise. Mais cette connaissance est uniquement scientifique. Dans les faits, les biais de genre sont toujours solides. Ainsi, les femmes sont moins encouragées à développer des compétences managériales que leurs collègues masculins. De plus, comme le font remarquer certaines auteures, c’est peut-être la culture même du leadership qui est à questionner. A force de glorifier la confiance en soi comme qualité première de leader, on cantonne les personnes qui ne correspondent pas à ce modèle comme victimes du syndrome de l’imposteur. Et si au lieu de pointer ce qui « manque » aux femmes pour être entrepreneures, on développait une culture de travail qui leur corresponde ?  

Est-ce la culture de l’entrepreneuriat qui doit être repensée? Chez GENILEM, nous constatons bien qu’organiser un atelier le week-end où le soir à 18h aura pour conséquence que peu de femmes y participeront. On peut le déplorer, mais de fait, en Suisse, les femmes sont encore majoritairement chargées de la gestion du foyer et des enfants. On peut le déplorer. Mais on peut aussi s’interroger : l’idée reçue selon laquelle entreprendre est un métier « passion », à mener nuit et jour sans pause est-elle saine ? Quel·le professionnell·e peut décemment tenir ce rythme, consacrer ses soirées et ses weekends à son activité s’il veut tenir dans la durée ? Et si allier carrière & famille n’était pas un problème féminin, mais qu’il nous concernait toutes et tous, n’y gagnerions-nous pas chacun et chacune en qualité de vie ? Faire un burn-out n’a rien de glamour. 

Comment encourager l’entrepreneuriat féminin ? Les causes sont manifestement structurelles, aussi GENILEM ne choisit pas d’ « empowerer » les femmes, mais plutôt de soutenir des initiatives qui permettent une vraie réflexion sur l’entrepreneuriat au féminin, par exemple , participer à des programmes d’entrepreneuriat féminin ciblés comme les ateliers Etincelles de la HEIG-VD ou encourager des journées de promotion de l’entrepreneuriat féminin telles que Women Entrepreneurship Days. 

Comprendre ne coûte rien, mais se libérer de ces blocages est un apport crucial pour nous permettre d’avancer vers plus d’égalité et donc plus de richesse et de dynamismpour le tissu entrepreneurial romand. 

Savoir pitcher, B.A-BA d’un·e porteur·euse de projet

« Prêt ? Partez, Pitch ! », l’évènement online marquant les 25 ans de GENILEM se rapproche de jour en jour. D’ici là, quelques conseils pour maîtriser cet art  du pitch indispensable à toute carrière d’entrepreneur·e.

En quoi consiste un pitch, finalement ? Rien de plus qu’à raconter un projet, l’expliquer dans ses grandes lignes et surtout convaincre une audience de le soutenir. A priori, l’exercice est simplissime ! Et pourtant, c’est tout un art. Demandez par exemple à celles et ceux qui, autour de vous, ont déjà mené une campagne de crowdfunding. Car un pitch entrepreneurial a beaucoup en commun avec une levée de fonds en ligne.

Si les designs épurés des sites de financement participatif respirent la simplicité, faire campagne par ce biais demande en réalité un vrai savoir-faire stratégique. Comme pour un pitch entrepreneurial, cela implique de respecter des formats contraignants, qui suivent de véritables codes. Vidéos de présentation de moins de deux minutes sur les sites de crowdfunding ou slides de 20 secondes maximum, pour le célèbre concours de pitches PechaKucha : dans les deux cas, un ton dynamique, clair et percutant est de mise.

En ligne comme sur scène, pitcher se révèle donc d’abord un exercice de communication. Quels mots choisir ? quels messages privilégier ? dans quel ordre les articuler ? Chaque audience mérite d’être ciblée différemment. On ne pitche pas de la même manière devant des venture capitalists pour solliciter un investissement de 5 millions de francs que dans un espace de coworking où l’on souhaite s’installer. Attention ! Il ne s’agit pas non plus de changer de discours du tout au tout… Plutôt de savoir s’adapter à chaque interlocuteur·trice. Une gymnastique précieuse dans l’univers entrepreneurial où il faut pouvoir être pertinent et adéquat envers chaque partie prenante.

Autre point commun entre le pitch d’entreprise et le crowdfunding : chaque prise de parole se révèle être une mini-étude de marché. En récoltant les commentaires et retours de son public, un·e porteur·euse de projet peut retirer des éléments utiles à son futur service ou produit. Et ce public devient aussi une communauté à solliciter ou activer durant d’autres phases de développement du projet ! Une dynamique bien connue des crowdfundeurs.

Aussi, si vous participez à un concours de pitch, n’hésitez pas à lire les recommandations des plateformes de financement participatif, qui valent aussi pour une présentation sur scène.

Si vous n’avez pas le temps, voici un rapide récapitulatif pour réussir son pitch :

• Respectez le format imposé. Si on vous suggère de vous mettre en scène, de donner des chiffres, d’utiliser du storytelling – raconter votre projet comme si vous racontiez une histoire : faites-le ! Ce sont des méthodes éprouvées, et souvent déjà pensées pour votre audience. Car bien entendu, il vous faudra choisir les pratiques et arguments adaptés à chaque public.

• Simplifiez et vulgarisez.  Expliquer de la manière la plus simple possible demande de l’entraînement. A force de pratiquer, vous le ferez naturellement. Chaque occasion de pitcher est l’occasion d’améliorer votre discours, sur le fond comme sur la forme. Si deux ou trois fois de suite, après une présentation, vos interlocuteurs manifestent la même incompréhension sur votre projet, c’est qu’il faut l’adapter, ajouter des précisions, être encore plus clair·e.  Ne partez jamais du principe que du fait que vous vous adressez à des experts ils en savent plus que vous. Ils ne sont pas connaisseurs de votre domaine. Et bannissez le jargon technique : il est utile dans un environnement de travail, mais en public, il risque de vous faire passer pour hautain·e. Et/ou de faire décrocher votre audience.

