T’as pas de bitcoin ?

Ça y est, c’est reparti de plus belle. Le bitcoin revient en force, joue aux montagnes russes et monopolise les discussions autour de la machine à café (virtuelle). Ne pas en avoir dans son portefeuille, c’est passer pour un has-been. Si le roi des cryptos joue à merveille son rôle d’éclaireur, il ne faut se leurrer sur son application quotidienne. Celle-ci sera opérée par d’autres monnaies virtuelles dont le potentiel est plus grand encore.

 

Une techno pas assez aboutie

Soyons clair : l’acceptation du bitcoin par le grand public et les acteurs institutionnels est tout aussi passionnante à suivre que sa volatilité. A long terme, après plusieurs chutes inévitables de son cours, je suis convaincu que sa valeur continuera d’augmenter. Même s’il sera possible d’acheter sa baguette de pain plus facilement qu’aujourd’hui en bitcoin, il jouera plutôt un rôle de protection en cas d’inflation galopante. La réalité est que son architecture technologique n’est pas aussi aboutie que d’autres cryptomonnaies.

 

D’autres cryptos plus intéressantes

Prenons le cas de l’ether, monnaie issue de la blockchain Ethereum dont le processus est bien plus abouti, avec de multiples fonctions. Ethereum a une vocation claire, celle d’être l’infrastructure des futures monnaies stables. De nombreux crypto-assets, des titres de propriété, vont être basés sur sa technologie : capital-actions de sociétés, vins, œuvres d’arts, collections de voitures, et j’en passe. Ajoutez à cela les contrats intelligents, permettant de vérifier ou de mettre en application une convention mutuelle, et vous obtenez un écosystème qui est bien plus intéressant que le déjà has-been, mais néanmoins respecté, bitcoin. On pourrait aussi donner l’exemple de Diem (ex libra) de Facebook, tant il a le potentiel de chambouler l’ordre établi. Et surtout, ces cryptos peuvent concurrencer les monnaies établies – j’en veux pour preuve les levées de boucliers des États face au projet de Mark Zuckerberg. A cet égard, le bitcoin se présente comme un très mauvais remplaçant du dollar encore roi.

Alors, n’est-il pas déjà trop tard pour investir dans le bitcoin ? La vraie question est plutôt de savoir combien êtes-vous prêt à mettre pour un bitcoin. En somme, elle revient à se demander combien on serait prêt à mettre pour un Picasso.

GameStop: cas d'école d'une révolution en marche

GameStop : cas d’école d’une révolution en marche

Les fameux millenials ou « Génération Y » chamboulent les marchés financiers. A l’aune des confinements successifs et de la facilité d’investir grâce à de nouvelles plateformes, ils misent avant tout sur des actions qu’ils connaissent et apprécient. Le cas GameStop en est le dernier exemple en date. Et ce n’est que le début d’une grande révolution : après la bourse, les jeunes s’intéresseront au marché du private equity. L’accès au capital des sociétés non cotées va en effet connaître un changement de paradigme majeur grâce à la blockchain.

 

Démocratisation du private equity 

Imaginez seulement : vous vous rendez régulièrement dans votre restaurant préféré. Vous connaissez le patron, les employés et vous y retrouvez souvent vos amis. La crise remet en cause l’existence-même de votre enseigne préférée. Plutôt que d’organiser un crowdfunding, vous proposez au propriétaire d’ouvrir son capital grâce à la blockchain. Les parts sont fractionnées en « token » de quelques centimes, vous permettant de devenir copropriétaire de l’établissement de manière simple et rapide. Ce rêve deviendra réalité sous peu en Suisse et ailleurs. Ainsi, il sera tout aussi facile d’investir dans une PME « traditionnelle » que d’acheter des actions Apple ou Tesla. Une option qui était jusqu’à peu réservée aux fonds de pension et autres family offices.

Plusieurs facteurs me permettent d’affirmer que le private equity représente l’avenir de l’investissement pour le grand public. Le développement technologique lié à la blockchain d’une part, et la création récente de plateformes de vente et d’achat de token adoubées par les autorités financières d’autre part. A cette facilité d’investissement à moindre frais s’ajoute l’aspiration des nouvelles générations à soutenir des projets qui font écho à leurs valeurs et à leurs intérêts. Ajoutez à cela la possibilité d’obtenir un rendement financier alors qu’elles ne connaîtront probablement jamais les taux positifs dont jouissaient leurs parents, et vous obtenez le combo gagnant.

