Ces 5% que je ne verrai (toujours) pas

Avec la hausse des taux, nombreuses sont les personnes qui m’interpellent au sujet d’un article rédigé à l’automne 2020. J’affirmais que jamais de ma carrière je ne connaîtrai des taux d’intérêt à 5%. Afin de clarifier mon propos, et même après une pandémie et une guerre en Europe qui ont rebattu tant de cartes, je tiens ici à clarifier mes propos (ou à enfoncer le clou) : je reste convaincu que je ne verrai pas de taux aussi élevés.

 

Du taux directeur…

Commençons par souligner que je parle ici essentiellement de l’îlot qu’est la Suisse. Elle ne peut lever ses taux plus haut que l’inflation. Outre-Atlantique, les effets des hausses répétées du taux directeur de la FED se font ressortir plus fortement, pour ne pas dire violemment. L’époque de l’argent facile y est bien révolue. Par conséquent, les investisseurs préfèrent-ils acquérir un immeuble avec un rendement de 3% ou prêter à l’État américain via des obligations à 3,5% ? Les obligations étant plus liquides, poser la question, c’est y répondre. Si la situation n’est pas (encore) comparable en Suisse, elle ne peut être totalement exclue dans quelques années. Chez nous, la conséquence la plus rapide et la plus claire de la hausse du taux directeur de la BNS concerne en premier lieu le leasing.

 

…au taux interbancaire

C’est toutefois sur le taux interbancaire, corrélé au taux directeur, qu’il convient de se pencher. Établi actuellement à 0,5%, c’est le taux d’intérêt de prêts à court terme accordés aux banques entre elles. Dans le cas des hypothèques à court terme (trois à cinq ans), les taux pourraient en théorie – je le reconnais volontiers – monter un jour à 5% si ce taux interbancaire venait à se situer à 3%. Il suffirait par exemple que la BNS augmente trois fois son taux directeur de 0,75 point pour y arriver. A noter que les établissements bancaires sont beaucoup plus enclins à adapter leur taux à celui de la BNS lorsqu’il monte, mais de manière moins rigoureuse lorsqu’il baisse. Et l’histoire nous montre justement que lorsque les taux montent, c’est la spirale .

Quoiqu’il en soit, des taux d’intérêt autour de 5% comme ceux connus au début des années 1990 restent peu probables, me confortant dans ma position. A cette époque, les taux hypothécaires ont atteint plus de 7% ! La situation exceptionnelle que l’on a connue ces dernières années peut d’ailleurs avoir une incidence importante, bien que contenue depuis la crise des subprimes : beaucoup de propriétaires se sont endettés alors qu’ils n’en avaient pas forcément les moyens.

 

La cote des banques

Un dernier point de détail, important, est encore à connaître : les banques sont notées auprès de la BNS selon un rating qui lui est propre, en fonction du risque qu’un établissement représente à ses yeux. Actuellement, Crédit Suisse dont la presse relaie les difficultés, a vu le cours de son action baisser fortement. Conséquence directe : la deuxième banque du pays n’emprunte plus au même taux que ses concurrentes.

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Alexandre Bonvin

Après des études au sein de la London School of Economics et un passage chez Investis Group, Alexandre Bonvin fonde Audacia en 2018. A la tête de cette « holding company », l’entrepreneur valaisan cherche à acquérir des sociétés actives dans l’e-commerce. Spécialiste du private equity et businessman dans l’âme, Alexandre regroupe ses nouvelles entités au sein de son pôle de compétences en marketing et commerce digital. Il les accompagne dans leur développement international avec l’appui des meilleurs talents du numérique.

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