• Connectez-vous. Chaque prise de parole permet d’étendre votre réseau et de rencontrer, potentiellement, des personnes qui peuvent nourrir votre projet, le partager auprès de relais, d’appuis voir lui adjoindre des compétences précieuses. Pitcher, c’est renforcer le capital social de votre entreprise.

• La forme – et l’attitude – comptent ! Entre un tiers et la moitié de la réussite de votre message sera reçu en fonction de votre attitude et de votre façon d’être. Pour les timides ou les phobiques de la prise de parole en public, cet aspect peut être un vrai handicap. Mais il se travaille et à force de pratique, s’exprimer devient plus simple. Et gare aussi aux plus fougueux·ses d’entre vous : la passion peut passer pour de l’aveuglement. Veillez à rester ancré·es dans des faits.

• Convaincre. Le but de votre pitch reste de prouver à vos interlocuteurs que votre produit ou projet est indispensable. Pour cela, il est primordial de démontrer, auparavant, l’existence d’un besoin, d’un problème auquel votre entreprise ou projet apporte une solution. Votre pitch doit démontrer que cette dernière n’est pas qu’une option parmi d’autres mais bien la meilleure en l’état actuel. Il existe pléthore de techniques d’argumentation, pour convaincre. Mais toutes reposent sur un élément de base : soyez-vous même, restez aligné·e avec vos valeurs. Tous vos arguments doivent refléter qui vous êtes et ce en quoi vous croyez.

En résumé, pitcher demande un subtil équilibre entre un récit accrocheur et personnel (storytelling, chiffres, transitions à construire, argumentation solide…) et un format maîtrisé (images adaptées si des slides sont demandées, respect du timing…). Tout un art qu’il n’est jamais inutile de pratiquer ! C’est que qu’auront fait les 16 finalistes de notre concours de pitch “Prêt? Partez, Pitch!” dont les présentations sont disponibles dès le 15 décembre sur notre site: https://genilem.ch/pitch-contest/

Comment transformer une crise en opportunité ?

La pandémie l’a montré, tout comme la crise de 2008 ou la dévaluation du franc en 2015: l’environnement économique peut se modifier brutalement. Comment rester agile en tant qu’entreprise ou organisation, dans un contexte qui change soudainement?  

 Technis est régulièrement cité comme un grand gagnant de la pandémie. La start-up vaudoisespécialisée dans les sols connectés, a réussi à transformer en quelques semaines son tapis connecté en système de comptage au sol de personnes, capable d’indiquer aux visiteurs s’ils peuvent ou non entrer dans un lieu. Une solution simple à mettre en place et précieuse pour tous les espaces ouverts au public (commerces, entreprises, administrations, salles de spectacles…) puisqu’en raison du Covid-19, les jauges d’accueil ont été drastiquement réduites. La start-up a réussi à lever 3,2millions de francs. 

Quelles sont les clés pour non seulement réagir, mais véritablement rebondir, c’est-à-dire transformer une crise en réelle opportunité d’affaires, s’ouvrir de nouvelles portes et parfois aller jusqu’à transformer son propre métier? 

Un management bienveillant 

La première chose est d’être capable de mobiliser ses équipes. En effet, un changement d’environnement nécessite plus de temps pour analyser et comprendre ce qui se passe, prendre des mesures d’urgence… À l’activité habituelle s’ajoute un énorme surcroît de travail et bien souvent, du stress.  

Pour qu’une équipe s’implique pleinement dans ce contexte devenu encore plus exigeant, il faut qu’elle se sente respectée et que des objectifs clairs soient définis. Autrement dit, dans l’entreprise doit régner un climat d’écoute et de confiance. Ce dernier ne se construit pas dans l’urgence, mais au fil des mois et des années, avec un management bienveillant 

Cela implique d’abord d’expliquer ce qu’on fait, où on va, pourquoi on abandonne un produit pour un autre, etc. Pour que des équipes se sentent impliquées, il faut leur apporter des éléments de compréhension sur les choix de l’entreprise, ce qui leur permet de s’approprier ces nouvelles orientations et mission pour, au final, se sentir utiles. 

La seconde étape est de s’intéresser à chacune et chacun. Une personne donne le meilleur d’elle-même au travail si elle se sent respectée de la part de son entreprise, c’est-à-dire si on s’intéresse à ses besoins et ses qualités et pas uniquement aux tâches qu’elle effectue. Une ambiance de travail marquée par l’écoute et le respect sincère, facilite la flexibilité des équipes en cas de coup dur. Si la générosité et la reconnaissance constituent des bases de fonctionnement de l’entreprise, les employés sauront en faire preuve à leur tour. 

De la transparence 

Des échanges transparents et sincères sont aussi nécessaires avec les clients et les fournisseurs. Par exemple, être capable d’expliquer qu’une commande prendra du retard, car l’entreprise travaille de toute urgence sur une innovation décisive. Communiquer clairement en cas de crise n’est pas une faiblesse, c’est un signe d’ouverture et de clairvoyance, cela implique d’avoir déjà fait des choix et décidé d’une stratégie. Pour les parties prenantes, c’est donc une attitude rassurante. 

Par ailleurs, clients et fournisseurs connaissent bien l’entreprise : entamer un dialogue avec eux permet aussi de faire surgir des solutions inattendues. 

Rester à l’écoute du terrain 

Pour identifier une opportunité pendant une crise, il faut tout aussi être capable d’écouter le terrain. Tout changement de contexte, de paradigme et tout choc économique modifie les fonctionnements classiques de l’économie et entraîne forcément de nouveaux besoins. Le premier défi est de le saisir, à vous de garder le contact avec le terrain, soit par des rencontres régulières avec des personnes de différents milieux, ou avec une lecture pointue des médias.  