 

Les bons indicateurs avant d’investir

Du point de vue de l’investisseur, les indicateurs clés restent les mêmes en vue de l’engagement de son capital dans une entreprise, cotée ou non :

  • Le management et l’équipe : comment la société est-elle gouvernée ?
  • Stratégie : en quoi la société se démarque-t-elle, comment compte-elle disrupter le marché ?
  • Finances : quelle est la santé financière de la société ?

Le private equity permet d’affiner ces indicateurs, notamment grâce à la proximité et l’accessibilité des dirigeants d’une PME :

  • Le feeling : la bonne entente avec les dirigeants est indispensable, tout comme le fait de partager la même vision et les mêmes valeurs.
  • Le prix, bien sûr : ne pas acheter trop cher et faire attention si la société prépare une entrée en bourse, les prix ayant tendance dans ce cas à flamber sans corrélation avec sa véritable valeur.
  • Le business model : plus il est simple et compréhensible par tout un chacun, plus il a de chances de succès.

Aujourd’hui, non seulement le cash ne rapporte rien mais il peut coûter cher. Le besoin d’actifs rentables et accessibles va immanquablement s’intensifier auprès du grand public. Avec une bonne éducation financière, il sera véritablement en mesure de modifier le visage de l’économie. Pour le meilleur ou pour le pire ?

L’ère du phygital

En cette période de crise, on oppose à tort le commerce traditionnel au digital. L’alliance des deux, le « phygital », représente la planche de salut des acteurs historiques, du petit commerçant au grand shopping center. Le succès des uns contraste toutefois avec les erreurs des autres. Certaines attitudes traduisent une grande incompréhension de la culture numérique avec, au bout, la satisfaction (ou non) du client. Les acteurs qui n’évoluent pas finiront par se faire disrupter par de nouveaux venus.

 

Un regard neuf

Considérons d’abord quelques exemples à suivre, à l’image des shops en ligne de Migros ou Walmart. Tous deux ont racheté une startup, leshop.ch pour le premier et Jet.com pour le second, avant de les développer en misant sur leurs propres infrastructures. Une stratégie gagnante tant la culture d’entreprise peut être un frein à l’innovation, surtout au sein d’entités historiques. De son côté, McDonald’s a innové avec les commandes en ligne et l’installation de bornes numériques. A la clé : un gain de temps pour le client et une hausse du « panier moyen ». En 2019, le géant rachète la startup Dynamic Yield pour personnaliser ses menus en temps réel grâce à l’intelligence artificielle. A l’époque, le CEO Steve Easterbrook affirme sans détour que « la technologie est un élément critique de [son] plan de croissance. »

A une toute autre échelle, la boucherie lausannoise « La Bouche qui rit » a placé l’expérience client au cœur de son modèle en joignant commerce physique et digital. Les amateurs de viande peuvent ainsi commander à distance grâce à des caméras placées au-dessus de l’assortiment. Une réussite que l’on doit à une autre combinaison gagnante : l’expérience du père boucher adossée au regard neuf du fils féru de nouvelles technologies.

 

Une approche externe

A l’inverse, d’autres enseignes historiques du retail développent une stratégie surprenante. Elles investissent massivement dans un programme de numérisation à l’interne, chargeant une équipe de développer le commerce en ligne avec les ressources du groupe. Or, c’est précisément à l’interne que les plus grandes réticences se font sentir pour tout changement majeur. Cela implique une énergie folle et un temps considérable que ces acteurs ne peuvent plus se permettre. Pour déployer rapidement une offre digitale digne de ce nom, les grandes enseignes doivent l’externaliser au préalable. Car il ne s’agit plus de prendre le train en marche mais de le rattraper.

Ces 5% que je ne verrai jamais

La Fed a baissé une nouvelle fois ce printemps son principal taux directeur. La situation repart donc de plus belle et la planète est inondée de cash : pour la première fois selon le FMI, il y a plus de billets de $100 en circulation dans le monde que de $1 ! Des vérités douloureuses en ressortent. D’une part, un message très clair : il n’y a plus de croissance réelle ni aux USA, ni en Europe. D’autre part, le fossé des inégalités se creuse, rendant les pauvres toujours plus pauvres, et les riches toujours plus riches. Et une évidence : je ne verrai jamais, de ma carrière, des taux d’intérêts à 5%.

