La victoire du capitalisme

Moment historique ce mardi – un de plus. Les actionnaires de Credit Suisse sont réunis à Zurich pour leur probable dernière Assemblée générale avant la reprise par UBS. Ils sont naturellement déçus, fâchés, en colère et on peut les comprendre. Mais qu’on ne s’y trompe pas : la perte de leur argent, quelle qu’en soit son ampleur, n’a rien de scandaleux. Elle démontre même que le système capitaliste fonctionne à merveille.

 

Les fondamentaux de l’économie de marché

Un rappel de quelques fondamentaux de l’économie de marché s’impose tant ils semblent avoir été oubliés par certains. D’abord, lorsqu’on investit dans une société, on prend une responsabilité individuelle : celle du risque qu’on est prêt à assumer. Le risque de potentiellement (tout) perdre. Ces actionnaires romantiques s’imaginaient qu’en mettant tous leurs œufs dans le même panier (autre erreur), aussi grand soit-il, ils auraient l’assurance de ne pas perdre. Quelle idée ! C’est faire preuve d’une grande naïveté et mal connaître la réalité du marché. C’est oublier aussi l’histoire. Celle, notamment, de la disparition d’un autre fleuron de l’économie suisse : feu Swissair.

Ainsi, au vu des graves manquements de la direction de Credit Suisse ces dernières années, ces actionnaires devraient s’estimer heureux de ne pas avoir tout perdu. En ce sens, leur calcul n’était pas si mauvais : ils ont au moins réussi à limiter la casse en misant sur un « too big to fail ». L’avidité de certains d’entre eux n’a toutefois pas grand-chose à envier à celle des anciens dirigeants de la banque, issus d’une culture anglo-saxonne visant à maximiser les risques pour toujours plus de gains – et donc de bonus.

 

Et maintenant ?

Maintenant que la chute de Credit Suisse est actée, à défaut d’être encore digérée, il convient de s’intéresser à l’avenir. Sa fusion avec UBS aura d’innombrables conséquences sur le marché suisse. L’un des aspects les plus gênants aux yeux des grands comptes, c’est le manque de concurrence qui s’annonce sur des secteurs spécifiques comme celui des obligations ou de la bourse. Dorénavant, il n’y aura ici plus que deux véritables players : UBS et la Banque cantonale de Zurich (ZKB). Certains poussent pour mener une IPO de la branche suisse de Credit Suisse mais cette option n’a pas les faveurs de la cote. 

Autre conséquence : la grande concentration des fonds immobiliers suisses annonçant de nouveaux problèmes –  CS et UBS en détenant aujourd’hui plus de la moitié. En revanche (petit rayon de soleil), sur le segment du wealth management et du private banking, la fusion peut favoriser de meilleures conditions pour les clients.

 

FINMA & Co

Quant aux autorités, elles ont bien sûr assumé leur rôle, celui de parachute. On aurait toutefois apprécié une meilleure anticipation, en particulier de la part de la FINMA qui, après avoir participé à l’embrasement de l’incendie par son inaction, vient jouer les pompiers (pyromanes, donc). Si elle avait contrôlé les grandes banques avec le même zèle qu’elle s’applique à surveiller les acteurs de la cryptomonnaie, peut-être n’en serions-nous pas là ?

 

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Alexandre Bonvin

Après des études au sein de la London School of Economics et un passage chez Investis Group, Alexandre Bonvin fonde Audacia en 2018. A la tête de cette « holding company », l’entrepreneur valaisan cherche à acquérir des sociétés actives dans l’e-commerce. Spécialiste du private equity et businessman dans l’âme, Alexandre regroupe ses nouvelles entités au sein de son pôle de compétences en marketing et commerce digital. Il les accompagne dans leur développement international avec l’appui des meilleurs talents du numérique.

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