Reste ensuite à faire les bons liens avec votre activité. Lequel de ces nouveaux besoins pourrait être comblé par votre entreprise? Si face à une idée émergente ou un nouveau besoin vous vous dites «on va réussir à faire cela», vous avez adopté la bonne attitude, celle de l’entreprise en passe de pivoter! 

Connaître ses équipes 

Combien de temps faut-il à votre laboratoire R&D pour prototyper un produit? Quels sont les contacts vers qui se tournent vos ingénieurs lorsqu’il leur faut des pièces spécifiques? Pour être capable de répondre à une demande nouvelle, il faut connaître avec finesse les capacités techniques et humaines de vos équipes. C’est ce qui vous permettra d’identifier rapidement que des ressources sont manquantes et doivent être recrutées, par exemple. Ici aussi, sans surprise, pour savoir de quoi vos collègues sont capables, il faut s’intéresser à eux bien au-delà de leur fonction. Si ce n’est pas encore le cas, vous serez surpris de découvrir combien nombre d’entre eux sont polyvalents, cachent des talents, des réseaux ou des capacités inexploitées 

 Veiller à son hygiène administrative 

Vous avez soudain besoin d’une équipe de 10personnes pour mettre en œuvre rapidement votre nouvelle stratégie? Ce n’est pas en pleine crise que vous apprendrez comment se déroule un processus de recrutement. Autrement dit, il faut veiller tout au long de l’année à conserver une bonne hygiène administrative: connaître les principaux dispositifs légaux qui vous concernent, être à jour dans vos démarches (paiements, factures, demandes diverses,etc). Votre agilité sur d’autres plans découle directement de votre solidité sur le plan administratif. Si votre organisation tourne sans anicroche, elle pourra plus facilement négocier un virage rapide. 

 

Pour rebondir et pouvoir retirer le positif d’une crise, il est donc capital d’avoir une base solide, une grande transparence et une connaissance fine de ce que les personnes de la société sont capables de faire. Vous y ajouter une grande finesse d’écoute du marché et vous avez les éléments nécessaires pour pouvoir pivoter en limitant les risques. 

L’ancrage local, un atout durable pour tout entrepreneur

Bénévolat, approvisionnement alimentaire, échanges économiques : la crise récente a montré l’importance voire la primauté de l’échelon local, quels que soient les domaines d’activités. Pour un entrepreneur, être intégré dans un territoire  régional offre une variété de ressources, impossible à négliger. Explications.

La crise de 2008 ou celle du franc fort avaient déjà rendu les entreprises attentives à l’intérêt de disposer d’un certain nombre de fournisseurs locaux. La pandémie a rendu ce réseau d’approvisionnement absolument crucial : lorsque les frontières sont fermées, l’échelon local devient finalement le seul espace d’activités possible.

Cependant, cultiver son ancrage local ne peut se limiter à des échanges de biens et de services. Il s’agit de développer progressivement un tissu de relations et de connaissances pour mieux comprendre le territoire dans lequel on agit, et pouvoir y identifier plus rapidement des opportunités. Plusieurs méthodes et possibilités existent, à vous de choisir, en fonction de votre personnalité et de la réalité de votre région, ce qui peut vous convenir au mieux :

– Acceptez les invitations ! C’est peut-être la toute première chose à revoir. Plutôt que d’ignorer les cartons d’invitations ou considérer les « passe boire un verre » comme une perte de temps, saisissez-le s comme des opportunités de connaître vraiment les gens que vous croisez au quotidien. Qu’il s’agisse des portes ouvertes d’un fournisseur, de l’inauguration des nouveaux locaux d’un artisan du quartier, ou de l’apéritif de l’entreprise qui partage votre immeuble. Par ailleurs, n’oubliez pas les événements organisés par les instances officielles –petit-déjeuner des PME organisées par les promotions économiques par exemple. Ils ont pour but principal de vous permettre d’étendre votre réseau.

– Intéressez-vous aux clubs locaux : amis du musée, alliance pour la nature, équipe sportive ou club dédié au vin… rejoignez un collectif local qui partage vos intérêts ou vos passions : en plus d’y développer des connaissances voire de réelles amitiés, vous rencontrerez des profils de tous horizons.

– Pas le temps pour les loisirs ? Sponsorisez un club ou une organisation de votre choix ! Non seulement vous y gagnerez en terme image  et en sympathie, mais ses membres seront les meilleurs ambassadeurs de votre marque. Pas sûr de comment vous y prendre ? Lisez ces conseils très clairs du Secrétariat d’État à l’Économie.

– Acceptez les sollicitations : votre commune vous propose de présenter votre entreprise pour une soirée dédiée aux nouveaux habitants ? Les élèves de l’école souhaitent vous écouter lors d’une journée des métiers ? Ne négligez pas systématiquement ces opportunités même dans des milieux a priori éloignés de votre activité quotidienne : ils sont une occasion pour vous faire connaître positivement et parler de vous.

– Partagez vos connaissances : les soirées TEDx sont devenues légion, tout  comme les soirées à thèmes, les conférences ou soirées entre entrepreneurs, même s’il s’agit de raconter son pire échec : partagez votre expertise, même sur un blog : cela ne peut qu’entraîner des échanges et des conversations très riches.

– Intéressez-vous à la vie locale : ne négligez pas les initiatives de votre commune : créations d’incubateurs, ou d’espaces en ligne dédiés à l’environnement, les fêtes ou festivals fédérateurs – même s’ils sont annulés cet été. S’intégrer n’implique pas de tout faire comme les habitants du cru, mais de comprendre ce qui les fait vibrer et pourquoi, donc saisir les valeurs qui fondent une communauté. Négliger cela, risque de rendre une relation de confiance plus compliquée. Bien entendu, tout le monde comprend l’anglais, mais si vous parlez un français, même imparfait, votre effort à tenter de comprendre la culture sera apprécié.

Quelle est l’importance de développer son ancrage local ?