Je plains ceux qui ont du cash

Aujourd’hui, garder son cash à la banque coûte cher alors que l’argent n’a jamais été aussi bon marché. Cette situation pousse une partie de la population à jouer la carte de la thésaurisation, mais elle est surtout intéressante pour ceux qui peuvent investir au bon moment et au bon endroit, ou qui ont un bon credit rating. Beaucoup d’entrepreneurs n’en comprennent d’ailleurs pas la réelle implication pour leur business. Il n’est pas anodin de penser qu’une société qui a de l’argent peut emprunter à 0% car les banques ne prêtent plus si le débiteur représente un quelconque risque. Aux États-Unis, les sociétés concernées s’endettent à tour de bras, mais non pas pour investir. Elles rachètent leurs propres actions (i.e. shares buyback) et les redistribuent, pour une partie d’entre elles, à leurs employés.

Paradoxes et aberrations

Les particuliers constatent aussi des paradoxes flagrants. Prenez les taux hypothécaires : ils sont historiquement bas, les salaires stagnent et, par conséquent, les banques refusent bon nombre de financements. La situation globale provoque aussi des aberrations dans les prix, que ce soit dans l’immobilier ou le private equity où la tendance est à la (sur)valorisation.

Je me suis fait une raison car cette situation va durer. La question n’est pas tant de savoir jusqu’à quand, mais jusqu’où ? Un aspect me rassure toutefois : les taux ne peuvent pas descendre continuellement. A -0,75%, on est déjà à la limite. Alors imaginez à -2% ! Non, car cela aurait un effet destructeur pour toute la société, et mettrait ni plus ni moins que l’entier du système en péril.

Repreneur cherche PME

Repreneur cherche PME

Il existe plusieurs marchés dans le marché de la succession d’entreprises en Suisse. Les TPE à remettre sont légion et ne m’intéressent guère, à moins d’un fort potentiel et de son intégration dans mon écosystème. Pour les PME réalisant entre 5 et 10 millions d’EBIT, on entre dans un marché très concurrentiel dans lequel les private equity ont la fâcheuse tendance à surpayer les cédants en visant l’investissement financier. Ils déploient beaucoup de ressources en due diligence et autres frais d’avocats et, une fois rassurés sur les atouts de la mariée, ils se montrent impatients. Entre ces deux marchés de la vente d’entreprises se trouve celui des PME avec un EBIT de moins de 5 millions et une valeur n’en dépassant pas 20. C’est ce segment qui m’intéresse.

 

Trouver des secteurs à haute valeur ajoutée

J’ai grandi dans une industrie, l’immobilier, nécessitant d’importants capitaux. Je suis à la recherche de secteurs plus dynamiques, à haute valeur ajoutée, sans un apport monstrueux de capital et à fort potentiel. J’ai donc naturellement jeté mon dévolu sur l’e-commerce. Dès mon retour en Suisse, j’ai repris le site valaisan KissKiss.ch, leader de la vente en ligne d’articles érotiques avec comme objectif de créer un pôle de compétences dans le commerce et le marketing digital. J’ai été surpris de constater que nous ne sommes pas beaucoup à nous intéresser aux sociétés suisses actives dans l’e-commerce. Tant mieux. Mes acquisitions suivantes ont été deux plus petites entreprises : StickerKid et StickerYeti, spécialisées dans la vente en ligne d’étiquettes personnalisées.

Les dossiers de ces PME nyonnaises m’ont été présentés par ma banque. J’ai tout de suite vu les fortes synergies possibles avec KissKiss.ch et signé une lettre d’intention. Figurant dans le top 3 des offres, on m’a ouvert la data room. A moi de faire la due diligence, d’affiner l’offre et de me rendre attractif auprès du vendeur. Et là, on a beau être entouré, tout se joue sur le facteur humain. Je dois pouvoir m’imaginer partager une pizza et une bière avec le vendeur dans quelques années. Voilà ce qui fait la différence.

 

Comprendre avant d’agir

L’acquisition de StickerKid s’est faite en avril 2019. Je me présente alors à l’équipe en annonçant d’emblée que je ne souhaite pas chambouler les choses. J’aime m’imprégner de l’état d’esprit des gens, comprendre le fonctionnement de la société. Je suis curieux, j’apprends aux côtés de celles et ceux qui savent bien mieux que moi comment tourne leur business, j’aime ces échanges. Cet aspect est souvent sous-estimé par les nouveaux acquéreurs, nombre d’entre eux voulant se jeter immédiatement à l’eau sans forcément savoir nager. Le plus important reste, sans conteste, le shift avec le management. Il faut s’entendre, adhérer à une vision commune.

