Ces 17 heures qui ont changé ma vie

Un petit couac peut parfois provoquer de grands changements. Constamment sollicité via une multitude de canaux, le regard plongé dans d’innombrables écrans, je me suis retrouvé bien seul lors d’un récent vol entre Dubaï et Miami. Au moment d’attacher ma ceinture, je constate avec effroi que l’écran placé sur le siège en face de moi ne fonctionne pas ! Pas moyen de changer de place, l’avion est plein. Vertige. Que vais-je donc faire durant les 17 heures de vol qui m’attendent ? Faute d’alternatives, je replonge dans les livres, un plaisir que j’avais brièvement retrouvé lors du premier confinement. Puis, à mesure que les pages et les heures défilent, cette évidence : je dois revenir à l’essentiel, m’éloigner (un peu) des écrans et, surtout, surtout : revoir mon emploi du temps, ma manière de travailler et donc, de vivre.

 

Génération multi-task

Tout est actuellement question d’efficience, de productivité. De nombreux services proposent de gagner du temps ou, à défaut, d’éviter d’en perdre. Prenez par exemple cette application qui nous promet de parcourir un livre entier en 10 minutes. Aussi pratique que dénué de charme, mais révélateur de notre propension à faire tout trop vite et par petit bout. Je suis de cette génération « mutli-task » et pourtant, incapable de réaliser plusieurs tâches en même temps. A force de vouloir surnager, on finit par se noyer.

 

Souffler

Prendre un peu de hauteur est indispensable pour souffler. C’est vrai pour tout le monde, et à plus forte raison pour les dirigeants qui doivent pouvoir réfléchir à leur stratégie et se poser les bonnes questions, de préférence au bon moment. Bien sûr, on peut y arriver en s’entourant des bonnes personnes. Bien sûr, on peut y arriver en s’organisant de manière optimale. Mais cela ne suffit pas. Du moins, cela ne me suffit plus. J’ai besoin de dégager du temps. Pour moi. Cela passe par une réorganisation complète de ma manière de vivre. Et par un vol de 17 heures donc, sans escale ni écran.

Aujourd’hui, j’assume un rythme distinct dévolu à différentes activités : deux ou trois semaines de travail intensif ponctuées par de nombreuses rencontres professionnelles, suivies de plusieurs jours « off », dans un lieu calme et reposant, sur une plage de Tulum ou au coin du feu dans mon chalet. A chacun de trouver son propre rythme, ses propres aspirations, de la semaine dédiée à lecture prônée par Bill Gates, à celle de quatre jours revendiqués par Tim Ferriss.

 

Revoir la temporalité du travail

Voilà justement une idée qui fait son chemin au sein de certaines entreprises, et pas des moindres : passer d’une semaine de travail de 5 à 4 jours. Sur le papier, cela paraît séduisant : on se donne à fond (en acceptant souvent de travailler plus d’heures par jour), mais à quel prix ? Et surtout, dans quel but ? Que faire de sa journée ainsi libérée ?

Il faut aussi être lucide : ces nouvelles formes d’organisation du travail, aussi attractives soient-elles, ne sont envisageables qu’auprès d’une minorité et n’aident en rien à pacifier les rapports sociaux entre les différentes catégories de travailleurs. Les cols blancs ont aujourd’hui le privilège d’adapter leur travail à eux, alors que les cols bleus, eux, n’ont d’autre choix que de s’adapter à leur outil de production. La crise n’aura fait que creuser ce fossé, parmi tant d’autres.

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Alexandre Bonvin

Après des études au sein de la London School of Economics et un passage chez Investis Group, Alexandre Bonvin fonde Audacia en 2018. A la tête de cette « holding company », l’entrepreneur valaisan cherche à acquérir des sociétés actives dans l’e-commerce. Spécialiste du private equity et businessman dans l’âme, Alexandre regroupe ses nouvelles entités au sein de son pôle de compétences en marketing et commerce digital. Il les accompagne dans leur développement international avec l’appui des meilleurs talents du numérique.

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