Le développement d’un réseau : Quelle que soit la phase de développement de votre entreprise, vous aurez forcément besoin à un moment ou à un autre de pouvoir échanger avec des personnes qui sont déjà passées par là et qui pourront vous conseiller. Profiter de cet échange entre pairs est beaucoup plus facile… quand on dispose déjà d’un réseau de pairs.

– L’atout de la proximité : à force de tisser des liens, il arrive que l’on découvre qu’un collègue de bureau dispose de compétences méconnues, ou qu’une entreprise voisine comporte des spécialistes précieux et très pointus, d’une grande aide dans certaines situations. Sans compter que, quels que soient les réseaux fréquentés, nombreuses sont les personnes à avoir plusieurs casquettes et plusieurs expériences professionnelles : une richesse à cultiver.

– Des infos plus rapides : en pleine crise, quand les infos circulent dans tous les sens et que l’incertitude est au rendez-vous, un réseau de personnes actives dans différents milieux permet d’avoir plus d’informations et de pouvoir prendre le pouls de la situation avec plus de justesse. Ceci est valable aussi en temps « normal » : pour s’informer sur les biens immobiliers ou des postes à ouvrir, rien de mieux que les discussions hors ligne.

– Travailler sa réputation , donc celle de son entreprise: être connu et reconnu dans différents milieux permet de faire connaître et partager ses valeurs et participe à la création d’une réputation positive.

– Faciliter ses ventes : la pandémie a marqué une inflexion pour l’achat local, devenu un acte de soutien aux commerçants et artisans frappés de plein fouet par la crise. S’approvisionner localement et faire savoir qu’on s’ancre à cet échelon envoie un signal positif et clair aux clients, qui en retour n’hésiteront pas à faire preuve de fidélité.

– Mieux communiquer : la presse locale s’intéresse toujours à la vie des entreprises actives sur son territoire, un journal ou une télévision locale vous accorderont souvent plus d’espace ou de temps, mais suivront aussi votre évolution avec plus d’attention que certains titres nationaux.

On voit donc que développer sa présence au niveau local est un atout à plusieurs niveaux, et va bien au-delà de trouver d’éventuels nouveaux clients. Cet ancrage permet d’augmenter sa stabilité et sa capacité à voir certaines difficultés venir et à les surmonter grâce à des soutiens divers et variés.

Fragile, la capacité d’entreprendre doit être préservée à tout prix en période de crise

Pour pouvoir innover, TPE, start-ups et indépendant.e.s  ont besoin d’un filet minimal de sécurité. Alors que l’économie est paralysée, annoncer haut et fort un soutien inconditionnel est crucial, pour que ces entreprises, stratégiques pour le tissu économique suisse, sortent gagnantes de la crise.

Les mesures de soutien aux entreprises se sont multipliées ces derniers jours. Mais GENILEM est au contact des start-ups au quotidien. Et force est de constater qu’aujourd’hui, certaines ne savent toujours pas si elles seront soutenues, ni comment. Il en va de même pour bon nombre d’indépendants ou de petites entreprises de moins de 10 salariés. Beaucoup d’acteurs élèvent leur voix pour souligner que les soutiens accordés ne sont pas suffisants.

L’État a décidé de placer toute l’économie au ralenti, et ce pour de très bonnes raisons. Juguler cette pandémie est bien évidemment une urgence vitale et absolue, qui ne supporte aucune tergiversation. Reste qu’il faut accompagner cette décision. Le Conseil fédéral et les cantons ont certes déjà pris des mesures fortes. Les montants engagés relèvent du jamais vu dans l’histoire suisse. Mais cette crise elle aussi est hors-norme. Par le passé, l’État a sauvé Swissair ou UBS. Mais désormais, c’est toute l’économie qu’il s’agit de soutenir. Le défi est vertigineux, la situation est bien « extraordinaire ».

La force suisse : des finances saines, un goût pour l’entrepreneuriat…à conserver pour rebondir !

La Suisse est un pays riche, peu endetté, disposant de beaucoup de réserves. C’est une chance immense. Notre économie pourra se relever plus facilement que d’autres de cette crise. La crise du franc fort a prouvé la capacité de résilience de notre tissu industriel. Mais cette fois-ci, cette capacité de rebond n’est possible qu’à une seule condition : que tous les acteurs puissent redémarrer ensemble lorsque la reprise sera à l’ordre du jour.

Or, aujourd’hui, une partie significative de ces entreprises ne sait pas comment envisager cette reprise. TPE, indépendants, start-ups ne bénéficient pas de ces aides. Les indépendants sont 590 000 en Suisse, soit près de 13 % de la population active ! Et notre densité de start-ups a été maintes fois louée comme preuve du dynamisme suisse. Tous ces entrepreneur·e·s· ne représentent pas uniquement des emplois et du PIB, mais une culture, un état d’esprit, une richesse inestimable : la précieuse capacité d’innovation suisse, qui fait partie de l’ADN de notre pays. Le tissu économique est fait d’entrepreneurs qui osent, et ce sont eux les plus à même de nous permettre de rebondir rapidement par leur capacité de s’adapter rapidement et de trouver des solutions originales aux problèmes.

Le risque d’un étranglement financier

 Il y a donc deux risques, à court terme. D’abord que les petites entreprises périclitent. Bien entendu, en temps ordinaire, elles savent faire face à certaines inconnues. Une start-up vit et grandit dans un contexte d’incertitude sur son marché et ses produits. Comme les TPE et les indépendant·e·s, elle est habituée à innover et prendre des risques. Mais la pandémie Covid-19 change la donne. Il ne s’agit pas d’une perturbation calculable, mais bel et bien d’un risque systémique. Faut-il le rappeler ? Les indépendant.e.s n’ont aucune assurance-chômage. Les coûteuses assurances pour pertes de gains ne sont activables qu’en cas de maladies. Un.e entrepreneur.e calcule ses risques, mais jamais il ne met toute sa vie, ni celle de sa famille dans la balance, il y a là une nuance essentielle. Un filet de sécurité minimal est nécessaire pour permettre de penser sereinement à son activité professionnelle.