Après cette phase d’apprentissage, vient celle du changement. En l’occurrence, les modifications de structure, son optimisation et l’intégration à venir de la société dans la plateforme d’e-commerce. Aujourd’hui, StickerKid est présente dans 15 pays contre 9 l’an dernier, avec une croissance de plus de 50% ! Nous dépasserons les 6,5 millions de chiffre d’affaire en 2019.

 

Les erreurs à ne pas commettre

A l’acquisition d’une société, il est judicieux de signer une clause de non-concurrence avec le cédant. Ce dernier doit aussi être ouvert à la stratégie de l’acheteur qui est peut-être plus jeune, avec une autre vision, et qui comprend donc le marché différemment. Dans mon cas, je n’ai acheté des sociétés qu’à des quarantenaires avec qui je me suis facilement entendu. Trop de baby-boomers vendent leur boîte comme des cow-boys, pistolet à la ceinture. Malheureusement pour eux, nous ne sommes plus au Far West.

Enfin, dans le cadre d’un achat par emprunt, via la banque ou les cédants eux-mêmes, il est capital de vérifier en priorité le cash-flow. Ce critère est plus important que l’EBIT ou le chiffre d’affaire, car c’est lui qui va permet d’assurer le remboursement de la dette en cas de difficulté.

Avec les taux d’intérêts actuels, l’argent est quasi gratuit. Une opportunité pour l’investisseur qui oublie parfois de regarder à deux fois le prix de vente tant il est facile de payer trop cher. Surtout quand on a un coup de foudre.

Valais, le plus beau pays au monde

Valais, le plus beau pays au monde

J’ai troqué mes 300 jours de pluie londonienne contre les 300 jours de soleil de mon Valais natal. Un bon deal ! Avec en prime, le bonheur de retrouver ma famille et mes amis. Un retour qui se fait néanmoins avec un constat amer, celui de voir cette Suisse, trop belle et trop paisible, ronronner si fort.

Le goût pour la compétition

Je dois le reconnaître : si j’étais resté en Suisse, j’aurais probablement moins d’ambition aujourd’hui. Mes études à Londres et mon passage à New York ont souligné à mes yeux ce qui manquait à mon pays : un véritable goût pour la compétition. Des jeunes femmes et des jeunes hommes prêts à tout pour réussir face à une concurrence mondialisée où il est, par définition, plus difficile de percer que dans notre petit coin de pays. Une claque pour le petit Suisse que j’étais.

La stratégie du requin recèle toutefois un inconvénient majeur dans la conduite des affaires, car on ne construit pas un business sur le long terme avec pour seule attitude celle du prédateur. Oui, il faut chercher le bon deal, négocier avec ses tripes et rester ferme. Mais gagner tout le temps et à tout prix n’a jamais été un bon calcul. Mettre de l’eau dans son vin – le comble pour un Valaisan ! – est bien une force. A cet atout helvétique majeur, il conviendrait d’ajouter un peu de courage pour ne pas se laisser dépasser.

On forme en Suisse des employés très compétents au bénéfice d’une excellente formation. Un (très) bon point pour un patron, me direz-vous. Oui mais. On pousse encore très peu l’entrepreneuriat, pas pour former des startupers mais pour inciter à voir plus loin, plus haut. Il est par exemple normal pour un employé anglo-saxon de mettre au défi ses collègues, son chef. On manque ici d’appétit du risque et cela impacte notre économie.

Attitude de gagnant

Car il faut le dire, on se prend un peu pour les rois du monde. Si la majorité d’entre nous se porte aussi bien aujourd’hui, c’est grâce à notre capacité d’adaptation, celle de nos aînés, en bref, notre résilience. Osons prendre l’initiative et le risque de se mettre en avant. Je prends chaque jour comme un nouveau défi à relever alors que j’aurais pu me contenter d’une vie de nanti.

Cette attitude de gagnant, le Valais commence à l’avoir et cela me rend fier. Il se positionne comme une terre promise et s’en donne les moyens. De plus en plus d’entreprises, et donc de travailleurs et de familles, s’y établissent grâce à une politique active. Ajoutez à cela la douceur d’y vivre et l’air frais de ses montagnes, et vous obtenez le plus beau pays au monde !