Licenciements dans la tech, une opportunité ?

Les suppressions d’emploi se sont multipliées dans la tech ces dernières semaines, paradoxalement, le besoin de solutions et de compétences dans le domaine reste élevé. Peut-on y voir une opportunité pour celles et ceux qui se lancent ?

Les annonces retentissantes de licenciement dans le secteur de la tech ont été largement commentées. Entre Google, Meta et Amazon, ce sont près de 100 000 postes qui ont été supprimés en janvier 2023, dénombre le site Heidi.News qui précise que 240 000 licenciements avaient déjà fin 2022.

Ces décisions envoient, a première lecture, un mauvais signal pour l’industrie de la tech, les secteurs du numérique et de la digitalisation. Est-ce à dire que fonder une start-up dans le domaine est plus risqué, que les investissements vont se tarir ? Un peu de nuance est nécessaire.

Ces licenciements sont d’abord le signe que ces entreprises ont beaucoup (trop ?) embauché. Ces départs massifs peuvent être relativisés avec un regard historique à court terme, pointe d’ailleurs Le Temps. Dans un contexte pandémique comme en 2020, la conviction que la digitalisation s’accélérerait sur tous les plans a pu jouer très fort. Trois ans après la fermeture de toutes les économies, le dessin exact du monde de « l’après-Covid » en tout-digital n’est plus si certain.

Incertitude et nouveau cycle

Ce qui a gagné et qui domine aujourd’hui? C’est l’incertitude. Pandémie, conflit ukrainien et catastrophes écologiques ont plongé les économies dans une gestion à très court terme et dans des choix de dernière minute. Dans ce contexte, se séparer de départements entiers est d’abord un choix de sécurité et d’attentisme.

Par ailleurs, ces talents laissés sur le carreau ne seront pas au chômage demain : la digitalisation n’est de loin pas stoppée. Elle se poursuit mais change simplement d’échelle. On peut en effet voir ces ajustements comme une crise de croissance du secteur, un moment d’adaptation, plutôt que comme sa chute ou sa fin brutale. Les cycles technologiques en effet demandent des temps de démocratisation, de maturation avant leur adoption par certains secteurs et marchés donnés.

Après 10 ans de croissance accrue, certaines technologies et certains outils se sont banalisés (applications, morphing, paiement en ligne…). D’autres viennent tout juste d’être démocratisés (IA, deepfakes) et c’est en quelque sorte un nouveau cycle technologique qui démarre.

Enfin, la Suisse reste en pénurie structurelle de main d’œuvre dans le domaine numérique : près de 40 000 postes d’informaticiens seraient à pouvoir d’ici 2030, pointe ICT Journal. La digitalisation de l’économie n’est pas prête de se tarir, loin de là.

Le point étant fait : quelles peuvent être les conséquences pour les jeunes pousses ?

  • Choisir avec pertinence les prestataires informatiques et numériques : miser sur les ressources suisses, moins impactées par les grands mouvements que les grands groupes.
  • Procéder aux recrutements de manière raisonnée pour éviter les gros licenciements. Avoir une vision durable et à long terme des ressources humaines : comment une personne peut-elle évoluer dans ma structure ? Quelque chose que les grands groupes n’ont pas vraiment appliqués…
  • Certains profils de la tech seront disponibles: c’est une opportunité ! Même si leur coût restera élevé, et qu’en Suisse on ne sait pas encore si des licenciements auront lieux, il faut rester attentif.
  • Si les moyens sont limités : pour le recrutement des compétences et talents, miser sur l’authenticité et la franchise, ainsi que le sens de la mission confiée. Même si le marché se tasse un peu, une petite entreprise ne peut pas offrir les mêmes conditions salariales qu’un grand groupe, elle doit donc jouer sur ce qui fait sa différence.
  • Pour les levées de fonds : diversifier les demandes, les investisseurs étant plus prudents, refroidis par des contre-performances . Et faire en sorte d’en avoir le moins besoin, en appliquant toujours la méthodologie lean, comme toujours.

Au final, il s’agit de suivre le marché et de saisir les opportunités. C’est une occasion aussi pour se poser des questions de fonds sur les prestataires utilisés, les valeur à mettre en avant pour un bon recrutement…. Des questions nécessaires en tout temps, mais qui prennent plus d’importance maintenant.

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David Narr

Economiste de formation, David Narr a commencé sa carrière en tant que créateur d’entreprise. Après avoir vendu sa startup active dans le domaine de l’advertgaming à une agence de communication, il prend la direction du pôle numérique de l’agence. Il rejoint ensuite GENILEM en tant que coach en création d’entreprise, pour en occuper le poste de directeur depuis 2018.

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