Face à ces situations fragiles, l’État se doit d’être généreux, sans attendre. L’Allemagne l’a déjà compris : elle a mis à disposition 50 milliards à ses indépendant.e.s et à ses petites entreprises, qui peuvent recevoir les subsides demandés sur leur compte… deux jours après avoir réalisé leur demande en ligne de manière simple et non bureaucratique. La démarche va beaucoup plus loin qu’un prêt, il s’agit bien de subventions pour permettre aux indépendant.e.s de payer leurs coûts d’exploitation. C’est ce type de mesures rapides, importantes, indispensables qui préserveront notre capacité d’innover.

Le risque d’une profonde perte de confiance

 L’autre risque, c’est que le goût même pour l’innovation se tarisse. Que ces entrepreneur·e·s· développent une sérieuse aversion au risque. Ils publient déjà des pétitions pour appeler les autorités fédérales à l’aide (ou via cette initiative genevoise). S’ils se sentent abandonné.e.s en pleine tempête, s’ils comprennent qu’ils sont à la merci de n’importe quelle crise, il y a fort à parier que leur envie d’essayer et d’innover s’en trouvera très impactée. Aujourd’hui, ces acteurs ont besoin de confiance, d’une position forte qui leur garantisse qu’ils pourront traverser cette année noire, payer leurs factures, survivre dignement, pouvoir continuer à innover et créer de la valeur. C’est le prix à payer pour que l’envie d’innover, fragile et ô combien précieuse, survive à cette pandémie.

Les abandonner ou sous-estimer leur rôle et leur importance maintenant, c’est prendre un risque encore plus grand : celui de permettre aux grands groupes et aux GAFAM de sortir encore renforcés de cette pandémie. Si l’on ne veut pas que le monde économique de demain soit écrasé par quelques géants, mais qu’il subsiste en Suisse un écosystème solide et varié d’entreprises locales, une action forte est nécessaire dès maintenant.

Bien entendu, les crises sont sources d’innovation. Et certaines start-ups ont su et ont pu rebondir. Mais pour quelques enseignes — dans la livraison, dans la production alimentaire, dans le mobile — dont le business a pu s’adapter à peu de frais à cette période inédite de confinement, combien d’autres sont paralysées ? L’événementiel, la culture, le sport retiennent, pour l’heure, leur respiration. Encore une fois, cette crise est hors-norme. Il s’agit d’aider les entreprises à se questionner sur leur activité future… et non sur leur survie ou celle de leurs dirigeant.e.s.

Au fond, pourquoi créer son entreprise ?

Chaque chemin entrepreneurial est unique, et il existe des dizaines de raisons différentes de se mettre à son compte. Les choses ont-elles beaucoup changé depuis la fondation de GENILEM il y a 25 ans ? Non ! Panorama des raisons qui sont le plus fréquemment avancées par les créateurs à qui l’on pose la question: “au fond, pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans l’aventure entrepreneuriale?”

Donner du sens

C’est LA grande motivation qui anime celles et ceux qui décident de lancer leur entreprise. Depuis une dizaine d’années, cette quête de sens s’affiche sans complexe, et va jusqu’à primer sur le reste. La faute à l’essor des « bullshit jobs » ? Au FOMO, « fear of missing out » ? Toujours est-il que comprendre le sens de son travail, sentir que son rôle est utile, porter des valeurs est aujourd’hui indispensable, pour les générations X, Y, Z, mais parfois aussi pour leurs aînés ! Quoi de mieux, pour croire à ce que l’on fait, que de pouvoir choisir et définir son propre projet.

Investir son temps efficacement

Au sein de très grandes structures, combien d’heures perdues en réunions, déplacements, procédures internes ou coordination ? Le management ne brille pas toujours par sa simplicité, et certaines structures sont parfois trop grandes pour être efficaces.

Sans compter que dans nombre d’entreprises, les journées de travail sont « à rallonge ». Beaucoup de salariés vivent comme une injustice le temps investi dans l’entreprise par rapport à ce qu’ils en retirent à titre personnel. Monter sa structure, dans ce contexte, c’est avoir la garantie d’obtenir le bénéfice de l’énergie investie dans son travail au quotidien…et de ne pas être ralenti par des procédures inutiles et chronophages.

Gagner en indépendance

« Je ne veux plus dépendre de personne ». C’est vrai qu’en créant son entreprise, on devient son propre patron. Mais attention, l’indépendance absolue n’existe pas. Un micro-business, c’est aussi des clients, des collaborateurs, des actionnaires, des partenaires…autant de parties prenantes qui sont souvent plus exigeantes que les supérieurs hiérarchiques. Il est donc important d’en être conscient et de se préparer en connaissance de cause.

Voir ses idées mises en oeuvre

Combien « d’intrapreneur·e·s » ont imaginé des solutions, développé des projets, proposé des changements sans jamais les voir appliqués ? Agir à son compte permet de donner vie à ses idées et de contrôler leur réalisation de bout en bout, même si cette liberté connaît une limite : le marché. En effet, c’est bien lui qui décide quels produits ou services sont pertinents. Mais c’est ce même marché, par les clients qu’il permet d’obtenir, qui saura récompenser les entrepreneurs de leurs efforts !

Gagner de l’argent

L’argent ne peut pas être la motivation principale d’un·e entrepreneur·e. Et pour cause : les débuts de la vie d’indépendant·e sont rarement faciles financièrement et si l’argent est la seule motivation, le désespoir risque d’arriver rapidement… Par contre, cette motivation doit être présente. Il faut oser dire et se dire qu’on souhaite gagner sa vie, cela est sain (et sinon, autant faire de son projet un hobby). Le risque de ne pas l’affirmer ? Se dévaluer, risquer de ne pas être payé·e au prix juste…et devoir mettre la clé sous la porte.

Mieux organiser son équilibre vie-privée et vie professionnelle

Gérer son entreprise permet plus de flexibilité. On peut travailler de chez soi, à 22h ou le week-end, ne pas prendre de vacances pendant six mois, si nécessaire, rester chez soi si un enfant est malade…

Attention cependant à rester attentif aux signes d’épuisement. Les règles légales qui demandent aux employeurs d’imposer des congés et de connaître vos horaires ont, en principe, un but: éviter le burn-out. Un entrepreneur y est, lui aussi, vulnérable. Rester à l’écoute de ses proches fait ici tout son sens, puisqu’ils sont souvent un bon indicateur de quand il est bon de lever un peu le pied.

Se faire plaisir

Evidemment, créer sa structure c’est pouvoir faire ce que l’on aime. Gare aux évolutions, toutefois : lorsqu’une petite entreprise grandit, c’est à son ou sa responsable d’encadrer ses équipes, de prévoir sa stratégie, gérer les questions financières et administratives. Très souvent, on se retrouve alors éloigné·e de l’opérationnel, et de ce qu’on aime faire. Il faut donc, dès le départ, savoir où réside son propre plaisir et veiller à le préserver. Et si cela veut dire engager un directeur ou une directrice pour faire la gestion et pour rester soi-même dans l’opérationnel, pourquoi pas !

Changer le monde

Pour certain·e·s, créer son entreprise est un moyen d’atteindre un but philanthropique : faire le bien. Elle ne doit pas seulement générer de l’argent, créer des produits qui répondent aux besoins du marché, mais améliorer l’état du monde. Cette démarche, qui va au-delà de la simple responsabilité sociale et environnementale exige des profils d’entrepreneur·e·s visionnaires et porteur·e·s d’une mission.

 

Comme on l’a indiqué, toutes les motivations sont bonnes. L’important est de se connaître suffisamment pour comprendre ce qui nous pousse en avant, et de tout faire pour conserver cette motivation intacte.
L’usure du stress, les difficultés rencontrées soufflent en général le premier enthousiasme. Les entrepreneur·e·s les plus motivé·e·s et qui se connaissent le mieux savent généralement garder le cap est aller de l’avant, coûte que coûte, en sachant renouveler leurs sources de satisfaction.

Entrepreneuriat : L’échec n’est pas ce que l’on croit

La dernière expédition de Mike Horn, une traversée du Pôle Nord à skis, s’est soldée par un rapatriement. L’aventurier et son acolyte Børge Ousland ont rencontré des conditions extrêmement difficiles en raison du réchauffement climatique. Peut-on parler d’échec ? Je trouve le terme très fort, sans doute trop. L’échec a une connotation négative. Sous ce terme, on comprend implicitement qu’un élan est stoppé net, qu’une erreur a eu lieu sur toute la ligne. Pourtant, à y regarder de plus près, les situations sont souvent bien plus diverses et nuancées. Abandonner un business ne signifie pas subir un échec. Entre les deux, il y a un monde, que j’aimerais explorer ici.

1. L’échec ou la réussite n’existent qu’en fonction d’un objectif

Tout le monde n’a pas la même intention en créant une entreprise. Certains le font dans le but de voir leur structure rachetée par un grand groupe, d’autres pour la faire grandir par eux-mêmes, d’autres encore pour transmettre un patrimoine à leurs enfants.
Aussi, lorsqu’une start-up cesse son activité et qu’on retient que «l’aventure entrepreneuriale s’est soldée par un échec », on a souvent tout faux. Et si l’entreprise avait été conçue, dès le début, pour être reprise? Et si l’entrepreneur avait tout simplement eu besoin de cette expérience pour mieux cerner son marché? Et si Mike Horn, par la tournure qu’a prise son expédition, avait réussi à alerter certaines personnes sur la réalité du réchauffement climatique ? Les sportifs le savent bien : parler de réussite ou d’échec n’a de sens que rapport à le ou les objectifs préalablement fixés.

2. Un projet qui s’achève n’est pas un échec

On peut avoir convaincu des investisseurs, levé des fonds, recruté des employés, motivé une équipe, convaincu des clients…et malgré tout faire faillite, ou devoir arrêter. Parce qu’on n’a pas su s’internationaliser, changer de marché à temps, parce que le secteur ou la période économique n’était pas la bonne.
Pour autant, rares sont les aventures entrepreneuriales dont on n’apprend rien. En général, une expérience qui s’arrête débouche toujours sur une meilleure connaissance. Compétences techniques (savoir recruter, apprendre à lever des fonds), savoir-faire relationnel, mais aussi et surtout meilleure connaissance de soi.
Le chemin entrepreneurial, parce qu’il nous expose très vite à nos propres limites est sans doute la meilleure école pour savoir ce qu’on est capable de faire (ou non) et ce dont on a envie (ou pas). Ce savoir sur soi reste une force précieuse, quelle que soit la carrière professionnelle que l’on embrasse ensuite.
Si vous pouvez établir la liste de ce que vous avez appris d’une situation, si vous ressortez d’un projet mieux outillé, mieux armé, il sera impossible de qualifier ce vécu d’échec.

3. Une expérience n’est pas un échec

GENILEM a accompagné Alessandro Soldati un entrepreneur, qui a lancé Cronodeal.ch, site de vente en ligne qui a dû cesser ses activités en raison de la concurrence acharnée du secteur, de ses marges trop faibles…
Cependant, son expérience et son savoir-faire dans ce secteur pointu ont valu à Alessandro d’être repéré par une grande plate-forme qui l’a recruté pour lancer un projet de vente et de stockage d’or en ligne. Si son projet initial s’est interrompu, il lui a ouvert de sacrées portes.
Si Alessandro a su ainsi rebondir, c’est aussi et surtout parce qu’il a prouvé ses capacités entrepreneuriales, qui demeurent valides même si son premier site n’a pas perduré. Et c’est aussi car il s’est montré fiable en situation de crise : il a su cesser son activité à temps, et régler les salaires de ses employés, payer ses fournisseurs et ses différents partenaires. Manquer de respect aux partenaires reste inacceptable en Suisse, où l’écosystème entrepreneurial demeure très petit.
Le projet n’a peut-être pas atteint son marché, mais son porteur a prouvé son envergure en tant que chef d’entreprise, comme responsable et porteur de projets. Des compétences qui seront précieuses dans bien d’autres contextes.

4. La notion de succès doit être repensée

Il est très important de définir le succès. Mais il est tout aussi crucial de comprendre que cette définition est éminemment personnelle.Quand il s’agit de start-up, on le résume parfois hâtivement au montant de fonds levés. Or, parfois, les entrepreneurs qui réunissent des centaines voire des millions de francs regrettent le fait d’avoir des investisseurs. Ils voient leur autonomie bridée, se retrouvent à travailler des heures avec une pression immense, pour un projet qu’ils ne maîtrisent plus.

A chacun, donc, de savoir ce que signifie pour lui « réussite », « succès », « accomplissement ». Tout en sachant que le chemin entrepreneurial ne garantit qu’une seule chose : les incertitudes. Aussi, si ce chemin en lui-même, pavé de rencontres et de tensions, n’est pas vécu comme une aventure follement intéressante par les premiers concernés, mieux vaut peut-être reconsidérer sa voie…
Le succès consiste peut-être moins à voir un projet se dérouler sans anicroches que de sentir sa propre personnalité s’épanouir au fil des mois.

 5. Le vrai échec ? L’entêtement

« L’erreur est humaine, persévérer est diabolique » dit l’adage. Si on devait définir l’échec, c’est ici qu’il faudrait commencer à creuser. En effet, l’échec se situe selon moi sur la ligne ténue qui sépare la persévérance de l’entêtement.
La première attitude consiste à ne pas se décourager au premier obstacle, à apprendre de chaque problème, à faire preuve de ténacité voire de courage.
La seconde confère à l’aveuglement, illustre un total manque d’écoute, et une attitude simplement bornée, incapable de la moindre progression.
Accepter de l’aide, c’est accepter ses limites, cela demande un effort et n’est pas donné à tout le monde. Et ce n’est en aucun cas un signe de faiblesse. Plutôt la preuve que vous êtes allés au bout de vos forces, et que vous les avez même dépassées.

Demandez à Mike Horn !

Apprendre vite et bien : comment échanger avec d’autres entrepreneurs

« Les clients sont horribles », « Je suis au bord de la faillite », « Je n’arrive absolument pas à trouver un développeur qui corresponde aux besoins de ma boîte »…La vie d’entrepreneur est aussi et souvent faite de difficultés à surmonter, et de situations qui semblent inextricables. Alors comment s’en sortir ? A qui se confier ? 

Les invitations à des « meetups », des«apéros réseautage » ou petits-déjeuners et autres événements sont des temps précieux pour rencontrer des pairs et apprendre de leurs expériences. Mais pour éviter d’y perdre du temps et de l’énergie et en tirer pleinement profit, quelques conseils. 

1. C’est donnant-donnant 

Vous êtes startupper.euse et vous vous dites qu’un entrepreneur qui a déjà un certain bagage n’a pas de temps à perdre à vous parler ? C’est faux ! Pour lui, revenir sur son propre parcours lors d’un échange permet de réaliser le chemin parcouru, poser des jalons, structurer sa propre histoire, réactualiser son expérience, gagner en confiance. En plus, c’est valorisantL’effet est le même lorsqu’on demande à quelqu’un de réaliser un cours à partir du savoir pratique qu’il a accumulé. Je le constate souvent lors d’événements CoLab que nous organisons chez GENILEMD’un autre côté, pour les participants moins expérimentés, c’est l’occasion d’apprendre des techniques, de dédramatiser des situations… Partager est donc vraiment bénéfique pour tous les participants 

2- Cibler une problématique, et une fréquence 

Évidemment, pour que l’échange soit vraiment fructueuxle but est de se retrouver, d’une certaine manière, entre pairs, c’est-à-dire avec des entrepreneurs qui sont à un même niveau de parcours, qui partagent la même problématique précise, ou les mêmes difficultés. Pas envie de perdre de temps à écumer les afterworks? Trouvez le groupe adapté, ou la soirée thématique qui répond à votre problème du moment. Sur l’arc lémanique, les cercles spécialisés ne manquent pas: Genuine Women pour femmes entrepreneurs, le réseau des scale-up vaudoises pour les startups qui ont grandi, les sessions ciblées de CoLab pour entrepreneurs, les Mampreneurs pour les mamans patronnes etc. L’avantage de ces groupesTransparence et authenticité: on sait qu’on s’y retrouve dans un but précis, pas pour vendre un produit (c’est «no bullshit».)  De plus, les sessions d’échanges sont agendées souvent une fois par mois: une fois la date bloquée, elle s’installe dans votre emploi du temps comme une routine positive. 

3 Thérapie oui, mais constructive 

L’une des premières utilités de ces soirées, c’est de briser la solitude que connaît, forcément à un moment ou à un autre, tout entrepreneur. Pouvoir se «lâcher», dire ce qu’on ne peut pas dire à ses clients, son mari/sa femme, ses fournisseurs est essentiel, quasi thérapeutique! C’est tout l’intérêt d’un apéro, d’un échange informel. 

Mais évidemment, bénéficier de l’oreille d’un collègue, c’est aussi s’ouvrir des pistes sur de nouvelles façons de résoudre des problèmes, peut-être même trouver un.e allié.e dans des difficultés. Dans le secteur médical ou psychologique, les soignants ont l’habitude d’utiliser des «communautés de pratiques»: ils se réunissent et partagent chacun un cas complexe, et réfléchissent ensemble. C’est tout l’intérêt de lintelligence collective lorsqu’elle est formalisée: bénéficier de plusieurs regards, plusieurs cerveaux et surtout de leur mise en commun. Pour les CoLab, nous avons opté pour une formule associant présentation  « magistrale » (plusieurs «intervenants d’expérience» s’expriment sur un même thème, 10minutes chacun et répondent aux questions du public), et apéro informel. Une solution qui optimise la transmission du savoir mais permet aussi le réseautage et les échanges en face à face. 

4- La maturité pour échanger 

Tirez profit des «small talks». D’abord, n’ayez jamais peur de parler aussi avec votre concurrent: c’est gagnant-gagnant! Il est sur le même marché, cherche une solution, mais se pose peut-être des questions en d’autres termes: utile, pour aborder vos problèmes sous un autre angle! Ensuite, sachez écouter et vous remettre en question. Lors d’un CoLab récent, réunissant des startupeurs actifs sur des plateformes digitales, quatre pros ont expliqué que pour atteindre le marché alémanique, ils avaient dû passer par une présence physique sur place. Une idée qu’ils n’avaient pas forcément envisagée, à cause de son coût et de ses implications logistiques mais qui, suite aux échanges approfondis avec ces gens expérimentés, a fini par les convaincre.  

Enfin, restez authentiqueC’est là-dessus que se construira votre crédibilité et la possibilité d’avoir des retours précis, donc précieux ! 

Donc, sortez, échangez un maximum avec d’autres entrepreneurs au même stade d’avancement que vous. Cherchez surtout des échanges authentiques qui seront, c’est une certitude, bénéfiques pour les deux parties.

Quel rôle pour un.e coach externe quand on se lance dans l’entrepreneuriat ?

Vous avez pris la décision de vous lancer en tant qu’entrepreneur.e ? Vous avez entendu tout et n’importe quoi sur les coaches qui peuvent vous entourer dans cette période cruciale de votre tournant professionnel ? Bien « utilisées », ces personnes peuvent faire une énorme différence, et la région regorge d’offres, autant en profiter. La question est : qu’en attendre, et comment en bénéficier au mieux. 

Sans prétendre à l’objectivité (j’ai exercé en tant que coach en création d’entreprise pendant plusieurs années chez GENILEM, dont c’est l’activité principale), il est important de présenter ce qu’un.e coach peut apporter à une personne qui se lance dans l’aventure entrepreneuriale. 

En effet, l’échec d’une relation coach-coachee vient très souvent d’un non-alignement des attentes. Non pas parce que la personne n’est pas capable de faire du bon travail, mais tout simplement parce que le mandat n’a pas été clairement défini. Voici donc quelques pistes sur des choses que l’on est en droit d’attendre de son coach en création d’entreprise. 

– Apporter un regard externe (et neutre). Par définition, c’est la première qualité à attendre. Pour aller plus loin, il faudra valider la capacité du coach à faire lever la tête de l’entrepreneur.e du guidon. Lui permettre de souffler un peu et de se poser les bonnes questions plutôt que de foncer tête baissée dans son quotidien. 

– Être un soutien dans les moments difficilesêtre capable de faire voir les choses positives, même minimes. L’aventure entrepreneuriale est intense, excitante, et parfois très brutale. Il arrive que l’on se pose tellement de questions sur la validité de son choix et sur les implications d’un échec (financièrement, familialement, émotionnellement et vis-à-vis de son entourage proche) que l’on arrive plus à voir le bout du tunnel. Ces moments, quasi tous les entrepreneurs les vivent et cela peut mener à des dépressions, voire plus grave. Dans ces moments-là, avoir quelqu’un qui saura dédramatiser et faire remarquer les choses positives qui arrivent ou qui peuvent arriver est crucial. Cela peut devenir une question de survie. 

– Ne pas faire, mais savoir quoi faireet s’il faut le faire: on ne doit pas attendre de son ou sa coach qu’il/elle fasse les choses à sa place. On n’a jamais vu un préparateur sportif courir un 100 mètres à la place dcoachee, ou Severin Lüthi jouer un match à la place de Federer ! Par contre, il faut que la personne mandatée ait la capacité à analyser finement la situation pour saisir dans quelle position est la personne suivie. 

– Poser les bonnes questions (sans donner les réponses), puisque les réponses ne doivent pas venir du coach, mais de l’entrepreneur.eUn.e coach ne répond pas directement aux questions, mais en pose. Le rôle d’un.e coach est de permettre à un.e entrepreneur.e de devenir indépendant.e et autonome le plus rapidement possible. Elle interroge, d’une manière à permettre à l’entrepreneure d’avancer. Un.e coach n’est pas un.e consultant.e. 

– Ne pas être impliquée émotionnellement : si l’entrepreneur.e ne peut pas garder la tête froide, la personne qui laccompagne doit pouvoir le faire. Cela reprend le premier point, mais il est bon de rappeler que la distance émotionnelle est importante. Le/la coach ne peut pas faire siens les problèmes rencontrés par l’entrepreneur.e, et ne doit pas se donner pour mission de résoudre les problèmes à sa place, ce qui n’irait pas dans le sens de l’autonomisation. 

– Ne pas être spécialiste dans un domaine, mais savoir orienter au plus justeUn.e coach en création d’entreprise doit avoir une vision globale de l’entreprise, connaître les tendances, les façons de faire. Avoir été entrepreneur est un grand plussans forcément avoir connu un gros succès. A nouveau, on n’attend pas d’un coach sportif de mieux maîtriser le sport que la personne qui va l’exercer. 

Il n’est vraiment pas simple de trouver la perle rareAlors, il ne faut pas avoir peur de faire des rencontres, de « tester » la pertinence des gens qui peuvent se présenter à vous. Au final, c’est le sentiment d’avancer qui doit justifier le choix final : le/la coach doit être utile et doit permettre au projet d’avancer sinon plus vite, au moins plus sûrement et plus sereinement.